Aller au plus proche des personnes en difficulté de mobilité avec le garage social mobile d'Apreva
En complément de son activité de garage social en chantier d’insertion, l’association Apreva a développé des garages mobiles. Ces camions sillonnent les Quartiers Politique de la Ville (QPV) et territoires ruraux fragiles de Gironde et du Lot-et-Garonne pour aller directement à la rencontre des personnes en difficulté de mobilité. Objectif : aller au plus proche des personnes en difficulté de mobilité avec le garage social mobile d’Apreva !
La mobilité, une condition nécessaire pour l’accès à l’emploi
Le manque de mobilité constitue l’un des principaux freins périphérique à l’emploi. Rejoindre le lieu de son entretien d’embauche, de son centre de formation ou son potentiel lieu de travail est une difficulté récurrente pour de nombreuses personnes éloignées de l’emploi. Par ailleurs, si des dispositifs d’aide existent, de nombreux bénéficiaires potentiels ne les sollicitent pas.
L’association Apreva et ses garages sociaux
L’Association Pour la Réparation et l’Entretien de Véhicules Automobiles (Apreva) est née à Aiguillon, dans le Lot-et-Garonne en 2010 avec le soutien d’Enedis. Son but est la mise à disposition de véhicule pour les personnes qui cherchent à s’insérer professionnellement.
L’association opère d’abord comme centrale de location de véhicule avant de développer un service de réparation sociale. Apreva est agréée chantier d’insertion avec des mécaniciens en insertion.
Jérome Troquereau, Directeur d’Apreva explique : « L’association cherche à briser le cercle vicieux du : pas de travail donc pas de voiture, pas de voiture donc pas de travail ».
« L’association cherche à briser le cercle vicieux du : pas de travail donc pas de voiture, pas de voiture donc pas de travail »
Des services à destination de toutes les personnes vivant sous le seuil de pauvreté
Les bénéficiaires des garages sont toutes les personnes vivant sous le seuil de pauvreté et qui n’ont pas accès au marché classique de réparation.
Les personnes en insertion au sein des garages constituent une autre frange des bénéficiaires. La plupart sont des jeunes éloignés de l’emploi avec des difficultés diverses, faible maîtrise de la langue, difficulté de mobilité, freins sociaux, faible niveau de qualification… Le principal prérequis pour être embauché est d’avoir un petit bagage de connaissances en mécanique sans nécessairement avoir de diplôme.
Une activité tournée vers les territoires vulnérables du Lot-et-Garonne et de Gironde
Le garage historique à Aiguillon a vocation à couvrir l’ensemble du territoire du Lot-et-Garonne. Depuis quelques années l’association couvre également les différents quartiers Politique de la ville du Lot-et-Garonne : à Agen, Sainte-Livrade-sur-Lot, Tonneins et Marmande.
Concernant la Gironde, en 2014, l’association crée un établissement secondaire à Lormont avec les mêmes activités de location et de réparation. Un troisième garage ouvre ses portes à Bon Encontre (47) en Juillet 2019.
L’association dispose également de trois garages mobiles, l’un qui couvre les QPV de la métropole bordelaise (Rive Droite) ; un second en Sud Gironde et un troisième sur le Libournais.
Du garage social au garage mobile
Les activités historiques de l’association consistent à proposer des services de vente, de location et de réparation de véhicule à des prix solidaires. L’association accompagne et conseille également ses publics afin de les orienter vers la solution de mobilité la plus adaptée à leur situation.
Ces activités sont réalisées en partie par des personnes en insertion au sein du chantier d’insertion porté par Apreva.
« Notre message est souvent d’encourager à l’entretien des véhicules plutôt que de renvoyer le problème à plus tard.»
