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Au sein du PAT du Grand Poitiers, acteurs publics et privés créent des circuits alimentaires solidaires

Publié le 21/01/2025
Temps de lecture : 15 min
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Comment lutter contre la précarité alimentaire ? Comment permettre à chacun d'avoir accès à des produits sains ? Comment faire en sorte que ceux-ci rémunèrent correctement celles et ceux qui les ont produits ? Comment assurer que ces produits soient respectueux de la santé des mangeurs, producteurs, et des écosystèmes ? Comment faire en sorte que cette production créée de l'emploi sur le territoire ?

 

Il n'est pas aisé de répondre à chacune de ces questions, mais il serait malvenu de vouloir y répondre séparément. A moyen et long terme, il est préférable d'adopter une approche  systémique des enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation. C’est à dire prendre conscience qu’une solution pensée isolément peut générer des problèmes à d’autres endroits, et que les problèmes sont reliés. Complexe ? Oui, mais pas impossible, et surtout stimulant, car déployer un système alimentaire durable sur un territoire implique de la proximité et de la coopération avec une multitude d’acteurs aux visions et expertises diverses et qui peuvent être complémentaires. 

 

Mardi 1er octobre 2024, 85 professionnels de collectivités territoriales, entreprises, associations dans les secteurs de l’agriculture, l’alimentation et l’emploi se sont réunis sur le territoire du Grand Poitiers. Pendant une journée de visite et d’ateliers, les échanges ont permis de comprendre en quoi la coopération entre l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et les Projets Alimentaires de Territoire (PAT) est une opportunité pour la relocalisation de systèmes alimentaires durables, grâce à des exemples du Grand Poitiers, et d'autres territoires.


Retrouvez dans cet article les éléments à retenir, et creusez les sujets avec les fiches expériences et articles en lien !

 

Les ambitions pour un système alimentaire durable et solidaire

Le système alimentaire actuel, en place depuis plus de soixante ans, présente de nombreuses limites. La précarisation des travailleurs, la chute du nombre d’exploitants agricoles au profit de fermes plus grandes, la baisse de la diversité des modèles agricoles, l’impact sur la santé des producteurs et mangeurs et la dégradation des écosystèmes en sont des exemples frappants. Bien que ces constats soient à mettre en perspective, un consensus se forme aujourd’hui sur la nécessité de changer de système, pour qu’il soit durable.


 

Système alimentaire durable

Légende : 4 ambitions pour un système alimentaire durable, schéma inspiré de Let's Food (2020) à partir d'une définition de Nicolas Bricas (2017). Extrait de la publication Entreprendre pour un système alimentaire durable, nouvelles pratiques aux impacts sociaux et environnementaux positifs. 

 

Pour rendre le système durable, il est nécessaire de prendre en compte des enjeux multiples et interdépendants comme le montre le schéma ci-dessus. C'est pourquoi de nombreuses initiatives portées par des acteurs publics et privés émergent, sur chacun des enjeux de durabilité (pour en savoir plus, lire Entreprendre en faveur d'un système durable). Cependant, juxtaposer leurs solutions ne suffit pas : « Lorsque les choses sont « tissées ensemble » (l’étymologie de la complexité), il n’y a pas d’autres choix que d’associer chacun des acteurs, dans une démarche transversale et transdisciplinaire, donc de coopérer. La coopération est une expression sociale de la complexité».1

Ainsi, la coopération entre collectivités et leurs groupements, structures de l’ESS, de l’insertion et de l’innovation sociale est essentielle pour accélérer cette transformation du système (pour aller plus loin, lisez la publication dédiée à la coopération).

Quelles sont les pratiques inspirantes ? Comment fonctionnent les acteurs de l’ESS, et les collectivités ? Pourquoi et comment coopérer en faveur d’un système alimentaire durable ? A travers les enseignements de cette journée de rencontre PQN-A, vous donne des clés de compréhension et d’actions issues du terrain.

1Institut des territoires coopératifs.

La coopération entre l’ESS et le Grand Poitiers : le développement local au service d’un système alimentaire durable

Une coopération territoriale pour répondre aux enjeux prégnants de l’accès pour tous à une alimentation suffisante, de qualité et durable, animée par Capée

La réflexion autour d'une diversification des approvisionnements en plus de ceux de la Banque Alimentaire pour la douzaine d’épiceries sociales du Grand Poitiers date d’il y a déjà quelques années avant le PAT, explique Jean-François Hérault, directeur de Capée. Cette association locale anime depuis 35 ans une cinquantaine d’acteurs de développement économique, social, solidaire et local sur le territoire. Dans le cadre du PAT, elle coordonne l'action des acteurs de l'aide alimentaire pour lutter contre la précarité alimentaire. Ces dernières années, la pandémie de Covid-19 et l’inflation ont accéléré l’action de Capée, face à une dégradation de l’accès à l’alimentation de qualité. 

