Réseau Coorace / La démarche VITA, des acteurs de l'insertion experts du recrutement pour les entreprises
En interrogeant les pratiques de recrutement des entreprises, la démarche VITA répond à leurs besoins en main d’œuvre tout en favorisant l’accès à l’emploi de personnes en insertion. Née à Niort (Deux-Sèvres) et portée par des structures de l’insertion, elle se développe au niveau national avec l’appui du Réseau Coorace.
Structure porteuse
Réseau Coorace
Périmètre d'action et rayonnement
La démarche a été initialement développée en 2012 par Air Services, une entreprise intermédiaire qui mobilise des personnes en intérim située à Niort, dans les Deux-Sèvres. Elle est portée et diffusée par le réseau Coorace.
Depuis, une vingtaine de structures au niveau national ont engagé la démarche. En Nouvelle-Aquitaine, deux structures basées à Niort (IPSO et Air services) et une basée dans la Vienne (SATE) suivent cette méthode.
Budget
Inconnu
Problème / Besoin initial
Des diplômes survalorisés et des besoins en compétence mal évalués
Les méthodes de recrutement des entreprises s’avèrent inappropriées à plusieurs égards. Elles créent une carence de recrutement tout en laissant des personnes sur le bord du chemin :
- Les entreprises considèrent le diplôme comme la principale garantie de compétence pour recruter. Or la survalorisation de ce critère limite drastiquement le nombre de candidats potentiels sur un territoire.
- Les employeurs émettent parfois des besoins qui ne correspondent pas aux réalités opérationnelles.
- Les salariés en parcours d’insertion possèdent et développent des compétences insuffisamment valorisées.
Par ailleurs, si la formation qualifiante des personnes en parcours d’insertion constitue parfois une solution, elle ne permet pas toujours de lever les freins à l’emploi tel qu’il est envisagé par les employeurs classiques. Il apparait donc nécessaire d’interroger l’organisation interne des entreprises du territoire et de mobiliser en conséquence les compétences disponibles.
Solutions apportées
Réorganiser les tâches en entreprise pour répondre aux besoins de recrutement
VITA (Valoriser les initiatives territoriales par les coopérations d’acteurs) est une démarche de développement territorial qui propose de répondre aux besoins de recrutement des entreprises en mobilisant des personnes en insertion. Les structures d’insertion se positionnent ici comme des expertes du recrutement et de l’organisation du travail en entreprise.
La démarche consiste d’abord à réaliser un audit des taches réalisées par les employées de l’entreprise. Cet audit est fait sur le lieu de travail. Il permet de voir comment sont divisées les taches et d’identifier les taches les moins qualifiées qui sont potentiellement réalisables par des personnes en insertion.
Sur la base de cette analyse, la structure d’insertion propose à l’entreprise, une organisation nouvelle qui consiste à faire réaliser le maximum de taches qualifiées aux employés qualifiés et de réserver les taches non qualifiées à des personnes en insertion. Elle propose en suite des personnes en insertion en mesure de réaliser les tâches identifiées et qui conviendraient à l’entreprise.
C’est ainsi la structure d’insertion et non plus le diplôme qui apporte la garantie que la personne recrutée possède les compétences requises.
Personnes en insertion et entreprises qui recrutent sont les deux bénéficiaires directs de l’action
Les personnes en insertion et les entreprises en difficulté de recrutement, notamment en zone rurale bénéficient concomitamment de la démarche.
En fonction du territoire, les personnes en insertion identifient et se tournent plus ou moins facilement vers les structures d’insertion. Et quand ce n’est pas le cas, les acteurs institutionnels de l’emploi les dirigent vers celles-ci. Ces structures d’insertion mobilisent quant à elles les entreprises qui cherchent à recruter et les invitent à s’inscrire dans la démarche.
Un service d’aide au recrutement facturé aux entreprises
Les structures d’insertion vendent un service aux entreprises recruteuses à l’image des structures intermédiaires classiques mais avec l’objectif de favoriser le CDI. Elles diversifient ainsi leur modèle économique et améliorent leur taux de sortie positive.
Ce travail implique deux choses. La première, consiste à comprendre les besoins de l’entreprise à travers l’analyse de ses processus opérationnels (division des tâches). La seconde suppose de connaitre les compétences et les savoirs êtres des personnes en insertion. Le parcours de 180 heures réalisé au sein de la structure d’insertion rend cela possible.
Beaucoup de bon sens et tout le monde s’y retrouve
Il s’agit d’un ensemble de réflexions simples qui mises bout à bout permettent à chacun de s’y retrouver et de répondre à ses propres difficultés.
Les personnes en insertion trouvent avec un emploi, le personnel qualifié se concentre davantage sur des taches qualifiées, les entreprises recrutent des employés adaptés à leurs besoins et les acteurs publics contribuent à réduire le cout du non emploi.
Résultats : plus d’emplois durables et moins de problèmes de recrutement
- Les personnes en insertion ont plus facilement accès à l’emploi durable et découvrent des métiers et des filières.
- Les entreprises parviennent à recruter et réduisent potentiellement leur coût car elles font appel à des personnes moins diplômées.
- Les structures d’insertion diversifient leur modèle économique à travers cette activité et améliorent leur taux de sortie vers l’emploi.
- La puissance publique réduit ses dépenses sociales.
Points de vigilance : un changement de posture pour les structures de l’insertion
Tout d’abord, il s’agit de veiller à surmonter les différences culturelles et les préjugés mutuels entre le monde de l’insertion et celui de l’entreprise.
Il convient pour la structure d’insertion de changer de posture et d’adapter son discours. Ainsi, elle ne met plus l’insertion en avant mais bien le service rendu à l’entreprise en démontrant qu’elle peut répondre à ses difficultés de recrutement et qu’elle a des compétences à mobiliser pour cela.
Par ailleurs, la différence de typologie des territoires (urbain ou rural, taux de chômage, secteurs d’activité présents…) rend la réplicabilité de la démarche complexe.
Enfin, le financement de la démarche demeure fragile.
Personne ressource
Contact Coorace
Julien BARON, Responsable du service innovation sociale et développement économique
Tél : 01 49 23 70 50 – 06 95 13 89 17
Email : julien.baron@coorace.org
Contact Air Service
Rémy LE STUM, Directeur Général Airservices
Tel : 06 17 36 48 94
Email : lestum.r@airservices.fr