Pourquoi cet article ?
A l’occasion du Mois des Fiertés, nous souhaitions investir le sujet de la lutte contre les discriminations LGBTQIphobes dans les ruralités. En effet, lutter contre les discriminations, c’est renforcer la cohésion sociale. C’est permettre à chacun de vivre dignement, d’accéder aux droits, de se sentir légitime dans son territoire.
C’est aussi reconnaître que les ruralités sont plurielles et que leurs habitants ont le droit à la diversité, à la fête, à l’expression de soi, sans avoir à fuir vers la ville.
PQN-A et la lutte contre les discriminations
Depuis 2023, PQN-A réinvestit le sujet de la lutte contre les discriminations, principalement dans le cadre de l’animation sur la Cohésion et la Politique de la Ville.
Nous avons produit de nombreuses ressources pour accompagner les acteurs néoaquitains sur la compréhension des enjeux et des moyens d’agir pour lutter contre les discriminations :
Un cycle de qualification :
Article ressource : La lutte contre les discriminations à l'échelle territoriale : une mosaïque imparfaite
Webconférence #1 / Les discriminations, de quoi parle-t-on ?
Webconférence #2 / Quelles politiques publiques mobiliser pour lutter contre les discriminations ?
Webconférence #3 / Les territoires en action, quels retours d'expériences ?
Rencontre régionale / Journée à Périgueux le 27 juin 2024
Publication du Panorama des acteurs de la lutte contre les discriminations en Nouvelle-Aquitaine
Lexique :
LGBTQI+ : acronyme qui réunit les personnes qui sortent des normes d’orientation sexuelle et de genre : Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe. En fin d'acronyme, le symbole + inclut toutes les personnes qui ne se retrouvent pas dans les termes précédemment cités, mais dont l’orientation sexuelle ou l’identité de genre sortent des normes.
Mois des fiertés : Le Mois des Fiertés LGBTQI+ est une célébration internationale qui a lieu en juin de chaque année afin de rappeler le combat pour les droits LGBTQI+. Pendant ce mois ont lieu des marches des fiertés, ainsi que des événements autour des personnes LGBTQI+.
Queer :
- en dehors des catégories, qui conteste le principe même de catégorisation
- mot parapluie, qui inclut toutes les personnes qui sortent des normes de sexualité et de genre, sans les définir.
Coming-out : révélation volontaire de son orientation sexuelle ou de son identité de genre
Être dans le placard : ne pas avoir fait son coming-out, ne pas avoir identifié et fait connaître son orientation sexuelle ou son identité de genre
Un état des lieux national alarmant :
D'après les chiffres du ministère de l'intérieur, en 2024, la France fait face à une augmentation de 4% des infractions anti-LGBTQI+ signalées.
En prenant un peu de recul, on observe une dégradation de la situation pour les personnes LGBTQI+ en France. La RainbowMap, un outil de l'European Region of the International Lesbian and Gay Association (ILGA-Europe) qui propose un état des lieux annuel des situations juridiques et politiques des personnes LGBTQI+ en classant les 49 pays européens sur une échelle allant de 0 % (violations flagrantes des droits humains, discrimination) à 100 % (respect des droits humains, pleine égalité). Entre 2019 et 2025, la France est passée du 5ème rang du classement au 15ème rang.
Plus de la moitié (55%) des infractions anti-LGBT interviennent dans les grandes agglomérations et notamment en région parisienne. Elles sont principalement relevées dans l'espace public (27%) ou en milieu résidentiel (22%). D'après le ministère, l'analyse de la répartition territoriale doit être effectuée avec précaution : "elle peut refléter des différences de propension à porter plainte selon le type d’unité urbaine". Cette première analyse de la question des discriminations LGBTQI+ selon la géographie nous pousse à nous questionner : quel état des lieux dans nos ruralités ? Quelles initiatives pour lutter contre les discriminations ?
Différencier : discrimination, injure, propos haineux…
En droit, une discrimination est un traitement défavorable qui doit généralement remplir deux conditions cumulatives : être fondé sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap…) et relever d'une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement…).
À ce jour, la loi reconnait plus de 25 critères de discrimination, dont l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
Les injures ou encore les violences ou propos haineux ne sont pas des discriminations, mais sont interdits par la loi et sanctionnés.
Une thématique trop souvent vue comme urbaine
Dans l’imaginaire collectif, la lutte contre les discriminations peut souvent être vue comme un “un sujet d’urbains”, de grande ville.
Historiquement, les minorités sexuelles et de genre se sont rendues visibles, ont acquis des droits. Dans les sciences sociales, les identités sexuelles et de genre variant de la norme et les discriminations qui leur sont liées ont été étudiées. Cependant, cette histoire et cette visibilité se sont principalement construites dans des contextes urbains, cachant une autre histoire, d’autres groupes sociaux, d’autres espaces, avec des histoires et des vécus différents.
Les ruralités ne sont ni vides de diversités, ni exemptes de violences. Elles sont marquées par des réalités spécifiques : isolement, invisibilité, manque de lieux sûrs et de représentation.