Pour en savoir plus, lisez la fiche sur Capée 

 

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    La journée est ouverte par la directrice de Papiole, la présidente du Grand Poitiers, la Vice-Présidente du Conseil Régional à l'ESS, et PQN-A. La coopération entre acteurs publics et privés, pour une approche systémique des enjeux est saluée et encouragée par les élues.

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    Fredy Poirier, Vice Président du Grand Poitiers au Projet Alimentaire de Territoire, explique comment celui-ci est co-construit et mis en oeuvre par des acteurs publics et privés.

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    Bastien Bernela, Vice Président du Grand Poitiers au développement économique et ESS, explique l'approche systémique des enjeux : la démarche TZCLD permet la création d'emplois stables, en répondant à des besoins sur le territoire et en développant les filières en circuit court et de proximité.

Papiole, entreprise à but d’emploi, gère de la logistique pour les épiceries sociales

Au milieu de l’entrepôt, entre la chambre froide qui abrite les légumes frais et les boîtes de conserve, les participants écoutent Mickaël Péneau, coordinateur d’exploitation chez Papiole, accompagné de Nicolas Peronnet, chargée de la coordination de la plateforme logistique. “Nous apportons des denrées complémentaires à celles de la Banque Alimentaire”, explique-t-il. En effet, les épiceries sociales ont constaté une baisse quantitative et qualitative des dons, qui les oblige à trouver des approvisionnements supplémentaires ailleurs. C'est sur ce besoin que se construit l'offre de Papiole : les épiceries peuvent commander et se faire livrer une gamme de produits dont des fruits et légumes frais, bios et locaux. 
 

Pour en savoir plus, lisez la fiche sur Papiole

 

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    Les 85 participant.e.s à la visite écoutent Mickaël Péneau, coordinateur d’exploitation chez Papiole, expliquer l'activité de commercialisation et logistique de denrées alimentaires pour les épiceries sociales et solidaires portée par l'Entreprise à But d'Emploi.

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    Les denrées sont stockées dans l'entrepôt loué par Papiole, dans la zone d'activité de Poitiers. Une chambre froide permet de stocker les fruits et légumes frais et locaux.

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    A la pause, les participant.e.s échangent sur le modèle qu'ils viennent de découvrir : se ressourcer et s'inspirer, c'est qu'ils viennent chercher aux rencontres PQN-A.

Les Jardins de l'Eveil produisent des légumes bio, rendus accessibles pour tous

La météo pluvieuse ne permet pas aux participants de se rendre sur le site de maraîchage des Jardins de l'Éveil. Alors le président, le directeur et un administrateur présentent dans les bureaux de Papiole l’historique et l’action de l'Éveil. Le Grand Poitiers travaille de près avec les Jardins de l'Éveil et de l’APPUI deux Ateliers d'Insertion par l'Activité Economique, pour approvisionner les épiceries du territoire en légumes bio et frais. Les producteurs déterminent le coût de revient des légumes choisis ensemble, pour trouver la marge qui permet de vendre les légumes à 50 centimes du kilo/pièce aux clients des épiceries, tout en rémunérant les producteurs au prix coûtant.

 

Pour en savoir plus, lisez la fiche sur l'Eveil

 

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    Les participant.e.s écoutent Philippe Paradot, administrateur de l'Eveil, présenter la production de légumes à prix coûtant pour les épiceries 

  • IAE maraîchage Jardins de l'eveil Poitiers

    Les salarié.e.s en parcours d'insertion analysent les planches de maraîchage sur le terrain à Migné-Auxances.

    © Association l'Eveil

  • Jardins Eveil, marché QPV Couronneries

    Les salarié.e.s en parcours d'insertion tiennent le marché dans le quartier des Couronneries.

