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Tera, un projet qui vise à relocaliser les activités en zone rurale

Publié le 01/06/2020
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Lot et Garonne (47)

Depuis 2015, une équipe de volontaires s’engage dans un projet de relocalisation de la production dans des communes rurales en déprise du département du Lot-et-Garonne. L’objectif est de rapprocher le territoire de l’autosuffisance grâce à l’utilisation d’une monnaie locale et à la distribution d’un revenu d’autonomie aux habitants.

 

Des communes rurales en déprise et une volonté croissante de quitter les villes

 

En 2013 et pendant deux ans, un entrepreneur réalise un tour de France à vélo. Il observe un paradoxe : un tiers des communes rurales sont situées en zone de revitalisation rurale. Elles sont en déprise, subissent la fuite des actifs et le vieillissement de la population. Cependant, 50% de la population française désire quitter la ville. Les communes rurales subissent notamment un manque de réseaux de distribution et de services de proximité, et ce malgré la présence de producteurs sur leur territoire.

 

Un projet initié par des citoyens

 

A son retour en 2015, cet entrepreneur, entouré d’une fine équipe de volontaires, s’installe dans une ferme à Masquières dans le Lot-et-Garonne. Collectivement, ils réfléchissent ainsi à ces problématiques de dévitalisation des communes rurales.

 

Une solution inédite face à des constats connus

 

Le projet Tera, lancé en 2014, vise à relocaliser 85% de la production vitale aux habitants d’une zone rurale à revitaliser. L’objectif est que cette production réponde aux besoins des habitants tout en respectant l’environnement.

Le projet vise donc à recréer cinq fonctions :

  1. Créer des productions locales, rurales et résidentielles durables
  2. Créer un réseau de distribution en circuits courts pour l’ensemble des activités
  3. Mettre en œuvre une monnaie citoyenne locale pour ancrer la richesse sur le territoire
  4. Mettre en place des infrastructures, services, logements… pour accueillir la population
  5. Rester en accord avec les Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030


 

La construction d’un écosystème coopératif et autonome

 

L’objectif visé est un système complexe, les fonctions à créer sont interdépendantes. Cet écosystème ne pourra en cela émerger que si toutes les fonctions apparaissent simultanément.

Voici les cinq étapes requises pour créer un écosystème coopératif :

  1. Collecter la monnaie provenant de dons, subventions, investissements privés
  2. Investir dans l’appareil de production locale : biens et services utiles à la population
  3. Convertir les fonds collectés en monnaie citoyenne locale : l’Abeille
  4. Stabiliser la demande par la mise en place d’un revenu d’autonomie
  5. Revitaliser le territoire par la mise en place d’un comité territoriale de dialogue qui fixe les objectifs avec Tera

 

Mettre en place une monnaie locale citoyenne et un revenu d’autonomie

 

La mise en place du revenu d’autonomie et l’utilisation de la monnaie locale ont pour but de stabiliser la demande solvable sur le territoire. L’Abeille permet de relocaliser la consommation et donc la production puisque seules des entreprises du territoire l’utilisent.

“Au bout de 2,5 transactions en moyenne, l’argent part sur les marchés financiers. L’intérêt d’une monnaie locale est donc de maintenir, sur place, la richesse créée”

Frédéric Bosqué fondateur du projet Tera

 

Quant au revenu d’autonomie, il consiste à verser un revenu à l’ensemble des habitants volontaires et impliqués dans le projet. Il permet de lutter contre la précarité et donc de garantir un certain niveau de demande. Il est versé à titre individuel. Néanmoins, il dépend de l’ensemble de la production du collectif.

 

Tera a lancé une première vague d’expérimentation de revenu d’autonomie, distribué en Abeille, qui s’est terminée en 2021. Le bilan montre que les bénéficiaires avaient des difficultés à dépenser ce revenu en raison du manque d’offre en monnaie locale.

 

Un travail est alors mené pour organiser une nouvelle expérimentation dès septembre 2021. Celle-ci prévoit l’articulation entre trois revenus :

  1. classique issu du secteur marchand,
  2. de transition dont le but est de rémunérer les personnes qui s’occupent des commun, qui ne sont pas pris en charge par le marché,
  3. d’autonomie versé intégralement en monnaie locale, destiné à l’ensemble des membres du cercle d’activités TERA. Fixé à environ 150 euros au lancement, il augmentera au fur et à mesure de la progression du projet et de son autonomie jusqu’à atteindre le seuil de pauvreté, soit 1 063 euros par mois.

 

Un projet utopique mais des réalisations concrètes

 

Aujourd’hui, le projet se matérialise par trois lieux situés dans un rayon de 30km.

