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Retour sur le webinaire #4 : "La biodiversité dans les projets de transitions territoriales”

Publié le 04/02/2025
Temps de lecture : 17 min
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Premier rendez- vous de l’année 2025 pour l’animation Territoires et transitions de PQN-A,  le webinaire du 21 janvier dernier était consacré aux stratégies locales de biodiversité. Organisé en partenariat avec la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Agence Régionale de la Biodiversité de Nouvelle-Aquitaine (ARBN-A), ce rendez- vous avait pour objectif de mettre en avant les apports et les articulations entre stratégie locale de biodiversité et projet de territoire et de comprendre comment sont élaborées les stratégies locales de biodiversité.

Les intervenantes et intervenants

  • Olivier Brousseau, chargé de mission service biodiversité, direction de l’environnement, Région Nouvelle-Aquitaine
  • Joseph Sabra, chargé de mission service biodiversité, direction de l’environnement, Région Nouvelle-Aquitaine
  • Baptiste Regnery, responsable du pôle accompagnement, Agence Régionale de la Biodiversité de Nouvelle-Aquitaine
  • Christian Jacquier, vice-président en charge du tourisme et de la biodiversité, CC Haut- Limousin-en-Marche
  • Orianne Comte, chargée de mission développement durable, CC Haut- Limousin-en-Marche
  • Pascale Belle, vice-présidente en charge du développement durable, de la mobilité, des déchets, du plan alimentaire territorial et de la démocratie participative, CA du Grand Cognac
  • Laetitia Four, directrice du pôle développement durable, CA du Grand Cognac
  • Aude Mathiot, chargée de mission biodiversité, CA du Grand Cognac

Questions soulevées

  • Quelles sont les méthodes de travail mobilisées pour élaborer une stratégie en faveur de la biodiversité à l’échelle locale?
  • Quelle est l'implication des acteurs dans ce type de démarche?
  • Quel apport de ces stratégies locales de biodiversité aux dynamiques en faveur des transitions?

Revoir le webinaire

Cadrage du sujet : biodiversité et territoire, quels sont les enjeux et pourquoi y répondre par une approche territorialisée

La biodiversité est liée à la qualité de vie et à l’attractivité du territoire, elle constitue donc un axe important du projet de territoire et le rôle des territoires est majeur. Afin de recontextualiser les enjeux et d’aborder la manière de les intégrer dans les démarches territoriales, le premier temps du webinaire a proposé un temps de cadrage, avec les pilotes de la politique biodiversité à l’échelle régionale.

Les enjeux de la biodiversité : état des lieux

La Nouvelle-Aquitaine accueille une biodiversité riche mais sous pression (changements d’usage des sols, surexploitation des ressources, pollutions, changement climatique et espèces exotiques envahissantes).

Vous pouvez consulter le support de présentation (quizz avec les réponses) d’Olivier Brousseau, chargé de mission biodiversité au sein de la Région Nouvelle-Aquitaine, pour retrouver les enjeux de la biodiversité en Nouvelle-Aquitaine.

La stratégie régionale de la biodiversité

La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016 désigne les régions comme cheffes de file en ce qui concerne la compétence biodiversité. Les régions ont la charge d’élaborer les stratégies régionales pour la biodiversité (SRB), en prenant en compte la stratégie nationale pour la biodiversité. En Nouvelle-Aquitaine, la SRB est une stratégie commune et co-pilotée par la Région Nouvelle-Aquitaine et l’État, à travers de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, et a été adoptée en 2022.

Retrouvez le support de présentation de la SRB proposé par Joseph Sabra, chargé de mission biodiversité de la Région Nouvelle-Aquitaine, pour connaître les grands principes de la SRB. Pour approfondir : le  site de la SRB Nouvelle-Aquitaine et la boîte à outils sur les stratégies du comité français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Les ressources pour accompagner les territoires

L’agence Régionale de la Biodiversité de Nouvelle-Aquitaine(ARBN-A) est un établissement public qui intervient auprès de la Région et de l’Etat sur des missions d’animation, de porter à connaissance et d’accompagnement des acteurs sur les thématiques de l’eau et de la biodiversité.

Outils à disposition des territoires:

Vous pouvez également prendre connaissance du support de présentation de Baptiste Regnery, responsable du pôle accompagnement de l’ARBN-A.

Communauté de communes du Haut Limousin en Marche :travailler la biodiversité comme un axe essentiel du projet de territoire

La communauté de communes du Haut-Limousin- en-Marche se situe entre Limoges et Poitiers et constitue un territoire très rural et peu peuplé (23 000 habitants, 40 communes, densité de 18 habitants/ km2). L’économie y est productive et tournée essentiellement vers l’agriculture (élevage extensif) mais avec également des unités industrielles de petite taille.

