Le 26 novembre 2020, Pays et Quartiers de Nouvelle-Aquitaine (PQN-A) a organisé une web-conférence intitulée « Dynamiser l’activité commerciale en centre-bourg ». Cette web-conférence a réuni près de 250 participants, autour de 3 intervenants et d'acteurs institutionnels.
Une question principale : Comment les commerces de centre-bourg peuvent-ils s’adapter aux nouveaux usages, aux nouveaux modes de consommation ? Quel est le rôle d’un élu qui souhaite dynamiser le commerce de proximité ?
Les invités du jour étaient :
- David Lestoux, expert des nouveaux modes de vie et de consommation, a partagé son regard sur la question, en introduction.
- Jean-Marie Darmian, Vice-président au Conseil départemental de Gironde et ancien maire de Créon, ainsi qu’André Meuraillon, maire de Barbezieux-Saint-Hilaire, ont témoigné de leurs expériences respectives.
- Les acteurs institutionnels (Etat, Région, Banque des territoires) ont pu conclure sur cette rencontre dématérialisée, en revenant sur les aides financières existantes.
Retrouvez le replay de la web-conférence :
Voici en dix points ce que l’on peut retenir de ce temps d’échange.
1.Les facteurs de commercialité
La vitalité commerciale du centre dépend de l’ensemble des fonctions du centre-ville : l’habitat, les services (administration, santé, éducation), l’économie (commerces, entreprises), l’espace public et le patrimoine. David Lestoux appelle ces fonctions des facteurs de commercialité du centre-ville. Si ces fonctions sont déplacées en dehors du centre, le commerce de proximité peut difficilement survivre.
« Sans travailler sur les fonctions de centralité, ça ne sert à rien d’aller mettre de l’argent sur le sujet du commerce ! » David Lestoux
« Une large part de la clientèle vient dans le centre-ville pour d’autres raisons que pour effectuer un acte d’achat. Pourtant, une fois dans le centre, elle a l’offre commerciale à proximité. » Jean-Marie Darmian
2. Le rôle des élus locaux
Les élus locaux sont les premiers garants de la préservation de cette fonction de centralité. Et ceci, notamment en évitant le déplacement des services en périphérie, ou encore en limitant les projets de périphéries commerciales ou de construction de lotissements.
« Lors de mon dernier mandat en Commission Départementale d'Aménagement Commercial (CDAC) de la Gironde, je n’ai vu qu’un seul maire refuser une implantation commerciale en périphérie. » Jean-Marie Darmian
« Nous avons pris la décision d’arrêter les constructions nouvelles de moyennes et de grandes surfaces en périphérie. Dès lors qu’elles mettent en danger les activités des commerces du centre. » André Meuraillon
« Nous avons fait construire la nouvelle maison de santé au centre du bourg. » André Meuraillon
3. La prise en compte des nouveaux usages des consommateurs
Les usages des consommateurs évoluent et le commerce change : accroissement des mètres carrés commerciaux en périphérie ou sur les axes de flux, digitalisation de l’offre, augmentation de la vente directe et de la vente d’occasion.
« Les mètres carrés commerciaux ont progressé 10 fois plus vite que la population ces dix dernières années. La part du commerce en ligne est aujourd’hui de 15%. Enfin, la vente directe pèse pour 5% du commerce alimentaire, alors que le commerce de bouche traditionnel en centre-bourg compte pour 15%. » David Lestoux
4. Les nouveaux services des commerces
Cette nouvelle donne invite les commerces du centre-ville à adapter leurs services : horaires d’ouverture, services click and collect, plateformes numériques, etc. D'ailleurs, les collectivités peuvent s'appuyer sur de l’ingénierie pour accompagner ces transformations.
« Nous avons travaillé avec les restaurateurs afin qu’au moins un restaurant soit ouvert le lundi soir pour accueillir les touristes. » Jean-Marie Darmian
« Nous avons ouvert un poste de manager de centre-ville pour accompagner les commerces dans ces transitions. » André Meuraillon
5. Savoir distinguer son offre
Les commerces de centre-bourg sont amenés à distinguer leurs offres de celles des grandes surfaces de périphérie.
