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Bottes et panier agriculteur

Nouveaux modèles d’installation agricole par des solutions collectives et coopératives : pourquoi les collectivités doivent-elle s’engager ?

Publié le 17/01/2025
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L’agriculture traverse une période de profonde mutation. Dans six ans, en 2030, 55% des agriculteurs partiront à la retraite. Le renouvellement de la profession souffre de plusieurs maux : manque de “vocations” dû aux conditions de travail en décalage par rapport au reste de la société, difficultés économiques, difficultés dans l’accompagnement des nouveaux installés. 

Face aux défis du renouvellement de la population agricole, au besoin d’accès à des surfaces et des fermes adaptées aux repreneurs potentiels et aux attentes sociétales pour une agriculture locale et durable, il est urgent de faire évoluer le regard porté sur le métier d’agriculteur. Les solutions résident dans l’attractivité et la sécurisation du métier, notamment pour des porteurs de projets non issus du milieu agricole (NIMA), pour lesquels les dispositifs d’accompagnement à l’installation classique (comme  les points accueil installation transmission (PAIT)) ne s’avèrent pas toujours adaptés

De nouveaux modes d’entreprendre existent et de nouveaux modèles notamment sous format collectif (SCOP, SCIC, CAE) émergent sur le territoire néo aquitain. Ceux-ci viennent répondre aux besoins de ces nouveaux profils d’agriculteurs qui souhaitent s’installer, que ce soit en termes d’accompagnement, d’appui à l’installation, sur la sécurisation du revenu ou d’appui à la transmission en prenant très en amont l’accompagnement à la cession des terres. Le statut d’agriculteur doit pouvoir évoluer et offrir plus de diversité pour être plus sécurisé et accessible.

Les collectivités ont un vrai rôle à jouer pour faire connaître ces modèles, favoriser la coopération entre les structures locales  et les accompagner dans leur projet notamment à la recherche de débouchés. Les collectivités peuvent s’inspirer et s’appuyer sur les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui sont nombreuses à œuvrer pour l’installation et la pérennisation de fermes sur les territoires. L’idée est de mobiliser les acteurs déjà existants en jouant ce rôle pivot de lien entre les porteurs de projet et les acteurs de l’accompagnement à ces nouveaux modèles. 

Voici quelques exemples :

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    SCIC CO-actions, en Gironde, Landes et Lot-et-Garonne - Cette structure propose des services mutualisés d’accompagnement, et promeut le statut de salarié entrepreneur. Ce statut offre une certaine sécurité de l’emploi permettant d’avoir plusieurs activités en même temps, et d’ouvrir la possible mobilité professionnelle en garantissant notamment les indemnités pôle emploi en fin d’exercice.

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    Association ALPAD, Mont de Marsan, Landes - Association d’agriculteurs réunis pour une agriculture durable et désirable. Elle propose l’accompagnement à l’installation par de nombreux formats et la mise en relation avec des experts pour faciliter la cessation d’activité.

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    SCIC Champs du partage Charente, Charente Maritime, Deux Sèvres et Vienne - Structure d’accompagnement à l’installation à travers des espaces tests. La SCIC bénéficie d’un réseau d‘acteurs, qui favorise l’intégration du porteur de projet à son territoire. Les débouchés en début d’activité peuvent être facilités par l’utilisation du numéro SIRET de la SCIC pour acheter et vendre.  

S’installer sous le statut sécurisant d’entrepreneur salarié agricole au sein des Coopératives d’Activité et d’Emploi (CAE) : un modèle pour réinventer le métier

Dans le cadre d’une CAE, un agriculteur devient un entrepreneur salarié associé, bénéficiant d’un statut hybride et protecteur :

  • Sécurisation financière grâce à un salaire lissé
  • Possibilité d’hybrider les revenus : revenus issus de la production et revenus issus d’autres activités comme des actions pédagogiques, de la transformation, de l’hébergement touristique, ou tout autre, sous un même statut
  • Protection sociale par le biais du salariat
  • Allégement des tâches administratives et comptables, gérées par la coopérative
  • Autonomie dans la conduite du projet, tout en bénéficiant d’un accompagnement personnalisé
  • Flexibilité de parcours : possibilité de tester son projet, de se reconvertir ou de quitter l’agriculture sans être alourdi par des emprunts ou des investissements lourds.

Cette approche redonne une attractivité au métier d’agriculteur, en le plaçant sur un pied d’égalité avec d’autres professions. Il devient possible d’envisager une carrière agricole temporaire, une reconversion, ou même une activité parallèle, sans sacrifier sa sécurité personnelle ou financière. On peut alors parler de « mobilité professionnelle » ce qui était jusque-là inenvisageable pour ces métiers « vocations ».

