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Parole de jeune - Lucien Jeanson, habitant de Saint-Julien-en-Born (40) : la mobilisation des jeunes dans les projets de territoire local

Publié le 14/10/2025
Temps de lecture : 10 min
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Vendredi 13 juin dernier, à Mont-de-Marsan, dans le cadre du Forum des développeurs territoriaux - le rendez-vous annuel régional que PQN-A donne aux professionnels du développement - Lucien Jeanson et Ludovic Mazé nous ont partagé leur regard et leur témoignage croisés sur le sujet la mobilisation des jeunes dans des projets au service de leur territoire.

 

A l’issue de cette rencontre, Lucien Jeanson a accepté de livrer sa “parole de jeune” à PQN-A, la voici.

Contexte

Lucien est un jeune habitant de Saint-Julien-en-Born qui a été accompagné au cours de son parcours de vie, de son parcours d’insertion et de son parcours professionnel par l’association la Smalah et notamment par Ludovic Mazé, responsable pôle insertion. La Smalah est une association de développement local, d’éducation populaire et un tiers lieu. Elle agit à l’échelle du département des Landes et elle est présente dans trois lieux clés (un atelier de fabrication, un café associatif et un grand espace de co-working). Elle mène diverses actions d’animation, de formation et de programmation socio-culturelle. 

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Lucien, pourrais-tu te présenter ?

Je suis Lucien Jeanson, j’ai 25 ans. Je suis actuellement au chômage mais plus pour très longtemps car j'aimerais bien d’ici l'année prochaine monter mon entreprise pour m’installer en tant qu’ auto-entrepreneur de charpente. J’habite au milieu de la forêt depuis que je suis tout petit, dans une maison traditionnelle landaise. J’ai toujours été entouré de gens qui bossaient dans la charpente. Je suis engagé auprès de l’association du Grenier de Mézos qui est une recyclerie solidaire et aussi auprès de la Smalah, dans laquelle j’ai participé à des chantiers bénévoles et  aidé à leur mise en place. Concernant mes autres activités, cela fait quelques années que je pratique un art martial, le yoseikan-budo. J’ai découvert cette activité via un professeur retraité de mon village très respecté dans cet art. Et je joue aussi beaucoup aux jeux vidéo en solo. Je suis attachée à mon territoire, j’y ai la plupart de ma famille proche, mes amis, mon réseau. Je m’y vois vivre et y rester. 

Quel est ton parcours et ton histoire ?

J’étais au collège à Mimizan puis au lycée à Dax, en partie car ils avaient une filière qui m’intéressait, la filière STI2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable) et pour des raisons plus personnelles (retrouver une fille que j’aimais). 
 

Assez vite au lycée j’ai su ce sur quoi je voulais m’orienter : le développement informatique. Pour cela, j’ai d’abord souhaité m’orienter vers une filière technologique. J’avais d’assez bons résultats en maths et en physique donc mes professeurs m’ont plutôt conseillé de partir en filière scientifique. J’ai alors suivi une première en science de l’ingénieur car ce domaine m’intéressait. Par contre, je me suis désintéressée de certaines matières de cette filière, notamment en raison de la rigueur du travail demandé. Finalement, je me suis réorientée en redoublant pour faire une première littéraire. C’est aussi à cette période que j’ai commencé à me politiser, à m’informer sur plein de choses. J’avais pour idée à ce moment-là de suivre après le lycée une filière anthropologie. Cela s’est mieux passé pour moi dans cette branche, je n’ai pas eu de difficultés particulières, j’ai plutôt eu des facilités.

J’ai obtenu mon baccalauréat. J’ai été pris à Bordeaux en licence d’anthropologie mais je n’y suis pas allé. S’en est suivi une période de trois-quatre ans ou je ne savais plus trop quoi faire, ou j’ai fait des missions d’intérim à droite à gauche, notamment dans le bâtiment. C’était une période difficile, je sortais peu (sans permis au milieu de la forêt).

