Web-conférence #2 “Comment élaborer une feuille de route pour l’emploi ?”, les points clés à retenir

Les intervenants du jour étaient :

• Michel Buisson, conseiller communautaire délégué à l’emploi et l’insertion du Grand Angoulême,
• Guillaume Malbert, Chargé de mission du contrat néo-aquitain de développement de l’emploi dans le territoire (Cadet) du Grand Bergeracois,
• Luc Paboeuf, coordinateur de projet à la Direction régionale de Pôle emploi.

Le CADET du Grand Bergeracois

Le territoire de projet du Grand Bergeracois est constitué de quatre Établissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) et regroupe 100 000 habitants. Entre 2008 et 2014, le Grand bergeracois a connu la destruction de 500 emplois dans l’industrie avec la fermeture d’un site militaire logistique de l’armée de terre et le démantèlement de la plate-forme de poudrerie (ex : SNPE). Dans le même temps, des éléments socio-économiques attestent de la fragilité du territoire en matière de :

• chômage,
• taux de pauvreté,
• niveau de qualification.

C’est pourquoi, le Conseil régional décide en 2013 de venir en appui du territoire pour travailler à la relance économique et à la mutation. De plus, cet accompagnement se matérialise en 2015 par la signature d’un contrat dédié avec le Grand bergeracois.

Le Contrat néo-aquitain de Développement de l’Emploi sur le Territoire (CADET) est un dispositif régional qui existe depuis 2013. Il se destine à des territoires, soit en difficultés économiques, soit en très grande spécialisation sectorielle. Le conseil régional met à disposition des moyens humains (un poste à temps plein) pour mobiliser l’ensemble des ressources locales et celles de la collectivité régionale. L’objectif est de travailler sur la mutation du territoire. A ce jour, la région Nouvelle-Aquitaine a mis en place sept CADET.

Deux missions principales sont attribuées au chargé de mission :

1. Aller au plus près des entreprises pour détecter des projets dormants, anticiper les difficultés et orientation vers les aides ;
2. Mettre en œuvre des projets collectifs qui favorise le développement du territoire et des entreprises.

L’élaboration d’une feuille de route pour l’emploi et l’insertion au Grand Angoulême

Le Grand Angoulême est constitué de 38 communes et réunit 141 000 habitants. Il est l’un des principaux bassins industriels de Nouvelle-Aquitaine. Il concentre 64 000 emplois. Les principales filières sont :

• la mécatronique,
• la filière de l’image,
• les banques et assurances.

Début 2020, le Grand Angoulême s’est lancé dans l’élaboration d’une feuille de route pour l’emploi et l’insertion. Perturbée par la crise sanitaire, la démarche s’est finalisée début 2022 avec la validation de la feuille de route par les élus communautaires. Elle est organisée en quatre axes opérationnels :

1. Accompagner les jeunes dans leur insertion professionnelle et sociale ;
2. Favoriser l’insertion professionnelle des publics éloignés de l’emploi ;
3. Faciliter le recrutement sur le territoire ;
4. Organiser et renforcer les synergies et les partenariats.

Pôle emploi, un établissement public au service de l’emploi

Pôle Emploi est un établissement public qui dispose d’une diversité de ressources et de compétences. Il dispose de 900 implantations dans toute la France. C’est un réseau de 78 agences de proximité en Nouvelle-Aquitaine.

Les six missions essentielles de Pôle emploi se déclinent de la manière suivante :

1. Accueillir et accompagner les personnes en recherche d’un emploi, d’une formation, d’un conseil professionnel, d’une aide à l’insertion ou à la mobilité, etc. ;
2. Prospecter et mettre en relation les entreprises qui recrutent et les demandeurs d’emploi ;
3. Indemniser les ayants-droits au régime d’assurance chômage ;
4. Relayer les politiques publiques en lien avec sa mission ;
5. Maîtriser les données relatives au marché du travail et à l’indemnisation des demandeurs d’emploi ;
6. Tenir à jour la liste des demandeurs d’emploi.

Voici les points clés de cette rencontre avec les principaux verbatim :

La construction d’une feuille de route s’appuie sur quelques phases méthodologiques incontournables. Elles commencent tout d’abord par un diagnostic, suivi des enjeux, des objectifs et pour finir par un plan d’actions. Pour y parvenir, les deux territoires ont utilisé différents moyens consistant à croiser les regards sur la situation initiale et celle souhaitable à moyen terme : entretiens individuels, groupes de travail, rencontres, échanges, etc.

A Angoulême, la feuille de route de l’emploi et de l’insertion met en avant le fait que beaucoup de services et d’initiatives existent sur le territoire. Néanmoins, l’offre globale est illisible tant pour les usagers (employeurs et actifs) que pour les partenaires. La priorité première porte donc sur une meilleure interconnaissance des acteurs. Dans chacune des 38 communes, les acteurs ont identifié un réseau de référents emploi-insertion (élu ou technicien, voire un binôme). Des réunions mensuelles sont organisées pour une acculturation commune et délocalisées chez des partenaires (Pôle emploi, Mission locale, Cap emploi, etc.). Un guide du référent, en cours d’élaboration, intègre les coordonnées de tous les partenaires. De plus, il contient aussi une trame de premier entretien pour accueillir et orienter les demandeurs d’emploi. L’objectif est de constituer un réseau pour mailler le territoire au plus près des citoyens. D’ailleurs, des micros forums pour l’emploi sont déjà prévus. Par ailleurs, d’autres actions structurantes émergeront ultérieurement.