Changer l’image du métier de paysan : un métier comme un autre

Être paysan ne doit plus être un engagement à vie. Il faut pouvoir laisser le choix à ceux qui ne veulent pas en faire une carrière définitive. Ce modèle permet d’attirer des talents variés et d’offrir une vision plus fluide et épanouissante du métier agricole :

  • Briser les stéréotypes autour du métier d’agriculteur, souvent perçu comme un métier pénible, réservé à des familles issues du milieu rural.
  • Valoriser le statut d’agriculteur comme un métier moderne, innovant, en lien avec des enjeux majeurs tels que la transition écologique, la souveraineté alimentaire et l’économie locale.
  • Rendre le métier attractif pour de nouveaux publics : urbains, néo-ruraux, professionnels en reconversion, jeunes en formation.

Repenser la gestion des terres pour permettre des projets hybrides sur de petites surfaces : un enjeu de transmission

La reprise des terres agricoles est aujourd’hui un défi majeur. Malgré un nombre important de cédants et de terres disponibles, les porteurs de projets restent insuffisants.  Les terres, trop souvent, partent à l’agrandissement d’exploitations existantes, accentuant les déséquilibres et limitant les nouvelles installations. Il faut repenser et accompagner la réorientation de ces terres.

Il est impératif de :

  • Réorienter les terres vers des projets d’installation adaptés aux réalités actuelles : petites surfaces, productions diversifiées, circuits courts, modèle agroécologique.
  • Accompagner les cédants très en amont des départs à la retraite pour faciliter les transitions, y compris dans les schémas de transmission familiale (surtout si plusieurs enfants) : diagnostic des exploitations, appui des cédants par des experts à la cession de l’outil (notaire, sociologue, juriste), valorisation des outils et des savoir-faire.

Le rôle des collectivités : accompagner cette transition

Les collectivités ont un rôle crucial à jouer pour soutenir ces nouveaux modèles d’installation et renforcer les coopérations territoriales entre les agriculteurs eux mêmes, par exemple en s’appuyant sur les structures de l’ESS pour favoriser une installation agricole durable (synergie des compétences et des moyens). Ensemble, c’est pouvoir lever les freins à l’installation, favoriser l’émergence de nouveaux modèles plus respectueux des écosystèmes et de l’humain, tout en dynamisant les territoires.  : faciliter l’accès au foncier tout en favorisant les initiatives collectives pour sécuriser l’accompagnement des cédants et des porteurs de projets et changer l’image du métier. 

  1. Connaître les acteurs de son territoire pour mieux les faire connaître et favoriser leur coopération. Cela dans l’objectif de s’appuyer sur les acteurs existants comme relais entre les nouveaux installants et les cédants, pour repérer le foncier disponible, pour permettre aux profils d’agriculteurs “ non classiques “ de se faire accompagner tout au long de leur projet. Ressources : INPACT DOC, Annuaire des lauréats de l’innovation sociale de la Région Nouvelle-Aquitaine, Annuaire des initiatives alimentaires de Nouvelle-Aquitaine en cours d’élaboration PQNA.* 
  2. Développer des campagnes de communication et des temps de rencontre pour toucher les jeunes  et susciter des vocations vers ces nouvelles solutions garantissant un meilleur revenu (projet hybride, vente circuit court, sécurisation au démarrage de l’activité, etc). 
  3. Créer des partenariats avec les CAE pour développer des pôles agricoles sur leur territoire.
  4. Encourager les SCOP et SCIC agricoles, en valorisant ces structures comme des acteurs de l'économie locale et solidaire, génératrices de synergies coopératives et de stabilité économique
  5. Faciliter l’accès au foncier tout en étant vigilant sur l’usage non vivrier (éolien, agrivoltaïsme).
  6. Faciliter l’accès au logement pour les candidats à l’installation à côté de son exploitation. Trop souvent les nouveaux porteurs de projet n’ont pas les moyens et s’installent durablement dans des mobil homes ou des caravanes. 
  7. Faciliter le lien vers la commercialisation en garantissant une place au marché hebdomadaire, faire le lien avec les structures de commercialisation existantes, intégrer le porteur de projet dans le réseau des producteurs existants.

Rédaction : Ondine Lapoyade Deschamps, chargée de projet Innovation Sociale à la Direction ESS & IS chez Région Nouvelle-Aquitaine

Article rédigé à la suite d'un atelier organisé dans le cadre de la visite d'initiatives sur le Grand Poitiers, le 1er octobre 2024. 

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