Les territoires à l’heure du Covid19

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Notre pays connaît depuis un peu plus d’un mois une crise sanitaire comme il n’en avait pas rencontré depuis très longtemps.
Celle-ci s’accompagne d’une crise sociale et d’une crise économique dont on ne mesure pas encore les effets à moyen et long terme, mais elle révèle déjà les inégalités qui existent entre les territoires et les habitants.
Les initiatives fleurissent et se multiplient ici et là à différentes échelles à la fois pour  venir en aide aux personnes les plus fragiles, mais aussi pour soutenir les acteurs socio-économiques dont l’activité ralentit voire s’arrête en cette période de confinement.

 

PQN-A s’est mis en ordre de marche …

À la fois pour diffuser les informations concernant les actions lancées par les autorités et acteurs des territoires pour faire face à la situation à savoir :

  • identifier les difficultés que rencontrent les territoires,
  • repérer les initiatives prises ici ou là pour répondre aux besoins des habitants et acteurs socio-économiques.

Cet article vise à dresser un état des lieux de la situation sur les territoires et à évoquer les pistes d’actions à envisager pour l’avenir..
A noter que PQN-A travaille en lien étroit avec ses collègues du réseau des centres de ressources Politique de la ville et avec les responsables des services de l’Etat et de la Région.

 

Une crise sanitaire qui touche les territoires et les populations de façon différenciée

 

Les situations sont très différentes d’un territoire à l’autre  :

  • en fonction de la configuration et de la taille des territoires,
  • de l’organisation que les collectivités ont pu mettre en oeuvre pour leurs équipes,
  • de la présence et des capacités d’adaptation des opérateurs et associations dans leurs interventions de terrain.

Néanmoins des problématiques récurrentes sont mises en lumière sur les territoires les plus fragiles et concernant les habitants les plus vulnérables, liées à leurs conditions objectives de vie.

 

Plusieurs préoccupations se font jour :

  • La compréhension et le respect des mesures de confinement :
    la barrière de la langue peut constituer dans certains quartiers une incompréhension des informations diffusées.
    – le mal logement (petits logements, absence d’accès à l’extérieur) rend également plus difficilement applicables les mesures de confinement.
    – la circulation de fake news qui brouillent les messages officiels.
  • La continuité éducative : des parents absents du fait d’une activité non “télétravaillable”, la fermeture des structures d’accompagnement à la scolarité, l’impossibilité d’accéder aux outils numérique d’enseignement à distance et l’absence de soutien scolaire à la maison entraînent des ruptures éducatives.
  • La fracture numérique : l’impossibilité d’accéder à des activités en ligne (télétravail, services en ligne, école à la maison, exercices physiques et loisirs) lorsque les ménages ne sont pas équipés de matériel et de connexions.
  • La rupture de l’accès aux services et aux droits : avec la fermeture des accueils physiques habituellement en charge de l’accompagnement des situations sociales les plus problématiques (aide sociale et aide alimentaire, violences intra familiales, accompagnement aux démarches administratives).
  • L’état de santé moins bon et un accès aux soins difficile : le cumul de difficultés sociales conduit à une fréquence et à une gravité plus importante des pathologies chroniques, pour l’enfant comme pour l’adulte. L’accès aux soins de proximité et aux structures médico-sociales dédiées aux personnes âgées, handicapées et dépendantes y sont en général plus difficiles. Enfin, l’obligation de confinement entraîne une diminution des consultations, avec un risque pour les problèmes de santé autres que ceux liés à l’épidémie.
  • La surreprésentation des ouvriers, employés et « uber-travailleurs » est un facteur de fragilité accru dans certains territoires dont les quartiers prioritaires. Souvent à temps partiel, souvent précaires, l’activité de ces travailleurs est essentielle à la vie économique de la France : services à la personne, logistique, transports, entretien, toutes activités non télétravaillables et indispensables à l’accompagnement des plus fragiles et à la continuité des services de première nécessité (alimentation, Poste, transports, etc.).
  • L’urgence alimentaire : Cette crise sanitaire précipite des familles, sans difficulté particulière à priori, dans un système de dépendance pour survivre. Fermeture des marchés, mise en application du chômage partiel sur des petits salaires, enfants confinés qu’il faut nourrir tous les jours, commerces de proximité en décalage avec le pouvoir d’achat…

 

Les médias font l’écho du risque accru de creusement des inégalités entre territoires et entre les populations (cf. sélection d’articles à la fin de cet article).

 

Des initiatives et chaînes de solidarité qui se multiplient

 

Dans ce temps de l’urgence, on voit fleurir les enquêtes et plateformes de recueil de besoins, d’échanges, de remontées d’information et de partage d’initiatives pour les professionnels et acteurs qui interviennent sur le terrain.

Au-delà des mesures exceptionnelles prises par le Gouvernement, qui visent notamment à garantir le bon fonctionnement du système de santé, à assurer la continuité des services essentiels et soutenir l’activité économique, les initiatives se multiplient, à différentes échelles, du quartier jusqu’au niveau national pour maintenir les chaînes de solidarité vis-à-vis des populations les plus vulnérables. Car beaucoup est à faire pour répondre aux besoins vitaux :

  • mobilisation en proximité d’un certain nombre d’acteurs notamment les associations, les acteurs de l’action sociale et de la prévention spécialisée, des agents de médiation (quand elles existent sur les territoires…)
  • Des systèmes de solidarité de proximité s’organisent spontanément (aides pour les petites courses, portage à domicile, impression des attestations…)
  • Déploiement de services et commerces en ligne (commandes et livraison à domicile, téléconsultation, cours et formations en ligne…)

Un point de vigilance doit être mis en avant : un risque de sur-sollicitation et de démobilisation des acteurs. La coordination est à notre humble avis nécessaire.