Et puis entre 2022 et 2025, j’ai suivi deux ans de formation : 6 mois de formation construction bois auprès de l’association la Smalah et un an et demi d’apprentissage de la charpente auprès de l’entreprise Canlorbe et Fils et d’un centre de formation d’apprentis (CFA) des Compagnons du Tour de France à Lons (banlieue de Pau). Historiquement, les Compagnons ont mis en place et fondé plein de bases, de théories, de méthodes et de concepts sur lesquels s’est fondée la charpente traditionnelle européenne. C’est pourquoi j’ai voulu intégrer l’un de leur centre de formation.

Juste après ma formation auprès de la Smalah, en 2023, j’ai passé mon permis de conduire. J’avais des difficultés administratives fortes qui me freinaient à débuter les démarches et ils m’ont aidé à faire le nécessaire, ils m’ont accompagné administrativement. On était deux à vouloir le permis, on s’est motivés et on a passé le code ensemble, mais finalement il n'a pas encore passé le permis (il habite à Bordeaux maintenant, donc il n’est plus du tout motivé). Aujourd’hui j’ai un trafic, que je prépare progressivement pour en faire un véhicule de travail. 

Qu’est-ce qui t’as aidé durant cette période difficile de ton parcours ?

Maintenir des activités associatives et être au contact des gens. Je menais tout de même toujours pas mal d’activités associatives car c’est quelque chose que m’a transmis ma famille, c’est ancré. Cela m’a permis d’être en lien avec des personnes, de me sentir utile, c’est super gratifiant (notamment le bar associatif qui est là depuis 2021, qui accueille les gens du village et met de la bonne humeur). Le sport a aussi été un facteur important qui m’a aidé à me structurer durant cette période. Et puis, le fait de découvrir un peu plus ce qui m'animait et ce que j’aimais (la charpente, le bois), faire un travail en adéquation avec mes valeurs notamment via la formation suivie à la Smalah et les chantiers participatifs, m'a aidé à me projeter sur la suite. C’est aussi une période durant laquelle je me suis informée, je me suis nourrie via des lectures et des podcasts de vulgarisation politique et/ou scientifique, comme Backseat, Médiapart, et des chaines youtubes comme E-penser ou la chaîne du média Blast. 

Qu’est-ce que c’est la Smalah pour toi ? Qu’est ce que cela représente ?

La Smalah pour moi c’est plusieurs casquettes : la gestion de formations, la gestion d’un bar associatif, ils ont un atelier fablab et en même temps ils organisent des chantiers école ; ils font des formations pour les jeunes, pour les agriculteurs ; ils font des actions de médiation numérique pour ceux qui en ont besoin ; et je suis sûr que j’oublie encore plein des choses ! Leurs projets évoluent et s’adaptent à la fois en fonction des salariés présents (de ce qu’ils ont envie de monter comme projet, de leurs savoir-faire et compétences) mais aussi en fonction des besoins des publics accompagnés, ils s’adaptent et montent les projets progressivement. 

Comment la Smalah t’a-t-elle accompagné au fur et à mesure de ton parcours ?

Au début, la Smalah, je ne m’y intéresse pas beaucoup mais comme je faisais déjà du bénévolat pour le Grenier de Mézos et qu’ils ont fait leurs ateliers dans leur locaux, cela m’a permis d’établir un premier vrai contact avec eux. Je connaissais déjà le charpentier qui faisait l’atelier : donc je connaissais le formateur, je connaissais le lieu, ce qui a facilité les choses. Je suis allé le voir, il avait un projet de construction d’un espace (l’atelier fablab de la Smalah), donc il m’a proposé de l’aider à le mettre en place. C’est comme ça que je suis entrée en contact avec la Smalah. 

