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Jean-Yves Pineau : Plaider pour un nouvel élan du développement local

Publié le 22/08/2024
Temps de lecture : 10 min
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Le forum des développeurs territoriaux, organisé par PQN-A et l'ADENA les 28 et 29 mars 2024, a regroupé plus de 100 participants. Jean- Yves Pineau, Directeur de l'association Les Localos nous a proposé un temps d'échanges lors de l'après-midi de la deuxième journée, sous forme de conférence inversée. Il revient dans cet article sur les questionnements abordés qui sont à retenir et.... à poursuivre.

La totalité des propos qui composent cet article sont nourris et inspirés de mon statut de citoyen mais bien évidemment aussi et plus sûrement de mon parcours professionnel. D’abord lors de mon aventure en tant qu’agent de développement local du Pays de Racan (Indre-et-Loire) et ce dans les années 90, puis mon travail au sein du Collectif Ville Campagne (association nationale qui a travaillé et théorisé les politiques locales d’accueil), et enfin, depuis 2016, au sein des Localos, même si je revendique ici une signature personnelle qui n’engage que moi, j’en assume les risques. Ce qui suit n'est qu’un point de vue, la vue d’un point. Néanmoins, la richesse spirituelle qui m’a été donnée par les fondateurs et les membres de ces différents réseaux est à surligner. Et elle s’enrichit également par toutes ces multiples rencontres au quotidien de citoyen.nes, d’élu.es, d’acteurs et d’actrices, et bien-sûr d’agent de développement local… Enfin, même si mon parcours me « spécialise » plutôt du côté des « ruraux » et si les mégalopoles m’effraient, la transition tout comme le développement local sont asexués. Ils sont métropole, ville, quartier, rue, périphérie, village, campagne, prairie, forêt, littoral, montagne…

Pour évoquer les évolutions que je perçois tant dans le contexte institutionnel du développement local ou territorial, j’y reviendrai, que dans le ou les métiers qui s’y affèrent, je distinguerai avant tout ce qui relève du pouvoir, des institutions et de leurs administrations d’une part, et, d’autre part, ce qui relève du contexte global, mondial, des questions qui sont posées aux « petits » territoires de notre nation. En effet, il me semble important de ne pas mélanger ce que sous-tend la décentralisation de notre État depuis les années 80 et qui a institutionnalisé les moyens alloués aux territoires de la République, des exigences posées aujourd’hui par de profondes crises (une crise civilisationnelle comme le dit E. Morin ?) qui ont des impacts forts sur la vie quotidienne des habitant.es de ce Pays. Ces crises appelées « défis » ou « enjeux » pour ne pas trop remettre en question le système qui les produit, sont économiques, démocratiques, sociales et écologiques pour le dire vite et certainement très mal. On les devine reliées les unes aux autres, souvent les unes étant les conséquences des autres. 

Ainsi, la crise écologique et sociale, majeure car elle concerne les conditions d’habitabilité même de notre planète, remet en question beaucoup de certitudes, d’attitudes et de modèles qui cadrent et encadrent nos pratiques professionnelles et, plus profondément, leurs donnent direction et sens. Pour le dire autrement et de manière un peu trop solennelle sans doute, nous avons un impératif catégorique : changer notre manière de « faire » Monde pour que ce Monde puisse rester habitable pour les Humains et pour l’ensemble du Vivant. C’est ainsi que, maladroitement certainement, je qualifierai ce que sous-tend la « grande transition » et ce à quoi elle doit s’atteler au plus vite. Ça chauffe !

Le local comme lieu de vie mais aussi comme lieu de transformation sociétale

Notre conviction, au sein des Localos, partagée de plus en plus largement semble-t-il, est que nous sommes aujourd’hui dans cette nécessité de réinventer nos modes de pensées, nos modes de vie, nos modes de gouvernances et de ce fait, notre « boussole » sociétale. Le chantier peut faire peur et il fait peur, mais la peur n’éloigne pas le danger, comme le dit l’adage. Si nous avons l’humilité et la conscience d’être tout à fait minuscules, nous aimons cette idée de faire cause commune. Nous rassembler, ici et là, avec toutes les énergies et les dynamiques qui recherchent d’autres voies que celles qui façonnent notre présent et nos modèles sociétaux et qui sont en train de faire « pchit », pour reprendre l’expression d’un ancien Président de la République Française. D’autre chemins donc, et d’abord ceux du « local » qui permettent (ou pas) d’apporter du mieux-être, du mieux-vivre, de manière démocratique, sans esquinter les écosystèmes naturels locaux mais, au contraire, en y prenant soin et en tentant de les régénérer autant que de besoin. Persuadés que le Monde est composé d’un local plus un local plus un local en interconnexion parce qu’interdépendants, cette échelle nous semble essentielle pour engager et s’engager dans la « grande transition » sociétale. (Re) construire l’habitabilité des petits territoires du vivant, tel pourrait être le slogan et la visée ! 

