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L'OPAAL, outil pour accompagner un territoire à la conversion à l'agriculture bio, par Bio Nouvelle-Aquitaine

Publié le 28/10/2020
Temps de lecture : 15 min
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Comment un diagnostic peut mobiliser des acteurs et créer une dynamique ? Comment peut-il permettre aux élus de mieux comprendre l’agriculture sur leur territoire ? C’est ce qui a été mis en lumière par Marie Buard, responsable du pôle économie et territoires de Bio Nouvelle-Aquitaine à travers l’Outil Pour l’Adaptation à l’Agriculture Locale (OPAAL). Ce dernier a été présenté lors d’un atelier organisé dans le cadre du Forum régional « Agriculture, Alimentation et Territoire », le 13 février 2020 à Angoulême.

L’OPAAL, un outil « puissant de mobilisation et d’amorce de projet »

Un constat : peu de corrélation entre les actions menées pour la conversion en bio et le nombre de conversion en bio

L’OPAAL est testé dans les territoires de Nouvelle-Aquitaine depuis 4 ans. Il est à destination des collectivités et des intercommunalités exclusivement. Sa création part d’un constat simple. Ce n’est pas nécessairement dans les territoires où le plus d’actions bio ont été menées que le taux de conversion vers le bio a été le plus fort. En effet, « les producteurs obéissent à des logiques d’entreprises alors que les acteurs publics obéissent à des logiques publiques ».

 

C’est pourquoi, avec l’OPAAL, Bio NA choisit de travailler à la connexion entre ces deux logiques. « C’est le producteur qui détient la clé de l’évolution, « le choix de ».

 

Toutefois, il ne s’agit pas de faire du clientélisme agricole mais plutôt de prendre en compte des logiques différentes. Les entreprises agricoles relèvent des très petites entreprises où la personnalité du dirigeant intervient dans la stratégie de l’entreprise. Les agriculteurs élaborent des stratégies et pas seulement d’après l’aspect économique ou les freins techniques. « Ces deux derniers éléments viennent occulter des choses plus sourdes mais puissantes qui sont des vecteurs d’identité culturelle et sociologique très puissants. »

Les profils comme angle d’analyse pour créer l’outil

Partant de ces constats, Bio NA a engagé un travail sur les profils. « On a choisi d’observer les producteurs selon 2 axes. Le 1er est l’axe de leur tendance personnelle (prudent et entreprenant). Le 2nd est l’axe de leur insertion territoriale (faible ou fort). C’est la manière dont les producteurs vivent et voient leur territoire ».

A la croisée de ces deux axes, l’association a obtenu quatre profils :

 

  • Opportuniste (prudent et insertion faible) : frileux envers la bio ou le changement, plutôt sur des logiques de survie et peu influencé par des idéologies ou l’environnement social. S’il vient à la bio ou aux changements, ce sera plutôt par opportunisme.
  • Observant (prudent et insertion forte) : méfiant envers la bio et le changement mais soucieux du regard d’autrui. Il a besoin de conseils, d’avis et de recommandations de prescripteurs. Le changement pour lui s’opérera si les prescripteurs l’accompagnent et l’incitent.
  • Militant (entreprenant et insertion faible) : producteur audacieux, sensible aux idéologies, qui aime la rupture et qui va faire les choses pour se démarquer de la norme.
  • Manager (entreprenant et insertion forte) : va être plus porté sur l’innovation, la performance, le progrès.

 

Selon les territoires, les scénarios sont très différents. Un territoire avec 73% de « managers » ne va se comporter de la même manière qu’un territoire avec 63% d’« observants ». Ces acteurs ne vont pas s’engager dans les projets de la même manière.

L’OPAAL, un outil de diagnostic

L’OPAAL s’applique dans n’importe quel contexte et pour n’importe quel public de producteurs. Il indique avec quelle précision les résultats d’un échantillon sont extrapolables à l’ensemble des producteurs d’un territoire. Il cherche à éviter les raccourcis logiques et les idées reçues. Enfin, il explore les points de convergence entre des intérêts qui peuvent être divergents.

 

Toutefois, l’OPPAL ne permet pas de :

  • dire dans quel délai les producteurs passeront en bio ;
  • dire que la « proximité » ou l’intérêt des producteurs pour la bio et les questions environnementales favorisent la conversion ;
  • faire des extrapolations sans pertinence statistique (méthodes dites qualitatives).

Enfin, il ne gomme pas les divergences d’intérêts entre les acteurs. « Ce n’est pas un outil de consensus ». L’objectif est plutôt de redonner le pilotage des projets aux collectivités.

…mais pas seulement, l’OPAAL est aussi un outil d’aide au dialogue

« L’ OPAAL n’est pas qu’un outil de diagnostic, c’est aussi une démarche qui aide les collectivités à construire leur stratégie et à mobiliser les acteurs pour répondre aux enjeux. »

 

L’objectif initial est de faire passer le plus d’agriculteurs en bio. L’outil aide alors les collectivités à comprendre la question agricole et alimentaire dans leur territoire à travers les profils. En effet, il leur offre une lecture plus fine et plus technique du territoire et des acteurs en présence. Cela leur permet également de connaître les conditions favorables pour obtenir un changement de l’interlocuteur en question.

 

Les collectivités connaissent ainsi mieux le langage de leurs interlocuteurs et peuvent donc mieux les comprendre. Les dialogues gagnent ainsi en efficacité et les projets peuvent voir le jour plus facilement.

 

Par exemple, les « opportunistes » seront sensibles aux encouragements financiers, à la référence à des démarches simples, à des valeurs traditionnelles mais seront dissuadés par tout ce qui attrait au militantisme environnemental ou à la dimension collective.

