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Retour sur la web conférence #3, Conduite de projet pour l’emploi – “Comment passer à la mise en œuvre opérationnelle ?”

Retour sur la web-conférence #3, Conduite de projet pour l’emploi – “Comment passer à la mise en œuvre opérationnelle ?”

Publié le 18/10/2022
Temps de lecture : 10 min
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Le 29 septembre se déroulait la troisième et dernière séquence du cycle “conduite de projet pour l’emploi” avec une web conférence intitulée “Comment passer à la mise en œuvre opérationnelle?”. Les échanges se sont appuyés sur deux expériences territoriales singulières. Retour sur les éléments saillants de cette rencontre.
 

Les intervenants du jour étaient :

  • Alain Robin, Directeur de la Maison de l’Emploi du Bocage Bressuirais dans les Deux-Sèvres
  • Magali Bodeï, Directrice du développement économique et Céline Perin, Directrice emploi formation à la communauté de communes de l’estuaire en Gironde
  • James Chatenoud, formateur-accompagnateur en management et conduite de projet

L’agglomération du bocage bressuirais, un territoire à faible chômage…

Situé dans les Deux-Sèvres, le territoire du Bocage Bressuirais est organisé en communauté d’agglomération, composée de 33 communes pour 73 527 habitants. Bressuire est une pointe du “triangle d’or” en matière d’emploi entre Bressuire, les Herbiers en Vendée et Cholet en Maine-et-Loire. Le territoire qui compte près de 5 700 entreprises est un des 5 bassins les plus industriels de Nouvelle-Aquitaine en nombre d’emplois. Le poids de l’industrie se traduit par des « usines à la campagne ” qui cohabitent avec un réseau dense de TPE. Depuis très longtemps, le taux de chômage est à moins de 6 %. Le territoire est également marqué au fil de son histoire par des migrations de nouvelles populations pour répondre aux besoins de main-d’œuvre.

… où le dialogue social territorial est pratiqué de longue date

Depuis 2009, la Maison de l’emploi a fusionné avec la mission locale et le Comité de bassin d’emploi créés au début des années 1980. L’association présente une gouvernance originale constituée en 5 collèges dans le Conseil d’administration :

  • service public de l’emploi
  • collectivités locales
  • entreprises
  • syndicats
  • le monde de l’économie sociale et solidaire

 

La présidence est assurée alternativement par un collège différent.

La première action emblématique date de 2002-2003 où deux entreprises importantes sont en liquidation judiciaire (confections et transports). Près de 600 personnes sont au chômage subitement. Les acteurs se réunissent et se questionnent pour savoir ce que l’on peut faire collectivement. Une plateforme territoriale de reconversion et de reclassement est mise en place. Finalement, 80% des personnes ont retrouvé un emploi.

L’accident industriel du début des années 2000 a cristallisé tout le travail qui avait été fait les 15 années précédentes autour de ce dialogue social territorial. Cette histoire commune fait que les partenaires se mettent facilement autour de la table, portent collectivement des actions et démontrent qu’ils sont capables d’agir et d’arriver ensemble à des résultats.

“La Maison de l’emploi est sur une instance où les gens ont appris à se parler et travailler ensemble”. Alain Robin

La communauté de communes de l’estuaire, un territoire dynamique et à fort chômage…

Le territoire est situé au nord de la Gironde et est limitrophe de la Charente-Maritime. La Communauté de communes de l’Estuaire compte 14 communes et 15 778 habitants en 2018. Le territoire possède la particularité d’abriter un très gros établissement employeur, la centrale nucléaire du Blayais (1500 salariés) qui entraîne dans son sillage tout un écosystème de sous-traitants centré autour de l’énergie. Les périodes de grand carénage peuvent mobiliser jusqu’à 2500 personnes supplémentaires en sous-traitance (déjà implantée dans le territoire ou en provenance de l’extérieur). L’économie du territoire reste diversifiée, entre agriculture (10,5% des emplois), industrie (35,2%) et secteur des services (46,6%). L’essentiel du tissu économique est constitué de TPE.