Il faut veiller également à identifier les populations dites “invisibles”, celles qui n’étaient pas dans les bénéficiaires de l’action sociale, ni dans le public associatif. Ces invisibles sont en général très éloignés des dispositifs et n’ont pas les réflexes de connexion ni avec les corps intermédiaires, ni avec l’institution.

Il est enfin notable que la présence forte d’acteurs dans les quartiers prioritaires – associations et administrations – permet un repérage “facilité” des situations. Le maillage moins dense de services dans les territoires ruraux mérite une attention particulière en ce qui concerne le soutien aux populations vulnérables.

 

Préparer l’après : que peuvent faire les territoires ?

 

Cette crise vient exacerber les inégalités préexistantes (voire en révèle l’ampleur). Elle pose avec plus d’intensité la question de l’égalité républicaine et de la mobilisation du droit commun en faveur des territoires les plus fragiles. Ce panorama montre le risque fort d’accroissement et d’accélération des situations de “décrochage”.

Un plan de relance sera à l’évidence déployé. 

Il serait être judicieux, pour les responsables des politiques publiques et ceux qui les mettent en oeuvre :

  • d’analyser les répercussions de la crise sur les territoires et la manière dont les uns et les autres se sont organisés / ont pu faire face,
  • d’envisager l’adaptation des programmes d’actions au regard des besoins nouveaux ou encore plus prioritairement à couvrir,
  • de veiller à ce que les territoires et les populations les plus fragiles, qui risquent d’être le plus touchées par les effets de cette crise, bénéficient d’une attention soutenue.

 

Dans un second temps, il s’agira :

  • de « remettre au goût du jour » la question du « développement social local », au même niveau que les questions économiques et de transition écologique,
  • de repenser la façon dont sont conçues et mises en œuvre les politiques publiques, en y associant l’ensemble des parties prenantes, dont au premier chef les habitants,
  • de sortir des fonctionnements en silos et cloisonnés des administrations, en favorisant la coordination, les pratiques collaboratives et les coopérations,
  • de remettre les territoires au cœur des politiques publiques, comme échelles pertinentes pour concevoir et déployer des services et activités adaptés aux besoins des populations.

Plus fondamentalement fleurissent des réflexions sur une nécessaire transformation de notre modèle de société dont cette crise – planétaire – serait un avertissement. Il s’agirait de se saisir de l’opportunité de la relance pour engager des réorientations majeures de nos économies, de nos priorités collectives.

Les concepts de “Transition écologique” ou de “Résilience territoriale” ne devraient plus être de “louables” intentions mais bien un horizon concret.

 

PQN-A accompagne depuis presque 20 ans les territoires de projet néo-aquitains dans le cadre des politiques contractuelles de l’Etat et de la Région.

 

Les missions menées par le centre de ressources constituent d’ores et déjà des terrains propices d’observation, d’analyse, de partage d’expériences et de pratiques, et d’expérimentations.

Voici quelques thèmes qu’ils nous semblent importants de travailler :

  • la souveraineté économique, avec une nécessaire reprise en main des circuits de production et de consommation à l’échelle locale,
  • la présence et l’accès aux “biens communs” et aux services sur l’ensemble des territoires – des quartiers aux centres-bourgs (alimentation, santé, éducation, commerces, logement)
  • la citoyenneté, la vie associative et la participation des habitants
  • les solidarités Ville-Campagne

Les thèmes sur lesquels travaille PQN-A  actuellement ouvrent des pistes d’évolution : sur les démarches alimentaires territoriales, sur la revitalisation des centres-bourgs, sur l’accès à l’emploi et l’insertion, sur la participation citoyenne.

Ces thèmes interrogent plus globalement :

  • le type et la localisation des activités économiques, génératrices d’emploi et de vitalité des territoires,
  • les conditions de vie des habitants sur les territoires,
  • l’impact de nos activités sur l’environnement,
  • les modalités de conception et de mise en oeuvre de nos politiques publiques.

Devraient être soutenues et valorisées :

  • les démarches qui prennent en compte l’ensemble de ces dimensions, dans une réelle logique d’approche intégrée,
  • les coopérations inter-acteurs et inter-territoires, les modes de faire collaboratifs et pratiques d’intelligence collective,
  • les expériences innovantes ou « sortant du commun ».

Les initiatives résilientes existent déjà – nombreuses. L’enjeu sera de les repérer massivement, de les rendre visibles, de faire en sorte qu’elles inspirent, de permettre leur appropriation, leur essaimage, leur diffusion à grande échelle.

PQN-A reste présent et disponible pour vous informer et vous donner à voir. Nous vous proposons une sélection des ressources et outils déployés à différentes échelles ces dernières semaines pour faire face à la situation. Nous espérons que cela pourra vous être utile.

Prenez soin de vous et de vos territoires !

Stéphane DENJEAN, directrice

 

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Les territoires à l’heure de la crise sanitaire Covid-19, par pqna

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