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Kenny Bertonazzi

Parole d’acteur #6 : Kenny Bertonazzi, entrepreneur engagé et élu local à Pau

Publié le 01/06/2022
Temps de lecture : 8 min
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Kenny Bertonazzi est dirigeant de l’entreprise d’insertion STEP. C’est un entrepreneur à vocation inclusive, numérique et environnementale. De plus, il est également élu municipal et communautaire à Pau. Retrouvez son interview qui s’inscrit dans le cadre de notre série Paroles d’acteurs.


 

1/ Comment est-ce que vous vous présenteriez ?

Je suis né à Marseille à la Belle de Mai, mais je suis à Pau depuis toujours. J’ai un attachement viscéral à ce territoire, qui est lié à mes grands-parents. C’est une histoire de guerre. Ils étaient au Maroc et dirigeaient les haras du roi. Mon grand-père s’est évadé deux fois pendant la seconde guerre, ma grand-mère était infirmière réfugiée. Elle a contracté la tuberculose. Son parcours de guérison l’a conduite ici à Pau. En effet, à Pau, il y avait des sanatorium. La ville était connue pour ça. Au départ, il n’ y a donc aucune attache particulière à ce territoire.

Sur le plan professionnel, j’ai enchaîné pas mal de boulots différents : maître d’internat, manager d’un burger king à Paris, responsable qualité et développement dans le nettoyage industriel. J’ai ensuite  travaillé dans la relation client dans des centres d’appels d’un grand opérateur. J’ai d’ailleurs pu finir par y superviser les activités de production pour les sites de Paris, Valencienne, le sud de l’Angleterre et Pau, où j’ai pu continuer à résider. 

Par la suite, j’ai créé ou co-créé plusieurs entreprises dont STEP en 2001, une entreprise d’insertion qui offre des services multiples (numérisation, maintenance informatique, livraison urbaine, formation au numérique, etc.). La vie a fait que j’ai repris la direction de l’entreprise dix-huit mois après sa création. C’était et c’est toujours un très beau projet “raccord” avec ce que je porte : le projet économique en lui-même et la finalité de l’insertion par l’activité économique.

Parallèlement, je me suis beaucoup engagé dans des réseaux professionnels régionaux et nationaux de l’insertion. Et même, jusqu’à la présidence nationale de la Fédération des entreprises d’insertion.

2/ Comment est-ce que vous décririez votre territoire ?

On a une chance extraordinaire ici à Pau de part une histoire très riche, la qualité de l’environnement, la position géographique, les paysages et les Pyrénées. Petite anecdote, le magazine américain Forbes a désigné en 2014 Pau sixième meilleure ville où il faut passer sa retraite ! Pau est également reconnu pour la qualité et la pureté de son air. C’est aussi un territoire très équilibré. En effet, il a eu la chance de se développer dans les années 60 avec une industrie gazière en pointe, des entreprises comme Safran Helicopter Engines ou bien encore une agriculture très forte. Bref, on a tout pour bien vivre ici.

3/ Quelle est votre relation avec ce territoire sur le plan professionnel ?

Quand tu aimes un lieu, tu souhaites le meilleur pour cet endroit et pour tous les gens qui y vivent. Je veux donc être un acteur qui participe à la préservation de ce territoire et à son développement harmonieux. J’ai aussi depuis toujours une attention à l’autre. Je n’ai de satisfaction que si je suis dans le partage et si chacun se sent reconnu et considéré. C’est ce qui m’a guidé dans mes différentes expériences de manager et de directeur. Je cherche aussi à participer à une meilleure répartition de l’activité au travers des projets qu’on porte notamment sur le numérique. C’est un sujet qui s’y prête. On peut décentraliser des activités numériques sur un territoire comme Pau. De plus, on peut aussi répondre à des besoins de grandes métropoles… ou d’autres territoires.

4/ C’est quoi le développement territorial selon vous ?

Dans l’idéal, un territoire qui se développe est d’abord un territoire de coopération avec l’ensemble des acteurs. Ceci permet d’assurer une meilleure cohésion sociale. Je suis très attaché à un développement qui ne laisse personne de côté. Ce dernier doit aussi permette à chacun de se projeter le plus sereinement possible même quand les activités sont pénibles. Et ce développement doit répondre aux exigences environnementales et sociales d’aujourd’hui.

5 / Quelle est votre plus grande réussite / fierté ? Pouvez-vous l’illustrer par un projet phare ?

