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Parole d'acteur #22 - Thierry Cipierre, maire de Coulounieix-Chamiers et Vice-Président de l'agglomération du Grand Périgueux

Publié le 23/09/2024
Temps de lecture : 5 min
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Thierry Cipierre est maire de Coulounieix-Chamiers (24) depuis 2020, mais élu et citoyen engagé dans son territoire périgourdin depuis toujours. Il est également vice-président du Grand Périgueux délégué à la politique de la ville, au renouvellement urbain et à l'économie sociale et solidaire. PQN-A est allé à sa rencontre pour qu’il nous parle de son engagement et de sa vision de la politique de la ville.

Comment vous présenteriez-vous ?

Je suis maire de la commune de Coulounieix-Chamiers depuis 2020, Vice-Président de l’agglomération du Grand Périgueux, et conseiller départemental de la Dordogne. Mais mon histoire politique remonte à plus loin, puisque j’ai été élu à la Ville de Périgueux pendant 6 ans durant lesquels j’étais en charge de la santé, du sport et de la vie associative. Surtout, je suis aujourd’hui à la retraite, mais j’ai été pendant 15 ans le pharmacien de Chamiers, avec une officine implantée en plein quartier prioritaire de la politique de la ville. 

J’ai appris à connaître les habitants du quartier, des personnes qui, tous les jours, me parlaient de leurs problèmes de santé, mais pas uniquement, de leurs soucis personnels et de la vie dans le quartier. Pour être honnête, je n’avais pas l’intention de faire de la politique à temps plein, mais une fois à la retraite, l'opportunité s’est présentée de candidater à la Mairie de Coulounieix-Chamiers. J'y ai vu une opportunité de m’investir d’une autre manière au service des gens. Car j’aime les gens, discuter avec eux, nouer des contacts.

Pouvez-vous nous parler du lien que vous entretenez avec votre territoire ?

Je suis né par hasard à Soissons, de parents instituteurs qui avaient quitté la Dordogne pour débuter leur carrière. Mais nous sommes revenus en Dordogne très vite, j’avais un an. J’ai grandi ici, dans la petite commune rurale de Lacropte. J’en suis parti pour faire mes études à Limoges, puis pour faire mon service militaire à Madagascar, mais je suis revenu ici pour ouvrir ma première pharmacie à Boulazac à 24 ans.

Je suis très attaché à ce territoire. Je voyage beaucoup à travers le monde, mais je reste profondément attaché à la Vallée de l’Isle et de la Dordogne. C’est chez moi. Aujourd’hui, je suis au service de cette commune de 8 000 habitants, dont un peu plus de 1 000 dans le quartier prioritaire. Ce quartier de Chamiers abrite une grande précarité, avec des habitants de près de 40 nationalités dont le revenu moyen est inférieur à 7 000 € par an.

Qu'est-ce que la politique de la ville pour vous ?

La politique de la ville, c’est pour moi une politique de rééquilibrage et d’égalité entre les citoyens. Je parlais de revenus, mais les habitants des QPV souffrent de toutes les formes de précarité. Ils n’ont pas accès aux mêmes choses que les autres, et leur voix est rarement entendue. Et puis, dans des quartiers où cohabitent autant de cultures et de nationalités, il faut parvenir à intégrer les personnes dans la société. Pour cela, la politique de la ville s’appuie sur tous les leviers possibles : la culture, le sport, la sécurité, les loisirs, le logement, l’éducation, etc.

La Mairie de Coulounieix-Chamiers est située en plein QPV. Je suis donc en contact permanent avec les habitants, je les rencontre plusieurs fois par semaine. Et ils semblent contents de pouvoir me voir et me parler, ils demandent souvent à me rencontrer pour échanger sur les problématiques du quartier. Car être élu à la politique de la ville, comme lorsqu’on est maire, c’est d’abord savoir créer du lien, et cela passe par le fait de s’intéresser aux gens.

A mon arrivée en 2020, il a fallu tout de suite s’attaquer à la mise en place du projet de renouvellement urbain signé par mes prédécesseurs. Ce ne fut pas facile de tout coordonner entre l’Etat, les bailleurs, les différents financeurs, les habitants, etc. Il a fallu aiguillonner sans cesse toutes les parties prenantes, pour faire avancer le projet et répondre aux attentes des habitants. Je suis assez fier que nous ayons pu rassembler tous les financements et lancer le projet ANRU. Cela reste encore maintenant une préoccupation quotidienne, car il faut continuer à accompagner les habitants et pousser pour que les travaux avancent comme prévu. Nous avons la chance d’avoir une amicale des locataires très ancienne et mobilisée. Elle constitue un relai efficace pour expliquer, informer, recueillir et entendre les préoccupations. Ces projets de renouvellement urbain sont longs et peuvent être pénibles pour les gens. Cela fait 4 ans déjà ici, et les travaux sont toujours en cours.

On entend parfois que les élus délégués à la politique de la ville auraient peu de pouvoir, de marges de manœuvre et donc de capacité à faire avancer les projets. Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai pas ce sentiment sur mon territoire. Je crois d’abord que l’on doit savoir, en tant qu’élu délégué à la politique de la ville, s’appuyer sur un droit commun fort, car c’est lui qui permet de faire plus. Je n’ai pas le sentiment d’avoir du mal à faire passer les idées, à convaincre mes collègues élus. Peut-être est-ce dû à ma double fonction de maire et de vice-président à l’agglomération.