« On ne retrouvera plus quatre boucheries à Créon. En revanche, celle qui subsiste s’est spécialisée avec d’excellents produits qu’on ne trouve pas à l’hypermarché. Elle vit très bien. » Jean-Marie Darmian
6. La stratégie de stationnement
La question du stationnement focalise beaucoup l’attention. Cette interrogation est à considérer comme un des nombreux éléments qui constituent la stratégie d’attractivité du centre-ville.
« Le jour de marché est celui où il y a le plus de monde dans le centre. C’est aussi celui où il est généralement le plus difficile de stationner… Il ne faut pas trop se focaliser sur le stationnement. » David Lestoux
7. La prise d'initiatives des collectivités
Des collectivités portent des initiatives volontaristes pour favoriser l’implantation de commerces en centre-bourg : boutiques à l’essai, boutiques éphémères, Sociétés Collectives d’Intérêt Collectif (SCIC) de producteurs locaux, préemption et location de locaux, etc.
« Nous avons mené deux opérations Ma boutique à l’essai. L’une d’entre elle s’est pérennisée et fonctionne bien. L’opération des boutiques éphémères a aussi permis l’installation de nouveaux commerces. » André Meuraillon
« C’est la diversité de l’offre en centre-ville qui fait sa richesse et son attractivité. » Jean-Marie Darmian
8. La collaboration entre élus locaux et commerçants
Les élus locaux ont vocation à travailler de concert avec les commerçants pour faciliter la mise en place d’une offre commerciale adaptée aux besoins et aux usages.
« Commerçants et élus doivent être complémentaires pour dynamiser le commerce de centre-ville. » André Meuraillon
« Le maire doit être un animateur, un catalyseur et force de proposition, sans pour autant se substituer aux commerçants. » Jean-Marie Darmian
9. La participation de la population
La participation de la population et des forces vives constitue un levier à mobiliser.
« Nous avons mis en place des comités de quartiers indépendants qui sont force de proposition pour les élus. C’est sur une de leur proposition que nous avons construit un skatepark sur la commune. » André Meuraillon
« Nous avions un collège divisé de façon égale entre des professionnels, des citoyens volontaires, des élus et des représentants d’associations locales. Cela crée un équilibre, la démocratie s’exprime et c’est le paradis pour un élu car chaque partie comprend ce qui est possible ou non de faire. » Jean-Marie Darmian
10. Les aides financières des institutions
Les institutions sont mobilisées (Etat, Région, Banque des territoires, Anah, EPF, CCI, etc.) et les aides financières sont nombreuses. Celles-ci sont souvent conditionnées par l’élaboration préalable d’une stratégie.
« Des moyens assez considérables sont mis à disposition des collectivités avec notamment le programme Petites villes de demain ou encore le Plan de relance. Le défi consiste à utiliser ces moyens de la meilleure des manières en invitant les territoires à élaborer leur stratégie. » Alexandre Patrou, Adjoint au SGAR Nouvelle-Aquitaine
« La Région a mis en place un Appel à Manifestation d'intérêt pour accompagner les territoires dans leur projet de revitalisation des centres-villes et centres-bourgs. Elle accompagne aussi les territoires à faire attention aux projets en périphérie notamment à travers les contrats de territoire. » Martine Pinville, élue régionale en charge des centres-villes et centres-bourgs
« La Banque des territoires accompagne les politiques portées par l’Etat et la Région, par exemple en finançant des postes de chefs de projet ou de managers de centre-ville. Elle lance également une centaine de foncières immobilières en France afin de faciliter le portage d’immobilier notamment en faveur du commerce. » Emmanuel Lacroix, Directeur territorial en charge des affaires régionales à la Banque des Territoires
Retrouvez l'article de David Lestoux