Trois témoignages ont rythmé ce groupe de travail :
- Natacha CRAMPE, cheffe de projet Petites Villes de demain (PVD) à la commune d’Oloron-Sainte-Marie
- Hugo GOFFETTE, directeur de projet revitalisation à la commune de Castillon-la-Bataille
- Amandine VIDAL, cheffe de projet PVD à la communauté de communes Béarn des Gaves
Pour commencer, chaque intervenant a expliqué le cheminement de sa prise de poste à aujourd’hui. Comment s’approprier les enjeux du territoire ? Les missions ? Passer des études à l’opérationnel ? Les éléments ci-dessous sont un extrait de ce que vous pourrez trouver dans le compte-rendu. Ce dernier reprend en effet l’essentiel des échanges : les questions/réponses, les difficultés évoquées et “ce que j’en retiens”, les besoins évoqués pour avancer, ainsi que quelques ressources et une liste de mots clés.
Retrouvez ci-dessous l'ensemble du compte-rendu !
Le témoignage de Natacha CRAMPE, cheffe de projet Petites Villes de Demain à la commune d’Oloron-Sainte-Marie :
A la prise de poste : Connaissance du territoire par le pilotage du projet de territoire à l’échelle intercommunale
Missions :
- Requalification d’une friche de centre-ville pour en faire “un lieu d’animation intergénérationnel et jeunesses”. Enjeu de construire ce lieu avec la population. Lancement d’une mission d’AMO de pré-programmation et concertation. Réponse au fonds friches. Début de la concertation.
- Ecriture du projet politique de revitalisation en jonglant sur les deux échelles EPCI + Ville d’Oloron Sainte-Marie.
- Requalification d’espaces publics et démolition d’un immeuble pour créer un belvédère.
- Suivi de l’OPAH-RU et rencontre avec des bailleurs pour requalifier des îlots dégradés.
- Création d’une marque dédiée au centre-ville.
Difficultés : Gestion du temps, apprendre à hiérarchiser et déléguer, le passage à l’opérationnel
Conseils : Assumer de ne pas savoir et mobiliser les bonnes personnes !
Le témoignage d’Hugo GOFFETTE, directeur de projet revitalisation à la commune de Castillon-la-Bataille :
A la prise de poste : L’étude de revitalisation, la concertation avec la population, la stratégie et le plan d’action. Et aussi les conventions EPF, ORT et CVE déjà réalisées à son arrivée en 2020.
Mission principale : passer de volontés politiques, d’écrits à des actions concrètes sur le territoire
Etapes de la prise de poste :
- Mettre en calendrier les actions : identifier les actions rapides de court terme et les actions de plus long terme / travail en interne avec les élus.
- Cartographier les actions, les regrouper par localisation ou thématique et priorisation par les élus.
- Constituer une équipe projet, la coordonner et identifier les postes manquants : identification des compétences en internes mobilisables dans le cadre du projet, rencontres et missionnement si OK, identification des recrutements nécessaires (manager de commerce) ou des prestataires à mobiliser.
- Identifier les derniers outils à mobiliser et les mettre en oeuvre : OPAH-RU ORI, traité de concession d’aménagement, observatoire du commerce, avenant ORT, PPI.
- Finaliser les partenariats et asseoir une gouvernance.
Difficultés : Gestion des élus et du temps (adéquation entre le temps politique, le temps administratif, le temps des citoyens), les cofinancements, le mixe entre annualité des financements et pluriannualité du projet
Conseils : Faire preuve de pédagogie, ne se mettre aucune barrière, y aller à fond et réfléchir grand !
Le témoignage d’Amandine VIDAL, cheffe de projet Petites Villes de Demain à la communauté de communes Béarn des Gaves :
A la prise de poste : Arrivée en tant que cheffe de projet PVD, pas de réflexion stratégique à l’échelle intercommunale hors développement économique mais recherche d’une dynamique pour un pilotage intercommunal des trois centralités PVD
Etape de la prise de poste :
- Etablir une vision globale de la démarche et définir un calendrier afin de prioriser les études et les projets.
- Proposer un mode de gouvernance en formalisant les instances de travail, en impliquant les élus, en allant chercher l’expertise nécessaire à la concrétisation des idées, en formalisant avec des partenaires et en sortant des démarche de concertation classique.
- Fonder une stratégie qui s’appuie sur les actions matures avec un objectif de mise en cohérence des actions et de réponse à la volonté de résultats rapides.
- Repérer les angles mort (ici biodiversité, santé) pour les combler dans la stratégie et mettre à jour des projets abandonnés pour leur donner une seconde chance.
Difficultés : Être opérationnel, proposer des réponses concrètes face à l’impression des élus de faire « trop d’études », fédérer largement autour du projet Petites Villes de Demain (PVD) et sensibiliser à la transversalité
Conseils : Faire des choix et les assumer, ne surtout pas culpabiliser de ne pas tout faire !
Quelques questions issues de la séance - Les réponses aux questions relatives à des actions concrètes
Comment gérer le temps et notamment la frustration des élus ?
“Il n’y a pas beaucoup d’outils mais la pédagogie participe de cela. Il faut expliquer qu’il y a des temps administratifs incompressibles. C’est le cas notamment quand on lance un appel d’offre pour une concession d’aménagement. Il faut aussi exposer nos limites en tant que techniciens et le fait que notre agenda ne permet pas toujours de tout mener de front.” (Hugo Goffette)
Comment as-tu fait pour constituer ton équipe projet ?
