Ouverture de la journée :
La journée s’est ouverte sur un mot de Madame Anne-Claire Miallot, directrice générale de l’ANRU. Elle a évoqué les liens qui existent entre les programmes de renouvellement urbain et l’éducation, évoquant les 60% de PRU qui prennent en compte cet aspect (par exemple avec la rénovation d’une école). Elle a évoqué le besoin de rassembler les acteurs éducatifs autour du renouvellement des écoles pour produire le projet le plus proche des besoins des acteurs.
Cette journée a également permis au Secrétariat Général Pour l’Investissement (SGPI) de rappeler les liens qu'il noue avec les projets de renouvellement urbain, mais aussi l’éducation, puisqu’il accompagne des dispositifs comme les internats d’excellence ou encore le Programme d’Investissement Avenir.
L'ANCT, dernier partenaire de cette journée, est également revenu sur les liens qui existent entre politique de la ville, jeunesse et éducation depuis les débuts de la politique de la ville. Aujourd'hui, ces liens se retrouvent encore, à travers des dispositifs comme le PRE, Quartiers d’été, le programme de soutien aux adultes relais et les Cités éducatives.
Les principaux points évoqués :
La première table ronde de la journée a identifié un point clé, qui reviendra tout au long de la journée : le besoin de rassembler les acteurs éducatifs autour d'un projet de renouvellement urbain. En effet, lorsqu'un projet de renouvellement urbain est mené autour d'une école, le point de vue des acteurs qui font l'école est indispensable. Les consulter permet de créer un projet de renouvellement qui sera plus cohérent avec le projet éducatif, et permettra de les aider dans leur pratique professionnelle. Un des intervenants parlera à ce sujet "d’école augmentée”, à savoir une école qui fait collaborer l’ensemble des acteurs éducatifs. Cette conception inclut également les habitants.
Le bâti en tant que tel est un autre point d'importance crucial dans le cadre du renouvellement urbain d'un établissement scolaire. Un bâti rénové sera mieux isolé. Cette isolation joue un rôle lorsque les températures deviennent extrêmes (en été comme en hiver). En effet, dans ces circonstances climatiques, il est difficile pour les élèves d'être pleinement attentifs, mais aussi pour les enseignants d'exercer leur activité. L'exemple des épreuves du bac, parfois annulée en raison de température trop élevées illustre bien l'importance que revêt ce changement.
Sur ce point, l'ANRU a pu orienter vers un carnet qui a été réalisé pour donner à voir des projets inspirants, avec une forte prise en compte des enjeux environnementaux.
La table est ensuite revenue sur des travaux de recherche, menés par Nina Guyon, maîtresse de conférences à la Paris School of Economics, Ecole Normale Supérieure - PSL; qui a travaillé sur la mixité sociale au sein d’expérimentations qui ont voulus favoriser la mixité sociale (comme par exemple à Toulouse, où des enfants résidants dans un QPV en rénovation urbaine ont été envoyés dans des lycées favorisés du centre-ville). Les principaux résultats de cette étude révèlent une chute du décrochage scolaire pour les élèves issus de quartiers prioritaires, et aucun changement pour les autres élèves. Ces expériences ont amenés des questions sur les facteurs de la réussite éducative : ont été relevés les moyens affiliés aux écoles, la situation familiale des enfants et la mixité sociale. Cependant, dans une optique de recherche, certains facteurs sont difficilement quantifiables.
D'autres travaux de recherches et d'évaluation ont été menés en 2015, notamment par Elise Huillery, professeure d'économie à l'Université Paris-Dauphine et chercheuse. Ces travaux s’inscrivaient dans la démarche “agir pour la mixité sociale au collège”, lancée en 2013 par l'Etat, et qui visait à réduire les inégalités sociales à l’école et de favoriser la cohésion sociale.
L’objectif fixé pour cette évaluation a été de mesurer l’impact des actions de la démarche d'Etat sur la mixité sociale, mais aussi sur les élèves, sur leurs performances scolaires, leur discipline, leur auto-perception, les relations entre eux…
Pour cela, les sites faisant partie de l'expérimentation sont comparés à un groupe de contrôle, composé de 22 sites similaires, mais non concernés par les actions. Les sites pilotes présentent donc une plus grande exposition des élèves favorisés aux élèves défavorisés et inversement.
Ce dispositif a permis des mesures objectives car il n’y a pas eu de fuite dans le privé. Avant le déploiement, il y avait une crainte que les parents favorisés ne “jouent pas le jeu”, et envoient leurs enfants dans des écoles privées. Cela n'a pas été le cas, mais il aura fallu pour ça de nombreuses réunions de prévention.
Une diversification des réseaux d’amis au sein des classes a été observée. Le niveau scolaire des enfants défavorisés n’a pas évolué au cours de l'expérimentation, mais pour les élèves favorisés, on constate une amélioration de leurs notes. Pour les enfants défavorisés, on observe des gains sur le bien-être social, sur le rapport aux autres, et de meilleures relations amicales.
Enfin, aucun effet négatif marqué n'a été relevé sur les deux groupes.
Cette journée a également permis de nombreux retours d'expériences terrain, qui sont détaillées dans l'article ci-joint.