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Repérer et travailler avec les acteurs de l’alimentation et de la solidarité

Publié le 11/05/2021
Temps de lecture : 13 min
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Pourquoi et comment permettre localement la mise en lien et en cohérence des acteurs locaux sur ces questions d’alimentation et de solidarité ? De la découverte des acteurs existants sur la thématique à leur mise en lien, comment favoriser des actions qui font sens collectivement dans tout le territoire et se pérennisent auprès d’un large public ?

Cet atelier d’échange autour d’expériences a été proposé dans le cadre du cycle de rencontres “Alimentation sociale et solidaire” en février 2021. Retrouvez le compte rendu et le replay de la plénière dans l'article dédié aux côtés des autres synthèses d’ateliers.

Les deux expériences qui faisaient l’objet de cet atelier étaient présentés par :

  • Franca Sidler – Chargée de mission d’aide alimentaire au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Châtellerault (86). Son travail consiste à mener une étude à l’échelle de l’agglomération pour mieux comprendre la situation de l’aide alimentaire et inspirer un futur programme d’action.
  • Maxence Pascault – Président de l’association SoliNiort qui coordonne Le Cabas Solidaire, une épicerie coopérative et solidaire à Niort (79). L’épicerie a ouvert en septembre 2020 avec pour objectif de trouver un système plus digne que le don alimentaire en donnant le choix de leur alimentation aux bénéficiaires.

Entre local et prise de recul, deux ambitions : répondre aux enjeux d’accès à une alimentation de qualité et coordonner les initiatives sociales et solidaires locales.

Le Cabas Solidaire, une initiative de terrain

En ouvrant Le Cabas Solidaire, l’association Soli’Niort avait un but bien précis : offrir à tous un accès digne et durable à une alimentation de qualité. Dans ce but, l’épicerie est ouverte à un public réparti en deux types. On y retrouve le groupe dit « solidaire »qui paye 100% du prix comme dans tout commerce alimentaire et le groupe dit « bénéficiaire ». Les bénéficiaires ont une réduction de -30 à -70 % sur les produits. Ce système permet de favoriser la mixité sociale. Chaque client, quel que soit son statut, possède une carte qu’il présente en caisse pour bénéficier ou pas d’une réduction. La réduction est ainsi masquée pour le public solidaire. Cela permet à la fois une meilleure traçabilité et une comptabilité différenciée pour les financeurs.

Dans la continuité du travail sur la mixité et la dignité, les équipes bénévoles ont la volonté de développer une gouvernance partagée. Ainsi, tout client de la structure est membre de l’association et a donc son mot à dire.

L’étude du CCAS de Châtellerault, une volonté de mieux coordonner les initiatives de terrain

Du côté de Châtellerault, Franca Sidler explique que le 1er confinement a mis en lumière l’absence de contact entre les associations locales de l’aide alimentaire. En effet, l’absence de bénévoles et les situations très tendues dans certaines structures a mis en lumière la précarité du système actuel. Par exemple, chaque structure travaille de façon individuelle ce qui génère de véritables “zones blanches”.

« Le premier confinement a mis en évidence des problèmes qui existaient certainement avant… mais on ne les voyait pas. »

La mission d’étude consiste donc à explorer les composantes d’une possible coordination.  Les trois premiers mois seront consacrés à un diagnostic afin de concevoir un projet pouvant coller au mieux à la réalité locale. L’objectif est ainsi de déboucher sur un plan d’actions avec les acteurs de l’alimentation, pour mieux mailler le territoire et coordonner toutes ces actions.

En résumé

Pour cet atelier, l’exemple de Châtellerault illustre la vision d’ensemble. Il nous permet de mieux saisir les enjeux et la méthode pour initier une coopération entre acteurs. L’expérience de Soli’Niort éclaire, quant à elle, la situation telle que vécue par les associations de terrain. L’objectif, en croisant ces expériences, est de comprendre comment confronter valeurs et réalité en faveur d’un travail collectif. Comment fédérer des acteurs autour d’un but commun en composant avec les identités de chacun ?

Retrouvez de nombreux outils dans la boîte à outils Alim’Activ donc ceux sur “Comprendre les enjeux et l’écosystème de la lutte contre la précarité alimentaire”.

 

Un fort besoin de cohésion et de travail collectif

A l’échelle d’une structure

Au Cabas Solidaire, si l’épicerie a ouvert en septembre 2020, elle est le fruit d’une longue réflexion. La philosophie du projet était de « placer l’idée de dignité dans la démarche et faire en sorte que l’aide alimentaire ne soit pas une variable d’ajustement du système de production ».

Partant, le projet a été développé sur un an et demi. Entre dissensions au sein du conseil d’administration et remodelage du projet, l’objectif était de maintenir le cap posé initialement. On saisit alors mieux les enjeux du collectif dans des projets dans lesquels les valeurs peuvent parfois se heurter à la réalité.
Il a fallu par exemple être vigilant sur la nature du projet, notamment aux moments de remise en question sur le fond. M. Pascault explique,  « à un moment, certains ont voulu réorienter le projet vers une épicerie bio, en oubliant l’aspect aide alimentaire ». Il estime que si le projet a tenu tout ce temps c’est grâce à un conseil d’administration fort en lien avec une salariée dynamique qui a su maintenir le cap. Derrière cet enjeu de consensus collectif, il en va de la pérennité du projet et de sa clarté pour les potentiels partenaires et financeurs.

