La politique de la ville apparaît au début des années 80, à la suite de premières émeutes dans la banlieue Lyonnaise. Dans ses prémices, la politique de la ville a commencé à mobiliser les acteurs sportifs, pour éloigner les jeunes de leurs quartiers, et éviter la délinquance.
Après ces premières actions très réactives, la politique de la ville prend progressivement forme, avec notamment les premières conventions de Développement Social des Quartiers (DSQ) en 1984. Elle prend également une dimension interministérielle en 1988, avec la création du comité interministériel des villes et du développement social urbain, qui permet donc d'inclure le champ sportif dans la politique de la ville.
Au fil des années 2000, la politique de la ville prend en puissance, avec de nouvelles générations de contractualisation (CUCS, contrats de ville) et une évolution du zonage (vers les actuels QPV). Ces conventions marquent également les engagements réciproques de l'Etat et des collectivités territoriales, qui s'investissent pleinement dans cette politique. Cependant, les nouveaux zonages, qui se veulent plus ciblés, posent également une problématique pour les acteurs sportifs, qui interviennent dans des quartiers où ils ne résident pas forcément. Pour y remédier, la notion de territoire d'intervention permet aux acteurs qui agissent en QPV de bénéficier des subventions et autres aides à destination des QPV.
Cependant, malgré des débuts plutôt liés, les politiques sportives ont été les parents pauvres de la politique de la ville. Mais avec la circulaire du 19 avril 2019, l'Etat insiste sur l'importance du sport en tant qu'outil d'inclusion dans les quartiers. L'activité sportive est perçue comme "révélatrice de talents", "porteuse de valeurs" mais aussi comme "un projet de territoire".
Le sport comme une réponse à tous les maux ?
Là où les autres politiques publiques ont pu échouer, on demande au sport de résoudre les différents problèmes des quartiers. Au fil des contractualisations, le sport a été perçue comme un outil pour "pacifier" les quartiers, en occupant les jeunes et en maintenant un lien avec cette jeunesse, pour prévenir les montées de violence. Le sport permettrait de transposer ses valeurs (respect, fraternité) dans la vie de quartier.
Concrètement, on se rend compte que la pratique sportive est centrée sur quelques disciplines en QPV : le football, les sports de combats et le basketball. On y observe aussi une surreprésentation des pratiques scolaires (type UNSS ou USEP). C'est là que le mouvement socio-sportif prend tout son intérêt, puisqu'il propose une activité au-delà des pratiques compétitives, avec cette approche plus ludique. Il permet aussi une forme d'intégration et de lien social au sein des quartiers, en proposant une pratique pour tous, et au-delà même. Cette pratique permet d'agir sur la santé, de reprendre confiance ou de révéler des compétences. Elle permet donc de tirer des liens de solidarité. Le sport-insertion est même devenu un véritable axe des politiques publiques aujourd'hui, puisqu'il existe différents dispositifs (SESAME notamment, évoqué plus tard par Julien Deschamps) qui prévoient la formation et la professionnalisation d'acteurs socio-sportifs, eux-mêmes issus des quartiers.
Ce développement du socio-sport a permis de renforcer et de conforter les liens entre les acteurs de l'emploi et les acteurs du champ sportif.
Quels axes de développement des politiques publiques aujourd'hui ?
D'abord, le déploiement d'équipements et d'infrastructures sont un grand axe des politiques publiques aujourd'hui. Ces politiques permettent une pratique encadrée, mais aussi une pratique en accès libre. Ce renforcement des équipements permet aussi de favoriser la pratique pour tous, autre axe déployé par les politiques publiques, avec un focus mis sur les publics les plus éloignés (femmes, personnes âgées, publics empêchés,...). Enfin, les acteurs socio-sportifs, les clubs et associations sont également soutenus dans leurs projets par des financements publics.