Toutefois, les bénéficiaires potentiels ne se déplacent pas toujours vers les garages sociaux. Les raisons sont multiples : méconnaissance de leurs droits, peur d’être jugé, apriori sur le service rendu, difficulté de mobilité etc. Parallèlement, les bailleurs sociaux de la métropole observent une importante activité informelle de mécanique de rue. Cela témoigne d’un besoin en réparation de véhicule. Ces derniers cherchent aussi à favoriser la mobilité des habitants pour faciliter leur insertion professionnelle.
En 2019, en partenariat avec des bailleurs sociaux ( MESOLIA, Aquitanis, Domofrance, Clairsienne, Gironde Habitat), Apreva lance une unité mobile pour aller vers les personnes en difficulté de mobilité des QPV de Lormont, de Bassens puis des Aubiers. Un mécanicien, salarié classique de l’association, se déplace ainsi en camion et s’installe pour la journée sur le parvis des QPV. Les acteurs locaux (associations, médiateurs, services publics de l’emploi…) informent les habitants de leur possibilité de bénéficier des services du garage mobile. La rencontre avec les publics s’en trouve ainsi simplifiée.
Le mécanicien réalise ses prestations sur place ou ramène le véhicule au garage quand c’est nécessaire, avec la dépanneuse du Garage APREVA.
Dans la foulée, le Sud Gironde interpelle l’association pour mettre en place le dispositif sur leur territoire. Dans le Sud Gironde, les 5 communautés de communes accueillent un camion (garage mobile) d’Apreva un jour par semaine.
Sur le Libournais, enfin, le garage mobile desservira à partir du 15/10 les communes de Coutras et de la Communauté d’Agglomération du LIbournais (CALI) (permanences à Coutras et Fronsac).
Une diversification des modèles économiques
Des salariés en insertion encadrés et accompagnés
L’association emploie 13 salariés permanents et 15 salariés en insertion. La majorité d’entre eux sont en Contrat à Durée Indéterminée (CDI) pour une durée moyenne de 18 mois. Un encadrant technique et un ouvrier chapeautent chacune des trois équipes de salariés en insertion.
Pour les garages mobiles, en revanche, l’association emploi pour chaque camion, un salarié classique comme mécanicien. Un coordonnateur encadre quant à lui les trois garages sociaux et les trois garages mobiles.
Dans chaque garage deux personnes s’occupent du suivi administratif, de l’accueil et de l’accompagnement social des personnes en insertion. Cette partie de leur mission consiste notamment à lever les freins à l’emploi des salariés en insertion : étalement de dettes, faciliter l’accès aux droits, trouver des solutions de mobilité, aider pour l’accès au logement, mise en place de cours de français langue étrangère, accompagnement aux démarches de VAE, identifier des opportunités de stages, etc.
Un réseau de partenaires mobilisés
Pour communiquer sur ses actions et toucher son public, l’Apreva compte sur son réseau de partenaires sur les territoires. Les associations locales, les Services publics pour l’emploi -Pôle emploi, missions locales, Plans Locaux Pluriannuels pour l’Insertion et l’Emploi etc) et autres acteurs sociaux (Centre Intercommunal d’Action Sociale, Centre Communal d’Action Sociale, adultes relais etc) identifient les bénéficiaires, les informent sur leurs droits et les dirigent vers l’association.
Celle-ci compte aussi sur un partenariat important avec l’entreprise de garages Norauto qui recrute de nombreux salariés dont le contrat en insertion arrive à terme.
Le fragile équilibre entre prestations de services et subventions publiques
Les financements de l’association sont principalement publics (70%). Le chiffre d’affaire des chantiers d’insertion ne peuvent, pour des raisons légales, couvrir plus de 30% des revenus de l’association. Les financements publics sont nombreux et varient en fonction des territoires : l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), les collectivités territoriales sur leur ligne Politique de la ville ou encore les bailleurs via l’abattement Taxe Foncière sur les Propriétés Bâties (TFPB).
