A l'origine : un besoin d'approvisionnement complémentaire pour les épiceries sociales et solidaires du Grand Poitiers
Sur le territoire du Grand Poitiers, la baisse de la qualité et de la quantité des dons de denrées alimentaires fournies par la Banque Alimentaire ont amené des des acteurs associatifs réunis au sein du Capée1, à proposer une solution d’approvisionnement complémentaire. Ce service, opéré par l’Entreprise à But d’Emploi Papiole (EBE), contribue au développement local sur plusieurs registres : complément d’approvisionnement des épiceries face aux aléas des dons, gestion gratuite du catalogue des commandes, des stocks, et des livraisons, souci de la qualité et de la diversité des approvisionnements avec un travail avec des producteurs locaux dont bio, création d’emploi directe pour des personnes dites “éloignées de l’emploi” (4-5 emplois) et indirecte (soutien à l’emploi-insertion en agriculture biologique).
Toutefois, le modèle économique qui permet cette contribution au développement local repose sur des financements publics, ce qui interroge sa pérennité. En effet, une partie du coût des denrées diversifiées et qualitatives est aujourd’hui pris en charge via des appels à projets, de même que le poste de coordination, et le service de Papiole.
1 : Capée regroupe des acteurs qui mènent des actions en matière de lutte contre les différentes formes d'exclusion sur Grand Poitiers.
Pour en savoir plus, consultez les fiches d'expérience sur Capée et Papiole.
Un atelier d'intelligence collective pour esquisser des pistes d'actions
L'enjeu de l'atelier organisé lors de la rencontre était de proposer à Papiole et Capée des recommandations et des ressources pour stabiliser le modèle économique de l’EBE, afin de garantir la pérennité de l’action sur l’aide alimentaire et des co-bénéfices sur le développement local.
L’animation a permis aux participant.e.s d’appréhender collectivement trois problématiques clés :
1. Comment optimiser le fonctionnement de l’approvisionnement des épiceries sociales et solidaires grâce à la mutualisation ?
Pistes des participant.e.s :
- Étendre le service de livraison pour les 19 épiceries solidaires du territoire du PAT(actuellement que sur les 12 épiceries du Grand Poitiers) en mettant en place un partenariat avec la Banque Alimentaire de la Vienne qui ne peut faire des livraisons pour toutes les épiceries
- Mettre en place une plateforme de logistique mutualisée avec différents acteurs : la “grosse plateforme” et déléguer le “dernier kilomètre” de la livraison à Papiole
- Explorer des partenariats avec d’autres acteurs dont les épiceries mixtes
- Coordonner les livraisons sur des secteurs géographiques pour optimiser les tournées en direction des épiceries
- Convaincre les acteurs à s’engager dans une démarche collective de mutualisation par une étude autour de la plus value d’un changement d’échelle en associant les communes, CCAS et les différents acteurs identifiés :
- achat de denrées alimentaires, stockage et livraison (3 épiceries solidaires de Grand Poitiers) matériel : chambre froide, camion frigo,...
- Piste de financement autour de fondations comme celle de Vinci.
2. Comment diversifier les débouchés du service d’achat-livraison de Papiole grâce à de nouveaux partenariats via le PAT, voire du développement de nouveaux services ?
Pistes des participant.e.s :
- Ouvrir un service de livraison à domicile pour des personnes qui ne peuvent plus se déplacer
- Démarcher des entreprises du territoire via leur politique RSE pour apporter des avantages sociaux
- Proposer un service d’épicerie itinérante : “aller vers les bénéficiaires” + création de co-voiturage
- Augmenter la qualité et les débouchés par la création d’un poste de commercial
Inspiration : Le panier Jeune pousse à Angoulême est une action qui permet à des femmes enceintes de recevoir pendant 6 mois un panier de fruits et légumes. La collectivité achète aux producteurs qui organisent la distribution.
3. Comment améliorer l’accès à un approvisionnement de qualité grâce à de nouvelles opportunités au sein du PAT ?
Pistes :
- Avoir de la production, donc avoir du foncier pour produire
- Avoir une conserverie (atelier de transformation) pour les périodes de creux dans la production
- S’appuyer sur le projet de légumerie à l’étude mais attention à la saisonnalité
- Explorer des pistes de mutualisation avec les opérateurs : Association l’Eveil2, Restaurant du cœur
2 : Association l’Eveil issu d’un groupe d’habitants du quartier des Couronneries, elle a pour but de créer une dynamique de quartier pour rompre l’isolement et tisser des liens sociaux pour lutter contre toutes formes d’exclusions. Pour en savoir plus, consulter la fiche sur l'Eveil.
Conclusion de l’atelier
Ce temps a été un vrai exercice de co-développement qui a donné de nombreuses pistes de réflexions avec des apports d’expériences très enrichissants. Ainsi pour faire évoluer le modèle économique, il convient d’explorer d’autres modèles, d’aller à la rencontre d’autres acteurs avec d’autres compétences. Cet atelier conforte les interrogations et invite à engager cette ouverture nécessaire à la transformation du modèle.