“Avec ma DGS, nous avons identifié les compétences en interne mobilisable pour la réalisation d’une ou plusieurs actions prévues au programme de revitalisation. Notre DGS a ensuite missionné les agents et organisé une méthode de travail en transversalité où chaque agent a une mission et des actions propres qui participent du projet global de revitalisation. Elle a, par ailleurs, souhaité que ces missions soient clairement inscrites dans la fiche de poste. Ensuite, il s’agit d’organiser l’animation et la coordination en interne de l’équipe projet.” (Hugo Goffette)
Comment mobiliser le foncier disponible, notamment sur les friches ?
“Il y a plusieurs outils :
- l’Etablissement public foncier Nouvelle-Aquitaine (EPF N-A)
- la Déclaration d’utilité publique (DUP) Multi-sites
- l’extension du droit de préemption urbain (DPU)
Par ailleurs, dans notre commune, nous avons mis en place une veille foncière via un logiciel cadastral. Cet outil nous permet de renseigner ce qu’il se passe sur les immeubles et les parcelles de la commune (permis de louer, permis de diviser, déclaration d’intention d’aliéner (DIA). De fait, dès qu’il y a une mutabilité du foncier, nous en sommes informés.
Nous essayons de bénéficier de ce que les outils permettent de faire pour s’immiscer dans les projets car des fois, la commune ne peut pas intervenir. L’idée est donc d’accompagner les propriétaires. Sur les DIA, nous avons pris parti de visiter tous les logements qui faisaient l’objet d’une DIA et de rencontrer les acquéreurs afin de s’assurer que leur projet allait dans le sens du projet de revitalisation. Si ce n’est pas le cas et que la commune ne peut pas préempter, nous utilisons des moyens plus coercitifs pour les inciter à faire certains travaux qu’ils ne souhaitent pas faire mais qui vont dans le sens du projet de revitalisation.” (Hugo Goffette)
Les réponses aux questions relatives aux aides, outils, etc. et PVD
Qu’est-ce que vous apporte l’AMI Région “Revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs” ?
“L’AMI Région fait partie de la politique régionale en matière de revitalisation alors que PVD est un programme Etat. Il y a pleins de programmes et d’AAP, il faut savoir se servir de cette boîte à outil pour son projet de revitalisation. Très concrètement, l’AMI Région nous permet de financer des études, de prendre en charge une partie du poste en plus des financements de l’Anah et de la Banque des territoires (BDT) mais aussi une participation sur les déficits d’opérations. Cela nous donne également un accès facilité aux politiques sectorielles régionales.” (Natacha Crampé)
Par rapport à l’OPAH RU ORI, qu’est-ce que l’ORI rajoute de plus ?
“J’aime bien résumer l’OPAH RU ORI de cette manière :
- l’OPAH, c’est le volet incitatif, on accompagne les propriétaires à faire les travaux ;
- le RU, c’est le volet interventionniste. La ville intervient et achète les immeubles pour faire du recyclage foncier et remettre sur le marché des logements.
- l’ORI, c’est le volet coercitif. Par exemple, mise en demeure des propriétaires de faire des travaux d’office de sortie d’indignité et d’insalubrité sous peine d’expropriation.
Chez nous, c’est une volonté politique d’intervenir sur les trois volets. Notre maire peut utiliser tous les pouvoirs de police qu’il détient pour être très coercitif (arrêté de péril, permis de louer, permis de diviser). L’ORI, c’est notre ultime option.
De plus, sur les questions d’habitat, il est important de réfléchir à l’îlot voire au secteur entier et pas seulement à la parcelle. En effet, si on veut avoir un véritable levier en termes d’habitat et des actions dans les territoires, c’est un groupe d’immeubles qu’il faut cibler.” (Hugo Goffette)
Comment fait-on lorsque l’on a deux communes PVD qui ne souhaitent pas travailler ensemble et réfléchissent chacune dans leur coin ?
“Il est très important avant de parler dispositif, outils, documents juridiques, etc. de lancer les élus sur du projet. Il faut les faire réfléchir en mode projet. Au départ, j’ai eu la même difficulté avec la fusion des quatre intercommunalités. On a passé une année à bâtir ce projet, à travailler ensemble, ce qui n’était pas naturel. Il faut les mettre autour de la table sur une dynamique collective de projet, c’est fondamental. J’ai donc mis en place des ateliers, afin que les élus travaillent ensemble.” (Natacha Crampé)
“En effet, l’objet doit avant tout être approprié par les élus. Il ne faut pas entrer dans des questions trop technocratiques. Le problème, c’est ce calendrier qui doit aboutir au bout de dix-huit mois à une ORT. Il ne faut donc pas négliger ce temps fondamental de travail et de réflexion sur la stratégie avant de penser dispositif. En effet, il faut revenir au sens, à quoi ça sert et comment on s’y prend, vers où on veut aller. Il ne faut pas que ces démarches échappent aux élus. Ils sont les maîtres à bord. C’est aussi pour cela que le centre de ressource PQN-A valorise les échanges entres pairs et les témoignages de maires. Ils doivent se parler d’élus à élus. Le 6 octobre, Alain Rousset invitera, justement, les maires à témoigner sur leurs différentes démarches. Il ne faut pas oublier que ces projets sont des projets politiques, qui engage le mandat et le bilan éventuel dudit mandat.” (Alicia Gibaud)