Certes, la politique de la ville est une compétence obligatoire, mais quand elle concerne à peine plus de 2 000 habitants sur les 100 000 du Grand Périgueux, il faut bien reconnaître que peu d’élus s’en préoccupent. C’est uniquement dans le dialogue que l’on peut faire comprendre les enjeux et faire passer les projets. J’ai de bons rapports avec le Président de l’agglomération aussi, qui connaît bien la politique de la ville, ayant eu sur sa commune un quartier prioritaire jusqu’en 2014.

Et puis, je connais bien la ruralité et ses problématiques, et je soutiens les projets et le développement de ces territoires également. Car le Grand Périgueux rassemble 43 communes, rurales pour beaucoup. C’est parce que je défends toujours la ruralité que la politique de la ville est portée à l’agglomération. D’ailleurs, les enjeux de la ruralité ne sont pas si éloignés de ceux des quartiers prioritaires, avec la misère rurale qui se cache, la frustration, le vote extrême… Et les solutions que l’on développe dans les quartiers pourraient se déployer en ruralité aussi, et inversement. J’essaie de travailler avec les maires des communes rurales, par exemple sur des solutions d’aller-vers avec un projet de bus déployés pour résoudre les problèmes administratifs, de santé, ou sociaux.

Dans le monde de l’entrepreneuriat d’où je viens, les projets se décident et 6 mois après, c’est fait. Depuis que je suis élu, j’ai appris la patience, la mesure, la persévérance. Il faut sans arrêt contourner les difficultés qui surviennent, faire beaucoup de réunions, revoir les financements en permanence. Alors, quand ça avance, on est encore plus satisfait.

Enfin, je crois qu’un élu ne peut rien sans une bonne équipe technique. La mienne est super et a pleins d’idées. Nous travaillons dans un rapport de confiance. 

De nouveaux défis se posent pour les acteurs de la politique de la ville : les transitions et l’adaptation des quartiers au changement climatique, trouver des réponses plus efficaces aux questions d’emploi, de santé, d’éducation etc. Vous sentez-vous armé pour relever ces défis alors que vous venez de signer votre nouveau contrat de ville 2024-2030 ?

Même si beaucoup de choses ont pu être réalisées et lancées ces dernières années, il reste bien sûr des enjeux importants à traiter dans les quartiers prioritaires du Grand Périgueux. Par exemple, la sécurité. Les chiffres de la criminalité et de la délinquance sont en baisse à Coulounieix-Chamiers, nous avons désormais un Contrat de sécurité intégrée, mais pour autant, le sentiment d’insécurité progresse et donc cela reste une préoccupation majeure pour nous.

L’emploi reste un enjeu clé également, car le taux de chômage reste élevé sur les QPV. Nous sommes actuellement candidats à l'expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée, nous souhaitons travailler plus fortement sur le lien avec les entreprises qui rencontrent des problèmes de recrutement, et elles sont nombreuses sur le territoire. Et puis, il y a bien sûr le projet SÎLOT, qui sera le projet phare des prochaines années et qui vise à développer un site dédié à l’économie sociale et solidaire sur une friche située en QPV. C’est un projet qui a un rayonnement fort sur toute l’agglomération.

Concernant les transitions, nous travaillons par le biais du projet ANRU justement, et les crédits politique de la ville ont permis d’introduire cette dimension dans le projet. Nous avons financé une étude sur l’eau, la faune et les corridors de circulation des animaux, la biodiversité en général. Le projet du quartier de Chamiers  a été largement repensé à l’aune des transitions dans ce contrat de ville. Nous avons décidé de prendre en compte les mobilités, l’éclairage public, les énergies renouvelables, etc. Nous sommes en train de nous acculturer sur le sujet et c’est un axe de travail à part entière. Notre ambition est forte, nous souhaitons faire de Chamiers un démonstrateur.

Je suis confiant dans notre capacité à mettre en œuvre ce projet. La politique de la ville, c’est complexe ? Oui, comme tout en administration et en politique. Il y a différentes strates de décision et d’exécution, chacun veut affirmer sa compétence, il y a des susceptibilités. Mais il faut passer outre, comprendre le système, et trouver une solution pour l’habitant. 

Quel regard portez-vous sur PQN-A ?

Au départ, je ne connaissais rien à la politique de la ville. On a besoin de formation, de conseils. PQN-A apporte son expérience et des solutions qui correspondent à ce qu’on veut faire. C’est une aide à la décision. Aussi, je considère que tout échange avec des pairs est intéressant, car tout seul dans son coin, on progresse moins vite. PQN-A a donc un rôle important à jouer auprès des élus à la politique de la ville.

Quel message souhaitez-vous adresser à vos pairs élus à la politique de la ville ?

Comme dans toute politique, c’est bien d’avoir des financements. Car il faut effectivement transformer ces quartiers. Mais pour moi, le plus important reste de respecter les habitants des quartiers, de les écouter. Ils ont déjà le sentiment d’être relégués, alors il faut aller les voir, leur parler. Ce sont des gens qui peuvent apporter énormément à notre action. A mon sens, l’élu doit être dans une posture d’empathie, de respect, de dialogue.

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