Le centre-bourg de Saint-Léonard De Noblat, une affaire intercommunale
A Saint-Léonard de Noblat en Haute-Vienne (87), les élus locaux de l’intercommunalité, ont travaillé avec l’aide d’une animatrice territoriale pour convenir d’un projet commun de dynamisation du principal centre-bourg du territoire.
Un rôle de centralité existant à conforter
Saint Léonard de Noblat compte 4 550 habitants et se situe dans la zone d’attraction de Limoges, à 21 km. Elle est la ville centre d’un bassin de vie de 19 communes selon la définition de l’INSEE. La commune joue ainsi un rôle de centralité d’équilibre entre l’agglomération limougeaude et les villes de Bourganeuf et d’Aubusson situées respectivement à 28 et 67 kilomètres.
L’accès aux services est l’atout principal de Saint-Léonard de Noblat. Les soins en médecine de premier recours et paramédicaux notamment sont assez bien représentés. L’ouverture d’un nouvel hôpital de jour vient conforter cela. Saint-Léonard attire également grâce à ses commerces et son offre de loisir à travers son nouveau Centre Aqua’récréatif.
La ville est également parvenue à maintenir de l’emploi « productif » sur le territoire : entreprises historiques dans les secteurs de la porcelaine et celui du plastique. Enfin la proximité avec Limoges permet à certains habitants de travailler sur l’agglomération voisine.
Le centre-bourg n’est pas à proprement parler « dévitalisé » mais l’enjeu est plutôt de renforcer son attractivité. Aussi, en 2016, Saint-Léonard de Noblat et la Communauté de commune de Noblat candidatent avec succès à l’appel à projet Attractivité des centres-bourg du GIP Massif Central.
Le défi est alors le suivant : dépasser les guerres de clochers à l’échelle de l’EPCI et s’accorder sur un projet communautaire !
L’implication de tous les élus de l’intercommunalité
Cette ambition est donc logiquement co-portée par la commune et l’EPCI. Alain Darbon, le maire de Saint-Léonard-de-Noblat est également le président de l’EPCI ce qui contribue sans doute à rendre la tâche plus aisée. Le défi consiste à partager une vision intercommunale du projet de dynamisation du centre-bourg de « Saint-Léo ». La communauté de communes peut pour cela s’appuyer sur deux expériences qui avaient pour périmètre l’intercommunalité : l‘étude OPAH (Opération programmée d’amélioration de l’habitat) et une étude de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie).
Une chargée de projet attractivité au sein de la communauté de communes accompagne la concertation, notamment entre les élus locaux des différentes communes de l’EPCI. Ce travail collectif, au long cours s’est avéré déterminant pour convenir d’une vision commune.
Les différents projets et études ont fait l’objet de nombreuses restitutions, points d’étapes et validations, auprès des élus. Cela a permis de les impliquer presque « malgré eux » au projet global. « On n’est jamais meilleur ambassadeur que ce à quoi on prend part » explique Anouk Vallet Chargée de développement territorial de la Communauté de Communes de Noblat. Aussi, au fil des discussions, les élus s’accordent ils sur leur besoin de s’appuyer sur un pôle de centralité solide au bénéfice de l’ensemble de la population du territoire.
Atelier de concertation entre élus de l’EPCI autour du projet de dynamisation du centre-bourg
Une concertation collective entre acteurs socio-économiques, partenaires institutionnels et habitants
La singularité du projet tient avant tout à sa gouvernance. Un cabinet spécialisé a élaboré, en amont, un cadre de la concertation. « L’atelier permanent », un groupe de concertation, se réunit ainsi 3 à 4 fois par an. Il rassemble des élus, des techniciens, des institutionnels, des financeurs, des associations, des commerçants, des artisans et des particuliers ! Lors d’un des premiers ateliers, les participants ont par exemple pu visionner le court métrage : « La glace à la Fourme ». Cela a permis de poser un cadre au débat.
Un projet destiné à dynamiser le territoire
Ces temps d’échange débouchent sur un projet de dynamisation du centre-bourg qui se compose de 3 volets :
- la mise en valeur de l’espace public
- l’amélioration de l’habitat
- le développement économique.
La communauté de communes de Noblat fait également office de territoire pilote pour l’installation de la fibre sur le territoire. L’accès au numérique s’avère en effet essentiel pour renforcer l’attractivité du territoire et attirer des populations qui souhaiteraient s’y installer.