Les indicateurs socio-économiques sont relativement alarmants avec un taux de chômage de 14,6% en 2018, un taux de pauvreté supérieur de 5 points à la moyenne régionale et un niveau de qualification très faible.

Le territoire doit également répondre à une problématique de transport et d’accès à la formation en raison d’un relatif éloignement de Bordeaux.

… qui a investi très tôt le triptyque économie/emploi/formation

Créée en 1998, la communauté de communes a investi la compétence économique dès ses débuts avec un prisme large allant de l’emploi à la formation. Le territoire doit gérer les contrastes entre une collectivité riche du fait de la fiscalité en provenance d’EDF et une population pauvre. Elle a donc mis en place une stratégie pour répondre aux besoins de qualification et de mise à l’emploi des populations locales. Elle se décline en 3 volets :

  • le volet économique
    La communauté de communes facilite le développement économique exogène et endogène. Elle dispose d’une offre de services pour accompagner les entrepreneurs (conseil, mise en réseau…) et d’un parcours d’immobilier d’entreprises comprenant pépinière, hôtel et deux zones d’activités économiques.
  • Le volet formation
    Depuis 2000, un centre de formation multimétiers propose 13 formations différentes sur 4 secteurs d’activités, du CAP au BTS (18 diplômes au total). Cette offre s’adresse aux salariés, demandeurs d’emplois et aux apprentis. On est aussi sur un enjeu de qualifier la population.
  • La dimension emploi est travaillée par la Communauté de communes, les acteurs du service public de l’emploi et les partenaires de la formation.

 

“On remet aussi des gens en emploi via la création. Le développement économique travaille à la diversification des emplois et à l’implantation de nouveaux emplois et ensuite le service emploi de la communauté de communes “refait la boucle”. Magali Bodéï

Des solutions pour relever le défi de la mobilité

Pour répondre à cet enjeu, les deux territoires ont apportent des réponses adaptées :

  • Sur la Communauté de communes de l’estuaire, le Centre de formation multi-métiers a été pensé pour répondre à l’enjeu de proximité avec la mise en place d’un bus financé par les intercommunalités. En complément, il existe une plate-forme de mobilité et un garage solidaire. Ce dernier a été créé par deux chômeurs du territoire et emploie aujourd’hui 4 personnes.

“On a majoritairement un public de mineurs avec peu de solutions de mobilité”. Céline Perin

 

  • Dans le Bressuirais, la difficulté à recruter pour des raisons de mobilité a été discutée avec les partenaires. Il a été décidé de créer un parc mobilité et une auto-école tous les deux portés par la Maison de l’emploi.

 

“Aujourd’hui, la Maison de l’emploi porte une auto-école associative. Cela a fait l’objet de débats en conseil d’administration. On a décidé d’y aller tout en faisant attention à la concurrence au monde économique traditionnel”. Alain Robin

 

Une stratégie ajustée au fil de l’eau

Les acteurs des deux territoires disposent d’espaces de discussion plus ou moins formalisés. Au sein de ces instances, la stratégie est ajustée continuellement en fonction des signaux faibles qui remontent du terrain.

“La stratégie économie-emploi ne cesse de s’adapter à l’évolution socio-économique du territoire”. Magali Bodéï

“On est force de proposition avec de nouvelles façons de travailler et des nouveaux outils pour répondre aux besoins des entreprises et des structures. On a cette souplesse là, la feuille de route, on l’écrit au fur à mesure”. Céline Perin

La culture du dialogue

Une des conditions de réussite du développement local est la capacité du territoire à mettre en dialogue les acteurs. Avec l’expérience et une bonne interconnaissance, cette pratique du dialogue est devenue naturelle sur ces deux territoires.

