À Argentat-sur-Dordogne (19), un potager communal pour approvisionner la cantine scolaire

Besoin initial

Conserver la cantine scolaire

Élue en 2020, la nouvelle équipe municipale d’Argentat-sur-Dordogne, en Corrèze, a souhaité conserver sa cantine scolaire plutôt que de la mutualiser avec celle du collège Simone Veil. “Cela aurait impliqué que les enfants aillent au collège pour déjeuner”, explique Sébastien Duchamp, le maire de cette commune d’environ 3000 habitants. “Notre priorité était qu’ils puissent rester entre eux dans une sorte de cocon qui se rapproche le plus possible de l’environnement familial.”
Une politique tournée vers l’alimentation durable s’est donc peu à peu construite, faisant émerger l’idée d’un potager communal qui approvisionnerait la cantine scolaire en fruits et légumes. 170 repas y sont produits chaque jour pour les enfants de maternelle et d’élémentaire.

Solutions apportées

Fruits et légumes

Ce potager d’environ 1,2 hectare est exploité en agriculture biologique depuis mars 2022 par un maraîcher agent de la commune. Il produit des légumes, et dans quelques années des fruits grâce aux 13 arbres qui ont été plantés. Eliot Papiau travaille seul la plupart du temps, mais peut compter sur l’aide de ses collègues des autres services lors des “grosses récoltes et des grosses plantations”. Il collabore étroitement avec le cuisinier de la cantine. C’est ensemble qu’ils ont mis en place les plans de culture, selon les saisons, les goûts des enfants, et les besoins du cuisinier. “Il arrive qu’il veuille des légumes qui ne sont pas encore prêts à être récoltés”, relève Eliot Papiau. “Ou à l’inverse, que tels légumes soient à maturité, mais qu’il n’ait pas prévu de les cuisiner. On apprend à s’adapter et à se coordonner.”
Eliot Papiau anime également des ateliers pour faire découvrir aux enfants le travail de la terre. Un travail pédagogique auquel sont associés les professeur.e.s des écoles maternelle et élémentaire.

Acquisition de foncier

Avant de se lancer dans ce projet, la mairie d’Argentat-sur-Dordogne a visité d’autres potagers municipaux, notamment celui de Limoges. Accompagnée par l’Etablissement public foncier (EPF) de Nouvelle-Aquitaine, la commune a acquis la moitié d’un terrain de trois hectares classé “A urbaniser” (AU) dans le plan local d’urbanisme. L’accompagnement de l’EPF a consisté à négocier et à passer la transaction avec les propriétaires de ce terrain. Ce dernier est situé à environ 1 km du groupe scolaire et de la cantine. Il a nécessité des aménagements, notamment le raccordement à l’eau et à l’électricité. La commune a également dû investir dans du matériel agricole. 

Pas de structure juridique

Ce nouveau service n’a pas fait augmenter la masse salariale puisque le départ d’un agent dans un autre service a offert l’occasion d’ouvrir un nouveau poste de maraîcher fonctionnaire. La commune n’a pas eu à créer de structure juridique particulière car les fruits et légumes produits ne sont pas vendus et servent uniquement à la cantine scolaire.

Premiers résultats

• Moins d’un an après le lancement de l’activité, la commune n’a pas encore évalué la part que représente la production du potager communal dans ses approvisionnements en légumes. “Elle permet de préparer deux potages de légumes par semaine”, estime Eliot Papiau.
• Les enfants expriment une réelle adhésion à cette initiative, notamment grâce aux ateliers animés par Eliot Papiau. “Il y a une relation de savoir qui s’installe”, apprécie le maraîcher. “Ils savent que j’ai fait pousser ces légumes pour eux, ils prennent conscience de l’effort, et ça leur donne envie de goûter.”
• La mutualisation de la cantine scolaire avec celle du collège aurait permis à la commune de faire des économies. “Mais ce projet n’avait pas d’autre intérêt à part l’aspect financier”, considère Sébastien Duchamp. “Le potager communal répond à des attentes de la population en termes de proximité, d’entretien du paysage, et de qualité du service rendu. L’accès à une alimentation saine est aujourd’hui une priorité des parents.”

Facteurs de réussite

• La volonté politique d’améliorer la qualité des produits servis aux enfants.
• Recruter la personne adéquate pour le poste de maraîcher.
• Réussir à engager une chaîne d’acteurs : l’équipe de la cantine, les espaces verts, le service des achats. “Ce projet a apporté un nouvel élan aux différents services concernés”, observe Sébastien Duchamp. “Il permet aux agents, notamment au cuisinier, de faire évoluer leurs compétences.”

Enseignements

• Le potager est en phase de démarrage, pas complètement aménagé. Eliot Papiau découvre encore les spécificités du terrain.
• Les professeur.es ont eu besoin de temps pour s’approprier la démarche et s’y impliquer.

Perspectives

• La commune va acquérir un tracteur, tandis qu’un local technique va être aménagé sur le terrain.
• Un véritable projet pédagogique va se construire autour de l’alimentation.
• À terme, la commune aimerait être en capacité de couvrir l’ensemble des besoins en légumes de la cantine. Pour le reste (viandes, produits laitiers…), elle souhaite relocaliser l’approvisionnement en privilégiant les circuits courts et les produits locaux (Nouvelle-Aquitaine au plus loin).
• Argentat-sur-Dordogne va intégrer le Projet alimentaire territorial piloté par le Pôle d’équilibre territorial et rural de la Vallée de la Dordogne Corrézienne. Le PETR devrait l’aider à pérenniser son potager, à développer son approvisionnement local, à former les agents de la cantine, et à travailler sur de nouveaux axes, notamment le gaspillage alimentaire.