En quelques mots

 L’attente sociétale forte d’une alimentation saine, locale et durable suscite des initiatives et démarches alimentaires de territoire. A l’initiative de citoyens, d’associations, d’entreprises ou de collectivités locales, des solutions sont mises en place depuis une dizaine d’années. Soucieuses de l’intérêt général et notamment de la santé, de l’accès à une alimentation de qualité, et d’une juste répartition de la valeur sur leur territoire, les collectivités territoriales peuvent choisir de coordonner ces initiatives et acteurs. Ceux-ci trouvent donc une cohérence au sein de démarches alimentaires territoriales. Cette coordination est aujourd’hui encouragée par les politiques publiques régionales et par l’Etat, qui incite à la création de Projets Alimentaires de Territoires.

Coopérer pour une agriculture et une alimentation locales, saines et durables en Nouvelle-Aquitaine

Le contexte économique, social, environnemental et politique actuel diffère largement de celui qui a mené à la construction du système alimentaire techno-industriel actuel. La Nouvelle-Aquitaine est aujourd'hui en proie à une sécurité alimentaire fragile et un système alimentaire peu durable et résilient1.

En termes d’alimentation, 16% des Français ne mangeaient pas à leur faim fin 2022, contre 9% en 20162. Pour ce qui est de la qualité, 45% déclarent ne pas pouvoir manger tous les aliments qu’ils souhaiteraient3. Cette alimentation inadaptée se traduit en sous et malnutrition qui occasionne des problèmes de santé publique et de défiance. Ainsi, 63% des néo-aquitains estiment être insuffisamment informés sur l’origine de leur alimentation, sur la présence de pesticides et additifs4. Parallèlement, bien que la Nouvelle-Aquitaine soit la première région agricole et agroalimentaire française, et que près de la moitié des exploitations agricoles produisent sous labels de qualité5 ; la disponibilité alimentaire est en partie assurée par les importations au détriment de la production locale. Paradoxalement, un ménage agricole sur cinq vit en deçà du seuil de pauvreté, contre un ménage sur huit dans la population régionale. Enfin, la perte du potentiel productif, l’inégale répartition de la valeur ajoutée, le recul de la population agricole, la contribution aux dégradations environnementales, et la forte dépendance aux marchés et relations extérieures fragilisent le secteur.

L’enjeu est double. D’une part, assurer la souveraineté alimentaire. C’est-à-dire la possibilité du territoire néo-aquitain de décider de ses propres stratégies et politiques pour assurer la sécurité alimentaire de ses habitants dans une moindre dépendance vis-à-vis de l’extérieur. D’autre part, garantir la résilience alimentaire. Cela signifie la faculté du système alimentaire à assurer la sécurité alimentaire malgré les perturbations.

Garantir ces deux conditions est l’objectif du Pacte alimentaire pour une alimentation durable et locale en Nouvelle-Aquitaine 2021-2025, co-piloté par l’Etat et la Région, qui engage aussi une quinzaine de partenaires régionaux. Ce Pacte, unique en France, permet la coordination des acteurs en faveur d’un déploiement opérationnel.  Grâce à un plan d’action articulé autour de cinq ambitions :

  • l’augmentation de la part des produits locaux et de qualité dans tous les circuits de distribution,
  • une formation agricole  sur des modèles exemplaires,
  • un rapprochement entre agriculteurs et consommateurs via les circuits courts de proximité,
  • 60% de local dont 30% de bio local dans la restauration collective publique des lycées, 100% des lycées engagés dans l’approvisionnement locaux de qualité dont bio,
  • l’ensemble des territoires impliqués dans l’alimentation locale de qualité. 

 

Sources : 

1. ADEME, Diagnostic du système alimentaire de Nouvelle-Aquitaine, de sa durabilité et de sa résilience, 2022.

2. Marianne Bléhaut, Mathilde Gressier, “En forte hausse, la précarité alimentaire s’ajoute à d’autres fragilités”, Crédoc, Consommations et modes de vie, N°329, mai 2023.

