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Parole d'acteur #16 : Brigitte Ricci, élue locale première adjointe à Salles-Lavalette (16)

Publié le 28/09/2023
Temps de lecture : 10 min
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Brigitte Ricci est élue locale première adjointe à Salle-Lavalette en Charente (16) depuis 2020. Elle nous explique son parcours, et comment son investissement municipal participe au développement du territoire.

Tout d'abord, Brigitte Ricci pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Brigitte Ricci, élue locale première adjointe à Salles-Lavalette depuis 2020. Je suis également conseillère communautaire à la communauté de communes Lavalette Tude Dronne et au Pays Sud Charente (16). Je représente notre intercommunalité à l’office du tourisme du Pays Sud Charente et suis vice présidente de la Mission locale Arc Charente.

Et votre territoire ?

Salles-Lavalette est une commune rurale de 350 habitants, qui, comme beaucoup d’autres, a subi un réel déclin depuis les années 1980, qu’il soit économique, agricole ou démographique. Vers 2007/2008 , alors que le village n’avait plus aucun commerce de proximité, une démarche de revitalisation a été engagée permettant de faire aboutir plusieurs projets centrés sur l’alimentation : Création d’un restaurant grâce au dispositif Multiple rural , réouverture d’une boulangerie locale , avec une spécificité « circuit court » attribution de terres communales à des maraîchers Bio … 

Parallèlement à cette dynamique positive et malgré elle, deux événements dramatiques ont secoué la commune en 2017. D’abord, la fermeture de l’école, très mal vécue par les habitants, suivie de près par le décès brutal du maire.Sa première adjointe , qui est Maire depuis lors , a courageusement repris le flambeau et poursuivi les projets en cours. La commune a notamment été labellisée Territoire Bio Engagé en 2017. Depuis 2020, l’accent est notamment mis sur la culture et l’éducation, pour compenser la perte de l’école.

Quel est votre lien avec ce territoire ?

Ma famille paternelle était composée d’agriculteurs et d’élus locaux sur ce territoire. Enfant, j’y passais toutes mes vacances. Bien que j’aie principalement travaillé à Angoulême et en région Poitou Charentes puis à Paris, à toutes les échelles, du très local au national, dans des administrations ou agences en charge du Développement social et urbain, j’ai toujours gardé mes bases en Charente. En 2008, alors que j’étais en poste à la Mairie de Paris, je me suis installée à Salles-Lavalette d’abord pour les week-ends et les vacances, puis définitivement . J’avais un pied dans le développement urbain, et l’autre dans le rural. C’est depuis la crise sanitaire que je me suis installée durablement à Salles-Lavalette et que, de manière très spontanée, je me suis investie pour la commune, répondant à une sollicitation de la Maire .

Qu’est-ce que représente le développement local selon vous ?

Je suis tombée dans le développement local très jeune. J’y suis entrée par le terrain comme étudiante bénévole dans les quartiers Nord de Marseille , puis via la formation continue à Paris 8 et l’IEP de Grenoble et bien-sûr grâce aux centres de ressources tels sur Profession Banlieue ! C’est aussi grâce aux réseaux comme l’IRDSU ou l’UNADEL , puis le Réseau National de l’Économie Territoriale (RNet) que j’ai beaucoup appris . 

Selon moi, le développement local, c’est identifier le potentiel existant d’un territoire pour le faire évoluer et le mettre en mouvement pour remédier aux difficultés. Il ne faut pas se décourager face aux obstacles, au manque de moyens, notamment en milieu rural. C’est aussi jouer sur tous les tableaux et embarquer les gens autour d’un projet, dont les trois clés sont la volonté politique, la cohésion sociale et le récit . Et j’ajouterai que, malgré l’archaïsme qui peut régner parfois, les territoires ruraux sont aussi des terrains d’innovations à ne pas négliger !

Quelle est votre plus grande réussite ?

