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Groupe de personnes visitant les serres agricoles de la Milpa

Comment accompagner les agriculteurs au changement de pratiques ?

© Crédit Photo La Milpa Charentaise
Publié le 29/04/2021
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Vienne

Comment décomplexer l’approche des agriculteurs sur le sujet épineux du changement de pratiques ? Quelle place pour l’accompagnement collectif dans ce processus ? Le Centre d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural (CIVAM) a apporté des éléments de réponse à ces questionnements lors d’un atelier du Forum régional « Agriculture, Alimentation et Territoire » le 13 février 2020 à Angoulême.

 

Laure Courgeau, animatrice CIVAM Pays Montmorillonnais et Pays Châtelleraudais, référente Circuits courts était accompagnée de Xavier Potiron, vice-président CIVAM Pays Montmorillonnais et éleveur bovin allaitant. Il fait partie des agriculteurs qui ont été accompagnés par le CIVAM. 

 

Le témoignage de Xavier Potiron, un agriculteur accompagné par le CIVAM 86

 

D’une situation de crise…

 

Dans le cas présenté lors du forum, c’est la situation de crise de l’exploitation qui a conduit Xavier Potiron à se tourner vers une aide extérieure. En effet, dans les années 1990-2000, la production et les activités de l’exploitation se sont fortement développées. Toutefois, la rentabilité a été quasiment nulle et l’exploitant s’est largement endetté.

 

Fin des années 2000, cette crise qui menaçait la durabilité économique et humaine de la structure a conduit à une mise en cause complète du modèle de production. Xavier Potiron a donc recherché de l’aide via un appui extérieur.

 

 

…à la recherche de solutions par une approche innovante

 

Xavier Potiron a ainsi cherché de l’aide auprès du CIVAM local. Les approches innovantes que ce dernier proposait permettaient une prise de distance sur son exploitation et ses pratiques. De plus, la recherche collective de solutions lui a permis de rompre avec l’isolement en partageant avec des exploitants confrontés aux mêmes difficultés quotidiennes.

 

Les approches s’appuyant sur un collectif comme le CIVAM présentent donc les intérêts suivants :

 

  • un partage d’expériences entre pairs (confiance, écoute, crédibilité, etc.) ;
  • une stabilité et durabilité du groupe (à la différence des techniciens et des conseillers professionnels qui changent fréquemment de poste et ne connaissent pas l’histoire des exploitations).

 

 

Des résultats encourageants et des évolutions constatées en matière de biodiversité et d’environnement

 

L’accompagnement a permis la réorganisation complète du fonctionnement de l’exploitation, notamment en tenant compte de ses réalités géographiques, physiques et historiques.

 

En effet, cette nouvelle approche de la structure a permis de repositionner l’activité en développant une production de viande bovine adaptée au potentiel de l’exploitation et à son environnement territorial. L’évolution majeure concerne les prairies. La mise en place de la rotation des pâturages a permis un meilleur développement des herbages et une plus grande diversité de la flore.

 

Depuis, l’exploitation s’inscrit dans un modèle environnemental, économique et social performant et durable. Sa pérennité n’est plus menacée. De nouvelles perspectives sont même envisagées. Par exemple, l’exploitant envisage de recruter afin de développer la valeur ajoutée sur l’exploitation.

 

 

Les CIVAM, c’est quoi ?

Les CIVAM sont “des groupes d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique”. Ce sont ainsi plusieurs associations locales – près de 130 – qui œuvrent en réseau partout en France. Leur objectif ? Une “agriculture plus économe et autonome” et “une alimentation relocalisée au cœur des territoires et des politiques agricoles” pour “l’accueil de nouvelles populations” et pour “la préservation des ressources”.

 

Les salariés de ces associations sont animateurs et accompagnateurs. Ils ont pour mission d’animer et d’accompagner les “projets collectifs et durables qui contribuent à dynamiser le tissu socio-économique rural”. Les CIVAM travaillent autour du partage d’expériences, de la proposition de méthodes ou encore via la coopération entre pairs.