Pour autant, la nécessité de changer nos imaginaires, de nous décoloniser d’une culture mettant l’humanité hors-sol et hors-nature, de sortir d’une pensée industrielle uniformisante et aliénante ne se décrète pas. Elle s’infuse, elle s’apprend, de manière collective, par et pour le plus grand nombre et nécessite un temps long. Mais le temps presse manifestement. 

La raison qui étaye cette pensée est que cette transition ne peut se faire démocratiquement que si elle est choisie et désirable par le plus grand nombre d’entre les habitantes et les habitants. La vie au quotidien dicte les revendications et/ou les acceptations des grandes politiques supra locales. La vie à hauteur d’humains nous montre combien elle est complexe et combien elle est ne peut être administrée par domaines, par catégories. La transversalité dans les politiques n’est pas une coquetterie, elle est indispensable. Mais elle est difficile à atteindre dans nos modes de gouverner et de décider… 

Nous plaidons ainsi pour un nouvel élan de développement local qui s’inscrit dans une « redirection », une « bifurcation » écologique et sociale. Notre intuition est que ce signal est de moins en moins faible, et qu’il exprime cette volonté de se rebeller face à la disparition d’un monde habitable pour les humains et pour le vivant. Ces initiatives, minuscules face aux immenses défis de l’impérieuse sortie de l’Anthropocène ou du Capitalocène, ont le mérite de se donner de la joie, de se faire du bien et de viser un mieux-vivre dans des petits périmètres, là où les forces locales peuvent agir. Nous sommes ainsi et aussi persuadés que sans un changement de culture (au sens ontologique), nous nous essoufflerons à panser les avaries sans cesse plus graves et plus profondes d’un système économiciste devenu uniforme et mondialisant, hors-sol et incapable d’avoir le souci du fragile ou du précaire.

La transversalité dans les politiques n’est pas une coquetterie, elle est indispensable. Mais elle est difficile à atteindre dans nos modes de gouverner et de décider… 

Jean- Yves Pineau Directeur des Localos

Passer du développement local à l’épanouissement local

En nous appuyant sur les travaux que nous avions réalisés il y a une dizaine d'années avec l’UNADEL, CAP RURAL et des développeur.es territoriaux, un distinguo a été fait entre développement local et développement territorial, sans les opposer mais en marquant bien les différences. Le développement local se caractériserait d’abord par la capacité et les moyens qu’ont les actrices et les acteurs locaux, les habitant.es à faire émerger des projets, des dynamiques, des revendications collectives bornées et guidées par l’intérêt général, le bien commun, le mieux vivre pour le plus grand nombre. Ces dynamiques sont facilitées par des professionnel.les (agent de développement) et prises en compte et validées par délibération par les élu.es locaux. Le travail du développeur est alors de chercher les moyens pour accompagner au mieux et faciliter la concrétisation de ces projets qui peuvent être collectifs ou/et particuliers. 

Le développement territorial serait quant à lui caractérisé par l’application au niveau local de programmes, de dispositifs, de politiques qui viennent d’échelles supra-locales. Les développeurs ont alors en charge de les gérer et de veiller à leur bonne utilisation. Il n’est que l’application locale de politiques, nous devrions dire peut-être plus justement de dispositifs financiers, qui « descendent » sur les territoires. Certes, c’est une solidarité essentielle et incontournable (nous pourrions questionner la mise en compétition de ces dispositifs via la multiplication des appels à projet et appels à manifestation d’intérêt). Mais n’y a-t-il pas des marges de progrès dans leur (co)conception et (co)administration ? Les élus locaux ont la charge de les mettre en œuvre avec les agents de développement, autrement appelés « technicien.nes » mais, au final, de l’esprit « développeur » ou « animateur », il ne reste plus grand-chose, au profit d’instructeurs et de gestionnaires, tant les procédures et les contrôles ont pris le pas sur les fonctions de terrain, d’intermédiation, d’accompagnement des acteurs et des populations. Pire, avec la montée en puissance des compétences des EPCI, nous pouvons aussi craindre une montée d’une « gouvernementalité technocratique » qui pourrait promouvoir une nouvelle caste : les hauts fonctionnaires des petits territoires de la République. Un ami, ancien directeur d’un ancien Pays ayant sombré corps et biens avec la Loi NOTRe, a eu cette belle formule : « Nous sommes des hackers des dispositifs publics pour détourner des moyens pour faire du développement local ». De quoi parlait-il ? Il parlait me semble-t-il de l’âme de ce qui fait le travail d’animateur, d’animatrice, de chargé.e de mission, d’agent de développement : du tissage créatif de besoins, d’envies et d’idées qui se muent en projets et qui sont portés par les acteurs des territoires. Il parlait du temps à consacrer à aller vers les habitant.es, à flâner avec eux, à aller dans les bistrots, ces tiers-espaces féconds en rencontres multiculturelles, à devenir familier des lieux et des personnes. A relier, à accompagner et à faciliter l’émergence des dynamiques fertiles que seul peut produire le développement local. Cette capacité qu'ont les acteurs locaux à créer, non sur injonction mais par intuition, envie, nécessité, des projets… de vie, des « communs », de la « bioéconomie » en quelque sorte. Il parlait du temps nécessaire pour que naisse la confiance des porteurs d’initiatives. Un élu, croisé dans un séminaire LEADER, disait dans les années 2000 : « J’interdis à l’agent de développement de notre collectivité à passer plus de trois heures au bureau ». Que ce temps semble lointain !

