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Retour sur la web-conférence “Logistique du dernier kilomètre en circuit alimentaire court et de proximité”

Publié le 02/02/2023
Temps de lecture : 11 min
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La logistique est au cœur des réflexions de structuration de filières locales mais aussi dans le sens plus large, du développement territorial. Elle contribue à la mise en réseau des acteurs souhaitant répondre aux marchés publiques, à la législation en vigueur tout en s’inscrivant dans les dynamiques politiques locales. L’objectif est commun : nourrir sainement et dans le respect de l’environnement, les habitants . La coopération entre acteurs du territoire s’avère alors être un levier pertinent pour réinventer l’organisation logistique de nos circuits alimentaires courts et de proximité.

PQN-A a abordé le sujet de la logistique en 2022 via des webinaires et un atelier de co-développement. Les échanges avaient permis d’introduire les principes de la logistique et les enjeux de la structuration des filières d’approvisionnement. Colcicca, Mangez Bio Périgord, La Charette, L’IEPR Service et Résalis ont partagé des expériences innovantes sous l’œil expert de la chercheuse Amélie Gonçalves. Retrouver ici la synthèse de ce premier travail.

 

Le sujet du “dernier kilomètre” permet de resserrer l’étau en abordant notamment les enjeux environnementaux, économiques et organisationnels de cette courte portion de transport. Des enjeux qui sont aujourd’hui des freins à à travailler.

 

Le dernier kilomètre c’est l’acheminement des denrées alimentaires jusqu’à son dernier consommateur : les restaurants publiques autant que privés, les magasins de producteurs, voir les consommateurs eux même par la livraison à domicile ou l’utilisation de points relais. 

 

Le webinaire souhaite répondre aux trois objectifs suivants : 

  1. Apporter des clefs de compréhension de la logistique aux acteurs du territoire : définir le sujet, évoquer les enjeux, déconstruire les idées reçues, partager des outils et ressources existants
  2. Faire témoigner des structures d’expériences inspirantes pour favoriser la naissance de nouveaux projets et apporter des clés de compréhension à des porteurs de projets engagés et en réflexion
  3. Conclure avec un mot de l’Etat et la Région afin d’exprimer les ambitions et les objectifs portés par le Plan National de l’Alimentation et le PACTE alimentaire de Nouvelle-Aquitaine

Les intervenants :

Gwenaëlle Raton, chargée de recherche à l’Université Gustave Eiffel. Ses études ont porté sur les performances économiques sociales et environnementales des circuits courts et de proximité, en montrant notamment les contrastes de la relocalisation des flux de marchandises et de leur intégration à nos territoires.

Agathe Bruys, coordinatrice et gestionnaire de transport à l’Initiatives Emploi en Pays Royannais service (IEPR Service). C’est une association incubée par la Communauté d’Agglomération de Royan Atlantique (CARA) pour le développement d’un service de livraison sur le territoire royannais (17).

Christian Daniau, agriculteur charentais et président de la Chambre d’Agriculture de Charente (16) est ici pour parler de Pensez Local 16, une plateforme de mise en réseau d’agriculteurs et de professionnels de l’alimentation.

Lucile Ducler, fondatrice de Servi en Local, une entreprise de prestation de livraison entre producteurs et restaurateurs. Elle agit principalement avec des micro-fermes girondines (33).

 

Le transport de marchandises, un sujet de niche ?

 

La logistique représente la coordination entre les acteurs pour acheminer un produit d’un point A à un point B. Les tâches logistiques prennent du temps, elles sont chronophages et coûteuses. Les acteurs qui souhaitent s’en saisir doivent connaitre de ces enjeux, notamment les agriculteurs qui débutent en filière locale, et les collectivités qui s’intéressent au développement de projets alimentaires communs.

 

Mais pourquoi de niche? Les études sur la logistiques ont commencé en 2015. Gwenaëlle Raton le dit, par rapport à l’ampleur des enjeux agricoles existants, on laisse encore trop souvent de côté la logistique. La question de l’alimentation est de plus en plus prégnante dans les stratégies de développement territorial. L’organisation des bassins de productions et des bassins de consommations est étudiée à travers des diagnostics territoriaux, mais peu sont ceux qui y intègrent la question des flux logistiques. Ces flux qui sont le lien entre les lieux de production, les étales de nos magasins et l’assiette des consommateurs.

 

Des enjeux dont il faut se saisir

 

Economiques, environnementaux, sociaux, organisationnels, politiques… Les enjeux sont connus mais difficile a appréhender.

 

Christian Daniau nous le témoigne par son expérience avec Pensez Local 16. La plateforme est née en 2019 pendant le confinement pour répondre à une situation “d’urgence” de mise en vente des produits disponibles chez les agriculteurs. Tout est allé très vite par la force des choses et chacun s’est organisé pour l’acheminement des produits. Depuis, les liens se sont étoffés mais la crise énergétique se faisant sentir, pour réduire les coûts logistiques une nouvelle organisation doit être pensée. La prochaine étape étant de centraliser la offre pour permettre au consommateur d’identifier un lieu de vente, et de sécuriser le revenu des agriculteurs.

 

Il n’existe pas de modèle réplicable d’un territoire à l’autre, chacun doit composer avec ses spécificités.