Zoom sur le réseau CIVAM Poitou-Charentes

Le réseau CIVAM Poitou-Charentes accompagne depuis plusieurs années les agriculteurs vers un changement de leurs pratiques. Il se penche plus particulièrement sur la question : “pourquoi et surtout comment changer ses pratiques quand on est agriculteur ?”. C’est pourquoi, le réseau a orienté certaines de ses actions vers :

 

la réduction de l’usage de produits phytosanitaires et antibiotiques ;
le développement de l’autonomie et de l’autosuffisance des exploitations ;
le maintien d’une agriculture locale et diversifiée (diversification des activités des exploitations, notamment par la vente directe).
 

Mais quelle place joue le collectif dans l’évolution et le changement des pratiques agricoles ? Quel rôle jouent les CIVAM ?

L’inscription du CIVAM dans les démarches territoriales

Le CIVAM est généralement associé aux démarches collectives initiées par de petits groupes d’agriculteurs locaux (ateliers collectifs, magasins, etc.) Les groupes CIVAM locaux sont présents de façon très disparate en fonction des territoires. Très sensibles aux contextes locaux, leur implantation varie d’un territoire à l’autre et il en va de même pour les sujets qu’ils abordent.

 

Ces groupes sont majoritairement impliqués sur les questions de changement de pratiques et d’installation-transmission. Certains travaillent parfois aussi aux côtés des collectivités. C’est d’ailleurs la fédération nationale des CIVAM qui en amenant le concept de “systèmes alimentaires territorialisés” a indéniablement participé à la création des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) en France. Ainsi, les fédérations régionales et l’échelle nationale créent régulièrement du contenu à destination des collectivités. Selon les territoires, certains CIVAM locaux participent aux PAT local.

Retrouvez les ressources des CIVAM à destination des collectivités ! Replacer l’alimentation au cœur des territoires, Associations et collectivités, co-construire la transition agro-écologique et Collectivités territoriales : Pourquoi et comment accompagner les magasins de producteurs.

L’accompagnement collectif, un soutien au changement

 

Comment et pourquoi se tourner vers un appui collectif ?

 

Le cœur de métier du CIVAM réside indéniablement dans l’accompagnement collectif. D’après l’animatrice CIVAM, l’envie d’aller vers un accompagnement collectif vient d’abord de l’exploitant qui, pour différentes raisons, souhaite évoluer dans son activité. Beaucoup souhaitent se pencher sur le changement de pratiques mais ne savent pas où chercher du conseil. En effet, le changement de pratiques demande du temps et une réflexion de fond sur le système en place dans la ferme. Une démarche qui n’est pas anodine et où le manque d’accompagnement, de ligne directrice et de soutien vient à bout de nombreuses bonnes intentions.

 

En effet, les réseaux et les structures comme le CIVAM pourraient porter des démarches “descendantes” en direction des exploitants agricoles. Toutefois, les résultats resteraient limités car la démarche ne serait pas initiée par l’exploitant lui-même. Elle resterait encadrée par une relation personnelle et donc limitée à l’agriculteur apprenant face au technicien conseiller. Ainsi, l’accompagnement de groupe apporte avant tout le fait que chacun soit mis en situation d’apprenant et de conseiller à travers la diversité des sujets abordés. L’accompagnement collectif se fait lors des temps organisés par les CIVAM mais aussi lors de temps informels.

 

Ainsi, les agriculteurs d’un même groupe et vivant dans un même territoire se croisent forcément en dehors des temps organisés. C’est ainsi que la dynamique de changement peut véritablement s’ancrer dans un quotidien et que chacun peut mieux en être l’acteur principal dans sa ferme. 

 

Comment aborder et mobiliser les agriculteurs sur les démarches alimentaires de territoire ? 

 

D’après Laure Courgeau, il ne faut pas chercher à mobiliser nécessairement tous les producteurs collectivement à un moment donné. Certains ne sont pas prêts, d’autres encore ne sont tout simplement pas intéressés. De plus, il faut rester humble et patient. Les prises de conscience et les évolutions sont en cours chez les exploitants agricoles. Il faut pouvoir les accompagner en respectant le rythme et l’avancement de chaque personne.

 

Vous souhaitez en savoir plus ?

Contactez Elsa Favriou-Martineau, animatrice-coordinatrice, chargée des circuits courts et des projets alimentaires

06 04 96 53 87

projetsalimentaires86.civam@gmail.com

 

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