Le territoire est peu artificialisé. Il présente des potentialités réelles pour les énergies renouvelables et la valorisation des espaces naturels.

Considérer la biodiversité comme un levier d’attractivité du territoire

Christian Jacquier, vice- président de l’intercommunalité en charge du tourisme et de la biodiversité, indique que le projet de territoire de l'intercommunalité comporte “deux projections dans le monde”, qui intègrent des ambitions de valorisation de la nature et de valorisation des pépites industrielles. Ces projections servent un projet politique d’attractivité du territoire.

C’est dans cette dynamique et dans un contexte qui peut être qualifié de contraint (contraintes normatives et techniques relatives à la protection des espaces naturels), il y a eu aussi une véritable volonté de l’intercommunalité de changer de paradigme et de considérer la biodiversité comme une force et  un facteur d’attractivité.

Fédérer les acteurs autour de la biodiversité

Dans le cadre de l’élaboration du projet de territoire, nous avons réunis de nombreux acteurs. Le projet “biodiversité” est arrivé - sans jeu de mots (!) - naturellement comme un projet essentiel pour le territoire.

Christian Jacquier vice-président en charge du tourisme et de la biodiversité, CC Haut- Limousin-en-Marche

Christian Jacquier explique que la mobilisation des acteurs sur le sujet de la biodiversité s’est finalement faite assez facilement :

  • des élu.e.s sensibles au sujet, contrairement à certaines idées reçues selon lesquelles le sujet ne les intéresse pas,
  • une prise de conscience réelle de l’épuisabilité des ressources et de la nécessité de faire autrement,
  • la cohérence des démarches et la contribution de la biodiversité au projet global de l’intercommunalité : la biodiversité est intégrée dans tous les domaines qui intéressent les acteurs du territoire, qu’il s’agisse des activités du monde économique ou de celles de la société civile, et et dans toutes les strates de fonctionnement du territoire.

Fédérer les acteurs, cela passe par :

  • un lien renforcé avec les communes du territoire, pour identifier les initiatives existantes en faveur de la biodiversité et constituer un réseau de référents communaux sur le sujet,
  • un dialogue réel avec les agricultrices et les agriculteurs (le travail est en cours),
  • des actions de sensibilisation auprès de la population et notamment des plus jeunes.

L’élaboration de la stratégie locale de la biodiversité de l’intercommunalité

Orianne Compte, chargée de mission développement durable de la CC Haut-Limousin-en-Marche, explique qu’une fois les arbitrages du projet de territoire effectués, l’intercommunalité a répondu à l’appel à projets de la Région “nature et transitions”. Lauréat de cet appel à projets, l’intercommunalité s’est engagée dans l’élaboration de sa stratégie locale de biodiversité, avec l’appui de deux bureaux d’études ( le premier pour l’animation et la construction de la stratégie et du plan d’action et le second pour le diagnostic écologique du territoire). Le travail de construction de la stratégie se déroule de manière très fluide, avec des élus très impliqués. Cette stratégie doit être traduite dans les documents d’urbanisme, avec la recherche d’un équilibre entre les projets d’aménagement et la biodiversité et en établissant aussi les objectifs prioritaires à intégrer. Le travail en transversalité entre les services urbanisme et développement durable est effectué en ce sens.

Les étapes :

  • janvier à mai 2024 : diagnostic et cartographie
  • mai à novembre 2024 : construction de la stratégie (groupes de travail)
  • novembre 2024 à mai 2025 : construction du plan d’actions

Les premières actions qui sont déjà engagées sur le territoire de l’intercommunalité:

  • la végétalisation: centres- bourgs, cours d’école, cimetières,
  • un travail engagé en faveur la gestion durable des forêts : site protégé des Monts de Blond,
  • la préservation du bocage et plantation de haies,
  • l’installation d’une continuité dans la mise à jour du diagnostic par les acteurs associatifs locaux.

Communauté d’agglomération du Grand Cognac : structurer l’approche par les intentions et les outils pour une réflexion globale sur la biodiversité

La communauté d’agglomération du Grand Cognac a une identité forte liée à la production de Cognac. Le territoire compte 70 000 habitants et 54 communes. Il présente une dominante rurale (la majorité des communes comptent moins de 1 000 habitants) et un maillage territorial organisé autour de trois polarités : Cognac (18 500 habitants), Jarnac et Châteauneuf.

L’économie du territoire est portée par la production de Cognac, ce qui génère de nombreux emplois, de la mise en culture à la commercialisation. Cette forte dépendance à la filière entraîne des vulnérabilités aux crises économiques. La dynamique démographique est assez faible sur le territoire.

