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Parole d'acteur #19 - Christophe Pellaumail, coordinateur du service public de l'insertion et de l'emploi au Département des Landes

Publié le 20/02/2024
Temps de lecture : 6 min
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Christophe Pellaumail est coordinateur départemental du Service public de l'insertion et de l'emploi au Conseil départemental des Landes. Il revient ici sur son expérience professionnelle et le rapport qu'il entretient avec  le développement territorial.

1/ Comment est-ce que vous vous présenteriez ? 

Je suis une personne avant tout résolument positive, sérieuse dans tout ce qu'elle fait mais sans jamais se prendre au sérieux. Mon parcours professionnel suit depuis le début la même ligne directrice : le service aux publics que ce soit dans le service restauration (pendant 12 ans), la formation pour adulte, le conseil en insertion professionnel, ou l'animation de réseaux partenariaux dans les politiques publiques d'insertion.

J'ai dû me reconvertir à cause d'un problème de santé. Cela a été pour moi une prise de conscience que l'on peut découvrir ses capacités et se former tout au long de la vie au-delà du diplôme. J'ai validé un titre professionnel de formateur pour adulte de niveau bac +2 sans jamais avoir eu mon bac. J'ai une capacité à parler à des personnes en insertion en raison de mon parcours scolaire et professionnel. 

Les accompagnateurs en insertion n'ont pas toujours une empathie professionnelle car ils sont dans une attente d'objectifs à atteindre. Il faut penser à être avant de penser à faire. J'aime créer du lien psycho affectif avec les gens. Si on ne crée pas de lien, il ne peut pas y avoir de travail étroit de collaboration avec les personnes, les partenaires ou les collègues.
 

2/ Quelle est la relation à votre territoire?

Je suis né à Bègles et amoureux des territoires. Quand j'étais jeune, partout où j'allais, j'avais envie d'y vivre. J'ai un rapport à l'endroit qui est un rapport à l'instant. Avec les Landes et la Gironde, j'ai un rapport sentimental avec une envie de participer au développement du service au public. Aujourd'hui, je vis dans les Landes. C'est un département composé d'une pluralité de territoires. En quelques kilomètres de distance, il y a des différences notoires en matière d'économie, de formation ou de mobilité. 

Un territoire vit avec ses injonctions paradoxales, des territoires veulent se développer économiquement, être attractifs, faire du développement durable, innover... On en oublierait presque les bases comme la  la mobilité et le logement. Il faut anticiper pour faire venir de la main-d'œuvre. On accentue le fossé entre les cadres supérieurs et les salariés opérationnels.
 

3/ Qu'est-ce que le développement territorial selon vous ?

Le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est le partenariat. Le développement ne peut être que partenarial. Cela ne fonctionne que s'il y a de l'intelligence collective. C'est accepter que l'autre puisse avoir des idées qui iront dans le sens du développement.

Le développement territorial passe également par la transversalité et la synergie des politiques publiques. Depuis les quartiers prioritaires de Mont-de-Marsan ou de Dax, on est dans la campagne en 5 minutes. La convergence et l'articulation des politiques sont plus que nécessaires.

J'ai une ambition pour le territoire, celle d'œuvrer individuellement dans une vision collective positive. J'ai aussi cette ambition du vivre ensemble. Cela veut dire pour moi que, quel que soit son niveau social, on doit se sentir utile pour soi-même et pour son territoire. Le vivre ensemble est un outil sociologique du bien être sur un territoire.
 

4 / Quelle est votre plus grande réussite? 

Ma plus grande fierté, c'est des parcours individuels que j'ai eu la chance d'accompagner. Je vais vous parler de Timothé, son histoire résume tout ce qui fait sens professionnellement pour moi. Je l'ai rencontré chez lui dans sa chambre en pleine dépression. 

Au début, il était convaincu qu'il arriverait à quelque chose seulement s'il obtenait son bac. Nous avons créé ce fameux lien psycho affectif. Il a été accompagné par différents acteurs et dispositifs : Accompagnement pour l'Emploi des Jeunes (AEJ), le Centre d'information et d'orientation, l'EPIDE, l'intérim, une formation financée par la Région. Il a validé deux diplômes d'ingénieurs informatique. Il est aujourd'hui en emploi. ll est même venu témoigner au salon des professionnels de l'orientation organisé par la Région Nouvelle Aquitaine en novembre 2023 à La Rochelle. Il a 24 ans. Je le connais depuis ses 17 ans. 

En résumé, dans cette histoire, on retrouve des notions qui me sont chères : le "aller vers", la déconstruction-reconstruction des stéréotypes, un co-accompagnement inter-acteurs et la valorisation d'un parcours réussi. L'acteur principal du parcours d'insertion, c'est le bénéficiaire lui-même. Nous ne sommes que des outils au service de sa réussite.

Je suis convaincu qu'il faut accompagner les professionnels pour changer les pratiques. Sur le fond, beaucoup de professionnels de l’accompagnement ont conscience qu’il faut sortir des injonctions voire des postures concurrentielles institutionnelles. Pour cela, on pourrait par exemple proposer des formations interinstitutionnelles sur la culture commune de l’insertion et de l’emploi.
 

5/ Quelles sont les ressources que vous mobilisez régulièrement ? 

J'utilise les centres de ressources régionaux tels que Cap Métiers Nouvelle Aquitaine PQN-A. Ma principale ressource, c'est la RH du réseau partenarial qui est composée d'une grande variété de ressources. Je vois que dans le réseau que j'ai créé, il y a toutes les politiques publiques et plus largement tous les domaines de la vie. A titre personnel, je me ressource avec mes amis et en m'isolant dans la nature, en forêt, à la mer ou la montagne.
 

6/ Quel est l’échec dont vous avez tiré le plus d’enseignements ?

Je retire du positif dans tout et je pars du principe pédagogique de l’apprentissage par « l’échec ». C’est-à-dire qu’il ne faut pas craindre d’essayer et d’essayer encore jusqu’à la réussite. Même une divergence de vision globale peut aider à se remettre en question et donc avancer encore et toujours. Finalement, il n’y a que l’immobilisme qui représente le véritable échec.
 

7/ Quel message souhaitez-vous faire partager à vos pairs ? 

Entre partenaires, on n'a pas la même construction, les mêmes injonctions mais la même ambition au service des personnes et des entrepreneurs donc relevons tous ensemble le défis de sortir les publics de la précarité pour œuvrer au développement territorial.

Il est difficile aujourd'hui de travailler en transversalité, elle n'est pas naturelle, elle est liée à des individus qui vont sortir de leur silo grâce à des évènements tel que le forum national de l'ESS. Cette transversalité est plus liée à des personnes qu'à un système et c'est ce changement vers lequel on doit tendre.
 

8/ Quelle est votre relation à PQN-A ?

PQN-A apporte de la visibilité à l'échange et l'analyse de pratiques. J'ai été bluffé et séduit par cet aspect transmission de réussites et difficultés. Ça donne envie de contacter des personnes, trouver et mobiliser des ressources. PQN-A m'a amené ce complément de prise de conscience qu'il est nécessaire de travailler en échange de pratiques et en coopération.

 

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