La Réole (33) revitalise son centre-ville au fil de l’eau
Seule commune de Gironde, avec Bordeaux, à s’étendre des deux côtés de la Garonne, La Réole entretient une histoire intime avec ce fleuve et l’eau en général. Cette ressource est devenue un fil rouge de son projet de revitalisation. Elle se retrouve dans l’aménagement de la voirie, la végétalisation et la mise en valeur du patrimoine.
Carte d'identité
Structure pilote
La commune de La Réole
Périmètre d’action de l’expérience et rayonnement
La Réole
Budget : 3,5 millions d’euros (ascenseur panoramique, végétalisation, système de récupération de l’eau pluviale, terrassement et rénovation de la voirie, travaux sur le réseau d’eau, remplacement de l’éclairage par des LED)
Le projet
Calendrier
2010 : lancement du projet de ville La Réole 2020
2014 : obtention du label Ville d’art et d’histoire
2022 : sélection dans le programme Petites villes de demain (financement de l’ingénierie)
2023 : mise en service de l’ascenseur panoramique
Maturité du projet : jaune
Reproductibilité du projet : jaune (la topographie, le patrimoine et les contraintes techniques propres à La Réole rendent le projet peu reproductible, mais la démarche sur la gestion de l’eau, le lien entre la ville haute, la ville basse et le fleuve peuvent inspirer des démarches similaires)
Personne ressource
Olivier Bayle-Videau, chef de projet au sein de la commune de La Réole
06 10 45 88 61
olivier.bayle-videau@lareole.fr
Partenaires principaux
L’Etat : Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR), et Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Nouvelle-Aquitaine, l’Agence de l’eau Adour-Garonne
La Région Nouvelle-Aquitaine
Le Département de Gironde
L’Union européenne (FEDER)
Cela fait des siècles que les Réolais vivent avec les crues de la Garonne. Les logements au bord du fleuve sont même équipés de sorties par le haut. C’est aussi un lieu autour et sur lequel des activités sportives et culturelles s’organisent. Mais ces activités ont tendance à diminuer. Nous aimerions permettre aux Réolais de rédécouvrir ce fleuve.
Une ville d’eau qui cherche son centre-ville
Ville de 4.500 habitants, La Réole a subi une dévitalisation progressive, perceptible par la vacance des commerces et de l’habitat dans le centre ancien. En 2008, 17 % des logements étaient inoccupés. Ce phénomène a pu être amplifié par le fait que le centre de la commune présente un habitat ancien à requalifier, et des immeubles à forte valeur patrimoniale mais dégradés. La Réole se caractérise par l’importance de l’eau dans sa topographie, son patrimoine et son quotidien. Avec Bordeaux, elle est la seule commune de Gironde à s’étendre des deux côtés de la Garonne, et se partage en ville haute et ville basse. Elle en a fait un atout en se baptisant “La Réole, balcon sur la Garonne” dans le cadre de sa labellisation en tant que Ville d’art et d’histoire. Mais cette situation l’expose aussi aux crues du fleuve. Les équipements sportifs situés en contrebas sont régulièrement inondés, tout comme les quais. Enfin, la disposition ville haute/ville basse, ainsi que les petites rues héritées du passé médiéval de La Réole, induisent des enjeux en termes de mobilité.
Solutions apportées
Un projet de ville sur dix ans
Plutôt que de réaliser des travaux techniques et/ou d’aménagement au coup par coup, l’équipe municipale de La Réole a décidé en 2008 de réaliser un diagnostic de ses ressources et de ses besoins afin d’identifier et d’imaginer les solutions à apporter à moyen et long terme. Cela a donné naissance en 2010 à un projet de ville baptisé La Réole 2020 dont les cinq piliers sont : la volonté de retrouver des espaces publics pour tous, la requalification d’un habitat ancien dégradé, la revitalisation commerciale, la valorisation du patrimoine et une mobilité plus douce.
Une nouvelle gestion de l’eau
La question de l’eau est apparue en premier lieu dans le cadre de l’aménagement public et de la végétalisation de certains espaces, notamment de la voirie, où des îlots de chaleur commençaient à se former. La requalification de la rue Armand Caduc - principal axe économique de La Réole - a été l’occasion de planter une douzaine d’arbres supplémentaires, mais aussi de creuser une cuve souterraine de 30.000 litres afin d’y stocker l’eau de pluie récupérée sur 1.000 m2 de toiture. “Si jamais cette eau pluviale ne suffit pas pour arroser cet axe, l’eau fluviale peut prendre le relais grâce aux prélèvements dans la Garonne, explique Olivier Bayle-Videau, chef de projet au sein de la commune de La Réole. L’eau prélevée dans le fleuve nous sert aussi l’été à arroser les stades situés en bord de Garonne ou à nettoyer la voirie.” Par ailleurs, la désimperméabilisation de certains espaces - en remplaçant les pavés par un revêtement composé de sable et de cailloux - aide à limiter le ruissellement des eaux de pluie.