“L’emploi c’est l’affaire de tous ! On souhaite fédérer au mieux tous les acteurs. Une agglomération est légitime pour le faire et créer cette acculturation commune, mieux se connaître et faire des choses ensemble, comme par exemple des événements au plus près des territoires.”  Michel Buisson

“Au début, pour moi, l’idée c’était d’être un observateur du territoire et de faire un diagnostic. J’ai passé beaucoup de temps à conduire des entretiens bilatéraux avec les entreprises dans le domaine de l’industrie, de l’artisanat et de l’ESS et les acteurs institutionnels, élus et professionnels.” – Guillaume Malbert

La stratégie locale se décline en chantiers clés regroupant plusieurs actions complémentaires.

A Bergerac, plusieurs chantiers clefs ont été identifiés avec de nombreuses actions déjà mises en place :

• La formation en réponse aux besoins des entreprises avec l’ouverture d’un BTS “usinage” (avec le Centre de formation d’apprentis de l’industrie et l’Union de l’industrie et métiers de la métallurgie) et d’une licence professionnelle en “lean manufacturing” en septembre 2022 (en partenariat avec le CNAM) ;
• L’orientation professionnelle avec la mise en place d’un Comité Local Ecole-Entreprise (CLEE), la semaine de l’industrie, des visites d’entreprises, des actions mission locale – lycée des métiers ;
• L’accompagnement de deux filières émergentes, l’agriculture numérique et l’économie circulaire ;
• La détection continue des projets de création et de développement d’activités.

A noter que la création du club d’entreprises Cluster.b en 2017 a été l’une des premières réalisations. L’enjeu est maintenant de travailler à sa pérennisation.

“Quand je suis arrivé à Bergerac en 2015, la feuille de route était un peu froide. Elle a été réorganisée
en ajoutant des chantiers clefs.”
Guillaume Malbert

” Je suis salarié de la Région compétente sur le développement économique. On est sur un terrain favorable pour la discussion avec les entreprises quand on parle développement, investissement et innovation, etc.” – Guillaume Malbert

Une stratégie n’est pas faite pour être “inscrite dans le marbre” en particulier dans le contexte actuel où les crises et mutations socio-économiques s’enchaînent. Ces bouleversements profonds provoquent une évolution des enjeux avec notamment des tensions fortes sur le recrutement et l’emploi. Les partenaires de l’emploi possèdent une expertise collective qui doit permettre aux territoires de s’adapter à ces changements. C’est l’écoute mutuelle entre acteurs qui doit permettre d’anticiper les mutations et d’ajuster les modes opératoires en fonction de ces nouvelles réalités.

“Le rapport de force a changé. C’est aux entreprises de faire l’effort, de séduire et de travailler la marque employeur. On va axer la communication différemment. C’est notre manière d’être agile sur le territoire.” – Guillaume Malbert

“Le débat n’est pas clos. Ça bouge toujours. Le recrutement est aujourd’hui le principal problème alors que ce n’était pas le cas il y a deux ans quand le diagnostic a été élaboré.” – Michel Buisson

“Les entreprises sont prêtes à accueillir des profils atypiques mais cela nécessite un accompagnement des personnes. L’ingénierie de parcours est essentielle pour accompagner les personnes vers des métiers peu ou mal connus. L’attention aux signaux faibles permet d’anticiper les besoins et donne du temps pour élaborer ces parcours.” – Luc Paboeuf

La complexité de la question de l’emploi justifie qu’il y ait des acteurs à différentes échelles (locale, départementale, régionale et nationale). Cependant, elle nécessite une mise en réseau de ces différents niveaux. Cette démarche de dialogue permet une mise en synergie par l’interconnaissance, les temps d’échange et l’identification des ressources de chacun. C’est l’esprit qui gouverne le Service Public de l’Insertion et de l’Emploi (SPIE) ou les Cités de l’emploi. Les acteurs publics recherchent ainsi une offre de “parcours sans couture” et une logique de guichet unique pour accompagner les personnes.

“La proximité permet de faire du sur-mesure mais dans un monde aussi globalisé, on a besoin de tenir compte des autres échelles”. Luc Paboeuf

“La mission d’un chef de projet CADET, c’est de travailler sur l’invisible, l’animation économique, la mise en lien, l’organisation de réunions avec les différents acteurs. Cela change le regard qu’on a classiquement sur le développement économique avec la construction d’immeubles de bureaux ou la création de zones d’activités.” – Guillaume Malbert

Quelque éléments sur la méthode et la posture d’animation ont été identifiés :

• avoir une bonne connaissance du terrain,
• rassurer les partenaires, faire comprendre qu’on est là pour travailler en coopération et coordination avec les acteurs existants,
• clarifier le rôle de chacun et éviter les concurrences sur certains sujets,
• savoir être opportuniste et agile dans la façon de travailler la feuille de route,
• associer les compétences extérieures.

“La présence du chargé de mission CADET a engagé de nouvelles habitudes de travail sur le territoire, entre les entreprises et la région et entre les EPCI et la région.” 
Guillaume Malbert

“On a les moyens de développer l’emploi dans les territoires mais il faut jouer collectif. C’est un défi qu’on peut relever ensemble.” – Luc Paboeuf

Accéder au replay de la web-conférence

Consultez les ressources suivantes :

• Pôle DATAR de la Région Nouvelle-Aquitaine/ Présentation du CADET
• Présentation du CADET de Bergerac
• Pôle emploi :
  • L’observatoire de Pôle emploi Nouvelle-Aquitaine
  • Enquête Besoins en Main-d’Oeuvre 2022 Nouvelle-Aquitaine

Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez PQN-A

Christophe Rochard, chargé de mission Dynamiques territoriales pour l’emploi

Tél : 06 31 21 77 44

Mail : christophe.rochard@pqn-a.fr