3. Idem. 

4. Pacte alimentaire pour une alimentation locale, saine et durable en Nouvelle-Aquitaine, 2022.

5. Signes d’Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO) comme l’AOP, AOC, le bio, label rouge… donnée du Pacte Alimentaire, 2022.

Le rôle du territoire : fédérer des acteurs multiples autour d’objectifs communs

Des circuits courts et de proximité aux tiers lieux nourriciers, de modèles d’entrepreneuriat et de salariat agricole plus sécurisants aux projets de transformation locaux, de la sensibilisation à l’alimentation et à la lutte contre le gaspillage alimentaire à la valorisation des biodéchets…1 Le territoire néo-aquitaine regorge d’initiatives collectives portées par des citoyens, des associations, des entreprises, des communes… et de plus en plus, en coopérant entre public et privé pour structurer une filière alimentaire territorialisée, développer un magasin de producteurs, encourager l’approvisionnement local, etc.

Pour appuyer et coordonner ces initiatives, les regroupements de communes, territoires de projet (PNR, Pays, PETR etc) et collectivité jouent de leurs compétences. La commande publique est un levier pour augmenter l’approvisionnement local. Le développement économique, les compétences d’urbanisme et d’aménagement leur permettent de soutenir et déployer l’activité agricole. Les politiques de gestion de l’eau, de l’environnement des déchets, d’en assurer la durabilité. Les compétences sociales et de politique de la ville, permettent d’agir sur l’accessibilité alimentaire etc…

Ainsi, initiatives et acteurs divers de l’agriculture et de l’alimentation sont rassemblés et au sein de Démarches Alimentaires de Territoire. PQN-A en recense une cinquantaine en Nouvelle-Aquitaine, plus ou moins formalisées et opérationnelles. Elles sont de plus en plus nombreuses à être labellisées  “Projet Alimentaire de Territoire” (PAT) par l’Etat. 

Animateur du réseau des Démarches Alimentaires de Territoire (DAT), PQN-A a identifié huit principaux enjeux auxquels les DAT apportent des solutions concrètes :  

  • L’approvisionnement de la restauration collective (souvent publique) en produits bio, de qualité et locaux
  • Le développement de filières alimentaires locales qui profitent au développement économique du territoire et partagent la valeur avec les producteurs
  • La préservation du foncier agricole, l’installation et la transmission d’exploitations agricoles pour assurer une relative diversité et disponibilité de l’offre locale
  • La sensibilisation sur le lien entre alimentation, santé et environnement
  • L’accès pour tous à une alimentation avec une action sociale 
  • Le partage de la gouvernance sur l’alimentation et l’agriculture avec tous les acteurs concernés, au premier rang desquels les consommateurs et agriculteurs
  • La protection des milieux, la biodiversité et la préservation de l’eau, l’atténuation et l'adaptation au changement climatique 
  • La valorisation du patrimoine agricole et culinaire local 

1. Pour un aperçu de ces initiatives, consultez la publication Entreprendre en pour un système alimentaire durable, PQN-A, 2022 et un recueil de projets en faveur des circuits alimentaires locaux.

Le cadre réglementaire

De nombreuses réglementations et politiques publiques à tous les échelons encouragent plus ou moins directement les démarches alimentaires de territoire. Cette liste n’est pas exhaustive.

Au niveau national : 

Depuis la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt de 2014, la promotion des systèmes agroécologiques et la possibilité de créer des Projets Alimentaires de Territoire sont  inscrites dans la loi. On compte en 2023,  35 PAT labellisés en Nouvelle-Aquitaine, et une dizaine de PAT non labellisés.

“Les projets alimentaires territoriaux sont élaborés de manière concertée avec l'ensemble des acteurs d'un territoire et répondent à l'objectif de structuration de l'économie agricole et de mise en œuvre d'un système alimentaire territorial. Ils participent à la consolidation de filières territorialisées et au développement de la consommation de produits issus de circuits courts, en particulier relevant de la production biologique.” 

- Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt 2014

Le Programme National pour l’Alimentation (PNA) existe depuis 2010. Il constitue la politique nationale de l’alimentation. Celui de 2019-2023 a pour objectifs

  • La justice sociale : améliorer la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire, lutter contre la précarité alimentaire et renforcer l’information du consommateur 
  • La lutte contre le gaspillage alimentaire : jeter moins, c’est manger mieux 
  • L’éducation alimentaire : développer l’éducation à l’alimentation de la jeunesse et valoriser le patrimoine alimentaire

Ces objectifs s’articulent notamment avec les objectifs des lois EGAlim de 2018 et 2021 : améliorer l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire notamment en protégeant la rémunération des agriculteurs, et en intégrant plus de produits bio et locaux dans les menus des établissements de restauration publics.

Loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC, 2020) : sortie du plastique jetable, anti gaspillage et réemploi, meilleure information des consommateurs… Le Réseau pour Éviter le Gaspillage Alimentaire (REGAL) est le référent en Nouvelle-Aquitaine sur ce sujet.

Au niveau régional : 

Après une feuille de route 2018-2020, la Région et l’Etat ont signé avec les acteurs concernés, un Pacte Alimentaire pour une alimentation durable et locale en Nouvelle-Aquitaine 2021-2025 (voir plus haut les ambitions du Pacte).

Comment PQN-A peut vous aider ?

DAT thématique logo

Depuis 2018, Pays et Quartiers de Nouvelle-Aquitaine s’est positionné sur les Démarches Alimentaires de territoire. Mandaté par l’Etat et la Région Nouvelle-Aquitaine dans le Pacte Alimentaire, pour mettre en réseau les porteurs de ces démarches, l’objectif est de faciliter le déploiement des démarches alimentaires de territoires. PQN-A coopère aussi avec le Graine Nouvelle-Aquitaine, porteur de la plateforme collaborative l’Essaimeur, pour favoriser le partage entre les réseaux des initiatives et des démarches alimentaires de territoire. 
 

Comment PQN-A réalise ces missions ? 

PQN-A accompagne tout territoire qui le souhaite, lauréat ou non lauréat d’un programme de l’Etat ou d’un appel à projet de la Région, labellisé PAT ou non. Ainsi, afin d'agir au plus près des besoins exprimés par les territoires, l'offre de services du centre de ressources se compose de : 

  • Conférences pour monter en compétences sur des sujets phares grâce à des témoignages d’élus, de techniciens et à la contribution d’experts ;
  • Visites sur site pour mettre en avant des exemples concrets de projets (ex :  légumerie);
  • Groupes de travail à destination de l’ingénierie locale permettant l’échange entre pairs autour des pratiques, des problématiques rencontrées et des différents besoins (ex : Café des PAT) ;
  • Retours d'expériences pour s’inspirer sur différents modes de faire ;
  • Articles de capitalisation pour s'informer ; 
  • Veille sur l'actualité liée aux démarches alimentaires au niveau local, régional et national (lettre d’information mensuelle commune aux réseaux de PQN-A et de l’Essaimeur). 
     

Vous êtes un(e) élu ou un(e) technicien  ? Un opérateur économique ? Une association ? Une tête de réseau de l’agriculture et de l’alimentation ? Vous avez besoin de renseignements sur les démarches alimentaires de territoire? Vous ne savez pas quels leviers mobiliser ? Vous souhaitez rencontrer des pairs ou d’autres acteurs  pour échanger ?

 

Vous êtes nouvel arrivant dans un PAT ?  Prenez rendez-vous avec nous pour que nous vous expliquions les temps d'échanges que nous organisons pour vous. 

 

N'hésitez pas à nous contacter et à participer à nos temps de rencontres, nous solliciter pour répondre à une problématique, vous inscrire à nos lettres d'informations mensuelles, et consulter notre site pour prendre connaissance de toutes nos ressources !