La cuve souterraine située sous la rue Armand Caduc
La rue Armand Caduc végétalisée réappropriée par ses habitants… petits et grands !
La place Michel Dupin désimperméabilisée et végétalisée
L'Esplanade Charles de Gaulle végétalisée et réaménagée
L’eau au coeur du patrimoine
Un inventaire et une régularisation des canalisations sont systématiquement réalisés par les agents de la régie municipale en amont des travaux d’aménagement. Cela a permis à la commune de valoriser le ruisseau du Pimpin qui passe sous la ville et a été en partie busé dans les années 60. Cette présence apporte son lot de contraintes, mais a aussi fait émerger l’idée de valoriser ce cours d’eau et de le porter à la connaissance des Réolais. Des aménagements ont été pensés en ce sens, comme l’installation d’un cornet acoustique afin d’entendre le Pimpin qui passe sous la place de la Libération, ou l’agencement d’un pavage en forme de vague aux endroits où le ruisseau coule. De plus, La Réole dispose de tout un patrimoine en lien avec l’eau, constitué de nombreux lavoirs et de nombreux puits, certains valorisés, d’autres en attente de l’être. La requalification de la rue Michel Dupin a par exemple mené à la découverte d’un puits de 17 mètres de profondeur et de 2 mètres de large, qui, une fois valorisé, pourra devenir une source de fraîcheur.
Venez écouter le Pimpin à cet ampliphone !
Premiers résultats
- Des économies d’eau potable grâce à l’arrosage via les eaux pluviales et fluviales, ce qui autorise un aménagement végétal plus important
- Des réseaux d’eau souterrains mieux connectés, un meilleur inventaire et la réalisation de rénovations sur les canalisations
- Inauguré en septembre 2023, l’ascenseur panoramique a permis de reconnecter la ville haute, la ville basse et les quais de Garonne en facilitant les déplacements entre ces espaces. En un an, l’ascenseur a parcouru 2.744 km. Son utilisation n’est pas seulement touristique ou de l’ordre du loisir. De nombreux Réolais l’empruntent pour se rendre au marché organisé chaque samedi matin sur les quais, au lycée ou encore à la mairie.
Enseignements
- Le mauvais état à certains endroits du réseau d’eau a nécessité des interventions qui n’étaient pas toujours prévues et qui ont dû se faire dans le cadre d’un planning serré.
- La mise en place du système de récupération des eaux pluviales a un coût important. C’est une technologie complexe. Il a fallu du temps pour que les agents apprennent à la maîtriser et pour arriver aux bons réglages.
- Dans un contexte budgétaire aussi contraint qu’aujourd’hui, les aménagements majeurs de La Réole 2020 n’auraient pas pu être réalisés.
Perspectives
- La commune aimerait installer une autre réserve d’eau pluviale afin d’arroser les stades de la ville haute et ne plus utiliser d’eau potable.
- Une réflexion est en cours pour débuser le Charosse au pied du Château.
- Les quais ne sont pas encore aménagés. Même si l’ascenseur panoramique reconnecte les Réolais à cet espace, des animations pourraient être organisées afin d’en faire un lieu de vie à part entière.
- Le pont du Rouergue, qui relie les deux rives de la Garonne et traverse la ville, est fermé à la circulation automobile depuis 2021, et totalement interdit d’accès l’hiver depuis janvier 2024. Sa rénovation est entre les mains du Département, propriétaire de l’ouvrage, mais la commune s’interroge sur sa future utilisation. “Les habitants du quartier où débouche le pont apprécient le calme depuis que les véhicules ne circulent plus, constate Olivier Bayle-Videau. C’est devenu un quartier très apaisé où de nouveaux usages se développent. En été, lorsque le pont est ouvert aux piétons et aux vélos, certains habitants vont au marché ou se rendent dans la ville haute en utilisant ces mobilités douces.”
Cette fiche expérience a été réalisée par Fanny Laison, journaliste indépendante, à partir des propos d'Olivier Bayle-Videau. Merci à eux !