En Pays du Haut Limousin, la revitalisation des centres-bourgs comme levier d’accueil de nouvelles populations
Le Pays du Haut Limousin accompagne les communes dans leurs projets de revitalisation en mobilisant son ingénierie et en favorisant la mise en place d'une dynamique collective. Leur but est d'attirer de nouvelles populations dans les centres-bourgs.
Le Haut Limousin, territoire peu peuplé, cherche à attirer des nouvelles populations
Situé au nord du département de la Haute Vienne, le Pays du Haut Limousin regroupe 46 communes au sein de deux EPCI :
- la communauté de communes (CdC) de Gartempe Saint Pardoux
- la CdC du Haut Limousin en Marche.
Il connaît une déprise démographique accentuée depuis les années 1970. En 2020, il compte 29 513 habitants pour une densité très faible, d’environ 19 habitants / km2.
Néanmoins, depuis les années 2000, cette évolution est marquée par un regain d’attractivité, liée à un solde migratoire positif.
La mobilisation des élus pour favoriser l’accueil de nouvelles populations
Les élus du Pays du Haut Limousin ont donc décidé d’inscrire comme axe d’intervention prioritaire l’accueil des nouvelles populations dans la charte de développement élaborée en 2014.
Cette volonté collective a ainsi été transcrite dans l’élaboration du projet Leader 2015 – 2020.
Parmi les objectifs opérationnels, figure plus particulièrement le souci d’ « expérimenter une approche durable et innovante de redynamisation de centre bourg ».
Plus récemment, la démarche de contractualisation avec le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a confirmé cette orientation destinée à attirer et permettre l’installation de jeunes actifs.
Une volonté politique de renforcer l’ensemble des centres-bourgs
Des initiatives portées par des petites communes avec l’aide du Pays
Plusieurs communes engagent ainsi une démarche.
En 2015, la commune de Lussac les Eglises décide de prendre en compte plusieurs dimensions : l’aménagement du bourg, la cohésion sociale, la vie économique locale, tout en mobilisant les habitants. De 2016 à 2018, plusieurs séries d’ateliers participatifs sont organisées avec les habitants pour bâtir ensemble un projet de redynamisation du centre bourg.
Cette initiative ne tarde pas à en inspirer d’autres : la commune de Blond se lance dans une réflexion similaire, pour la requalification du bâti vacant avec un prestataire extérieur. Cette démarche a permis de bâtir un argumentaire cohérent pour convaincre l’Etablissement Public Foncier local (EPF) d’intervenir. Retrouvez la vidéo "Je revitalise mon centre- bourg! #4 : Jean-François PERRIN, maire, Blond (Haute-Vienne)"
La commune de Mézères sur Issoire sollicite pour sa part l’école de Design de La Souterraine. Il s’agit par là-même de bénéficier du regard extérieur d’étudiants en matière de design d’espaces, pour proposer des solutions originales d’aménagement, des animations pour créer du lien comme par exemple des jardins partagés.
A Saint Sornin Le Lac, c’est l’appui du CAUE de la Haute Vienne qui permet de mobiliser les habitants pour réinventer l’espace public du centre –bourg.
Tandis qu’à Chateau-Ponsac, la priorité est donnée à une étude de revitalisation économique confiée à la CCI de la Haute-Vienne. Celle-ci propose une phase de consultation de la population locale pour agir sur l’attractivité économique et commerciale.
La ville de Bellac se dote d’une ingénierie propre
Cette commune de 3 700 habitants a répondu en 2016 à un appel à projets sur l’attractivité des centres bourgs du GIP Massif Central. Elle a ainsi bénéficié d’un soutien financier pour engager un plan d’actions sur son territoire .
En 2018, une étude confiée à la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de la Haut Vienne, associée à un cabinet d’étude, a permis d’identifier les axes prioritaires d’intervention. Ces derniers portent notamment sur l’aménagement de zones piétonnes, la création d’un marché, la mise en valeur du Champ-de-foire et des rives du Vincou.
Au-delà de ces projets d’aménagement « en dur », la préoccupation de la commune porte sur la reconquête de l’attractivité commerciale du centre-bourg. Elle s’est pour cela dotée d’un manager de centre-ville, Olivier Berniolles. Son poste a bénéficié du financement du Groupement d'Intérêt Public (GIP) “Massif Central” à hauteur de 80 % sur 3 ans.
Ce dernier accompagne les porteurs de projets désireux de créer ou reprendre une activité en centre-bourg.
