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Parole d’acteur #10 – Natacha Crampé, cheffe de projet Revitalisation, Commune d’Oloron Sainte-Marie

Equipe PQN-A , Pauline Chatelain
Publié le 01/12/2022
Temps de lecture : 6 min
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Natacha Crampé est cheffe de projet Revitalisation à la commune d’Oloron Sainte-Marie. Plus précisément, elle s’occupe de la rédaction et du pilotage de l’Opération de Revitalisation de Territoire (ORT) Haut-Béarn. Elle travaille également sur le projet de requalification d’une friche au cœur de la commune, projet inscrit dans l’ORT. Concernant la commune, Oloron Sainte-Marie compte environ 10 500 habitants. Elle est labellisée Petites Villes de Demain et est lauréate de l’Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) Revitalisation de la Région Nouvelle-Aquitaine. Cheffe de projet passionnée par son métier, nous l’avons interviewé dans le cadre de notre série “Paroles d’acteurs”.

1/ Comment est-ce que vous vous présenteriez ? 

 

Je me décrirais d’abord comme urbaniste. J’y tiens car j’ai une formation en urbanisme. Elle a été suffisamment large pour pouvoir toucher à différents champs de l’aménagement du territoire. Aujourd’hui, je travaille sur la revitalisation d’une petite ville. Ce qui me plaît, c’est de gérer un projet en transversalité où l’on aborde des questions d’espaces publics, de logements, de commerces. On touche également à des questions macro de l’aménagement car le projet s’inscrit dans un territoire plus large que la ville. 

Après, je n’ai pas l’impression d’être un cador de l’urbanisme. Je ne suis pas extrêmement technique sur un sujet en particulier. Mais, je suis assez à l’aise pour discuter sur différentes thématiques. Finalement, ma ressource, c’est vraiment d’être spécialiste en rien, d’être polyvalente et d’avoir une vision systémique des choses. Je l’applique au projet mais aussi aux champs d’acteurs avec qui je travaille.

 

2/ Concernant Oloron Sainte-Marie, comment est-ce que vous la décririez ? 

 

Je pense qu’Oloron Sainte-Marie est un joyau qui s’ignore. Pourtant, je n’ai pas toujours eu un bon avis sur ce territoire…

 

3/ Justement, quelle est votre histoire et votre relation avec ce territoire ? 

 

Ce territoire, je le connais très bien car j’en suis issue et j’ai toujours voulu le quitter. Déjà très très jeune, à l’adolescence, j’en suis partie volontairement pour faire mon lycée sur la côte à Anglet. J’y ai fait un bac technologique en art appliqué. J’ai continué mes études à Toulouse où j’ai fait un bac +2 en histoire de l’art et sociologie. Et, c’est la sociologie urbaine à travers Parks, Bourdieu mais aussi les Pinçon-Charlot qui m’a mené à l’urbanisme. J’ai découvert à quel point l’espace et l’aménagement étaient sources d’inégalités et ça me mettait en colère. J’ai donc basculé directement en 3ème année de droit et science politique, toujours à Toulouse. Je ne me voyais pas juriste mais ça m’a permis d’acquérir un vrai bagage autour des jeux d’acteurs et des politiques publiques. Je me suis donc demandée par quel travail se traduisait la sociologie urbaine. J’ai alors découvert les instituts d’urbanisme, etc. et de fil en aiguille, je suis tombée sur l’Institut d’Aménagement, de Tourisme et d’Urbanisme (IATU) de Bordeaux. J’ai fini mes études là-bas.

Et finalement, je me suis retrouvée à Oloron Sainte-Marie, presque fortuitement même si j’avais fait des stages dans le coin. Je me suis dit que c’était passager car revenir à Oloron, pour moi, c’était s’enterrer. C’est pour dire, j’avais même pris un appart à Pau. Mais en fait, ma profession m’a appris à voir toutes les ressources de ce territoire malgré la dévitalisation, malgré un patrimoine bâti à l’abandon. C’est grâce à ce prisme que j’ai pu regarder le territoire et le désirer, en me disant “en fait, c’est dingue d’habiter ici”.

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4/ J’imagine que cela participe à votre engagement pour le développement de votre territoire. Pouvez-vous développer sur ce qui vous motive ?