Premièrement, il y a la ferme de Lartel à Masquières : premier terrain d’expérimentation du projet TERA. Depuis 2018, les porteurs de projet mettent en place et développent leurs activités qui touchent à l’autonomie alimentaire :

  • maraîchage en permaculture,
  • production de pain à partir de farines anciennes,
  • production de spiruline,
  • gîtes,
  • etc.,

De plus, des formations en permaculture sont dispensées sur ce site.

Deuxièmement, il existe un pôle à tournon d’agenais, réunissant une épicerie, un café associatif et le siège social.

Le siège social se situe à Tounon-d’Agenais. Un travail est mené avec un conseil scientifique et les acteurs du développement territorial. L’objectif est en effet de recréer des activités au service des habitants en milieu rural. De plus, une épicerie proposant des produits bio et locaux a été créée en juillet 2021, ainsi qu’un café associatif visant à recréer du lien autour de la transition est en projet.

Pour finir, un terrain de quatre hectares a été acheté pour co-construire un “Quartier rural en transition” à Trentels. Il prévoit de réunir 30 habitants et de créer dix nouvelles activités économiques pour proposer 24 emplois à temps plein. Un travail est mené avec un conseil scientifique et les acteurs du développement territorial. Le but étant de recréer des activités au service des habitants en milieu rural. 

D’autre part, le quartier rural vise à rassembler toutes les fonctions vitales conduisant à l’autonomie du quartier :

  • alimentation saine,
  • habitat durable,
  • accompagnement vers la transition écologique,
  • production énergétique,
  • mobilité en partage,
  • entretien des espaces communs.

 

Un centre de formation dédié à l’éco-construction constitue la première étape. Il permettra ensuite de former les habitants pour qu’ils construisent eux-mêmes leur hébergement, et l’ensemble du quartier rural.

 

Six entités juridiques pour mettre en œuvre un projet multithématique

 

La mise en place de ce quartier nécessite un montage complexe entre six différentes structures juridiques :

  1. Une Société Civile Immobilière (SCI), chargée de la gestion de l’immobilier, qui réalise les investissements et encaisse les loyers aux exploitants des biens ;
  2. Une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), qui représente l’entité commerciale qui intègre l’ensemble des activités d’exploitation ;
  3. Une coopérative d’habitants qui est propriétaire des logements qu’elle loue aux habitants en échange de loyers et de parts sociales ;
  4. Une coopérative financière qui prend le statut de SCIC, qui émet la monnaie l’Abeille et pilote l’investissement dans les outils de production de l’écosystème ;
  5. L’association TERA qui représente la communauté politique, ayant pour finalité de devenir un comité territorial de dialogue pour sortir du statut associatif ;
  6. Un fonds de dotation qui récupère les dons défiscalisables pour générer des revenus d’autonomie.

 

Cet écosystème sera piloté par une gouvernance partagée entre acteurs privés, acteurs publics et société civile. De plus, la majorité des voix sera détenue par les habitants, soit 40% des voix, pour être le plus démocratique possible.

 

Où en est-on en 2021 ?

 

Trois ans après le démarrage, de nombreuses activités ont été créées : boulangerie, maraîchage, épicerie, gîtes, etc. De plus, une cinquantaine de personnes contribuent à l’avancée du projet.


Les craintes des riverains au sujet de l’installation de Tera à la ferme de Lartel ont ainsi été apaisées. Les membres du collectif ont en effet échangé avec les voisins et clarifié leurs intentions.

 

Repenser le concept du travail

Tera rassemble au sein d’un même écosystème des personnes qui ont des statuts différents : salariés, indépendants, personnes sans activité. Grâce au revenu d’autonomie et à l’écosystème coopératif, chaque habitant de Tera pourra choisir ses activités et le temps qu’il y consacre.

“Pour nous, l’objectif va au-delà de l’emploi. Notre objectif est de créer différentes formes d’activités conduisant à l’autonomie du territoire. Ainsi tout travailleur s’épanouit selon la forme d’activité qui lui convient le mieux”

Frédéric Bosqué

 

De plus, le projet s’appuie aussi sur une forte coopération au sein du collectif mais pas seulement. Tera est en effet en relation avec les acteurs du développement territorial, notamment avec :

  • le département du Lot-et-Garonne,
  • la Région Nouvelle-Aquitaine,
  • l’Agence de la transition écologique (ADEME).

 

Renforcer le collectif

 

L’organisation de la vie et du travail en collectif laisse parfois place à ses difficultés. De nombreuses personnes extérieures se montrent en effet volontaires pour participer au projet. Néanmoins, toutes ne partagent pas la même vision à terme. Il est en effet parfois compliqué de laisser de côté son intérêt personnel au profit du collectif. L’enjeu est alors :

  • d’unifier un groupe de personnes,
  • de les sensibiliser à l’intérêt commun,
  • de les faire coopérer.

 

Vous souhaitez en savoir plus ?

 

Contact Tera

Frédéric Bosqué, fondateur du projet Tera

Tél : 06 82 26 68 19

Site internet Tera

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