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Rapport du CESER

Le CESER Nouvelle-Aquitaine recommande de renouer le lien entre les agriculteurs et la société

© Crédit Photo PQN-A
Equipe PQN-A
Publié le 30/11/2021
Temps de lecture : 10 min
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La section Veille et prospective du Conseil Economique, Social et Environnemental Régional (CESER) a publié un nouveau rapport consacré à l’agriculture et à l’alimentation en Nouvelle-Aquitaine. Intitulé « Pour un nouveau pacte social. Réaliser la nécessaire transformation agroécologique en Nouvelle-Aquitaine », il place le lien entre les agriculteurs et la société au cœur de ses recommandations.

Pourquoi avoir consacré votre dernier rapport du CESER à l’agriculture et à l’alimentation en Nouvelle-Aquitaine ?

 

Jany Rouger, président de la section Veille et prospective du CESER Nouvelle-Aquitaine. Alain Rousset, président du conseil régional, et Fabienne Buccio, préfète de région ont fait cette demande. Le titre de la saisine était « Les évolutions nécessaires des agricultures en Nouvelle-Aquitaine à l’heure des transitions (climatique, écologique, énergétique, sociale…)». Nous avons abordé cette question en considérant que les agricultures ne concernent pas que les agriculteurs. C’est une affaire qui nous concerne tous. C’est l’ensemble de la société qui doit s’interroger sur le sens du travail agricole. D’où la complexité d’un tel rapport : nous avons brassé l’ensemble des questions qui se pose autour de ce sujet.

 

Qui a participé à la rédaction ?

 

Les membres de la Section, comme du CESER, sont des gens issus de la société civile : des employeurs, des salariés, des membres d’associations… Un certain nombre de représentants du monde agricole a aussi demandé à y participer. Il y a eu des tensions, des oppositions, et certains se sont finalement désolidarisés du travail auquel ils ont contribués. Le CESER n’échappe pas aux tensions qui sont celles de notre société actuelle, mais au final, le rapport a été voté à une grande majorité (103 votes Pour, 38 Contre, 7 abstentions, ndlr).

Nous avons travaillé sur l’ensemble des sujets avec des auditions de spécialistes, de scientifiques, de personnalités éclairées sur le sujet et des membres de notre Conseil. Nous nous sommes aussi appuyés sur ce qui existait déjà : la feuille de route Neo Terra, le travail d’Ecobiose (comité scientifique interdisciplinaire réunissant 150 scientifiques de Nouvelle-Aquitaine, ndlr) sur la biodiversité. Cette matière a éclairé toute notre première partie qui porte sur les nouvelles exigences écologiques et sociétales qui font que l’on ne peut plus continuer à « exploiter » la Terre comme on l’a fait jusqu’à aujourd’hui.

 

Après avoir dressé un état des lieux des agricultures néo-aquitaines et des transitions dans cette première partie, vous soumettez l’idée d’un « nouveau pacte social ». En quoi cela consiste ?

 

Il nous est très vite apparu que la question principale de ce travail, c’était le divorce entre les agriculteurs et la société, et qu’il fallait revenir aux fondements mêmes de ce qu’est l’agriculture. C’est-à-dire nourrir l’humanité, mais aussi renouer le lien entre les agriculteurs et la société. C’est pour cela que nous parlons d’un « nouveau pacte social », qui passe par la reconnexion entre l’alimentation, les territoires et la gouvernance.

Il faut faire de l’alimentation un bien commun, prôner le droit à l’alimentation comme un droit fondamental. C’est pourquoi nous demandons à ce que la sécurité sociale alimentaire soit expérimentée dans notre région, peut-être sur des territoires restreints. Tout ce qui se passe à l’échelle d’un territoire – les circuits courts, les projets alimentaires territoriaux – permet de mieux mettre en connexion producteurs et consommateurs. C’est bien sur les territoires que l’on voit que les questions d’un meilleur dialogue peuvent exister, parce que quand les gens vivent au quotidien ensemble, il faut qu’ils trouvent les solutions pour essayer de s’organiser.

 

Comme vous le développez dans la troisième partie du rapport, cela suppose une gouvernance mieux partagée ?

 

Effectivement. Souvent, les consommateurs n’ont pas voix au chapitre, alors que c’est l’ensemble des habitants d’un territoire qui est concerné par cette chaîne qui va de la production à la consommation. Dans l’exemple du Plan alimentaire territorial Nouvelle-Aquitaine qui se dessine, on essaye de dire « Attention ça doit être une gouvernance bien plus élargie ». Nous insistons aussi sur l’importance d’une vision prospective qui suppose un diagnostic alimentaire complet.

Julien Baudot, chargé de mission pour la section Veille et prospective. Cette partie cherche les freins au changement et les solutions pour les lever. Et cela passe notamment par une évolution des gouvernances. Il y a un enjeu à promouvoir la gouvernance à l’image de celle de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Ce qui se passe aujourd’hui dans les Projets alimentaires territoriaux est similaire au fonctionnement ESS.

 

Et maintenant, que vont devenir vos préconisations ?

 

Jany Rouger. Nous  sommes une assemblée consultative. Ce qui veut dire qu’on nous consulte, mais qu’après, nous ne sommes pas les décideurs. C’est à la Région et à l’Etat, nos deux commanditaires, de décider ce qu’ils feront de notre rapport. Nous n’avons pas encore pu leur présenter officiellement, mais cela ne devrait pas tarder.

Dans ce rapport, l’ensemble des citoyens a une responsabilité, et la transformation agro-écologique n’est pas le seul fait des agriculteurs. Il y a une responsabilité globale du consommateur dans les choix qu’il fait. Cela a des conséquences sur toute la chaîne. En  conséquence, la société civile doit être mieux associée aux organisations de plans alimentaires territoriaux, dont l’initiative revient néanmoins aux pouvoirs publics.

Julien Baudot. Nous allons aussi mener un travail dans les territoires à travers des réunions pour :

  • présenter le rapport,
  • organiser des tables rondes avec des personnalités du monde agricole, de la société civile, des experts, autour de thématiques liées au rapport.

C’est une manière d’aller poser le débat en-dehors de l’hémicycle. A la fin du rapport, les destinataires structurent le tableau des préconisations. Il y a évidemment un grand nombre de préconisations pour la Région et l’Etat. Mais il y en a aussi pour les collectivités infra-territoriales, le monde associatif. Il y a donc un intérêt pour nous à aller porter le rapport le plus largement possible dans les territoires.

 

Le rapport « Pour un nouveau pacte social. Réaliser la nécessaire transformation agroécologique en Nouvelle-Aquitaine »  : 

Retrouvez le rapport ici
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