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Corinne Corcuff, une carrière dédiée à l’éducation populaire et l’accompagnement vers l’emploi

Paroles d’acteurs #11 – Corinne Corcuff, une carrière dédiée à l’éducation populaire et l’accompagnement vers l’emploi

Publié le 19/01/2023
Temps de lecture : 7 min
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Corinne Corcuff est coordinatrice insertion emploi formation et facilitatrice des clauses sociales à Mont-de-Marsan Agglo depuis 2018.
 

Comment est-ce que vous vous présenteriez ?

Je suis sociable, impulsive à l’occasion et j’ai de d’humour. L’humour est pour moi une manière de me protéger et de faire passer des messages en glissant une ou deux blagues dans la conversation. Les professionnels de l’insertion et du social sont sensibles aux mots justes . C’est un moyen de faciliter le dialogue.

Initialement, j’avais pour projet professionnel de devenir institutrice mais ça n’a pas pû se faire pour des raisons d’évolution du niveau de diplôme requis, ça a été une grande déception pour moi à l’époque. Je me suis alors orientée vers l’animation pour travailler avec des enfants. J’ai ainsi pû combiner animation et pédagogie. J’ai travaillé dans une association de centres de vacances et classes de découverte. Ce n’était pas très bien payé, mais j’ai pu bénéficier de diverses formations. Pendant des années, j’ai alterné des saisons d’été et d’hiver dans le sud-ouest. Je passais 6 mois à Biscarosse dans les Landes et 6 mois à Bedous dans la vallée d’Aspe dans les Pyrénées-Atlantiques. J’ai décidé d’arrêter au bout de 6 ans pour me poser. J’ai ensuite intégré la fonction publique territoriale à la ville Mont-de-Marsan comme animatrice de centre de loisirs, puis comme directrice et coordinatrice de centres de loisirs. Je suis arrivée dans le domaine de l’emploi et de l’insertion, un peu par hasard, au moment de la réorganisation de l’agglomération montoise.

Comment est-ce que vous décririez votre territoire ?

Je suis née à Paris issue d’une famille landaise. Je suis arrivée dans les Landes à 11 ans et j’ai grandi dans le quartier du Peyrouat à Mont-de-Marsan. J’aime beaucoup Mont-de-Marsan, c’est une ville où je me sens bien. Le dynamisme associatif y est très fort, on y compte 960 associations ! J’aime bien l’esprit des gens ici. On rencontre toujours quelqu’un de bienveillant. Je trouve que la ville dégage une certaine sérénité. Je me sens bien dans les Landes à tel point que, quand je pars en vacances, je suis très contente d’y revenir. Sur le chemin du retour, la simple vue des pins landais me donne des frissons.

C’est quoi le développement territorial selon vous ?

Quand on parle de développement territorial, on pense souvent aux infrastructures, à l’aménagement, aux trottoirs… moi je pense aux gens. Le développement ne peut se faire que si on associe vraiment les habitants. Les politiques pensent le faire mais ils le font avec ceux qu’ils connaissent, ceux qui ont l’habitude de s’exprimer. Un territoire, c’est d’abord des gens.

Qu’est ce qui vous pousse à vous engager dans le développement de votre territoire ?

Etant issue du milieu de l’animation, je suis attachée aux valeurs de l’éducation populaire comme la coopération, la justice, l’équité, le partenariat ou l’humanisme. J’essaie de les appliquer dans mon quotidien professionnel.

Dans mon boulot, je fais des entretiens à la demande même si je ne suis pas conseillère. Je rencontre des gens un peu perdus et je les oriente vers les acteurs et interlocuteurs. Et on parle de la santé, des enfants, des freins à l’emploi. Je prends le temps nécessaire pour chaque entretien.

