Le projet de fronton et l’accompagnement par Tequio
A Menditte, nous raconte Cyril Arhie, maire du village depuis 2020, la démographie vieillit, le centre se vide, le comité des fêtes est arrêté. A son élection, il décide de remettre sur la table un ancien projet : celui de construire un fronton. En effet, Menditte est un des derniers villages souletins à ne pas en avoir. Le maire et son équipe municipale se lancent alors dans ce projet avec l’idée de l’implanter près de la mairie. Pour cela, la commune se fait accompagner par Tequio, une coopérative prônant le modèle collaboratif et luttant pour l’habitat responsable. Cette coopérative est financée à 70% via le Leader Montagne Basque.
Tequio a donc commencé à faire des enquêtes au niveau des villageois pour savoir ce qu’ils pensaient de Menditte et ce qu’ils voulaient que le village devienne. La coopérative Tequio a également enquêté auprès de personnes qui utilisent la commune (retraités, marcheurs, joueurs de rugby ou de pelote, etc.). Suite à cette enquête, Cyril Arhie nous raconte qu’ils ont fait une réunion publique en juillet 2020 pour présenter les résultats. Ils ont ensuite proposé aux habitants d’écrire anonymement à la mairie leurs attentes, idées ou projets pour répondre aux besoins mis en lumière par l’enquête.
“On a reçu pas mal de réponses. Alors certes, il manquait un fronton mais finalement il n’y avait pas que ça. Les villageois nous ont écrit qu’il y avait besoin d’activités : un terrain de pétanque, des aires de jeu pour enfants. Un artiste peintre nous a fait remonter qu’il ne disposait pas d’endroits dans le village pour exposer. Finalement, et avec l’accompagnement de Tequio, on a mélangé tous les retours et on a construit un projet global.”
Comment faire vivre les projets sur le long terme ?
Toutefois, Cyril Arhie met le doigt sur un point de vigilance. “C’est bien joli d’avoir des projets mais il faut aussi réfléchir à comment les faire vivre après.” Ainsi, six mois plus tard, en réunion publique, le maire et son équipe municipale ont choisi de créer des commissions (la commission fronton, la commission pétanque, la commission verger, etc.) Ces dernières, avec chacune un élu référent, “ont pour but de nous aider à créer, à suivre les différents projets et à les faire vivre sur le long terme”. Chaque villageois pouvait alors s’inscrire dans la ou les commissions de son choix car, précise le maire, “ce sont les habitants qui feront vivre les projets après”. Il explique également qu’il n’est dans aucune commission : “je suis dans le projet depuis le début, je voulais laisser la liberté aux élus et de la place à tout le monde”. Tout le travail se fait donc dans les commissions. Il est ensuite remonté en conseil municipal où les décisions sont prises.
Côté financement, Cyril Arhie explique que c’est un projet finalement conséquent. C’est pourquoi, en parallèle avec l’avancée du projet, ils ont réuni tous les financeurs à Bayonne en mai 2021 (Etat, Région, Département, Communauté d’agglomération). Ils leur ont présenté la démarche et les projets. Ils sont ainsi arrivés à boucler le plan de financement.
La naissance d’un projet global
Finalement, d’un projet de fronton, la commune de Menditte est arrivée à un projet global de revitalisation. Ce qui est flagrant, c’est qu’alors même que le projet n’est pas abouti, la démarche de participation et le travail engagé a fait renaître un entrain villageois. “Ça a recréé pleins de liens dans le village. Le comité des fêtes s’est recréé, une jolie jeunesse arrive. Il y a un repas des villageois. Les femmes du village organisent un repas entre elles chaque année. Une villageoise a également décidé de réaliser un goûter de Noël chez elle pour tous les enfants du village, etc. C’est un petit village donc ce sont des petites choses mais cela a complètement changé la dynamique.”
Pour Cyril Arhie, quand on est maire d’un village comme le sien, “il ne faut pas avoir peur. Il faut parfois y aller un peu tête baissée et ne pas avoir peur de foncer. Mais, quand on est bien accompagné, c’est possible. Il faut parler, il faut être curieux et avoir de l’envie.”