Dans un territoire

Ce sont ces éléments que Franca Sidler devra décortiquer pour mieux comprendre les contextes locaux autour de Châtellerault. En effet, lorsque pendant le 1er confinement la ville a tenté d’apporter son aide aux structures locales, l’initiative est tombée à l’eau. Dans l’état actuel des choses, les associations ne voient pas l’intérêt de travailler ensemble. Chacune a son fonctionnement propre, en lien avec ses valeurs et son historique. On comprend grâce à l’exemple de Soli’Niort qu’en fonction de la situation de chacun, les partenariats entre structures ne sont pas toujours prioritaires.

C’est pour cela que Mme Sidler envisage son action de façon très libre et progressive. Des rencontres d’abord individuelles mais aussi du temps à passer avec les bénévoles, les salariés et les bénéficiaires. L’objectif est de comprendre la façon dont la complémentarité est perçue et vécue par les bénévoles et les bénéficiaires.
« Je ne peux pas arriver en disant, je viens de la collectivité et on va tout changer ici ». Il faudra prendre le temps de l’écoute pour que, grâce au recul de sa position, Mme SIDLER puisse trouver comment faire émerger une envie de collectif. Les temps en groupe ne seront organisés que lorsque la mise en commun pourra s’organiser autour d’objectifs concrets et partagés.

Retrouvez dans la boîte à outils Alim’Activ la rubrique sur  “Identifier et mobiliser les acteurs pertinents sur son territoire”.

 

Sortir du “chacun ses pauvres” et rassembler autour d’un projet

Pourquoi coopérer ?

Le président de Soli’Niort a pu longuement s’exprimer sur la confrontation entre la réalité économique et les valeurs du projet. Aujourd’hui, Le Cabas Solidaire “rencontre sa réalité économique et il faut faire attention à ne pas être trop romantique”. Cette phase que les équipes bénévoles avaient anticipée n’en reste pas pour le moins difficile. Pour Maxence, il est important dans ces moments de rester sur du fond et du concret afin de ramener le projet au centre.

“On pourrait accueillir tout le monde et ne pas se limiter. Sauf qu’on est une épicerie solidaire, on ne fait pas de ramasse et on paye nos fournisseurs et les locaux. On a des frais de fonctionnement qui font qu’on doit viser un équilibre économique. »

D’un côté les valeurs prônent l’universalisme, de l’autre la réalité dit «  si vous voulez tourner, il faut verrouiller et ne pas tout ouvrir ». C’est à ce moment-là que la mise en commun à l’échelle locale prend tout son sens. Aujourd’hui, pour tenir dans la durée, une structure seule se doit de centrer ses objectifs. Chacune ne peut pas porter tous les enjeux de l’alimentation durable pour tous. En revanche, elles peuvent toutes assurer un rôle de vigie puis partager l’information grâce à une coordination locale, au bénéfice de tous. Pour M. Pascault, les Centres communaux d’action sociale sont particulièrement pertinents sur les questions de coordination. Le partage de l’information permettra, entre les structures, de partager les besoins des bénéficiaires. Des besoins qui s’avèrent plus importants que les idéaux de chaque association prise individuellement.

Travailler en système pour des actions en faveur de chaque mangeur

C’est donc seulement grâce à des complémentarités avec d’autres structures que le territoire pourra être couvert par une grande diversité d’actions. Une diversité essentielle pour toucher le plus de publics possibles.

Des actions variées afin de pouvoir toucher de multiples publics aux réalités et problématiques variées ? C’est le concept de l’universalisme proportionné. Retrouvez ce concept central des politiques publiques de l’État dans notre article sur les différentes politiques publiques en lien avec l’alimentation solidaire.

Pour Mme Sidler, les nouvelles initiatives en lien avec l’économie sociale et solidaire apportent de l’air dans le monde de l’alimentation solidaire. Un monde qui, jusque-là, tournait surtout autour du don alimentaire. Tout l’enjeu des années à venir sera de trouver des synergies entre ces nouveaux arrivants et les structures qui ont travaillé pendant des années au plus près des bénéficiaires.

On comprend mieux dès lors l’importance de “travailler en système” avec les différentes structures associant bénéficiaires, bénévoles, financeurs, producteurs, etc. Cela afin de pouvoir proposer le plus large panel de solutions possibles allant du don alimentaire à l’épicerie solidaire en passant par les groupements d’achat ou la cuisine de rue.

Du côté de Niort par exemple, la commune envisage de proposer une charte à toutes les associations de l’alimentation sociale et solidaire. L’objectif derrière l’adhésion à cette charte est d’essayer de coordonner l’aide alimentaire.

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