De la nécessité à reconsidérer l’aménagement du territoire et à requalifier ce terme de « territoire »

Et si nous arrêtions de jouer au Monopoly en matière d’aménagement du territoire ? Le territoire n’est pas qu’une simple carte, lisse, sans profondeur et sans dimension spatio-temporelle ! Le territoire n’est pas non plus qu’une simple circonscription électorale ou un périmètre administratif et juridique !  Et si habiter un territoire voulait dire l’entretenir, le ménager, le respecter, le choyer, le partager avec l’ensemble du vivant ? A l’heure de la « grande transition » il serait temps d’ailleurs de requestionner ce terme de « territoire ». De le requalifier. De le penser certes comme le résultat de liens et d’empreintes humaines mais aussi plus largement un lieu où s’entrecroise le vivant, la géologie, le climat. De penser et d’imaginer des relations symbiotiques entre les activités humaines et les écosystèmes naturels dans lesquelles elles s’inscrivent. Aller (enfin) vers une écologie relationnelle. Or, aujourd’hui le territoire est plutôt considéré par les “développeurs-marketeurs” au mieux comme décor (l’attractivité résidentielle), au pire comme support (pour faire du business, en tirer une rente). Il y a ainsi sur l’échiquier de notre système de valeurs sociétales, des « vieux décors » qui ne sont plus de « bons supports » (à affaires). Des territoires ringardisés (voir l’ouvrage de Valérie Jousseaume Plouc Pride). Ces territoires qu’on nomme selon notre degré de délicatesse, les « peu denses », les enclavés, les relégués, les dépassés. Ils peuvent être d’ailleurs ruraux ou urbains, éloignés ou périphériques (au passage, parfois ces territoires “délaissés” donnent les plus belles histoires de développement local).

De la nécessité à inventer de nouveaux métiers pour mieux embarquer chacune et chacun dans une transition sociale et écologique

Nous pensons qu’il nous faut urgemment réfléchir à la création de nouvelles fonctions et de nouveaux métiers pour que vive le développement local ou l’épanouissement local. Il nous faut oser être créatifs et audacieux, humbles et sans hubris. Pour se mettre dans les pas de Jo Spiegel, ex maire de Kingersheim en Alsace, de nouvelles fonctions sont à expérimenter comme celle d’animateur de débats publics en charge de faire vivre la démocratie locale, comme celle de « diplomate » du vivant pour explorer les chemins des « égards ajustés » de Baptiste Morizot ("Manière d'être vivant"). Mais, bien plus encore, l’accompagnement au changement (transition), l’innovation sociale et économique, la construction de biens communs profitables à chacun nécessitent une approche, une attention et une ingénierie particulières qui doivent être portées et partagées par un plus grand nombre d’acteurs sur les territoires (élus, techniciens, porteurs de projet, entreprises, associations, habitants…). Il nous faut réinventer, démultiplier les démarches et les outils d’éducation  populaire ! La transformation des milieux où vivent les personnes doit se faire par elles et avec elles. Le développement local reste l’affaire du peuple pour le peuple !

Le défi n’est pas non plus à traficoter dans la tectonique des plaques et des échelles territoriales mais à oser co-concevoir des politiques d’épanouissement territorial qui s’émancipent des frontières périmétriques électorales et/ou juridiques. Les clefs de l’épanouissement d’un territoire (des populations à l’abri des besoins essentiels, des écosystèmes capables de perdurer) se trouvent aujourd’hui, à la ville comme à la campagne, dans les territoires voisins ! A quand la construction politique et démocratique d’écosystèmes territoriaux ouverts et reliés, des bios-régions chères à François Ascher ou à Alberto Magnaghi ? Réinventer les diagnostics technos d’expertises d’experts pour aller vers des enquêtes sensibles, participatives, impliquantes mêmes ! Une montée en puissance de ces nouvelles approches est observable aujourd’hui ici et là et nous pouvons nous en réjouir. Des démarches pionnières et concrètes existent. Je pourrais citer ici l’approche par pôles coopératifs de la commune de Saint-Paterne-Racan en Indre-et-Loire, le travail autour du Bonheur Local Brut (BLB) qui vise à donner d’autres indicateurs que ceux du PIB mené par le PETR de Figeac Quercy Vallée de la Dordogne, et tant d’autres en cours ou en émergence. C’est le moment de s’y intéresser ! 

