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Parole d’acteur #12 : “Kamel Dembri, entre coopération et nouveaux récits pour la transition”

Publié le 29/03/2023
Temps de lecture : 10 min
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Kamel Dembri est directeur de l’association Coop’actions. Son parcours atypique lui permet de “jongler” aujourd’hui avec ses différentes compétences. Son rôle ? Fédérer les acteurs et mettre en musique la coopération au service de la transition. PQN-A a voulu en savoir plus !

 

1/Comment vous présenteriez-vous  ?

Je m’appelle Kamel Dembri, et suis actuellement directeur d’une association qui s’appelle Coop’actions. Celle-ci porte et promeut le Pôle Territorial de Coopération Economique (PTCE) “La Fab’Coop”, engagé dans la coopération pour les transitions. J’ai 41 ans, je suis natif du Bergeracois et passionné par l’envie d’être utile à mon territoire. 

2/ Comment décririez-vous votre territoire ?

Le bassin de vie du Grand Bergeracois est rempli de potentiel, de richesses… Ici c’est comme un Pays de Cocagne ! C’est un pays plein de ressources variées où il fait bon vivre et où foisonnent idées et acteurs engagés pour leur territoire. 

3/ Comment en être arrivé à monter une structure comme  la Fab’Coop?

La Fab’coop, c’est une aventure collective qui avance “pas à pas” et son histoire est la suite d’une succession de rencontres, d’intérêts personnels, d’engagements et d’opportunités. J’ai suivi pendant dix ans la voie artistique dans l’arrière pays de Montpellier. A mon retour en bergeracois, j’ai retrouvé  des acteurs culturels qui initiaient  la coopération avec le soutien de la région Nouvelle Aquitaine. C’est comme ça qu’en 2019, étant en recherche d’emploi,  j’ai participé à la construction d’un pôle de compétences. J’y ai pu faire converger mes compétences de facilitateur avec la volonté des acteurs locaux de coopérer, dans un contexte local de transition. 

4/ D’artiste à développeur local, il n’y a pas qu’un pas… Pourquoi aviez-vous envie de travailler pour le développement local ?

Parce que c’est le territoire qui m’a fait grandir, qui a forgé mon identité. Je suis né à Bergerac. Et puis j’ai toujours eu cette dualité -non antagoniste d’ailleurs- entre d’une part, être utile à mon territoire, être mobilisé dans la gestion de projet. J’ai été formé à l’éducation à  l’environnement en Dordogne et au métier de coordonnateur de projet à l’Institut de Formation et d’Appui aux Initiatives de Développement (IFAID) à Bordeaux… D’autre part, agir dans le champ artistique en tant que musicien et circassien. Même dans le milieu artistique, j’ai pu utiliser mes compétences pour accompagner des projets culturels dans une compagnie de cirque.

 

La surprise de mon parcours a été le travail en politique. Quand je suis revenu à Bergerac, on m’a proposé de coordonner la campagne des élections législatives pour une candidature EELV/PS, comme j’avais de l’expérience dans l’événementiel et la gestion de projet. Ils ont gagné… et c’est comme ça que je me suis retrouvé attaché parlementaire d’une députée [Brigitte Allain, ndlr] pendant cinq ans, de 2012 à 2017. Cette expérience en circonscription m’a ainsi fait connaître beaucoup d’acteurs de mon territoire natal et a conforté mon envie de travailler à la coopération et au développement territorial dans le Grand Bergeracois. 

5/ Justement, qu’est-ce que le développement territorial pour vous ?

Le développement territorial ou local c’est contribuer à l’intérêt général. On fait en sorte qu’on arrive à vivre bien dans les territoires, de manière harmonieuse entre tous les êtres vivants. Et ce, avec une évolution vers un nouveau modèle économique et social, un modèle de développement durable qui renouvelle nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble.

Concrètement aussi, je le vois un peu comme la somme des activités publiques, privées et citoyennes qui concourent à créer de l’activité économique, sociale, culturelle dans un bassin de vie donné. Enfin… C’est à la fois la somme et le processus de co-construction auquel participent des personnes de secteurs différents.

6/ Il n’y a donc pas de développement local sans coopération ?

Oui, mais c’est un sentiment personnel… Sans coopération, je ne vois pas comment on peut prendre en compte la diversité des enjeux de développement.. Ce sont des mots tout ça, mais ce qui me fait vibrer c’est d’associer le maximum d’acteurs avec leurs compétences et légitimité propres. Tenez par exemple, un chef d’entreprise qui développe sa boîte seul sans associer ses salariés… Ce sera je pense moins vertueux et ça fonctionnera moins bien. C’est certain que la coopération peut prendre du temps à court terme mais ça en fait gagner sur le long terme !

Et puis on dit souvent que ça prend du temps sans effet visible, mais c’est étonnant car on ne met pas d’effort et de moyens sur l’évaluation de ses effets à long terme. La coopération ce n’est pas la réunionite, c’est tout simplement mettre en musique les compétences de chacun au service d’un objectif commun. Le développement territorial, c’est complexe avec des problématiques diverses à traiter, donc coopérer, c’est tisser ensemble des  réponses.