    © Association l'Eveil

Les points-clés à retenir : 

  • La réponse coordonnée aux enjeux de précarité alimentaire sur le territoire fonctionne grâce à la présence d’acteurs locaux structurés depuis plus d’une trentaine d’années sur le territoire (les associations Capée et l’Eveil, l’EBE Papiole).
  • Les acteurs de l'Économie Sociale et Solidaire rencontrés ont une connaissance fine du territoire et notamment des bénéficiaires de leurs actions, car ceux-ci sont au coeur de l’action
  • Les élu.e.s communautaires jouent un rôle essentiel d’embarquement des acteurs dans un projet de territoire : le PAT a permis d’élargir l’action du Capée à l’échelle des trois EPCI, et favorise le dialogue entre acteurs et secteurs qui n’ont pas l’habitude de se parler (aide alimentaire et agriculture)
  • L’intérêt de missionner les acteurs de l’ESS est qu’il permettent de répondre à des besoins nouveaux et non comblés, qu’ils agissent, comme les EPCI, pour l’intérêt général, et qu’ils contribuent au développement économique via l’inclusion sociale et économique d’habitants en situation d’exclusion
  • Le modèle économique a fonctionné dès le départ grâce aux subventions publiques du Grand Poitiers, de la DREETS (Appel à Projet Mieux Manger Pour Tous) et de la Région

 


L’ESS, laboratoire d’expérimentation de méthodes et solutions pour la transition du système alimentaire 

 

Des ateliers l'après-midi ont permis d'approfondir les enjeux auxquels se confrontent les territoires. Quand certains participants ont travaillé sur la pérennisation et à la qualité de l'aide alimentaire, d'autres ont exploré les solutions qui encouragent l'installation agricole.  Trouver et mettre en œuvre des solutions qui s'intègrent dans un système alimentaire durable (voir le schéma ci-dessus) n'est pas évident. Cela suppose un (ré)apprentissage de la coopération public-privé, d'apprendre de nouvelles méthodes, et de (re)prendre au sérieux celles du dialogue territorial et de la démocratie.

 

Comment assurer la pérennisation et la qualité du service d’aide alimentaire grâce à la coopération territoriale ? Réflexion avec Capée et Papiole

Découvrez les résultats de l'atelier d'intelligence collective.

Comment favoriser l’installation agricole grâce à de nouveaux modèles ?

L’agriculture traverse une période de profonde mutation. Dans six ans, en 2030, 55% des agriculteurs partiront à la retraite. Le renouvellement de la profession souffre de plusieurs maux : manque de “vocations” dû aux conditions de travail en décalage par rapport au reste de la société, difficultés économiques, difficultés dans l’accompagnement des nouveaux installés. 

Les collectivités ont un vrai rôle à jouer pour faire évoluer la profession notamment en accompagnant les structures telles que les formats collectifs (SCOP, SCIC, CAE). Les collectivités peuvent s’inspirer et s’appuyer sur les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui sont nombreuses à œuvrer pour l’installation et la pérennisation de fermes sur les territoires. L’idée est de mobiliser les acteurs déjà existants en jouant ce rôle pivot de lien entre les porteurs de projet et les acteurs de l’accompagnement à ces nouveaux modèles. 

Découvrez l'ensemble de l'article ici.

Une question de posture : la collectivité à l’écoute du territoire 

Différence de temporalité, différences de l’approche de travail, considérations politiques ou économiques, différences dans les capacités à se mobiliser selon que l’on est rémunéré dans le public ou dans le privé, ou qu'on est bénévole… Nombreux sont les facteurs qui peuvent distinguer les acteurs publics des acteurs privés. Pourtant, la coopération publique-privé est essentielle pour faire advenir des systèmes alimentaires durables. Par ailleurs, il existe de nombreux points communs et intérêts convergents entre structures de l’ESS investies en agriculture-alimentation et collectivités. Alors concrètement, comment travailler avec des organisations publiques lorsqu’on travaille dans le privé ?  


Pour en savoir plus, lisez la synthèse de l'atelier

Démocratie alimentaire : frein ou levier au passage à l’action du PAT ?

Les Projets Alimentaires de Territoire portent en eux la promesse de relocaliser des systèmes alimentaires qui soient le fruit d'une décision entre tous les acteurs concernées par l'agriculture et l'alimentation, et qui réponde donc aux attentes des habitants et acteurs du territoire qu'ils couvrent. Cet objectif de "démocratie alimentaire", est d'ailleurs souvent un des axes d'actions des PAT, mais qui reste peu investi, faute de temps ou de méthode. Par ailleurs, les Projets Alimentaires de Territoire, souvent pilotés par des collectivités territoriales ou leurs groupements éprouvent des difficultés à déployer des actions opérationnelles et structurantes sur le territoire. Les participant.e.s à un quatrième atelier se sont donc posé la question : la démocratie alimentaire est-elle un frein ou un levier au passage à l'action du PAT ?

Pour avoir la réponse donnée par les participant.e.s, cliquez ici.

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