 

En somme, l’OPAAL permet d’amener la bio par des chemins insoupçonnés et de faire ainsi plus de conversions bio qu’ailleurs. L’OPAAL est donc un outil pour agir.

 

Par exemple, « une coopérative ne fait pas de philanthropie, elle travaille pour ses intérêts. Par contre, si la collectivité l’associe dans le projet de territoire, cette dernière peut orienter une partie de ses actions en faveur du projet bien que ce ne soit pas dans sa stratégie d’origine ».

 

Ainsi, l’idée est de trouver des synergies entres des acteurs aux intérêts divergents afin qu’ils concentrent leurs efforts autour d’un projet et des enjeux du territoire.

Des exemples d’application

Cette méthode a été utilisée dans de nombreux territoires néo-aquitains : Grand Angoulême (16), Vienne Aval (86), Béarn (64), le Nord, Orist(40), Médoc (33), La Rochelle (16), Val de Garonne (47), Grand Poitiers (86) et Dax (40).

Un exemple en Charente avec Grand Angoulême…

Les agriculteurs interrogés ont été tirés au sort. A ce titre, le type de production n’était pas un critère discriminant. En effet, au sein d’une même filière, il y a des différences. « Il y a souvent chez les maraichers plus de militants qu’ailleurs mais il y a des différences très importantes en leur sein ».

 

Selon Marie BUARD, sur environ 400 agriculteurs, près de 75 entretiens ont été réalisés avec des agriculteurs du Grand Angoulême . Les résultats ont été positifs. En effet, environ 50 agriculteurs sur 75 ont participé à la restitution des résultats de l’étude.

 

Bio NA a alors organisé des ateliers pour les producteurs afin qu’ils s’expriment et échangent des idées. Néanmoins, Bio NA s’inquiète de la poursuite du projet. En effet, quelques projets concrets de court terme émergent mais la suite reste incertaine.

 

Pour plus de précisions, le diaporama ci-dessous présente les grands résultats de l’étude.

…mais une prise de recul encore difficile

Un stage doit avoir lieu courant 2020 pour prendre du recul sur le dispositif et réaliser un travail de retour et de synthèse sur la méthode utilisée, les expériences réalisées et les projets lancés.

Bio Nouvelle-Aquitaine, une fédération ouverte sur les citoyens, les collectivités et une interface de développement entre opérateurs

L’association de développement de l’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine

Bio Nouvelle-Aquitaine est la fédération régionale d’agriculture biologique. Elle et ses groupements départementaux, les Groupements d’Agriculteurs Biologiques (GAB) œuvrent pour le développement de l’agriculture et des filières bio en Nouvelle-Aquitaine.

 

Depuis la fusion des régions, Bio Nouvelle-Aquitaine (Bio NA) s’organise autour de trois pôles opérationnels :

 

  • Un pôle stratégique où l’on retrouve les fonctions supports ;
  • Un pôle Vie associative des GAB qui anime les producteurs ;
  • Et enfin, un pôle par public cible.

 

En effet, Bio NA accompagne trois publics différents :

 

  • Les producteurs déjà en bio ou en conversion (pôle Productions biologiques) ;
  • Les producteurs conventionnels pour le passage et l’installation en bio (pôle Futur Bio) ;
  • Les collectivités (pôle Economie et Territoires).

 

Plus précisément, l’association :

  • cherche à faire des plans bio cohérents et ambitieux sur la production ;
  • intervient aussi sur le développement de gamme bio chez des transformateurs ;
  • travaille également avec des distributeurs pour agir sur l’ensemble des acteurs de la filière.

 

Néanmoins, sa stratégie est de « remettre les acteurs au cœur du projet politique ». C’est pourquoi, elle a aussi l’ambition d’accompagner les territoires dans la construction et dans la mise en œuvre de leur projet.

 

Ainsi, Bio NA se situe à l’interface entre la société civile et le monde agricole. Le pôle Economie et Territoires permet notamment cette jonction entre les deux en accompagnant les collectivités.

Le pôle Economie et Territoires, un accompagnement spécifique pour chaque collectivité

Bio NA a le souci de remettre l’agriculture entre les mains des collectivités aux côtés de la profession agricole. De par leurs compétences, les collectivités sont au cœur du scénario de développement souhaité pour l’agriculture biologique. En effet, l’association prend le parti de concevoir la bio comme un des moyens de répondre aux enjeux d’un territoire. C’est pourquoi, le pôle économie et territoires propose d’outiller les collectivités pour que les élus prennent part au pilotage des projets.

 

Il propose notamment une aide à la mise en place de projets en fonction des enjeux spécifiques d’un territoire. Toutefois, Marie Buard précise : « on n’a pas de catalogues standard ou d’actions clés en main. On essaye de construire avec eux des programmes au plus près de leurs besoins ».

 

Aujourd’hui, Bio NA travaille avec une centaine de territoires dont 34 territoires à « enjeu eau » et 66 autres établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Elle travaille également dans le cadre de 19 contrats de territoires avec « sites pilotes eau et bio ». Sur l’année 2019, cela représente 140 accompagnements individuels et 55 actions collectives à l’échelle de la région. 

Un investissement dans un grand nombre d’actions

Bio NA travaille sur l’opération « Manger bio local en entreprise » avec des sites de l’entreprise Orange. Elle participe également à la construction d’un plan d’actions sur les manières d’atteindre les objectifs de la loi EGALIM. Elle accompagne localement les défis « famille à alimentation positive » et organise des rallyes bio dans le cadre de la campagne « Manger bio local, c’est l’idéal ». Enfin, elle édite des fiches territoires et publie 2 fois par an une revue à destination des collectivités : Territoires biologiques.

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