J’en ai quelques unes, je pense à l’évolution et la réussite de certains collaborateurs que j’ai pu accompagner durant des années. Ils se sont épanouis professionnellement.

J’ai eu la chance aussi de m’investir dans une entreprise d’insertion Act 3 spécialisée dans la haute couture. En effet, j’ai contribué, avec d’autres, à la redresser. On avait un atelier avec des femmes qui concevaient des échantillons. Elles étaient en maison d’arrêt et ont été engagées à la sortie de prison pour certaines dans l’entreprise d’insertion. Certaines d’entre elles travaillent aujourd’hui dans la seizième à la Maison d’arts du groupe Channel. Ces parcours là sont extraordinaires.

6/ Quel est l’échec dont vous avez tiré le plus d’enseignements ?

Plus qu’un échec, il s’agirait d’un regret et d’une difficulté. C’est le fait de ne pas avoir su convaincre certains partenaires pour aller plus vite sur les projets de l’entreprise STEP. La difficulté qu’on peut avoir parfois dans le rapport aux personnes, c’est les différents niveaux de prise de conscience de certains  enjeux. C’est ça qui est frustrant. On aimerait que certains acteurs avancent un peu plus vite. J’ai par ailleurs probablement consacré trop de temps à l’extérieur au détriment de l’organisation de l’entreprise.

7/ Quel est selon vous le rôle de l’entreprise dans la vie du territoire?

Pendant longtemps, les organisations structurées avaient des schémas en matière de ressources humaines. Elles étaient un peu rigides avec des prérequis très exigeants et une relation minimaliste au territoire. Elles se sont aperçues au fil du temps que cela pouvait avoir un impact négatif sur la capacité à amener de la diversité dans l’entreprise. Mais aussi à assurer un sourcing efficace. Si on ne fait pas ce travail de proximité avec le territoire, c’est beaucoup plus difficile. Il est donc nécessaire de travailler différemment pour attirer des profils différents : préqualification, sourcing… c’est un vrai travail d’orfèvrerie. C’est un peu la même chose sur les politiques d’achat. C’est ce qu’on s’efforce de faire au sein de mon organisation. L’objectif est d’en faire une entreprise actrice au sens plein du terme, ancrée et en prise directe avec la réalité du territoire.

8/ Vous êtes également élu à la ville de Pau et la communauté d’agglomération depuis 2014. Qu’est-ce que ce mandat vous apporte ?

J’apprécie beaucoup de pouvoir être investi dans un collectif de territoire. C’est différent qu’être acteur économique. En effet, on est plus exposé en tant que personne. Cela m’a ainsi donné une capacité d’action avec des leviers importants. Aussi, j’ai une grande satisfaction de voir les projets pour lesquels nous œuvrons se réaliser. Je peux citer par exemple “génération emploi”. C’est une action annuelle de remobilisation de vingt jeunes éloignés de l’emploi. Cette initiative présente des résultats positifs pour les bénéficiaires.

Cette double casquette entrepreneur / élu me permet de travailler des deux côtés, ce qui n’est pas simple. En effet, cela fait des journées et des semaines très longues. Pour moi, il  y a une cohérence entre “mes” actions en tant qu’entrepreneur et celles en tant qu’élu. Les sujets sont très proches et les finalités sont les mêmes. Ce positionnement facilite grandement les choses. Il me permet en effet d’avoir une vision plus large des choses. De plus, il me donne une meilleure compréhension sur les mécanismes de développement du territoire.

9/ Quel regard portez-vous sur les quartiers prioritaires de la ville de Pau?

On a la chance d’avoir à Pau deux programmes de rénovation urbaine qui ont transformé nos quartiers. Le premier concerne le quartier de l’Ousse des Bois. Il est désormais achevé. Le second, qui est en cours, se situe à Saragosse. Il est assez différent avec une dimension sociale et économique plus forte. J’ai beaucoup d’espoir sur le second programme. En effet, je souhaite savoir ce qu’il va produire en termes d’attractivité, de diversité et de renouvellement des parcours résidentiels. D’autre part, nous sommes par exemple très fiers du Pôle Laherrère. Il incarne bien ce que nous cherchons à proposer aux habitants. En effet, il propose une offre de services intégrée en matière d’emploi, d’insertion, de formation et d’accompagnement à l’entrepreneuriat. Ce Pôle sera ouvert dans le courant de l’année 2023.


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Christophe Rochard, chargé de mission Dynamiques territoriales pour l’emploi

E-mail : christophe.rochard@pqn-a.fr

Tél : 07 56 36 28 14

 

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