Des évolutions sociétales qui impactent le rapport au travail
La période que nous vivons renforce les inégalités sociales et amplifie la difficulté à trouver ou garder un emploi. Les périodes de recherche d’emploi s’étirent dans le temps, obligeant même les demandeurs d'emplois ces derniers mois à faire des entretiens masqués. Drôle de façon de créer la relation avec les futurs employeurs ! Force est de constater qu’aujourd’hui plusieurs marqueurs entrent en jeu et complexifient notre relation au travail.
D’abord une recherche de sens qui se traduit par différents questionnements.
A quoi contribue-t-on aujourd’hui dans le cadre de notre travail ? Que produit-on de vertueux et d'utile socialement pour soi et pour les autres ? Quelle relation entretient-on avec ses collègues ? Quel est le cadre de confiance qui nous permettra de nous exprimer, de contribuer au futur de l’organisation et par extension à la société ? Quelle rapport moral souhaitons-nous conclure dans le cadre de nos activités productives ?
En outre, la santé au travail reste préoccupante car ces dernières années, nous avons vu les cas de burn-out / bore out exploser.
Les confinements successifs n’ont fait que renforcer ces cas de figure qui ne sont plus un phénomène marginal.
D’autre part, et sur d’autres plans, l’inclusion du handicap dans le cadre du travail reste un enjeu majeur à traiter.
De même les adaptations qui pourraient être proposées aux aidants familiaux restent timides alors qu'ils sont 11 millions en France. La monoparentalité conjuguée aux situations de travail n’est pas encore un sujet de concertation dans l’organisation.
La perte de puissance du syndicalisme a renforcé l’isolement des salariés.
Les cumuls d’activités (les slashers) font perdre tout repère à ces organisations collectives.
L’entreprenariat individuel, proposé comme une solution à la reprise d’activité a été largement précarisé avec l’arrivée de l’auto-entreprenariat.
Ce constat amène progressivement les individus à ne plus travailler collectivement à la création et préservation de communs.
Enfin, les générations arrivant sur le marché du travail depuis une vingtaine d'années sont des "générations tampons".
Elles vivent dans un paradoxe : coincées entre des représentations sur la “sécurité de l’emploi” et la réalité qui leur dicte de changer de métiers, de régions, de secteurs d’activités plusieurs fois dans la vie sans y avoir été préparés. Les parcours professionnels sont devenus non linéaires scandés de ruptures et de rebondissements. Le cumul d’activités est aussi un signe fort d’un cheminement à plusieurs entrées.