Pour Maryline Filippi, ce premier questionnement de la part des acteurs publics et des acteurs économiques marque la première étape dans le renouvellement des pratiques et le renforcement du lien entre territoire et activités économiques. La prise en compte de l’interdépendance et de la multiplicité des enjeux est essentielle pour co-construire les solutions adéquates à des problèmes complexes : la dynamique de co-construction est un levier d’action.
Il y a un certain effet d’entraînement, entre les acteurs économiques, qui questionnent les modes de faire et font évoluer leurs pratiques, et les acteurs publics locaux, qui intègrent de nouvelles pratiques. L'animation territoriale va venir soutenir cet effet d’entraînement, en contribuant à identifier, à connaître et faire connaître les contraintes des uns et des autres, et surtout à connecter les acteurs entre eux en se basant sur la proximité.
Sur le territoire de la Haute-Corrèze Communauté, la définition du projet de territoire s’est effectuée avec l’accompagnement d’une agence de design des politiques publiques, afin de construire une démarche propre au territoire, qui prend en considération les différentes parties prenantes. Ce travail a permis de revoir les modes de faire de l’animation territoriale déployée par la collectivité.
Constat partagé par nos différents témoins : les relations entre les acteurs économiques et les acteurs publics locaux ne sont pas toujours aisées, avec parfois des divergences entre les enjeux politiques, les enjeux économiques et les enjeux de transitions. Par exemple, les solutions proposées par API ne soulèvent pas toujours un accueil très favorable de la part des communes, le modèle proposé ne correspondant pas aux représentations traditionnelles du commerce de proximité. Autre exemple, la mise à l’arrêt du travail sur la mobilité par la Haut-Corrèze Communauté, suite au constat que la démarche n’était pas suffisamment partagée. Toutefois, pour Lucie Chaplain, le changement de modèle ne peut se faire que dans un processus d’écoute réciproque qui s’inscrit dans le temps. Ainsi, l’action d’API est également tournée vers les besoins des communes : au-delà de la fonction de distribution commerciale, il s’agit bien de contribuer au dynamisme des bourgs ruraux.
Pour Maryline Filippi, la prise en compte de ces approches multi-niveaux et mutli-acteurs marque aussi l’émergence de nouvelles formes de gouvernance propre à chaque territoire.
Pour Jean-Charles Rinn, si l’engagement dans la responsabilité sociale a permis d’intégrer les questions d’intérêt général, c’est la prise en compte du territoire qui a vraiment fait bifurquer la philosophie de l’action d’ADAM et qui a orienté les principes du fonds de dotation actionnaire FAIRE. En effet, ce fonds permet d’orienter les dividendes vers des actions philanthropiques, qui bénéficient aux acteurs du territoire, autour de trois axes : les pratiques forestières innovantes et durables, l’éducation à l’environnement et l’accompagnement des associations (notamment via le réseau tiers-lieux Médoc). A noter que le PNR Médoc participe à la gouvernance de ce fonds.