Ce qui me rend fière, c’est d’embarquer les jeunes et de transmettre mon engagement. J’apprends beaucoup grâce à eux et inversement. Les relations intergénérationnelles permettent des échanges riches et donnent naissance à des projets fertiles localement. Je pense notamment à un projet en particulier qui n’est pas ma « réussite » mais celle de l’équipe municipale : le terrain municipal de maraîchage bio qui était loué depuis 2008 à un couple d’agriculteurs qui prenaient leur retraite. On pouvait craindre de ne pas trouver de repreneurs . c’était une source d’inquiétude pour la commune puisque l’exploitation alimentait notamment le marché du village, de plus en plus populaire sur le territoire, notamment grâce à sa formule estivale enrichie de producteurs , artisans , concerts, bric à brac de livres …

Grâce à la MAB 16 qui a organisé un café projets autour de la reprise de ces terres maraîchères Bio , une jeune femme s’installe et reprend le flambeau ! Par la force du réseau et la collaboration intergénérationnelle, le marché local se poursuit. Ce type de projets permettent d'embarquer des jeunes et de créer des dynamiques : il faut donner envie ! je pourrais aussi citer la reprise récente de la boulangerie par un jeune homme en reconversion que nous avons accueilli et accompagné et bien d’autres micro réussites , qui sont le fait d’un engagement collectif.

Quelles ressources mobilisez-vous régulièrement ?

Selon moi, l’une des ressources primordiales, c’est le dialogue, la pédagogie, les espaces de travail autour des projets , les échanges d’expériences . C’est en effet grâce à cette complicité créée entre les acteurs que l’on fait tomber les barrières, les a priori, même s’il faut ramer en continu, car il y a souvent de l’opposition ou de la frilosité. Il faut sans cesse se convaincre, convaincre les autres, débattre, s’acculturer ou se former. … Faire réseau, c’est essentiel pour le développement territorial.

Quel est l’échec dont vous avez tiré le plus d’enseignements ?

La vie d’élue est faite de petites victoires et de grands échecs. Je pense qu’il faut dans tous les cas toujours rebondir, passer par la fenêtre quand on nous ferme la porte. Quand j'étais cheffe de projet à Angoulême, une situation m’a marquée : notre action pour la politique de la ville était portée par une association qui fonctionnait à la manière d’une agence. Le maire, en raison de soucis de santé, a été remplacé par son adjoint qui a directement fermé cette agence, malgré les nombreux projets que celle-ci portait dans les quartiers. 

L’agence n’a pas été défendue à sa juste valeur pour convaincre le nouveau maire que l’aventure méritait de continuer, notamment pour son volet culturel qui portait une dynamique vertueuse. Cette fermeture a vraiment été vécue comme un traumatisme collectif dans le quartier, dont on parle encore aujourd’hui. Je pense que cet événement m’a prouvé l’importance, dans les quartiers populaires comme dans les territoires ruraux , de créer des conditions pour que chacun puisse s’intéresser à la vie politique locale, à l’exercice de la démocratie et puisse participer à l’élaboration des projets de territoire qui doivent être portés et défendus politiquement . 

Et votre lien avec PQN-A ?

Je suis une “archie-convaincue” de l’importance des réseaux et des centres de ressources. Ce n’est que lors de l’appel à candidature pour l’expérimentation territoriale de PQN-A et de Bordeaux Sciences Agro que je suis réellement entrée en collaboration avec PQN-A. Notre projet de création d’une filière locale de pain bio est lauréat de l’appel à candidatures ! Selon moi, PQN-A a aujourd’hui un rôle indispensable afin que tous les élus locaux, surtout en milieu rural, s’approprient les sujets de manière transversale et créent enfin une culture commune autour du développement territorial. Cela mériterait que de nombreux élus rejoignent le réseau !

Quel message souhaiteriez-vous partager à vos pairs ?

Par les temps qui courent, avec les menaces qui pèsent autant sur les micro-territoires que sur la planète, il faut faire front pour la transition des territoires et leur adaptation : courage politique , démocratie locale, culture de l’hospitalité , vulgarisation des savoirs scientifique pour comprendre ce qui se joue et ce sur quoi nous pouvons encore agir à l’échelle locale . La transition doit être réfléchie au quotidien, en continu, dans tous les domaines . Ne pensons plus en silo et ayons le courage d’agir ici et maintenant pour créer des milliers de « laboratoires du changement « et que les finances publiques systématise l’éco conditionnalité .     

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