Et puis lorsque le covid arrive, je ne sais pas trop quoi faire. Je réalise mon premier chantier de charpente un peu avant la fin du premier confinement. Ce chantier était géré par la Smalah. Ça à été un moment assez important pour moi dans mon parcours, car ce chantier m’a permis de découvrir le travail de charpentier. A partir de ce moment- là, j’ai fait au moins sept ou huit chantiers de construction de bâtiments aux côtés de la Smalah : un espace de venaison pour une association locale de chasse ; des sanitaires extérieurs pour le Grenier de Mézos, un abri de jardin en charpente traditionnelle présent sur un ancien monastère…etc. Je participe aussi au programme de stage Bivouac proposé par la Smalah, le tout premier qu’ils ont organisé. A l’époque, durant ce stage, pendant trois semaines, on était une quinzaine de jeunes et on avait pour objectif de tester pleins de savoirs-faire, de compétences, des modes de vie, de consommation, et de faire de la mise à jour de démarches administratives. On était aussi suivi sur trois ou quatre séances par une psychologue. 

Ensuite, j’ai fait quelques chantiers participatifs auprès d’eux. Et puis je réalise la formation au titre professionnel de constructeur bois auprès d’eux. Les locaux de la formation étaient vraiment juste à côté de chez moi donc comme je n’avais pas le permis j’ai pu y aller en vélo, c’est ce qui m’a permis d’y participer. Le fait de connaître l’équipe m’a rassuré et m’a aidé pour me lancer dans cette formation. Travailler avec un professionnel durant six mois m’a vraiment plu et m’a donné des repères dans le métier. Durant cette formation, j’ai pu bénéficier d’un suivi administratif : en début de formation, on a eu quelques heures d’accompagnement sur les offres d’aides et de services disponibles auxquels on pouvait prétendre, sur la création d’un compte pôle emploi. On a eu un suivi personnalisé adapté à chacun (demandes de permis, demandes d’aides…). 

Aujourd’hui, il m’arrive de leur filer des coups de main de temps à autre, on a gardé un bon contact et on se voit souvent car cela reste un petit monde !

La Smalah m’a permis de croiser des gens qui ont joué un rôle très important dans ma construction personnelle. Je suis très heureux d’avoir pu apprendre avec eux et d’avoir rencontré ces gens qui sont devenus aujourd’hui des amis. 

Lucien Jeanson

Quels sont tes projets à venir ?

Début juillet, j’ai passé mon examen de fin de formation auprès du CFA, me permettant d'obtenir le titre professionnel de charpentier (et je l’ai obtenu) !

Pour l’instant je suis en vacances, je déconnecte. A la rentrée, j’aimerais bien me mettre à mon compte pour d’ici l’année prochaine monter ma propre entreprise de charpente et m’installer dans l’espace Jupon. C’est un lieu multi activités, il est en phase de devenir un lieu géré par un collectif, l’Association les Pieds sur Terre. Ce collectif est accompagné par le parcours d’accompagnement du PLOUC, pépinière de projet dans les Landes. Dans ce lieu, il y a déjà un bar associatif qui fonctionne depuis plusieurs années dans lequel je suis bénévole régulièrement. Il y a aussi un espace de maraîchage et de pépinière qui s’installe actuellement. Et on est en train avec mon père, de monter une scierie en parallèle dans ce lieu mais c’est un projet en construction, encore amateur.

L’association les Pieds sur Terre, via l’espace Jupon et la Smalah, travaillent déjà en partenariat : les sessions de Bivouac vont désormais se faire dans ce lieu car le cadre est assez sympa. Comme on est en train de monter une pépinière et un jardin, il y aura pas mal de choses à faire faire aux jeunes. Donc c’est encore à réfléchir et à discuter avec eux à l’avenir, mais on  pourrait imaginer d’autres partenariats entre la Smalah et Jupon (l’association Les pieds sur terre) pour les jeunes. 

Peut être qui sait, un jour c’est moi qui recevrais, accueillerais, voire, formerais à mon tour les jeunes accompagnés par la Smalah ! 

Le mot de la fin, c’est quoi ?

Une figure importante de ma vie était le père Jaouen, fondateur de l’association AJD (Aide aux jeunes diabétiques). Une de ses phrases était : “Dans la vie, il faut donner donner donner. Il n’y a que ça qui compte.”

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