Comment faciliter, au sein d’une organisation verticale, la nécessaire horizontalité d’un projet de territoire ?

Il faut expérimenter d’autres manières de faire système. Un système capable de créer des richesses qui ne soient pas que financières. Il nous faut créer les conditions de l’horizontalité. Ce pourrait-être dans les communes, par exemple,  des regroupements d’habitant.es, élu.es et non élu.es, constituant une force hybride (élu.es et société civile à l’instar des Conseils de Développement), qui se chargent de répondre à des questions qu’on ne leur a pas posées : qu’est-ce que nous ne voulons plus vivre dans notre commune, sur notre territoire ? Qu’est-ce que nous voulons vivre ? Qu’est-ce que la transition et en quoi elle est désirable, plus juste pour les humains et les non-humains et comment se mettre en mouvement ? Quelles sont les alliances possibles autour du vivant et avec le vivant pour permettre un avenir pour le plus grand nombre ? Quelles sont nos interdépendances et nos interrelations à préserver et à consolider avec nos voisins proches et/ou éloignés ? Où sont les injustices sociales, les souffrances et comment peut-on, à notre (petit) niveau tenter d’y remédier concrètement, de les atténuer etc. ? Nous pourrions citer ici les projets des Localos mais également les travaux originaux de la démarche « Où atterrir »  ainsi que ceux  menés par des membre du laboratoire Origens Média Lab. Là aussi, des démarches prometteuses émergent un peu partout en France.

Mais ces démarches ne peuvent être que apprenantes dans ces bouleversements et renversements de paradigmes nécessaires. Néanmoins, ces regroupements locaux d’habitant.es et d’élu.es  auraient en charge la rédaction d’une feuille de route locale, concrète, de la transition sociale et écologique. Ces forces locales doivent éprouver la démocratie et la réinventer quasi au quotidien. Pour la faire vivre et respirer. Sinon la démocratie n’est qu’au mieux une norme, un « truc » qui peut vite disparaître et échapper. Car oui, l’enjeu démocratique est immense et nous pensons que la transition, quitte à se répéter, ne pourra se faire sans la mobilisation pleine et entière des citoyen.nes, avec du grain à moudre pour chacun et chacune, à partir de là où ils vivent et avec l’ensemble de ces petits peuples avec qui nous cohabitons (le vivant). 

Ces regroupements sont aussi une manière de faire rhizome, de démultiplier des habitant.es chercheurs et acteurs à partir du petit périmètre de là où ils s’inscrivent et inscrivent leur vie. Prendre un temps plus long pour réécrire un Projet de Territoire « par le bas », relié, couturé, intriqué en partant des aspirations, des actions et des feuilles de routes de ces petits périmètres. Osons prendre ce temps. Il est fertile et indispensable, même s’il remet en cause le temps des mandats et des institutions. L’heure est aux remises en question non ?

Aujourd’hui et certainement plus que jamais, les habitants-acteurs-élus des petits territoires doivent s’autoriser et être en mesure de faire émerger de nouvelles manières de bien-vivre, de nouvelles manières de bien-être et de nouvelles manières de valoriser durablement leurs milieux de vie. Ensemble. Bien-sûr, il est essentiel d’abord de redonner le goût et la possibilité de refaire politique. Du pouvoir d’agir qui se voit parce qu’il se vit. C’est peut-être là un des rôles majeurs des professionnel.les du développement local/territorial que d’accompagner et de faciliter ces émergences. La transition serait alors une relocalisation artisanale et singulière du Monde, une « mondialité » reliée pour reprendre le terme d’E. Glissant, et non une industrialisation mondialisée stérilisante des modes de vie et de faire, avec partout les mêmes modèles, les mêmes outils, les mêmes procédures, voire les mêmes compétences. Il nous faut des agents de développement et des élu.es… poètes ! La transition sociale et écologique semble être à ce prix. Et celle-ci passera nécessairement par les petits territoires de la République et par ses habitant.es. Que vive le développement local pour que vive l’épanouissement du local-monde !

Texte rédigé par Jean- Yves Pineau, mai 2024.

 

Jean- Yves Pineau est directeur de l'association Les Localos et a également dirigé le Collectif Ville- Campagne.

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