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La démocratie dans les collectifs travaillant les circuits courts et locaux : comment composer avec les inégalités ?

Publié le 28/05/2020
Temps de lecture : 7 min
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Tout seul on va plus vite, ensemble… c’est autre chose. A quoi tient cet “autre chose” et comment fonctionne le collectif ? Le laboratoire Géolab de l’université de Limoges s’est intéressé à 20 collectifs limousins de production agricole en circuits courts et locaux agroalimentaires. Il décortique pour nous les “pouvoirs informels” au sein de ces collectifs, des collectifs qui affichent tous une volonté claire de fonctionnement le plus démocratique et partagé possible.

 

Cet article valorise les enseignements de la publication “Quels pouvoirs informels au sein des circuits courts et locaux agroalimentaires ? Le cas du Limousin” de Marius Chevallier et Julien Dellier, publiée dans la revue RECMA.

 

 

Concilier le discours avec la réalité, une véritable prise de recul dans des structures “alternatives”

Cette publication décortique les sources de pouvoir informel dans des collectifs où l’enjeu démocratique de partage et de co-construction sont capitaux. Lorsque beaucoup semblent s’accorder sur les effets délétères d’une mondialisation-métropolisation excessive, Géolab interroge “l’écart entre le discours et les pratiques.” Non pas dans des structures habituellement concernées par ces débats mais plutôt chez celles sur qui tous les projecteurs sont braqués en ce moment: les initiatives “minoritaires alternatives” et collectives.

 

“Il ne s’agit pas de dénoncer des écarts évidents, mais de comprendre comment les intentions démocratiques se manifestent concrètement.”

 

En effet, ces collectifs de production agricole en circuits courts et locaux agroalimentaires sont de plus en plus mis en avant comme une solution aux filières centralisées sur lesquelles nos systèmes alimentaires reposent. Dès lors, cet article nous propose d’approfondir le sujet. A plusieurs on va plus loin certes mais comment ?

A l’évidence les observations réalisées par l’équipe de chercheurs montre que rien n’est rose, même dans les organisations réputées par nature vertueuses et se revendiquant comme telles. Leur analyse propose une lecture distanciée, objective et surtout non stigmatisante des processus de partage des pouvoirs informels dans ces groupements.

 

“La formule « une personne = une voix » peut porter à confusion : comme elle renvoie à l’égalité théorique et non à l’égalité réelle, elle a un faible pouvoir descriptif de la réalité”.

 

L’article est entièrement construit à partir d’observations de terrain dont sont issus les nombreux verbatims qui émaillent le texte. Ces morceaux d’entretiens révèlent les doutes et les interrogations des acteurs. C’est alors toute la complexité des relations entre  membres non-salariés de ces structures qui est mise en avant au travers de ces hypothèses et incertitudes incarnées.
De ces observations les chercheurs déduisent alors une série d’éléments régulant partiellement la concentration et la répartition des pouvoirs.

Des apprentissages pour tous les projets collectifs

Des clés de compréhension pour les citoyens et les collectivités comme les professionnels

Plus largement, cet article sera éclairant pour toutes les personnes qui ont à connaître, accompagner ou créer des structures voulant susciter ou incarner une certaine forme de participation. Comme exploré dans la série d’articles “Les 4 incontournables pour initier une démarche alimentaire sur son territoire”, la participation, la co-construction et l’animation qui en découle sont incontournables. Qu’il s’agisse alors de collectifs citoyens, d’élus locaux impliqués, de services de collectivités ou de professionnels, les éléments soulignés par Géolab sont clarifiants. Ils permettent de constater que l’on n’est pas seul.e à se poser ces questions.

 

“Il s’agit de prolonger ce travail d’évaluation de la gouvernance effective en repérant les sources informelles de pouvoir. La prise de conscience de leur existence par les membres d’un collectif à intention démocratique permet d’identifier plus facilement les rapports de domination inconscients, potentiels ou avérés.”

 

Dès lors, il peut être pertinent de scanner son collectif à l’aune des éléments proposés plus bas. Ils peuvent servir de guide pour repérer sans stigmatisation les risques de concentration du pouvoir. L’objectif final étant de favoriser à l’inverse l’expression de chaque membre.

Des principes théoriques à la réalité des pouvoirs informels en passant par “l’ingénierie participative”

Les structures enquêtées se caractérisent par leur fort attachement à trois principes:

 

  • le rejet ou la mise à distance d’un fonctionnement hiérarchique
  • le rejet d’un fonctionnement individuel
  • l’attachement à un fonctionnement collectif

 

De ces principes théoriques, découle la mise en place d’une “ingénierie participative” afin de tenter d’approcher au mieux l’idéal formulé. On retrouve ici le rôle plus ou moins marqué du statut de la structure au côté de celui, plus important, des cinq démarches participatives :

 

  • des règles formelles de réunions et prises de décision
  • des instances ouvertes au plus grand nombre
  • le développement d’une culture de la démocratie grâce à des outils concrets
  • la recherche de transparence à toutes les échelles
  • la séparation des pouvoirs

 

A ces principes théoriques et ces méthodes d’organisation formelles s’ajoutent les facteurs de pouvoir informel.  Ces pouvoirs informels, inégalement répartis au sein du groupe car spécifiques à chacun, s’appuient sur:

 

  • Le poids de la personne dans l’organisation. Qu’il s’agisse du poids économique, de la place de son produits dans l’offre marchande
  • Son implication dans les tâches quotidiennes et de gestion globale de la structure. Que ce soit en présentiel ou en virtuel mais aussi son ancienneté dans la structure
  • Le réseau de la personne et l’influence de ce réseau sur l’activité de la structure
  • La personnalité de l’individu, son charisme mais aussi son niveau de formation ou sa culture des méthodes participatives

 

Ce sont ces différentes caractéristiques qui composent chaque individu au sein du collectif. Elles font ce qu’il est dans la réalité du quotidien et de la co-construction.

 

Retrouvez l’article sur cairn.info dans la revue RECMA: Quels pouvoirs    informels au sein des circuits courts et locaux agroalimentaires ? Le cas du Limousin. De Marius Chevallier et Julien Dellier, 2020.
Les auteurs sont ouverts à toutes remarques et suggestions pour prolonger la réflexion :
marius.chevallier@unilim.fr

julien.dellier@unilim.fr

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