A Saint-Pierre-de-Frugie, le pari de l'écologie pour redynamiser son bourg

Le village se vide et le dernier commerce ferme, un constat tristement classique…

En 2008, lorsque la nouvelle équipe municipale arrive à la mairie on ne compte plus de commerces, l’école municipale vient de fermer ses portes et le dernier restaurateur doit également abdiquer. Comme beaucoup de maires de petites communes, Gilbert Chabaud et son équipe, sans encore beaucoup d’expérience dans la gestion d’une collectivité, se demandent comment revitaliser le bourg.

Un projet de développement basé sur l’écologie et le bien être

• La valorisation du patrimoine et de la nature comme point de départ (à partir de 2008)

La mairie a donné la priorité à la création d’un environnement plaisant et sain avec la réduction de vitesse de circulation à 30 km/h, la volonté d’engager une démarche zéro pesticide, l’aménagement d’espaces verts et l’installation de nichoirs, d’un hôtel à insectes et d’un rucher communal. Ces actions vont de paires avec la restauration du patrimoine historique : restauration de l’église, de la chapelle, des lavoirs et des chemins de randonnées. Ces actions ont valu des distinctions à la commune, dont le prix de l’Atlas pour la Biodiversité remis par la Ministre de l’environnement Ségolène Royal.

• La mise en place de formations et d’événements culturels liés à l’écologie (à partir de 2010)

La commune décide alors de tisser autour de la thématique de l’écologie. Elle installe un jardin pédagogique et embauche un animateur. On y accueille des élus, des touristes ou des groupes scolaires, pour différents événements culturels sur la permaculture ou la gestion de l’eau. Des manifestations culturelles sont organisées l’été autour de thèmes liés à l’écologie avec des concerts, des projections, des conférences… En 2014, la commune accueille l’ouverture d’une école Montessori.

• L’accompagnement au développement économique, une suite logique (à partir de 2012)

Pour capitaliser sur ce flux de visiteurs ponctuels et de nouveaux habitants, la commune parvient à installer plusieurs activités économiques : un restaurant en 2012, un gîte de 18 personnes restauré à partir de matériaux bio-sourcés en 2014 et une épicerie de produits bio et locaux.

D’autres projets structurants sont en cours avec notamment l’achat d’une ferme de plus de 100 ha afin d’installer 2 maraîchers en permaculture, un éleveur de chèvres, un éleveur de cochons noirs et une parcelle de chanvre à partir duquel produire des matériaux de construction écologique. La commune travaille enfin à l’installation d’une maison multi-usages, passive en énergie abritant l'école du village, un appartement à loyer modéré destiné à faciliter l’accueil des nouveaux arrivants et un espace de coworking ou une maison des associations.

Le village se repeuple, les activités se développent et les villages voisins en bénéficient

La commune est passée de 360 habitants en 2008 à plus de 400 en 2017 et enregistre deux nouvelles demandes d’installation par semaine. De nombreux jeunes urbains à la recherche d’un nouveau projet de vie désireux de se rapprocher de la nature et d’avoir une meilleure qualité de vie ont « toqué » à la porte de la mairie pour venir s’installer. Ils ont pour la plupart un emploi qu’ils peuvent exercer en télétravail ou la volonté de créer un projet sur la commune. Les effectifs de l’école communale ont triplé en 4 ans (10 à 30 élèves en 2018) et au moins 5 emplois directs ont été créés par les néo-arrivants.

La commune de Saint Priest, à 3 kms bénéficie de la revitalisation de son voisin et s’inscrit dans une démarche similaire (démarche zéro pesticide, accueil de néo-ruraux portant des projets liés à l’agro-écologie et le tourisme).

Une équipe communale très impliquée à l’origine de la démarche

Le maire est retraité et se concentre à plein temps à sa fonction d’élu. Il est épaulé par une assistante mobilisée sur une multitude de tâches. Ils sont accompagnés par l’équipe du Parc Naturel Régional Périgord- Limousin pour porter les thématiques de l’écologie et l’organisation des événements culturels. Au fur et à mesure des années la participation des habitants et des porteurs de projets dans les décisions communales s’est accrue.

La sollicitation de financements croisés rendue possible par des projets multi-thématiques

L’idée a été de mener les projets les uns après les autres, partant de l’envie d’offrir une bonne qualité de vie aux habitants puis en faisant le pari du développement d’activité liées à la promotion de l’écologie et du respect de l’environnement. Ces sujets touchant aussi bien à l’économie, qu’à la culture, à l’énergie, à l’aménagement ou à l’habitat, la commune a pu solliciter de nombreux financements croisés.

Ainsi, pour la valorisation du patrimoine historique et naturel, les principaux financeurs sont la Fondation du Patrimoine et l’Etat et pour les événements culturels et les formations. Les financements proviennent essentiellement de l’Agence de l’Eau, de l’Agence Culturelle, de l’intercommunalité et du PNR Périgord Limousin. Enfin pour les projets de développement économique comprenant une acquisition de foncier, l’Etat, le Conseil Départemental et l’intercommunalité mais aussi la Région et le fond LEADER ont été sollicités

Points de vigilance : une ingénierie assurée par les élus

Le manque d’ingénierie mobilisable pour une commune de cette taille suppose une implication des habitants et des élus. Dans le cas de Saint Pierre de Frugie, la quantité de travail supportée par le maire a été rendue possible grâce à son implication et son statut de retraité. Les compétences limitées de la commune et la compréhension encore restreinte des contours de l’intercommunalité ont également représenté un frein dans certains cas.