Récemment, j’ai reçu un jeune mineur accompagné en difficulté pour trouver un apprentissage pâtisserie. J’ai débloqué sa situation en lui trouvant des formations gratuites. Ca s’est bien arrangé, il a eu son CAP pâtissier et cuisinier. Il a trouvé un CDI en restauration. Il m’appelle et me dit “je pensais faire mes armes encore un moment. Mais il faut que je démissionne cette semaine. Il faudrait que tu me fasses une lettre de démission”. Il est parti dans une autre région en pleine période de Noël tout seul. J’ai toujours des petits mots de sa part. Ce sont des histoires de vie qui marquent. J’ai souvent ce dilemme en tête : est t-on là pour l’insertion des personnes ou pour les aider même si cela ne va pas dans le sens qu’on voudrait?

Les chiffres du chômage ne sont pas très parlants. Derrière chaque personne, il y a une réalité sociale. Un chômeur impacte son environnement immédiat, le conjoint, les enfants, la famille, les amis… Il y a un effet domino à prendre en compte, derrière.

Quelle est votre plus grande fierté ?

En tant que Directrice d’un centre de loisirs, j’ai adoré la gestion d’équipes d’animateurs. Cinq ans après mon départ, il y a encore des animateurs qui m’appellent quand ils rencontrent un problème et me demandent mon avis. C’est une reconnaissance de soutien à l’équipe. Je suis assez fière de ça.

Quel est votre lieu ressource ?

La plage de Contis pour deux raisons. D’abord pour sa beauté et ensuite parce que mon meilleur ami, ancien directeur de la Grand Mutualité Scolaire Landaise, était de là-bas. En effet, c’est quelqu’un qui m’a tout appris et m’a mis le pied à l’étrier. C’est à Contis que j’ai mes meilleurs souvenirs : c’est un peu comme un lieu de pèlerinage affectif et ressourçant.

Quelles sont les ressources que vous mobilisez régulièrement ?

La première ressource que je réactive régulièrement, c’est ma motivation. Je vais à Contis ou je peins, je me mets dans mon petit atelier avec de la musique et je ferme la porte.

Ce qui me ressource également, ce sont des mots sympas dans mon entourage, ma hiérarchie, mes collègues… la bienveillance des acteurs de l’insertion me fait du bien. Il y a des gens incroyables dans les quartiers, les bénévoles associatifs, les conseillères en insertion professionnelle… Tous ces gens ont une qualité d’écoute et n’ont pas de jugement de valeur sur les histoires de vie.

Quel est l’échec dont vous avez tiré le plus d’enseignements ?

J’ai du mal avec la notion d’échec. L’échec n’est pas un problème, même si c’est dur à avaler parfois, une candidature professionnelle qui échoue par exemple. L’échec, ça veut dire que tu n’as pas réussi. Non ! C’est que tu as tenté quelque chose. J’ai tiré beaucoup d’enseignements de l’échec, j’ai appris à être plus forte, à me positionner. Je me suis aussi découvert de nouvelles compétences. C’est ce qui m’a poussée vers d’autres chemins. Je préfère la notion de risque ou de non réussite.

Quel(s) message(s) souhaitez-vous faire partager à vos pairs ?

Je suis un peu lassée par l’incantation aux projets innovants et par les logiques d’appel à projets annuel. On travaille sur des projets qui ne sont parfois pas retenus. C’est chronophage. Je préfère des projets pérennes, co-construits et qu’on améliore en continu.
J’invite les professionnels à garder l’esprit ouvert à la coopération et la solidarité, deux valeurs essentielles pour créer un développement harmonieux.

Quelle est votre relation à PQN-A ?

Quand j’ai pris mon poste de coordinatrice, j’étais assez éloignée de ce métier. PQN-A m’a bien aidée sur la mise en réseau pour trouver des info pratico-pratiques sur les acteurs de terrain. Avec les collègues, quand on a besoin d’une info, on va d’abord sur le site de PQN-A et après, on cherche ailleurs. J’apprécie tout particulièrement la disponibilité de l’équipe.

 

 

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