Dans l’agglomération d’Angoulême, rénovation urbaine et santé vont de pair

Publié le 22/05/2023

Charente

Le GrandAngoulême et l’Agence Régionale de Santé de la Charente ont mené des évaluations d’impact sur la santé dans le cadre de deux opérations de renouvellement urbain. Associés à cette démarche, les habitants et les futurs usagers ont fait des propositions prenant en compte la qualité de l’air, les nuisances sonores, ou encore le lien social.

Politique de la ville

Transitions

Fiche d'identité

Structures pilotes

La communauté d’agglomération du GrandAngoulême

L’Agence Régionale de Santé de la Charente

Budget

Environ 25 000 euros

Périmètre d'action de l'expérience et rayonnement

Le quartier Bel Air-Grand Font à Angoulême

Le quartier de l’Etang des Moines à La Couronne

Partenaires principaux

Financiers : les communes concernées, l’ARS de la Charente
Techniques : Planète publique, l’ORS, l’Ireps, les maîtres d’œuvre, les communes concernées

Calendrier

2018 : réalisation de l’EIS du projet d’aménagement de l’espace Saint-Jean, à La Couronne
2020 : réalisation de l’EIS du projet de cité scolaire à Angoulême
Printemps 2023 : scénarios d’aménagement de l’espace Saint-Jean, à La Couronne
2023 : à Angoulême, début de la construction de la cité scolaire

Problème/besoin initial

Répondre aux besoins des habitants

Les quartiers de Bel Air-Grand Font, à Angoulême, et de l’Etang des moines, à La Couronne, font tous deux l’objet d’une opération de renouvellement urbain (ORU) pilotée par le GrandAngoulême. En 2018, afin de répondre au mieux aux besoins des populations concernées, une première évaluation d’impact sur la santé (EIS) a été menée à La Couronne. Elle portait sur l’aménagement urbain et paysager d’un espace vert de la commune, l’espace Saint-Jean. Très positive, cette démarche a été dupliquée en 2020 à Angoulême. Elle a concerné le quartier Bel Air-Grand Font où un équipement éducatif réunissant les écoles de maternelle et primaire du quartier doit voir le jour en 2025.

“L’évaluation d’impact sur la santé est un outil d’avenir pour tous les projets d’aménagement. Il faut que les collectivités s’emparent de cette démarche mais aussi qu’elles se familiarisent à l’urbanisme favorable à la santé.”

Martine Liège, directrice de l’Agence Régionale de Santé de la Charente

Solution apportée

Déterminants de santé

L’objectif de l’EIS est d'aboutir à un “pré-programme” qui doit nourrir le projet d’aménagement. Pour ce faire, des ateliers et des promenades ont été organisés dans les quartiers concernés d’Angoulême et de La Couronne. Les habitants, les acteurs associatifs, les élus et les agents de la commune ont alors pu partager leur vision du quartier, mais aussi le redécouvrir en s’intéressant à sa géographie, à sa biodiversité et à ses équipements.

Ces rendez-vous, animés par l’organisme de conseil Planète publique, l’observatoire régional de la santé (ORS), et par l’instance régionale d’éducation et de promotion de la santé pour tous (Ireps Nouvelle-Aquitaine) ont fait émerger des “déterminants de santé”. “Ce sont des enjeux auxquels les projets d’aménagement devront répondre, explique Marine Pradel, cheffe de projet ORU à Grand Angoulême. Ils peuvent concerner les nuisances sonores, la qualité de l’air, les aménagements paysagers, le lien et la cohésion social, ou encore le sport-santé.”

Premiers résultats

La Couronne

À La Couronne, le pré-programme va nourrir les différents scénarios d’aménagement. Après une concertation complémentaire, ceux-ci devraient être finalisés à l’automne 2023. Les habitants ont proposé dans ce pré-programme de planter des arbres, d’aménager des cheminements et de construire un préau pour y organiser des repas de quartier. De leur côté, les seniors ont fait part de leur intérêt pour les aménagements sportifs extérieurs, mais ont fait valoir qu’ils étaient rarement adaptés à leur condition physique. À ce jour, l’EIS a d’ores et déjà permis de fermer à la circulation automobile la route qui traverse l’espace Saint-Jean, et de la remplacer par des jeux dégenrés. Une décision qui apaise l’environnement.

Angoulême

Montée en compétence

Outre la prise en compte d’enjeux de santé, les EIS ont permis “une montée en compétence des habitants et des équipes techniques, observe Marine Pradel. Ils ont pu s’appuyer sur des formations grâce auxquelles ils se sont emparés de sujets novateurs comme l’urbanisme favorable à la santé, l’égalité et la biodiversité.” À La Couronne, le retour des habitants a été “particulièrement positif, se réjouit Martine Liège. Ils ne s’attendaient pas à ce que le regard santé puisse être aussi transversal. C’est une très grande victoire.”

Facteurs réussites

Un portage politique fort afin d’engager l’ensemble des acteurs concernés.
Mobiliser les représentants de tous les futurs usagers de l’aménagement. Dans le cas du futur équipement éducatif d’Angoulême, l’Education nationale a accepté d’accorder du temps aux enseignants pour qu’ils puissent participer à la concertation.
Favoriser l’appropriation du dispositif en faisant bien comprendre de quelle manière la santé s’inscrit dans le projet d’aménagement.
Réfléchir aux espaces de concertation et avoir conscience que des réunions en salle ne sont pas toujours suffisantes.
Inscrire dans la continuité les rendez-vous qui rythment l’EIS.
Rendre compte à tous les acteurs ayant participé à la démarche des conclusions de l’étude et de la concertation.

Difficultés et enseignements

Il n’est pas évident de trouver le bon moment pour organiser l’EIS. “Il faut que ce soit en amont d’une définition trop précise du projet, observe Martine Liège. Et en même temps assez en aval, les grandes lignes doivent être tracées. Autrement les participants peuvent avoir des difficultés pour définir des déterminants de santé.”
En outre, l’EIS ne doit pas être considérée comme une formalité, mais “comme une condition pour le bon déroulement, la bonne orientation du projet, souligne Marine Pradel. C’est une étude qui doit permettre de s’interroger sur les démarches en cours, et il est donc important de bien la planifier dans le déroulé de la maîtrise d'œuvre.”
Il est important de bien associer les acteurs associatifs, institutionnels, les habitants et les usagers.
Il est important de bien penser et de préparer les démarches de concertation.

Perspectives

Dans le cas de l’équipement éducatif d’Angoulême, Marine Pradel indique que “dans le cas d’un équipement de type bâtiment à énergie positive, un accompagnement des usagers à la maîtrise d’usage serait pertinent”. Ceux-ci pourraient être sensibilisés aux enjeux de maîtrise d'énergie, aux bons gestes en matière de ventilation, et à l’utilité et au respect des cours d’école paysagère qui sont des îlots de fraîcheur et participent à la gestion de l’eau pluviale. À La Couronne, “un effort de pédagogie” devra être fait autour de la biodiversité et de l’eau. À La Couronne comme à Angoulême, les collectivités devront réussir à installer les équipements dans le temps en faisant vivre la dynamique impulsée par l’EIS. Grand Angoulême voudrait inciter l’ensemble des communes membres à adopter cette démarche.