 

Ainsi, grâce à un diagnostic territorial, la Communauté d’Agglomération de Royan Atlantique (la CARA) a ainsi identifié les siennes. L’association IEPR Service a été créée en réponse à la demande des agriculteurs pour développer un réseau d’acheminement des produits vers les restaurants et points de vente locaux. A l’inverse de Pensez Local 16, le service de livraison est donc prêt mais le réseau d’agriculteurs est encore jeune, il tend à se densifier. De nombreuses fois les camions reviennent à vide, il est difficile pour la structure de conserver un équilibre économique. L’aide de la collectivité s’avère être indispensable pour compenser ces pertes. Pour l’instant, la démarche est plutôt engagée dans le développement du réseau, le deuxième temps sera de trouver l’équilibre financier.

 

Par ailleurs ce type de projet se pense sur le long terme, un temps qui dépasse celui du mandat politique.

 

L’importance de s’appuyer sur l’existant

 

D’après les travaux de Gwenaëlle Raton, il existe une vrai réflexion sur la manière d’organiser les filières courtes et de proximité dont les émissions de CO2 par kilogramme porté et par kilomètre parcourus restent élevées. S’introdui alors la notion de “ruptures de charges”. Ce terme propose de (re)penser le circuit de façon intelligente en mobilisant des véhicules adaptés à la portion de trajet réalisée. Par exemple en milieux urbains l’utilisation de moyens de transports doux peut être une solution au désengorgement des centres ville et à l’émission de CO2. Cela implique aussi de repenser less zones urbaines.

 

C’est le challenge de Servi en Local. Cette association propose des services de livraison à déjà 300 micro-fermes girondines vers les restaurateurs de la métropole bordelaise. Lucile Ducler explique que Servi en Local a permis d’économiser 7 tonnes de CO2 (calcul grâce à l’outil proposé par l’ADEME) pour les 80 milles repas servis.

 

Lorsque l’on compare circuits courts et circuits longs, on se rend compte que les premiers sont plus optimaux, plus performants.  Mais c’est sans s’intéresser au type de produit  transporté (label de qualité, issu d’une agriculture régénératrice, valorisation d’un modèle économique éthique et durable). La voie du circuit court est l’opportunité de valoriser les acteurs du transport en humanisant ces métiers. Les producteurs recherchent la confiance, du relationnel et notamment un partenaire fixe.

 

De plus, la logistique n’est pas le cœur de métier des agriculteurs, un courant de penser affirme qu’il faut donc externaliser cette fonction pour redonner du sens au métier de production. D’autres se positionnent plutôt sur la nécessité de faire monter en compétence les agriculteurs soit en interne soit en s’appuyant sur des coopérations entre pairs.  

 

La mutualisation oui mais dans les règles

 

La mutualisation est l’un des plus gros levier de la logistique sur le dernier kilomètre. Elle permet de faire face aux enjeux de massification en ouvrant notamment l’accès aux marchés publics comme la restauration scolaire ou les établissements de santé. C’est aussi le moyen de répartir les coûts de transport tout en créant un lien d’interaction entre les acteurs de l’agriculture et de la logistique. Servi en Local travaille d’ailleurs avec d’autres acteurs, notamment de récupération de biodéchets, le trajet aller permet d’apporter les aliments frais et celui du retour d’emporter les biodéchets du client. Le transport mixte est toutefois un sujet délicat où la réglementation est encore discutée.

 

La LOM n°2019-1428 du 24 décembre 2019 art. 40 et le Décret n° 2020-1088 du 24 août 2020 autorisent le covoiturage de produits entre agriculteurs dans un rayon max de 100 km, mais il s’agit d’une dérogation pour les agriculteurs. Le covoiturage entre agriculteurs et artisans n’est pas autorisé officiellement. Cela nécessiterait de revoir l’équipement des véhicules de transport en réfrigération par exemple. 

 

Le mot de la fin

La région est investie sur cette thématique à travers son PACTE  Alimentaire pour une alimentation durable et local comportant notamment les axes suivants :

  1. Favoriser les circuits de proximité et la vente directe 
  2. Faciliter les initiatives des territoires concourant à la relocalisation de l’économie par le développement de circuits alimentaires locaux
  3. Structurer l’offre régionale et organiser les filières pour répondre aux demandes des marchés régionaux

Amandine Ribot, responsable de l’unité circuits-courts à la région Nouvelle-Aquitaine, rappel aussi que chaque année un appel à projet “Circuit alimentaire locaux” est lancé par la région. Déjà 47 projets en sont lauréats.

L’Etat vient de clôturer son appel à projet PAT dont les lauréats seront annoncés en mars prochain. Par ailleurs Emmanuelle Baroud, cheffe de l’unité alimentation et industrie agroalimentaire à la DRAAF Nouvelle-Aquitaine, ajoute “L’un des leviers sur lesquels il faut aussi travailler c’est l’éducation. Dès le plus jeune âge il est important de discuter de ce que l’on met dans nos assiettes pour responsabiliser les futurs consommateurs à l’achat durable et de santé.”. 

 

Boîte à outils

Travail sur la logistique de circuit court et de proximité, coréalisé du RMT Alimentation Locale et du groupe de recherche animé notamment par Gwenaëlle Raton :

Les démarches inspirantes

  • Le Kiosque Paysan, une association qui fait le lien entre paysans bio nantais et les acteurs des métiers de bouche de moins de 100km à travers la mutualisation des approvisionnements: retrouvez le site internet ici.
  • IPARLAB, une plateforme de distribution de produits fermiers basques destinés à la restauration, montée par un collectif d’agriculteurs : retrouvez le site internet ici. 
  • Colclicaux, une plateforme de colivraison et de costockage mettant en relation les professionnels de l’alimentation souhaitant développer l’approvisionnement local de qualité :  retrouvez le site internet ici. 

Un outil de calcul des coûts de livraison : retrouvez ici l’outil Logicout.

 

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