“Des territoires de chômeurs”
Les quartiers ont souvent l’étiquette de territoires de chômeurs, d’inactifs. Il est réel que le chômage y est plus important qu’ailleurs. Cependant, une analyse des types de revenus des habitants met en évidence que les revenus liés au travail sont, dans les quartiers, la principale ressource. Au niveau national, 63% des revenus des quartiers proviennent du travail. Pour l’ensemble des français, ce taux est de 73%. S’il y a bien 10 points d’écart, ces données mettent en évidence que l’écart n’est pas si important que cela. Cependant, concernant les ressources des habitants, un pourcentage même important correspond à un niveau de rémunération faible. Les habitants des quartiers travaillent, mais avec de toutes petites rémunérations (liées à des temps partiels plus fréquents et à des entrées et sorties du marché du travail plus fréquentes).
Il est dès lors essentiel de développer des politiques publiques fortes pour le maintien et l’accès à l’emploi. La crise économique – qui va fortement secouer les entreprises et les actifs – atteindra plus les habitants des quartiers que les habitants des autres territoires. La précarité de l’emploi y est plus importante. Ce sont les CDD, les personnes en période d’essai et les intérimaires qui ont perdu leur travail le plus rapidement. Ils vivent plus fréquemment dans les quartiers prioritaires ou alors dans les centres villes anciens (en locatif privé).
“Des habitants qui vivent principalement de prestations”
De même, les quartiers ont l’image de territoires dépendant fortement de la redistribution. C’est partiellement une réalité. En effet, en moyenne, un cinquième de leurs ressources proviennent des prestations sociales, contre un vingtième environ en France en moyenne. L’écart est donc significatif, mais les prestations ne représentent qu’une faible partie des revenus des habitants. De plus, en intégrant l’ensemble de la redistribution (qu’elle soit contributive ou non — c’est à dire qu’elle ait ou non donné lieu à une cotisation préalable — comme les retraites par exemple) les habitants des quartiers ont en moyenne un apport de celle-ci plus faible que celui des autres habitants. Cela est la conséquence de la plus faible proportion de personnes âgées dans les quartiers et de montants de retraites très réduits.
“Des territoires où les collectivités dépensent plus”
L’image des quartiers, c’est aussi celle de territoires privilégiés des politiques publiques locales. En effet, les logiques de tarification en fonction des revenus donnent à penser que les territoires où vivent les ménages les plus pauvres sont les territoires où la collectivité investit le plus. Cette analyse ne tient pas compte du non recours, du sous usage de ces politiques publiques locales. Ainsi, la fréquentation de la restauration scolaire dans les collèges les plus fragiles, le recours au périscolaire, y sont aussi plus faibles. De même l’usage des modes de garde est plus ponctuel pour les ménages les plus pauvres et très réguliers pour les ménages les plus aisés.
Dès lors, des études financières menées dans différentes communes mettent en évidence que les dépenses de la collectivité par enfant y sont beaucoup plus faibles que dans les quartiers les plus favorisés. Ces mesures concernent pareillement la pratique sportive et l’usage des biens culturels.
“Il n’y a que des familles nombreuses”
Les quartiers ont l’image de territoires familiaux. En effet, la part des familles y est beaucoup plus importante qu’ailleurs. Dans tous les quartiers, une surreprésentation des familles monoparentales existe. De la même manière, contrairement à la moyenne nationale, il y a une très forte sous-représentation des couples sans enfant. Et pourtant, il s’agit d’une structure de ménages qui progresse très rapidement en France.
A l’opposé, les quartiers accueillent des proportions importantes de personnes seules. Dans beaucoup de territoires Politique de la ville, la part des personnes seules y est plus forte que celle observée dans leur agglomération. Cette situation est surprenante. En effet, une grande majorité de personnes seules dans les villes sont soit des étudiants (très majoritairement des femmes dans les villes universitaires), soit des personnes âgées (très majoritairement des femmes également). Or, dans les quartiers, si le vieillissement s’observe aussi, la part des personnes âgées y est plus faible qu’ailleurs. C’est surtout, la part des étudiants qui y est souvent très réduite.
Par ailleurs, l’isolement (1) dans les quartiers Politique de la ville concerne les hommes en âge actif. Ils sont nombreux mais discrets. L’isolement des femmes est par contre observé après 60 ans (effet du départ des enfants pour un ménage monoparental). Ces hommes d’âge actif dans les quartiers pourraient être caractérisés par le terme « invisibles ». Il est attribué à des populations oubliées des politiques publiques locales. Bien évidemment, les hommes seuls doivent intéresser les acteurs de la Politique de la ville. Il n’en reste pas moins que les quartiers sont des territoires où la place des femmes est la plus difficile. Les taux d’activité féminine y sont de plus en plus faibles. La pauvreté concerne beaucoup plus fréquemment les femmes, notamment au travers des familles monoparentales.