Démarche Eleveur et engagé (17)
En Charente-Maritime (17), les supermarchés locaux acceptent de mieux rémunérer les éleveurs bovins
Le groupe Éleveur et engagé de Charente-Maritime a convaincu des hyper et supermarchés locaux de fixer les prix d’achat en fonction des coûts de production et des cotations de France Agrimer. Les éleveurs bovins bénéficient de plus-values supérieures et d’une plus grande visibilité.
A l'origine de la démarche : une rémunération insuffisante des éleveurs bovins
En 1997, des éleveurs bovins de Charente-Maritime vendant leur production en circuit classique, via leur coopérative ou leurs négociants, ont manifesté contre la rémunération de leur travail qu’ils jugeaient insatisfaisante. Suite à cela, un premier supermarché (Leclerc Royan) du département a noué un partenariat avec un groupe d'agriculteurs. Puis un deuxième et un troisième magasin ont suivi. En 2016, ces initiatives locales ont pu se structurer et prendre de l’ampleur en s’inscrivant dans une démarche nationale portée par la Fédération nationale bovine (branche de la FNSEA) et le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA).
Baptisée Éleveur et engagé, cette démarche travaille avec des enseignes de la grande distribution afin de mieux rémunérer les éleveurs. A l’échelle de la Charente-Maritime, cela a notamment permis au groupe d’agriculteurs de rencontrer la Coop Atlantique. Cette coopérative dont le siège est à Saintes, exploite plus de 200 magasins dans le centre-ouest de la France, dont 11 magasins U en Charente-Maritime.
Animé par la FNSEA départementale, le groupe Éleveur et engagé de Charente-Maritime compte aujourd’hui 85 membres adhérents au syndicat. Il travaille avec 19 magasins U de Charente-Maritime (12 exploités par la Coop Atlantique et sept par Système U), ainsi que des magasins Leclerc et Intermarché. Directeur de la FNSEA 17 et ancien coordinateur du groupe, Pascal Berteau explique le fonctionnement du partenariat : “tous les deux ou trois mois nous revoyons la tarification avec les responsables de magasin en nous basant sur les coûts de production et les cotations calculées par France Agrimer. L’intérêt est double : au lieu de varier chaque semaine, les tarifs d’achat augmentent ou diminuent tous les deux à trois mois, et les agriculteurs réalisent des plus-values supérieures, entre 300 et 350 € en plus par carcasse”.
Outre la négociation des prix, le coordinateur du groupe, salarié de la FNSEA, planifie les ventes en fonction du nombre de bêtes que les éleveurs veulent commercialiser, des dates prévisionnelles d’abattage, et des races et des poids de carcasses souhaités par les magasins. Cette planification est ensuite envoyée aux responsables des supermarchés qui disposent ainsi d’un planning d’approvisionnement. “Nous organisons mais ce sont les éleveurs qui commercialisent, souligne Pascal Berteau. Cela signifie que les animaux sont directement payés aux éleveurs. Nous ne touchons rien.”
Le groupe Eleveur et engagé a également mis en place un partenariat avec l’abattoir de Surgères pour que les animaux soient abattus à proximité des exploitations et des lieux de vente. Il propose aussi aux éleveurs qui n’ont pas de solution pour transporter leurs bêtes de les mettre en relation avec un transporteur partenaire. Enfin, le groupe organise des opérations de communication comme des animations en magasin et des visites d’exploitation. Des formations sont par ailleurs proposées chaque année, en lien avec l’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev), sur les qualités de carcasse et les classements en abattoirs.
Signature du partenariat avec Coop Atlantique en 2018
Crédits : Éleveur et engagé 17
Résultats
Les éleveurs ont plus de visibilité et réalisent une plus-value plus importante que dans un circuit de vente ordinaire, de l’ordre de 300 à 350 € supplémentaires par carcasse. Ce système permet également de les sécuriser en période d’inflation.
Les prix d’achat sont plus justes.
La vente locale permet aux producteurs de retrouver de la fierté et du sens à leur métier, et de la proximité avec les consommateurs.
Facteurs de réussite
.Une coordination assurée par un salarié dédié.
.Un nombre limité d’interlocuteurs : le réseau de magasins U est représenté par un seul responsable.
.Un bon relationnel entre le coordinateur du groupe et les responsables des rayons boucherie des magasins.
.Des membres très impliqués parmi le groupe de producteurs.
.Une offre qui coïncide avec la demande. “En Charente-Maritime nous avons l’avantage d’être un territoire touristique avec beaucoup de magasins qui cherchent du local pour finalement assez peu d’éleveurs”, observe Pascal Berteau.
Une présentation de produit par un producteur dans un magasin U
Crédits : Éleveur et engagé 17
Enseignements
La démarche a beau avoir près de dix ans, il n’est pas toujours évident de convaincre de nouveaux magasins. “Certains chefs bouchers peuvent n’y voir qu’un surplus de travail”, relève Pascal Berteau.
Chaque magasin a des attentes particulières (poids des carcasses, carcasses plus ou moins grasses) que le coordinateur doit identifier et satisfaire au mieux en fonction des informations que les éleveurs lui fournissent sur leurs bêtes.
Perspectives
La démarche pourrait s’appliquer à d’autres filières de production.
De nombreux producteurs vont partir à la retraite dans les dix prochaines années. Il faut donc trouver de nouveaux et de jeunes éleveurs afin de maintenir le volume vendu aux supermarchés.
Calendrier
1997 : premier partenariat entre un groupe d’éleveurs de Charente-Maritime et un supermarché
2016 : le groupe d’éleveurs intègre la démarche Éleveur et engagé initiée par la Fédération nationale bovine et les JA
2016-2017 : début du partenariat entre le groupe Eleveur et engagé 17 et la Coop Atlantique
2018 : signature du partenariat
2024 : le groupe compte 85 producteurs et travaille avec 19 supermarchés en Charente-Maritime
Partenaires principaux
La Coop Atlantique, les supermarchés Système U, Leclerc et Intermarché
Personne ressource
Pascal Berteau, directeur de la FNSEA 17
pascal.berteau@reseaufnsea.fr ou 06 29 13 21 18
Amélie Mention, coordinatrice du groupe Éleveur et engagé
amelie.mention@reseaufnsea.fr ou 06 52 13 55 12
Fiche rédigée par Fanny Laison,