Les sources des données mobilisées sont référencées dans le mémoire téléchargeable dans cet article.
Présentation de l’étude
Cette étude intitulée “Le rôle des Projets Alimentaires Territoriaux dans l’intégration des enjeux d’environnement et de santé liés à l’agriculture et à l’alimentation” :
- Dresse un panorama des leviers d’actions territoriales à mettre en œuvre pour des systèmes agri-alimentaires favorables à l’environnement et à la santé ;
- Caractérise le rôle des PAT dans la mise en œuvre de ces leviers d'actions et identifie les freins rencontrés à leur déploiement ;
- Propose des recommandations pour lever les obstacles à l'efficacité des PAT dans les territoires, afin d'améliorer leurs impacts sur les questions de santé et d'environnement.
Ou téléchargez la synthèse de l'étude :
Visionnez le replay de présentation de l'étude :
Bilan environnemental et sanitaire des systèmes agri-alimentaires
Les systèmes agri-alimentaires ont des impacts sanitaires et environnementaux bien documentés dans les domaines des maladies professionnelles, de l’obésité, des émissions de gaz à effet de serre, de la pollution de l’air, des eaux et des sols, de l’effondrement de la biodiversité, etc.
En ce sens, 4 facteurs principaux sont rattachés à ces impacts : (i) l’utilisation de pesticides et (ii) d’engrais de synthèse ; (iii) la production et consommation excessive de produits animaux et (iv) la production et consommation de produits ultra-transformés.
Engager une transition systémique : de la production à l’assiette
La littérature scientifique s’accorde ainsi sur la nécessité d’engager une transition systémique à deux volets, à la fois agricole et alimentaire :
- une transition agroécologique afin notamment de réconcilier agriculture et biodiversité ;
- une transition alimentaire afin de favoriser l’adoption de comportements alimentaires sains et durables.
Il s’agit donc d’agir sur l’offre alimentaire -la production agricole- et sur son accessibilité, c’est-à-dire d’adopter une approche systémique : du paysage à la parcelle agricole, de la production à l’assiette, « de la fourche à la fourchette ».
Adopter une approche holistique des défis environnementaux et sanitaires
Il est alors primordial de traiter conjointement les enjeux environnementaux et de santé, plutôt que de les envisager en silo, en déployant des solutions qui bénéficient à la fois à la santé des humains, des animaux et des écosystèmes selon une approche One Health ou Une seule santé.
Les Projets Alimentaires Territoriaux : des outils prometteurs
Les scientifiques soulignent à ce propos la pertinence d’une déclinaison des politiques agri-alimentaires à l’échelle territoriale, car c’est à ce niveau-là que se développent les interactions sociales les plus favorables au changement. En ce sens, les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) incarnent des outils prometteurs qui offrent notamment l'opportunité de créer de nouveaux types de partenariats sur les territoires et d’ouvrir des espaces de concertation en mettant en réseaux des acteurs territoriaux du monde agricole et alimentaire -publics, privés ou associatifs- qui n'avaient pas toujours l'habitude de collaborer ensemble.
Des leviers d’actions territoriales pour des systèmes agri-alimentaires favorables à la santé et à l’environnement
Engager une transition agroécologique : vers des paysages et des pratiques agricoles durables
Réconcilier agriculture et biodiversité est le défi majeur auquel doit notamment répondre la transition agroécologique. Pour ce faire, il est notamment nécessaire de favoriser la diversification appliquée à plusieurs échelles.
- Reconcevoir les paysages vers une diversification des productions agricoles
Reconcevoir les paysages agricoles implique d’une part de rééquilibrer les productions animales et végétales sur les territoires. La reconception des paysages agricoles implique également de diversifier les productions agricoles sur les territoires en multipliant les sources de production nourricières. Il s’agit donc de diversifier les espèces et variétés cultivées, ainsi que les races élevées, en s’assurant que celles-ci soient adaptées au contexte pédoclimatique local.
- Améliorer les pratiques agricoles vers une agriculture biologique diversifiée
Une reconception agricole à l’échelle des fermes et des parcelles est également nécessaire. En réponse aux enjeux environnementaux et sanitaires provoqués par l’utilisation d’intrants de synthèse -pesticides, engrais et produits vétérinaires- le modèle de l’agriculture biologique s’impose comme partie de la solution. Cependant une agriculture biologique dite de substitution et conduite en monocultures ne permet pas de répondre de manière globale à ces enjeux : car la pérennité du modèle de l’agriculture biologique repose sur les services écosystémiques -maintien de la fertilité des sols, régulation des bioagresseurs, etc.- dont les niveaux de fourniture dépendent directement de la biodiversité. La restauration de la biodiversité est donc un enjeu clé.
En conséquence, il est nécessaire de coupler le cahier des charges de l’agriculture biologique avec une approche de diversification végétale au sein des parcelles. Celle-ci doit combiner une diversification des cultures à la fois temporelle -via la rotation des cultures notamment- et spatiale -associations de cultures, agroforesterie, etc.-. Cela implique aussi de maintenir les espèces sauvages au sein des agrosystèmes, notamment via le maintien de couverts enherbés, la replantation de haies, etc.
