Le contexte économique, social, environnemental et politique actuel diffère largement de celui qui a mené à la construction de notre système alimentaire techno-industriel et mondialisé. En effet, la Nouvelle-Aquitaine est aujourd'hui en proie à une sécurité alimentaire fragile et un système alimentaire peu durable et résilient (1).
Fin 2022, 16% des Français ne mangeaient pas à leur faim, contre 9% en 2016 (2). Pour ce qui est de la qualité, 45% déclarent ne pas pouvoir manger tous les aliments qu’ils souhaiteraient (3). Cette alimentation inadaptée se traduit par l'augmentation des maladies cardiovasculaires, du diabète et de la malnutrition, qui occasionnent des problèmes de santé publique et de défiance.
Ainsi, 63% des néo-aquitains estiment être insuffisamment informés sur l’origine de leur alimentation, concernant la présence de pesticides et additifs (4). Parallèlement, bien que la Nouvelle-Aquitaine soit la première région agricole et agroalimentaire française, et que près de la moitié des exploitations agricoles produisent sous labels de qualité (5) ; la disponibilité alimentaire est en partie assurée par les importations au détriment de la production locale. Paradoxalement, un ménage agricole sur cinq vit en deçà du seuil de pauvreté, contre un ménage sur huit dans la population régionale. Enfin, la perte du potentiel productif, l’inégale répartition de la valeur ajoutée, le recul de la population agricole, la contribution aux dégradations environnementales, et la forte dépendance aux marchés et relations extérieures fragilisent le secteur.
L’enjeu est double. D’une part, assurer la souveraineté alimentaire. C’est-à-dire la possibilité du territoire néo-aquitain à décider de ses propres stratégies et politiques pour assurer la sécurité alimentaire de ses habitants, dans une moindre dépendance vis-à-vis de l’extérieur. D’autre part, garantir la résilience alimentaire. Cela signifie la faculté du système alimentaire à assurer la sécurité alimentaire malgré les perturbations.
Garantir ces deux conditions est l’objectif du Pacte alimentaire pour une alimentation durable et locale en Nouvelle-Aquitaine 2021-2025, co-piloté par l’Etat et la Région, qui engage aussi une quinzaine de partenaires régionaux. Ce Pacte, unique en France, permet la coordination des acteurs en faveur d’un déploiement opérationnel. Ce, grâce à un plan d’action articulé autour de cinq ambitions :
- l’augmentation de la part des produits locaux et de qualité dans tous les circuits de distribution,
- une formation agricole sur des modèles exemplaires,
- un rapprochement entre agriculteurs et consommateurs via les circuits courts de proximité,
- 60% de local dont 30% de bio local dans la restauration collective publique des lycées, 100% des lycées engagés dans l’approvisionnement local de qualité dont bio,
- l’ensemble des territoires impliqués dans l’alimentation locale de qualité.
Sources :
1. ADEME, Diagnostic du système alimentaire de Nouvelle-Aquitaine, de sa durabilité et de sa résilience, 2022.
2. Marianne Bléhaut, Mathilde Gressier, “En forte hausse, la précarité alimentaire s’ajoute à d’autres fragilités”, Crédoc, Consommations et modes de vie, N°329, mai 2023.
3. Idem.
4. Pacte alimentaire pour une alimentation locale, saine et durable en Nouvelle-Aquitaine, 2022.
5. Signes d’Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO) comme l’AOP, AOC, le bio, label rouge… donnée du Pacte Alimentaire, 2022.