“Il y a des débats au sein de la Maison de l’emploi. On cherche à faire consensus en identifiant le plus petit dénominateur commun. Sur quel point tout le monde est d’accord? Quand on l’a trouvé, on y travaille et ensuite le cercle s’agrandit assez rapidement. Ça nous permet en tant que technicien, une fois que les acteurs sont d’accord sur la manière d’agir, de porter l’action beaucoup plus facilement”. Alain Robin

“Les espaces de concertation et de dialogue, on les retrouve à tous les étages en interne mais aussi avec tous les partenaires”. Céline Perin

Des éléments de posture pour faciliter le passage à l’action

1 – Prendre des risques et oser agir

Il s’agit dans un premier temps de démarrer et de “faire un pas dans la vide”. L’important est de prouver que l’on peut réussir une première fois pour convaincre d’autres partenaires de rejoindre le collectif.

“Il faut oser, être un peu fou de temps en temps et avoir un petit côté kamikaze. Il faut savoir embarquer les personnes”.
Céline Perin

“On a créé en 2007 le carrefour de l’orientation, de la formation de l’emploi et des métiers pour ouvrir le champ des possibles à la jeunesse. On n’a pu le réaliser que parce qu’on l’a fait de manière partenariale. Le risque du portage, on le prend à la Maison de l’emploi mais on ne fait rien seul.” Alain Robin

“Sur Territoire zéro chômeur longue durée collectivement, on s’est dit : on va essayer, et si c’était la solution? Cette discussion nous a permis ensuite une mise en œuvre beaucoup plus facile puisque l’ensemble des acteurs avaient validé le fait d’y aller”.
Alain Robin

2 – Visualiser les objectifs pour bâtir le chemin à parcourir, garder le cap

La projection dans le futur passe par la construction d’une vision claire et partagée. La définition d’objectifs opérationnels permet ensuite de tracer le chemin que l’on va parcourir pour y arriver. Quoiqu’il arrive, il importe de maintenir le cap, quitte à modifier l’itinéraire pour arriver à la destination finale.

3 – Co-construire – produire de la cohésion et de la coopération

Le travail du développeur consiste à animer la communauté d’acteurs et à fédérer les partenaires autour du projet. Il s’agit de proposer un cadre collaboratif où chacun est en confiance pour contribuer au projet.

” Notre boulot de départ, c’est un travail de terrain, c’est de faire de l’accompagnement, de connaître les entrepreneurs et les demandeurs d’emploi du territoire. Avec cette mutualisation de connaissance, on développe des solutions collectives pour répondre aux besoins locaux”. Céline Perin

“Si on avait travaillé chacun dans notre coin, on n’aurait pas réussi à réunir sur un seul et même lieu 120 personnes pour les informer sur la création d’entreprise chaque année”. Magali Bodéï

” Il faut la volonté d’y aller ensemble et d’accepter le changement “. James Chatenoud

4 – Fédérer et donner envie de partir à l’aventure

Une fois la confiance établie et les premières actions mises en place, la dynamique de projet est véritablement lancée. Les acteurs peuvent prendre d’autres initiatives et être plus ambitieux.

“La mise en œuvre opérationnelle n’a été possible que parce que les acteurs se sont mis en ensemble autour de la table pour résoudre le problème qui frappait le territoire”. Alain Robin

“Si on a l’habitude de travailler ensemble en relation de confiance, il est plus facile de prioriser les plans d’actions. Les égos personnels sont restés à l’entrée. Quand on rentre dans une salle, c’est l’intérêt collectif qui prévaut plus que la somme des intérêts individuels. C’est un facteur clef de réussite qui prolonge l’action dans la durée et qui permet aussi de pivoter, de ne pas s’arrêter à une première action mais de prolonger”. James Chatenoud

“C’est un travail de connaissance du territoire et beaucoup de relationnel”. Céline Perin

Retrouvez les ressources du cycle “conduite de projet pour l’emploi”

Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez PQN-A


Christophe Rochard, chargé de mission Dynamiques territoriales pour l’emploi

Tél : 06 31 21 77 44

Mail : christophe.rochard@pqn-a.fr


 

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