Par ailleurs, il s’agit également de reconnecter élevages et cultures par la promotion du modèle de polyculture-élevage.
Engager une transition alimentaire : vers des environnements alimentaires favorables à l’adoption de comportements alimentaires sains et durables
La transition alimentaire doit viser à favoriser l’adoption de comportements alimentaires sains et durables, entendus au sens de régimes diversifiés, végétalisés, composés de produits bruts ou peu transformés et issus de l’agriculture biologique.
À ce sujet, de nombreux travaux soulignent les limites de la responsabilité individuelle et la littérature scientifique s’accorde sur l’effet limité, voire nul, des actions de sensibilisation lorsque celles-ci sont menées de manière isolée. En effet, les mangeurs sont dépendants des environnements alimentaires qui désignent l’ensemble des conditions physiques, géographiques, économiques, socio-culturelles, informationnelles et politiques qui influencent et déterminent les comportements alimentaires.
L’action publique doit donc se concentrer sur l’établissement d’environnements alimentaires favorables à l’adoption de comportements alimentaires sains et durables, c’est-à-dire :
- Favoriser l’accessibilité physique à une alimentation saine et durable
Ou assurer la disponibilité d’une offre alimentaire saine et durable dans la restauration hors domicile -restauration collective et commerciale- ainsi que dans les points de vente et de distribution alimentaire.
- Favoriser l’accessibilité géographique à une alimentation saine et durable
Ou agir sur les paysages alimentaires en améliorant le maillage géographique des points de vente et de distribution alimentaires sur les territoires, c’est-à-dire lutter contre les déserts et les bourbiers alimentaires.
- Favoriser l’accessibilité économique à une alimentation saine et durable
Ou lutter contre la précarité alimentaire en soutenant le déploiement d’initiatives de solidarité et de démocratie alimentaire engagées dans une démarche d’alimentation saine et durable.
- Favoriser l’accessibilité socio-culturelle à une alimentation saine et durable
Car les comportements alimentaires sont également façonnés par les normes et les représentations sociales, il s’agit donc de promouvoir un nouveau narratif inclusif et positif sur l’alimentation saine et durable.
- Favoriser l’accessibilité informationnelle à une alimentation saine et durable
Ou éduquer et sensibiliser les mangeurs à tous les âges de la vie.
Pour vous accompagner dans l'amélioration de l'environnement alimentaire, l'alliance ALTAA a créé une boîte à outils en ligne qui recense plus de 200 initiatives inspirantes, 35 leviers d'actions, et des outils et méthodologies pour agir.
Caractérisation du rôle des PAT dans la mise en œuvre de ces leviers d’actions territoriales
Périmètre de l’étude et méthodologie
Cette étude s’est intéressée aux PAT de la région Nouvelle-Aquitaine déjà engagés dans leur phase opérationnelle, c’est-à-dire à ceux labellisés de niveau 2 lors du lancement de l’étude en mai 2024.
La réalisation d’une enquête auprès des chargés de PAT basée sur une approche qualitative semi-directive a alors permis de :
- Recenser les actions menées par ces PAT relatives aux leviers d’actions territoriales pour des systèmes agri-alimentaires favorables à l’environnement et à la santé posés précédemment, et d’identifier les freins et difficultés rencontrés ainsi que les facteurs de réussite à la mise en œuvre de ces actions ;
- Identifier les freins systémiques rencontrés par ces chargés de PAT à l’investissement de ces leviers d’actions territoriales ;
- Proposer des recommandations pour les lever.
Une douzaine d’entretiens menés auprès d’acteurs et experts régionaux et nationaux sont venus compléter cette enquête.
Éléments de conclusion
Cette étude met ainsi notamment en évidence l’importance capitale du portage politique dans le passage à l’opérationnalité des PAT sur ces sujets. Elle souligne également la nécessité d’inscrire les PAT dans une dynamique de travail transversale avec les autres politiques territoriales : l’urbanisme, le commerce, le transport, la santé, etc. Par ailleurs, l’étude mentionne le manque de légitimité des chargés de PAT vis-à-vis des acteurs privés qu'ils souhaitent mobiliser, plaidant en ce sens pour la mise en œuvre d’un cadre réglementaire qui contraigne le secteur privé à s’engager dans une démarche de durabilité, et sur lequel les chargés de PAT pourraient s’appuyer. Enfin, l’étude fait mention du manque de moyens humains et financiers des PAT, un frein majeur à leur passage à l’opérationnalité.
Retrouvez les résultats de l’étude dans le rapport complet et dans la synthèse.
Support de présentation ici :
Vous souhaitez en savoir plus ?
Contactez l'autrice de l'étude : Sarah Costes (adresse mail professionnelle valide jusqu’au 30 avril 2025) - sarah.costes@agriculture.gouv.fr
Contactez la cheffe de l’unité Alimentation SRAL – DRAAF Nouvelle-Aquitaine : Emmanuelle Baroud - emmanuelle.baroud@agriculture.gouv.fr