Un enjeu de maintien des activités commerciales et des services
Gille Couture, maire de Geaune depuis 2008, nous explique que son village est une commune d’équilibre pour les villages autour. En effet, elle se trouve loin des grandes surfaces commerciales et des grandes villes landaises et béarnaises (à 45 min de Pau et de Mont-de-Marsan). De ce fait, elle possède encore une gendarmerie, un collège, une poste, des artisans, une piscine, etc. Toutefois, malgré ces caractéristiques, il y a quand même des signes de dévitalisation. Les logements en centre-bourg ne correspondent plus à la demande. La vacance est présente. Et pour une telle commune, le maintien des commerces et des services constitue un enjeu permanent.
Ainsi, en 2017, la commune cherche à obtenir le label touristique Petites Cités de Caractères. “On est éligible mais il y a encore beaucoup de travail, notamment sur la vision globale.” C’est pourquoi, en plus des caractéristiques citées plus haut, qu’en 2019, la commune se lance dans la construction d’un plan de référence. Pour Gille Couture, “un plan de référence, c’est savoir ce qu’on veut faire de notre commune dans cinq, dix, quinze ans et ce, dans tous les domaines”. Il précise qu’il est primordial d’avoir une démarche participative en parallèle. “Il faut que les gens soient impliqués pour qu’ils deviennent ambassadeurs de leur commune et de leur territoire.”
La mise en œuvre du plan de référence
Pour ce plan de référence, le maire et l’équipe municipale s’appuient donc sur un bureau d’étude qui favorise la participation des habitants et des usagers de la commune (plus de 10% participe aux ateliers). En 2020, le plan de référence est terminé mais la crise sanitaire freine le déploiement de certaines actions. Aujourd’hui, les travaux repartent. “Ca se concrétise mais bon la revitalisation c’est du long terme. Mes successeurs continueront le travail.”
Le plan de référence a permis, entre autres, de mettre en exergue des îlots à restructurer pour faire de l’habitat mais aussi des actions à mettre en place autour de la valorisation du patrimoine vigneron. Concrètement, pour répondre à la vacance et aux problèmes liés à l’habitat, “on a travaillé sur différents outils : une OPAH mais aussi un plan façade pour aider les gens à rénover. Ça n’a pas pris puis un a commencé et d’autres ont suivi. Il y a aussi des outils plus coercitifs comme la taxe d’habitation logement vacant. Et finalement, grâce à Covid, beaucoup de maisons se sont vendues. Les gens ont rénové et la vacance a régressé.” Le projet phare en lien avec le vin du Tursan commence également à voir le jour. “La vigne c’est important. Le symbole, c’est de créer un chemin de la vigne dans une rue quasi piétonne pour faire un musée à ciel ouvert et montrer l’importance de cette activité pour notre territoire.”
Aller chercher les partenaires et travailler avec les ressources existantes
Au niveau des partenaires, la commune travaille avec le CAUE 40, le service urbanisme de la communauté de communes, les chambres consulaires également, la Banque des territoires, sans oublier tous les partenaires classiques (Etat, Région, Département). “Le CAUE nous a aidé à établir le cahier des charges. Ils nous suivent aussi au niveau ingénierie comme le service urbanisme de l’intercommunalité.” Et c’est Gille Couture qui coordonne tout cela. Car, Geaune, également lauréate de PVD, n’a pas souhaité bénéficier d’un chef de projet. “Le chef de projet, c’est moi. On est une petite commune assez concentrée. Avec le plan de référence, on a une bonne vision de ce qu’il faut faire et avec les partenaires actuels, ça fonctionne. La Banque des territoires nous aide aussi pour tout ce qui est étude et ingénierie.”
Pour terminer, il nous partage son expérience. “Quand on est maire d’une petite commune, il faut vraiment réfléchir et faire un état des lieux objectifs et exhaustifs. On a des faiblesses mais aussi des atouts. Il faut travailler au devenir de sa commune et faire participer les habitants, ça recrée du lien social.”