Le territoire se caractérise par un patrimoine culturel et naturel (fleuve Charente) riche, des espaces naturels remarquables et des espèces à enjeux (vison d’Europe), auxquels il faut ajouter la protection des continuités écologiques, des zones humides, de la perméabilité des sols, mais aussi la monoculture en monocépage pour la production de Cognac.

La légitimité à agir

Pascale Belle, vice-présidente de l’agglomération, en charge du développement durable, de la mobilité, des déchets, du plan alimentaire territorial et de la démocratie participative, souligne que la volonté des élu.e.s d’agir en faveur des transitions s’est tout d’abord matérialisée par la mise en place d’une direction du développement durable. L’engagement dans la Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET), puis dans un Contrat d’Objectif Territorial (COT) avec l’ADEME, a permis d’installer une vision qui croise les enjeux énergie, économie circulaire, biodiversité. L’agglomération préside et anime également deux sites Natura 2000. L’approche est donc structurée autour des intentions et des outils, avec une réflexion globale sur la stratégie biodiversité. Pour Aude Mathiot, chargée de mission biodiversité à l’agglomération de Grand Cognac, les enjeux de biodiversité du territoire n’étaient pas complètement couverts par les dispositifs de protection existants. Il y avait donc une attente des acteurs à aller plus loin sur le sujet.

Il y avait des attentes et des besoins sur notre territoire en ce qui concerne le sujet de la biodiversité. Il nous a paru nécessaire de les croiser et de positionner l’agglomération vis à vis de ces attentes et des ces besoins. La stratégie locale pour la biodiversité apporte une légitimité à l'agglomération pour être le point d’entrée pour les acteurs du territoire et les partenaires, quel que soit leur domaine d’action. La construction de cette stratégie contribue également à l’acceptabilité des décisions.

Pascale Belle vice-présidente en charge du développement durable, de la mobilité, des déchets, du plan alimentaire territorial et de la démocratie participative, CA du Grand Cognac

Une élaboration menée intégralement en interne qui repose sur une large concertation

Laetitia Four, directrice du pôle développement durable, a piloté en interne l’élaboration de la stratégie. L’agglomération a fait le choix de ne pas recourir à un prestataire externe pour mener cette démarche, considérant que la capacité de faire était déjà présente au sein du pôle . Grand Cognac a été lauréat de l’appel à projets de la Région “nature et transitions”, ce qui a permis le recrutement d’une agente en renfort pour une période de six mois.

La démarche a duré six mois. Laetitia Four souligne la transparence de la démarche auprès des acteurs mobilisés dans la participation dès le lancement de cette dernière: l’aboutissement à une stratégie locale de la biodiversité n’était pas certain. En effet, si la volonté de travailler sur le sujet était très présente, le résultat ne pouvait pas être imposé aux acteurs et dépendait donc des éléments qui seraient issus de la concertation.

La consultation des acteurs s’est faite de manière très large (associations, filières agricoles et viticoles,...). L’agglomération a fait le choix de réunir des acteurs qui ne communiquaient pas entre eux jusqu’à présent. Pascale Belle fait part d’une mobilisation et d’une adhésion des acteurs qui ont été très fortes. Quatre ateliers ont été organisés et le diagnostic et les enjeux ont été élaborés sur la base des données existantes. Laetitia Four souligne des échanges très constructifs et sans tension, portés par cette concertation large et ouverte.

Les perspectives

L’agglomération est fraîchement lauréate du dispositif Territoire Engagé pour la Nature (TEN)

Pour Pascale Belle, il faut rentrer dans l’opérationnel rapidement. Dans le contexte de renouvellement des mandats communaux à venir en 2026, l’objectif est de poser solidement les grandes lignes et les piliers de la stratégie, pour permettre la continuité de la démarche. Le travail de sensibilisation des communes est déjà bien engagé. La recherche de financements est également amorcée pour pouvoir réaliser les premières actions.

Les actions à venir sur le territoire :

  • centraliser et partager les données
  • mettre en cohérence et encourager les actions de plantation de haies
  • restauration de mares et de zones humides
  • réintroduction du vison d’Europe, portée par l'Etat dans le cadre du plan national
  • accueil de petite faune
  • trame noire
  • médiation faune sauvage
  • travailler les liens entre agriculture et biodiversité, via l’agro- écologie
  • travailler le lien entre acteurs du sport, de la culture et de la nature pour diversifier les publics sur les événements “nature”

Le PLUi a été validé quelques mois avant l’élaboration de la stratégie locale de biodiversité. Il ne prend donc pas en compte la stratégie, mais il intègre une forte diminution des possibilités d’artificialisation des sols et l’identification des trames vertes et bleues. Les actions de la stratégie biodiversité à venir devront nourrir les modifications apportées au PLUi lorsque celui- ci entrera en révision.

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