Une démarche collective
Le Pays, catalyseur d'une dynamique collective entre élus et habitants
Dans la majorité des initiatives portées par les collectivités, la réussite repose sur des pratiques de partenariat renforcé.
« Quand les élus comprennent l’intérêt d’écouter les habitants, qui disposent d’une véritable expertise d’usage, les projets progressent plus vite », souligne Marie Algret, chargée de mission « Accueil et Attractivité » du Pays du Haut Limousin.
Bien sûr, ce ne sont pas toujours des pratiques habituelles pour les décideurs politiques, et cela requiert des temps d’animation, de pédagogie et de rapprochement. « C’est de notre responsabilité, en tant qu’animateurs et médiateurs, d’accompagner ces démarches participatives”.
Bertrand Paris insiste pour sa part sur « la mutualisation des moyens mis à disposition par le Pays et l’effet levier qu’offre le programme Leader».
Concrètement, l’ingénierie du Pays apporte un appui technique pour la bonne conduite de ces réflexions :
- conseils sur la conduite de projet
- appui à la rédaction de cahier des charges
- aide à la passation d’un marché public de prestation
- instruction financière du programme Leader
Pour Marie Algret, « notre intervention est appréciée par les élus de petites communes qui ne disposent pas de l’expertise technique pour assurer une conduite de projet ».
Un accompagnement personnalisé pour aller de l’entrée thématique à la démarche globale
Aux yeux du Pays, l’intérêt de son accompagnement est multiple :
- Un accompagnement à la carte, qui respecte le projet de chaque commune,
- Une diversité de modes opératoires, en fonction des partenariats qui se nouent,
- Une entrée sectorielle privilégiée qui amène progressivement à ouvrir une réflexion plus globale,
Un pool de partenaires, experts et organismes de l’accompagnement
L’ingénierie mobilisée pour l’accompagnement des projets ne relève pas seulement des collectivités.
Le Pays s’est entouré d’organismes, publics ou privés, spécialisés dans l’accompagnement :
- SOLIHA, qui apporte une expertise dédiée dans le domaine de l’habitat et la solidarité,
- Le CAUE de la Haute Vienne, pour ses interventions en appui sur les questions d’aménagement, de paysages, d’urbanisme et d’architecture,
- L’Etablissement public foncier régional, pour le portage et l’acquisition de foncier, qu’il soit immobilier ou pas,
- L’école de Design de la Souterraine, pour ses séjours d’étude, réalisés par les étudiants en design éco-responsable,
- La chambre de commerce et d’industrie de Limoges, pour la réalisation d’études économiques,
- Des bureaux d’études et de conseil, Prima Terra, Hemis…
Résultat : une dynamique bien engagée et des premiers résultats
Le travail engagé depuis 5 ans porte ses fruits pour l’équipe du Pays :
- Les communes souhaitant s’engager dans la démarche sont toujours plus nombreuses
- Les élus redécouvrent leur commune grâce aux concertations et aux regards extérieurs
- Les évènements organisés par le territoire (Rencontres de l’immobilier organisées en 2019) contribuent à créer une dynamique d’accueil
- Le renforcement des commerces de proximité se fait noter dans certaines communes
A Bellac, par exemple, pour Olivier Berniolles « la ville est attractive pour l’installation des activités économiques, 7 commerces ont réouverts depuis un an, dont deux brasseries et une boucherie ». Mais il y a aussi de la place pour des activités originales et inattendues pour ce territoire. « Un atelier de tatouage récemment installé draine ainsi une clientèle extérieure significative. »
Points de vigilance : des habitants à convaincre et un temps d’ingénierie à assurer
Le manque de confiance des habitants dans la capacité d’accueil et de dynamisme de ces activités peut parfois constituer un frein. Pour Olivier Berniolles, manager de centre-ville de Bellac, c’est en effet un intense travail de communication qu’il faut engager de manière créative. « En 2019, avec l’association LimousinArt nous avons organisé un festival de street Art « Colle des moutons » qui a connu un réel succès tout en valorisant une ressource agricole locale emblématique ».
L’accompagnement des communes volontaires peut ainsi s’avérer chronophage pour l’ingénierie du territoire. Dès lors, il faut s’assurer que le temps passé n’empiète pas sur des missions relevant d’autres partenaires. Par ailleurs, ces dépenses d’ingénierie sont assumées par des aides publiques, qui ne sont pas pérennes.