7/ La Fab’Coop a un sous titre : “Coopérons pour les transitions”. La transition écologique a-t-elle toujours été un enjeu pour vous ?

La fibre durable je l’avais petit. Je suis un enfant de la ruralité qui a grandi dans un environnement naturel comme terrain de jeu !  Ensuite j’ai opéré une grande bascule dans ma sensibilité grâce à l’enseignement agricole. Suite à un échec à Bordeaux dans la filière universitaire que j’ai trouvée déshumanisée, j’ai suivi en 2000 un BTS Gestion et Protection de la Nature à Coulounieix Chamiers (proche de Périgueux). C’était une spécialisation autour de l’ éducation à l’environnement. Au-delà de faire grandir en moi ces enjeux, ce fut la découverte d’une autre façon d’être formé proche de l’action. Nous étions formés via des classes vertes, des projets de conservation du patrimoine avec des collectivités… 

8/ La transition vient transformer tous nos usages, mais aussi nos savoirs et modes de faire… Comment faire du développement local en transition ?

En réalité, tout n’est pas à inventer. On a la chance d’avoir du recul sur les chemins de transition. Il faut s’inspirer de territoires qui ont réussi la transition et qui ont analysé les clés du changement. Par exemple Loos-en-Gohelle dans les anciens bassins miniers. Aujourd’hui, il y a une communauté d’acteurs divers qui se retrouve dans des communs autour de la transformation des territoires. Il faut s’appuyer sur les personnes qui ont œuvré à cela. C’est de la capitalisation sur des dizaines d’années de transition et d’expériences ! Et puis ça a été évalué notamment avec le soutien de l’ADEME. Donc aujourd’hui on a des méthodes de conduite de changement systémique avec la communauté de La Fabrique des transitions Mais oui, il faut le dire, cela nécessite un changement de logiciel.

9/ C’est une bonne nouvelle que d’avoir des méthodes robustes qui fonctionnent… Mais encore faut-il convaincre les autres territoires de se les approprier !

On a clairement besoin de changement sur les émotions. Ce n’est pas évident de lâcher tout ce qu’on nous a dit qui était “bon” avant ! Cela nécessite d’être accompagné, de ne pas jeter la pierre sur ceux qui auraient “mal fait”. Il faut aussi se former, avoir des outils, mais aussi le courage et la curiosité de se dire “Peut-être qu’on peut faire autrement ?”. C’est ça le plus dur !

Collectivement, il s’agit de retrouver un imaginaire collectif positif qui permet à chacun de retrouver une fierté et d’écrire un récit commun.

10/ Votre plus grande réussite et fierté ?

D’avoir été un artiste professionnel accompli en donnant du bonheur sur scène C’est une grande chance quand on est autodidacte, sans formations…. Et puis c’est sans doute aussi d’avoir conservé l’envie d’être utile. Je suis content que mon boulot soit de mettre en lien les gens, les acteurs pour que des actions qui ont du sens émergent. 

11/ Une erreur qui vous a appris des choses sur le développement territorial ?

 Je crois que je suis très proactif mais je ne prends pas assez le temps de raconter, d’expliquer…  Pourtant c’est important car la confiance ne se décrète pas et en même temps, on est aussi contraint d’avancer rapidement pour consolider la dynamique.  Mais je pense aussi que c’est pour ça qu’on a besoin de journalistes et de tiers pour raconter les choses. Une autre “erreur” est de peut être trop conceptualiser ce que nous faisons, structurons pour justement mobiliser sur l’idée de coopérer et pas assez valoriser les réalisations, les résultats. Avec le PTCE on entre dans la phase de consolidation. On va donc justement travailler sur  la communication des effets produits.

12/ Quelles sont les ressources que vous mobilisez régulièrement ?

La mise en réseau et les inspirations. Le PTCE est présent dans plusieurs écosystèmes comme la Fabrique des transitions, le réseau des PTCE, la CRESS… Cela nous nourrit quotidiennement ! 

13/  Quel message souhaitez-vous adresser à vos pairs ?

Gardons le cap ! Prenons le temps de partager des ressources, de nous inspirer, de faire un pas de côté… Car parfois c’est un peu décourageant de voir le chemin à parcourir face à l’urgence d’agir, quand on est un acteur économique, un agent de collectivité ou un élu. Pour ne pas lâcher et rester positif, il faut travailler les communs et les récits. Commencer par oeuvrer déjà là où il n’y a pas de rivalité. Bien entendu, toujours garder le contact avec ceux qui ne sont pas partants, toujours informer, associer, et un jour ça prendra !

14/  Quelle est votre relation à PQN-A ?

Une relation de confiance, et l’envie de construire des choses avec cette structure!  Nous avons un fort intérêt pour ce centre de ressources avec notre PTCE. Je pense aussi que PQN-A aurait besoin d’être plus visible par les territoires et les acteurs car leurs ressources sont précieuses pour beaucoup de parties prenantes localement ! 

 

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