Cliquez ici pour fermer la fenêtre
Rechercher
Remonter en haut de la page
PV-31

Initier une démarche de transition dans les QPV : compte rendu des ateliers de prospective

Publié le 20/06/2023
Temps de lecture : 8 min
  • Partager
  • Partager sur facebook
  • Partager sur linkedin

La transition écologique est urgente partout et pour tous. Dans les quartiers populaires, elle se combine avec l’urgence sociale de la réduction des inégalités. Or, ce changement nécessaire de modèle économique et social est un levier au service de la justice sociale et environnementale dans les quartiers. Dans le contexte de la préparation des prochains contrats de ville, comment initier une démarche de transition dans les QPV ? Comment faire des QPV des territoires modèles de la transition en 2030 ?

Pays et Quartiers de Nouvelle-Aquitaine a organisé fin 2022 des rencontres régionales des acteurs de la Politique de la ville. Pour aborder la question de la transition dans les quartiers, PQN-A a mobilisé l’expertise de José Da Silva, Chef de projet animateur du Lab des possibles, l’outil de prospective territoriale de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Dans les deux ateliers consacrés à ce thème, les participants ont mis en pratique la méthode du Design fiction pour imaginer des futurs possibles et une feuille de route pour des QPV en transition.

Téléchargez l’intégralité des travaux réalisés lors des ateliers (PDF)

De plus, PQN-A propose tout au long de l’année 2023 un cycle d’accompagnement à la préparation des futurs contrats de ville. Dans ce cadre, un webinaire intitulé “Prendre en compte les transitions dans les futurs contrats de ville : par où commencer ?” a eu lieu le 13 mars 2023. Retrouvez le replay sur notre plateforme

Revivez les rencontres régionales des acteurs de la politique de la ville 2022 !

Le cycle précédent sur l’accompagnement à l’évaluation des contrats de ville s’est clos sur 2 journées de rencontre consacrées au futur des quartiers populaires en Nouvelle-Aquitaine, aux enjeux clés qui les traversent et aux leviers pour les prendre en compte.

C’était aussi l’occasion de se retrouver après plusieurs cycles en distanciel, pour échanger, coopérer et faire réseau entre acteurs de la Politique de la ville !

La méthode du Design fiction

De quoi parle-t-on ?

Né dans les années 2000, le Design fiction est une méthode de design prospectif inspirée des scenarii de science-fiction. Il permet d’élaborer une vision du futur et de définir une stratégie dans une temporalité fixée par les participants. Face aux incertitudes croissantes et à la rapidité des évolutions sociétales favorisées par les outils numériques, les exercices de prospective ont eu tendance à se projeter dans des temporalités plus courtes (10 à 15 ans). Les réflexions sur un idéal lointain s’effacent au profit d’un futur permettant aux contributeurs de vivre les changements évoqués collectivement.

Ainsi, le Design fiction s’attache à créer les conditions d’un débat sur les directions à prendre, assorties d’une première feuille de route opérationnelle. Il s’agit de penser un futur désirable à partir des éléments de connaissances et des projections du futur dont nous disposons aujourd’hui.

 

Quelques règles préalables

Afin d’installer un climat apaisé, l’animateur doit fixer un cadre de confiance. Il est fondamental dans tout exercice d’intelligence collective que les participants forment une communauté qui fera vivre la démarche au-delà des ateliers. Idéalement, le groupe doit être composé d’une quinzaine de personnes.

Pour ce faire, le groupe définit collectivement les règles de fonctionnement et de prise de parole (bienveillance, respect des propos et idées de chacun, absence de jugement). Ces règles sont également le gage d’une créativité ouverte qui ne soit pas soumise à la critique de l’autre.

 

La méthode pas à pas

Trois à quatre ateliers sont nécessaires pour réaliser un exercice de Design fiction. Dès le premier atelier (séance 1), après avoir construit le cadre de confiance, les participants posent une réflexion collective sur :

  1. La problématique et le sujet à traiter,
  2. La meilleure temporalité pour développer la vision du futur.

Une fois ces deux points abordés et adoptés collectivement par le groupe, chacun des temps de travail s’organisent comme suit :

  1. Séance 1 (suite) : les futurs souhaitables et les facteurs clés de changement (moteurs, freins, accélérateurs et points de blocage). Les facteurs clés feront ensuite l’objet d’une sélection afin de déterminer les 2 invariants sur lesquels l’action à court terme ne peut avoir d’effet (ex. le réchauffement climatique), et les 2 variables qui seront déterminantes pour bâtir le futur ;
  2. Séance 2 : les futurs possibles dans lesquels se situe le souhaitable à partir des 2 variables précédentes. Cette étape permet d’envisager 4 scenarii pour choisir in fine le plus approprié ;
  3. Séance 3 : le futur appliqué et les premières actions à démarrer à court-moyen terme. A partir du scenario « idéal », cette dernière étape permet d’engager la réflexion vers les parties prenantes à mobiliser, ainsi que les premières actions à engager à court terme (choix d’un nom pour le projet, devise / phrase d’accroche, argumentaire intégrant les aspects positif mais aussi les axes de progrès, et enfin un plan d’action à 6 mois).

