Voici le résumé qu’en fait l’Insee :
« En Nouvelle-Aquitaine, 14 % des habitants des QPV changent de logement au cours de l’année 2015. Ils s’installent majoritairement en dehors de ces quartiers, mais restent fréquemment à proximité de leur ancienne résidence. En partie liés à la géographie de la région et à la petite taille des quartiers, les flux résidentiels entre les QPV et les zones situées au-delà des unités urbaines sont plus intenses qu’au niveau national. Le niveau de vie de ceux qui quittent la géographie prioritaire est plus élevé que celui des habitants n’ayant pas déménagé et augmente plus fortement. Les sortants cèdent la place à de nouveaux arrivants dont le niveau de vie diminue au cours de l’année. À l’échelle régionale, les mobilités résidentielles modifient peu les caractéristiques des quartiers et la pauvreté y reste prégnante. »
Les mobilités résidentielles dans les QPV de Nouvelle-Aquitaine
L’Insee Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec PQN-A, a réalisé une étude régionale sur les mobilités résidentielles dans les Quartiers prioritaires de la Politique de la ville (« QPV » dans le vocable professionnel) en Nouvelle-Aquitaine – publiée sur le site de l’Insee en juillet. Cette étude analyse l’ampleur et les caractéristiques des mobilités résidentielles. Elle analyse également les profils socio-démographiques des individus qui “entrent” et qui “sortent”. Elle vise plus globalement à mesurer en partie l’impact de ces flux sur l’évolution du profil des quartiers.
Quelle méthode choisie par l’Insee ?
Pour mener à bien cette étude, l’Insee a exploité une nouvelle source de données, le fichier Fidéli (Fichiers démographiques sur les logements et les individus) – sur la base d’une année d’observation, entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2016.
Compte tenu de leur sensibilité, ces données ne sont pas diffusables à l’échelle des QPV. Pour néanmoins pouvoir caractériser les mobilités résidentielles des QPV de Nouvelle-Aquitaine, l’Insee s’est basé sur la typologie régionale des QPV établie dans le cadre d’une précédente étude réalisée en 2018 (en partenariat avec PQN-A déjà!) intitulée « Regards sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville en Nouvelle-Aquitaine ».
Les caractéristiques des mobilités résidentielles sont établies par type de QPV. Cela permet donc de situer chaque quartier (sachant que des exceptions existent!).
Les habitants qui partent plus « aisés »
Cette étude met en lumière que les habitants des QPV de notre région sont mobiles. Ils sont même sensiblement plus mobiles que leurs voisins des autres quartiers environnants.
Elle met également en lumière que ce sont les habitants qui connaissent une hausse modérée de leur niveau de vie qui partent. Néanmoins, la sortie d’un QPV ne s’accompagne pas forcément d’une sortie de la pauvreté. Ces habitants ont globalement des niveaux de vie moins élevés que les habitants des environnements urbains.
En Nouvelle-Aquitaine, les habitants déménagent de manière plus fréquente qu’au niveau national hors QPV et hors des unités urbaines. Ils sont probablement dans une dynamique « d’ascension sociale » ou de recherche de logements plus spacieux. Ainsi, l’accession à la propriété et/ou à un logement plus grand peuvent constituer des motivations pour quitter l’urbain, où les prix du foncier sont généralement plus élevés.
Les habitants qui entrent plus pauvres
En Nouvelle-Aquitaine, la propension à entrer dans un QPV depuis une zone non prioritaire est également plus forte qu’au niveau national. Ces habitants « entrants » viennent des environnements urbains proches. Il s’agit beaucoup de jeunes et aussi de familles monoparentales.
Les habitants qui partent laissent la place à des habitants avec des niveaux de vie souvent plus bas. Ainsi, entrer en QPV permet à certains d’accéder à un logement à loyer modéré, d’autant plus lorsque l’origine de la mobilité est une zone non urbaine. Le rôle d’amortisseur social de ces quartiers joue alors pleinement.
La difficile mesure de l’évolution des QPV
Il convient de rappeler ici que la réduction des inégalités entre les QPV et le reste de l’unité urbaine (environnement urbain) est au cœur de la politique de la ville.
Or, malgré des politiques qui se sont succédées au fil du temps, et la multiplication des programmes et dispositifs spécifiques, les quartiers semblent peu évoluer dans un sens favorable, en termes de pauvreté, d’emploi, d’échec scolaire etc. voire s’aggraver.
L’étude des quartiers en dynamique, qui s’intéresse aux flux, constitue une nouvelle façon d’appréhender l’évolution des quartiers et les trajectoires des habitants qui y vivent.
Les travaux menés par l’Insee et l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) au niveau national tendent à enrichir l’arsenal de données permettant de mieux rendre compte des réalités de ces quartiers.
Des travaux statistiques longitudinaux se développent également permettant de suivre des cohortes de populations, ou des évolutions urbaines sur de longue période.
L’évaluation des résultats et de l’impact à long terme des politiques publiques à destination des habitants des QPV permet une meilleure compréhension des problématiques. C’est aussi un moyen d’adapter et de rendre plus efficace l’action publique.
Des outils statistiques et d’observation à disposition des territoires
L’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) met à la disposition des acteurs des territoires un système d’information géographique dédié aux quartiers de la politique de la ville (SIG Ville).
Ce SIG donne accès à une batterie de cartes et de fichiers de données statistiques à l’échelle de chaque QPV.
Des fiches de données statistiques consolidées par thématique (démographie, éducation, insertion professionnelle, revenu, tissu économique) sont également disponibles pour chaque quartier.
Accéder aux données relatives aux QPV de Nouvelle-Aquitaine
Le SIG met aussi à disposition quelques indicateurs pour les quartiers dits de veille active (source CNAF)
L’ONPV, installé en 2016, publie chaque un rapport annuel des QPV et réalise ponctuellement des études thématiques.
Découvrez le rapport 2019 de l’ONPV “Bien vivre dans les quartiers prioritaires”
Enfin, l’Insee met à disposition sur son site un ensemble de données sur les QPV par source et par thématique.
Vous souhaitez en savoir plus ?
Laurence Liégeois, chargée de mission Politique de la ville
E-mail : laurence.liegeois@pqn-a.fr
Tél : 07 56 36 28 14