Ces subventions ont parfois des fléchages spécifiques. Ainsi Val de Garonne Agglomération subventionne 30 réparations de véhicules à hauteur de 300€ chacune, soit 9 000€ par an. Dans certains cas, le financement provient d’une seule collectivité qui souhaite mener une expérimentation et garder la main. Ainsi, sur le Sud Gironde, le Département a pris la décision de financer l’activité du garage mobile à 100%.
Le modèle des garages mobiles est différent car en employant un salarié classique (pas en insertion), le chiffre d’affaire peut être supérieur à 30% des revenus totaux. Ce modèle a aussi l’avantage de mutualiser les charges fixes. Il est possible d’avoir0 plusieurs garages mobiles pour une administration centralisée. Toutefois, l’activité marchande du camion a vocation à couvrir seulement 40 à 50% de son chiffre d’affaire. Il s’agit bien d’un service social pour lequel le financement public demeure déterminant.
Apreva envisage également de faire évoluer ses garages mobiles vers des Entreprises d’insertion par le travail indépendant (EITI). Ce nouveau modèle de Structure de l’Insertion par l’Activité Economique (SIAE) s’apparente aux Coopératives d’Activité et d’Emploi (CAE) mais pour les personnes en insertion. Celles-ci travaillent à leur compte et sont adossées à l’Entreprise d’Insertion par le Travail Indépendant (EITI) qui les accompagne et prend en charge l’aspect administratif. Ce statut permet d’avoir une activité marchande, tout en bénéficiant de subventions et offre un accompagnement social renforcé aux salariés.
Des salariés en insertion rapidement recrutés par les garages classiques
Le métier de mécanicien fait partie des métiers en tension. Aussi, la grande majorité (environ 70%) des salariés en insertion décrochent un CDI dans un garage à l’issue de leur passage à l’Apreva.
L’association réalise 30 000 journées de locations avec 130 véhicules sur ses trois garages. Parallèlement, chaque garage mobile compte une centaine de bénéficiaire par an. Leur objectif est d’arriver à 200 bénéficiaires par an, soit un par jour.
Le garage mobile, un modèle peu coûteux, facile à mettre en place et fortement ancré sur son territoire
Les garages mobiles ont l’avantage de desservir plusieurs lieux, d’aller vers les gens et de s’insérer dans un écosystème d’acteurs locaux.
Par ailleurs, pour l’Apreva, il est relativement facile et rapide de mettre en place un garage mobile sur un territoire. L’association a trouvé son format opérationnel et est en mesure de s’adapter aux demandes. Son coût est également contenu (55 000€ à 60 000€ par an).
De nombreux territoires sollicitent ainsi l’association pour réfléchir à la mise en place de cette solution. En effet avec la loi d’orientation des marchés publics, les EPCI qui souhaitent avoir la compétence transport / mobilité sont aussi invités à prendre en charge la mobilité dite « sociale ».
Points de vigilance : le modèle économique, la communication auprès des bénéficiaires, le recrutement de mécaniciens mobiles
- La constitution d’un modèle économique viable sur le long terme constitue le principal défi. Cet équilibre entre financement public et privé demeure souvent complexe.
- Il est généralement long et difficile d’informer les bénéficiaires de leurs droits et de les inviter à solliciter les services de l’Apreva. Pour ce faire, l’association s’appuie sur ses partenaires locaux. Elle communique via les réseaux sociaux ou via les médias classiques, ce qui reste le plus efficace.
- Enfin, la mise en place d’un garage mobile nécessite aussi le recrutement d’un mécanicien autonome qui soit motivé non seulement par la mécanique mais aussi par l’aspect social du poste. Ce type de profil est souvent plus difficile à trouver. Certains salariés en insertion pourront, à terme, être des candidats intéressants pour ce poste.
« On va au plus proche des gens sur les quartiers. Ils viennent sur prescriptions mais aussi par curiosité. Nous touchons ainsi des personnes que nous n’aurions pas touchées autrement. »
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Contact APREVA
Thomas Pinet, Directeur d’Apreva
e-mail : contact@apreva47.fr