Les rencontres régionales de la Politique de la ville en Nouvelle-Aquitaine ont été l’occasion de mettre en œuvre cette méthode. Elles constituent donc un exercice appliqué de design fiction permettant de prendre la mesure de sa pertinence.

Les ateliers Transitions et QPV

Les 2 séquences de travail ont permis de produire un scenario « souhaitable » ainsi qu’une première ébauche de feuille de route autour de la question « Comment faire des QPV des territoires modèles de la transition en 2030 ». Le premier atelier qui s’est déroulé à Niort a permis de dresser la liste des variables essentielles permettant de déterminer le scenario du futur à développer. Ensuite, à Mont-de-Marsan, le groupe a pu avancer sur sa concrétisation et la liste des premières actions à déployer.

Durant la phase d’inclusion (brise-glace) à Niort et Mont-de-Marsan, les participants ont exprimé leurs attentes en quelques mots clés. Par exemple : sortir du labyrinthe, écrire un nouveau récit, trouver la direction, inspirer/respirer, impliquer la jeunesse, débattre, etc.

 

Les images du futur

Parmi les images du futurs qui ont inspiré les participants, on retrouve les ingrédients d’une transition réussie impliquant un système éducatif plus ouvert pour bâtir une société des apprentissages à tout âge. L’engagement et le bénévolat marque la force du collectif au service de l’intérêt général. Ce territoire du futur est aussi un espace de coopération internationale entre Nord et Sud. Il est aménagé de façon à permettre des espaces de production alimentaire de proximité (jardins partagés à l’échelle des besoins) ou encore des mobilités douces et vertes.

Pour atteindre ces souhaits, les variables accélératrices et limitantes sont nombreuses : la simplification des process et des dossiers, le foisonnement d’initiatives locales… A l’inverse, on trouve des blocages liés à la peur du changement, le fonctionnement administratif, le poids des comportements individualistes…

Deux facteurs apparaissent comme des invariants qui s’imposent comme des éléments de contexte : l’évolution climatique et l’impératif de rapidité pour l’action.

Deux autres sont choisies par les participants comme des variables déterminantes les plus incertaines et donc sur lesquelles le poids de l’action collective peut être le plus important : l’implication du politique (a) et le modèle de consommation (b). 

Enfin, les participants ont identifié différents scénarii positionnés selon ces variables. Un scenario désirable est retenu, celui du “quartier-village”, où la communauté dans toute sa diversité est au service d’un développement sobre et équilibré.

 

Les futurs appliqués

Faire des quartiers populaires des territoires modèles de la transition d’ici 2030 implique donc d’envisager le scenario avec toutes les composantes identifiées. Les variables non retenues deviennent autant de défis qu’il faudra relever pour nourrir la vision partagée du futur souhaitable. Par exemple :

  • L’implication des habitants
  • La mise en place de mécanisme de coopération et de partenariat
  • Le partage de bonnes pratiques pour s’inspirer et respirer

Le “quartier-village” s’annonce comme une aventure collective impliquant plusieurs parties prenantes pour lesquelles il est indispensable de comprendre ce qu’elles ont à gagner et ce qu’elles ont à perdre. Les moins-values sont autant de limites à la contribution des uns et des autres au projet de territoire. Pour certains, la ligne rouge à ne pas franchir pour ne pas remettre en question d’autres équilibres.

A l’issue de ce travail, chaque participant a rédigé un courrier s’engageant à initier 3 actions concrètes dans les 6 prochains mois, allant dans le sens de ce projet de territoire. Cette ébauche de feuille de route s’articule autour des axes suivants :

  • déployer de nouveaux moyens et outils,
  • s’ouvrir à d’autres acteurs,
  • impliquer le secteur privé,
  • explorer de nouveaux sujets/publics,
  • prendre soin du professionnel et de ses pratiques

 

Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !

Laurence Liégeois, chargée de mission Politique de la ville

E-mail : laurence.liegeois@pqn-a.fr

Tél : 07 56 36 28 14

En lien avec

Rue de centre ville
Vous souhaitez en savoir plus ?
Contactez-nous
Vous souhaitez contribuer ?
Proposez une ressource