Des actions ponctuelles pour faire naître la dynamique
Les collectivités a d’abord engagé des actions ponctuelles afin de faire naître la dynamique, parmi lesquelles :
- La mise en place d’un site internet dédié à l’attractivité du territoire pour informer habitants et partenaires de l’avancement des travaux.
- L’organisation du « Mois de l’habitat » avec un cycle de conférences sur l’habitat. Elles ont pris la forme de « café-patrimoine », de visites de chantiers, ou encore de revues commentées sur l’habitat en centre-bourg.
- La tenue d’un week end « portes ouvertes de l’habitat ». Elles sont l’occasion de faciliter les visites des personnes intéressées à habiter dans le centre ancien.
- Un projet de réhabilitation d’un restaurant dont les locaux sont restés vacants.
Des priorités de long terme : la fibre, l’ORT et la maison de santé
Par la suite, les priorités de long terme se sont précisées avec notamment :
- La généralisation de la fibre optique sur l’ensemble du territoire intercommunal avec le soutien du Département et de la Région.
- La signature de l’ORT (Opération de revitalisation du territoire). Celle-ci permet d’inscrire la démarche dans la durée, de bénéficier de mécanismes de défiscalisation et de crédits destinés à pérenniser le poste d’ingénierie en charge de l’animation du projet.
- L’installation d’une maison de santé pluri professionnelle sur la commune de Saint Léonard et des antennes sur les bourgs secondaires. Le choix du local doit encore être déterminé. Si les professionnels de santé ont une préférence pour la construction neuve sur un terrain vierge, la collectivité explore la possibilité de réhabiliter un local dans le centre-bourg dans un souci de cohérence avec le projet de revitalisation.
Acculturer les élus locaux et servir les habitants de l’EPCI
La population cible du projet se situe à deux niveaux.
- D’une part les élus locaux. L’objectif étant de les acculturer à la démarche d’un projet de revitalisation et de les amener à s’accorder sur un projet commun.
- D’autre part, les habitants du territoire intercommunal qui ont vocation à être les bénéficiaires finaux du projet. Notons également que ce projet de dynamisation vise à attirer de nouveaux habitants et à renforcer l’attractivité touristique du territoire.
Un poste d’ingénierie co-financé par le CGET puis pérennisé à travers l’ORT
Depuis 2016, le CGET (Commissariat général à l’égalité des territoires) et le bloc communal co-financent chacun la moitié du poste d’ingénierie en charge de l’animation du projet. A partir de juin 2020, ce poste sera pérennisé et transféré sur l’ORT, bénéficiant ainsi des financements de la Banque des territoires et de l’Anah ( Agence nationale de l’habitat). La collectivité bénéficie aussi des financements des autres partenaires comme ceux du Conseil régional, du Conseil départemental de la Haute Vienne ou de l’Anah dans le cadre de l’OPAH en cours.
Des résultats encourageants
Le centre-bourg de Léonard de Noblat est parvenu à renforcer son niveau d’équipement avec notamment l’ouverture du Tiers-Lieu « l’Escalier ».
Celui-ci propose :
- des espaces de coworking
- un café associatif avec des ateliers destinés aux familles ou des soirées culturelles
- une « grande école du numérique » labellisée par Simplon sur les métiers du développement web à destination des jeunes éloignés de l’emploi
La construction du centre aquatique et l’installation prochaine de la maison de santé s’inscrivent également dans cette dynamique. La vie associative demeure dynamique et l’offre commerciale permet de couvrir l’ensemble des besoins quotidiens. L’installation de nouveaux habitants témoigne de cet attrait renforcé. Le manque de logements adaptés aux familles limite néanmoins l’accueil de nouveaux habitants et justifie la nécessité du travail engagé autour de l’amélioration de l’habitat.
Points de vigilance : prendre le temps de définir un projet commun avec l’ensemble des élus locaux
Le rôle de l’animatrice a été déterminant pour aider les élus locaux à s’accorder sur un projet commun. Cette étape, longue et parfois difficile, a contraint les élus à dépasser les rivalités entre communes. Ce travail a été un prérequis nécessaire à la réussite de la démarche. La mobilisation des habitants sur la durée constitue également un défi que la collectivité avait anticipé.
En février 2018, elle avait organisé un concours destiné à sélectionner des habitants de l’intercommunalité disposés à s’investir dans les instances de consultation pour une durée de trois ans. L’implication des agents de la collectivité reste déterminante pour assurer la présence des habitants volontaires aux réunions de projet. L’implication des commerçants, enfin, constitue, un point d’amélioration, bien que les indicateurs sur le commerce de proximité demeurent encourageants.