 

C’est un métier qui me passionne car on bosse vraiment pour le quotidien des gens, la vraie vie : habiter, consommer, travailler, se sentir bien dans sa ville/son village. On l’oublie parfois, mais on a un vrai pouvoir d’action là-dessus. Il faut se le rappeler tous les jours et ne pas s’attacher qu’à l’exercice d’une compétence dévolue par le Code Général des Collectivités Territoriales … mais bien à la première doctrine qui devrait / doit / est : la vraie vie des gens, le quotidien. 

Et puis, j’ai appris à aimer le territoire. Donc, quand tu aimes ton travail et que tu aimes le territoire, tu t’y investis et tu y vis. Et puis pour le moment, ça ne me dirait rien de bosser dans une grande agglomération ou une métropole. Il y a trop à faire dans ces territoires. Il y a un vrai besoin d’ingénierie, d’accompagnement des élus pour rendre le projet politique palpable/opérationnel. 

Donc, si par mon action, je peux aider des gens qui se retrouvent là et qui veulent le quitter à le regarder différemment et à voir ses ressources, c’est super chouette.

 

5/ Qu’est-ce qui est fondamental pour toi aujourd’hui dans le développement territorial ?

 

Je crois qu’il est difficile aujourd’hui de décloisonner le développement local de sa population. Il faut partager les projets et les co-construire avec toutes les forces vives d’un territoire. Il y a un rejet de la chose publique évident. Notre rôle en tant que technicien, c’est de recréer ce lien de confiance à l’élu, aux institutions et de fait au service public. 

 

6/ Quelle est votre plus grande réussite / fierté ? Pouvez-vous l’illustrer par un projet phare à Oloron Sainte-Marie peut-être ?

 

Je pense que c’est d’avoir réussi à faire entendre le projet politique de revitalisation des élus et de le faire porter par différents partenaires. C’est aussi d’avoir recréé une forme de confiance entre le projet politique et les forces vives locales. Après, je reste très vigilante car il faut beaucoup de rigueur dans la manière de faire. Ok, il faut du lâcher prise mais j’accorde beaucoup d’importance aux process et à la méthodologie. Ça demande du temps et chaque projet est très singulier.

Le projet pour illustrer tout ça, ça serait la friche. On est au croisement de plusieurs choses. On est suivi par les institutionnels et on a travaillé le projet avec la population. Et c’est aussi un projet qui questionne les transitions, qu’elles soient sociétales, économiques, écologiques. On apprend en faisant, on expérimente donc il faut rester vigilant sur le terme de “réussite”.

 

7/ Quel est l’échec dont vous avez tiré le plus d’enseignements ?

 

C’est plus une remise en question qu’un échec. Pour me sentir réellement bien dans mon travail il faut que je sois beaucoup stimulée, que les choses avancent. Et, toute la première partie de l’année, ça a été le cas, j’étais à fond. Cet été, le rythme a ralenti et j’ai trouvé ça vide, ça m’a frustré. Finalement, je me suis dit que mon temps à moi n’était pas forcément le temps des autres. Que le projet ce n’était pas que moi et qu’il fallait aller au temps de tout le monde. Il faut rester humble et se dire qu’on peut être très stimulé à certains moments et avoir des temps plus calmes à d’autres. Ces temps, il faut les mettre à profit d’autres choses, du travail de fond, etc.

 

8/ Quel(s) message(s) souhaitez-vous faire partager à vos pairs ?

 

Il faut vraiment rigoler. On fait un métier très sérieux mais il faut le faire avec beaucoup d’humour. Il faut communiquer de manière originale pour donner envie. Mais, surtout il faut faire ce métier avec le cœur et pas seulement avec la tête.

 

9/ Pour terminer, quelle est votre relation à PQN-A ? Pouvez-vous l’illustrer par une anecdote ?

 

PQN-A, c’est la prise de hauteur qui est nécessaire. J’ai apprécié quand vous êtes venus pour la visite sur site car ça permet de sortir du quotidien et de présenter son projet à des personnes qui ne le connaissent pas. Il y a un côté positif via la réflexion et la valorisation. ça fait du bien au moral en tant que technicien et sûrement aussi pour les élus d’être valorisés. Mon anecdote, c’est de pouvoir retrouver notre projet sur vos outils de communication. C’est valorisant et ça donne envie de travailler encore plus !

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