Illectronisme en Nouvelle-Aquitaine : des chiffres clés révélés par l’INSEE
Le 4 mai 2023, Pierre-Emile Bidoux, statisticien à l’INSEE, nous a présenté les résultats de l’enquête “Un Néo-Aquitain sur six n’utilise pas les outils numériques”, publiée en janvier 2023. Des chiffres clés sont révélés permettant de rendre compte de l’évolution de l’illectronisme, de l’échelle nationale à l’échelle locale, en passant par le niveau régional et départemental.
Au niveau national : les personnes âgées utilisent de plus en plus internet
En 2019, les personnes âgées, peu diplômées ou dont le niveau de vie est modeste disposent moins souvent d’un accès personnel à Internet. Ainsi, 53 % des 75 ans ou plus n’ont pas accès à Internet, comme 34 % des personnes sans diplôme ou titulaires d’un certificat d’études primaires (CEP) et 16 % des plus modestes (vivant dans un ménage du 1er quintile de niveau de vie). À l’opposé, seuls 2 % des 15-29 ans ne sont pas équipés, comme 3 % des diplômés du supérieur et 4 % des personnes vivant dans un ménage les plus aisés (du dernier quintile de niveau de vie).
Néanmoins, entre 2009 et 2019, les disparités sociales se sont réduites pour l’usage quotidien : l’écart entre les 75 ans ou plus et les moins de 30 ans est passé de 66 à 41 points, celui entre les diplômés du supérieur et les non-diplômés de 63 à 24 points, celui entre les cadres et les ouvriers de 49 à 14 points. Toutefois, le non-usage d’Internet reste socialement très clivé en 2019 : par exemple, 64 % des 75 ans ou plus et 41 % des personnes sans diplôme ne se sont pas connectées au cours de l’année.
Au niveau régional : l’est de la région davantage exposé, le sud-ouest peu affecté
Deux tiers des Néo-Aquitains de 75 ans ou plus sont dans une situation d'illectronisme, en particulier les femmes du fait de leur forte surreprésentation dans cette classe d’âge dans la région. À l’inverse, seulement 4 % des personnes de 15 à 60 ans ne maîtrisent pas les compétences numériques de base. De plus même si l’effet de l’âge reste prédominant, le niveau de diplôme influence également le degré de maîtrise des outils numériques. Ainsi, 38 % des Néo-Aquitains sans diplôme sont en situation d’illectronisme. D'autre part, la catégorie socioprofessionnelle affecte les compétences numériques. En effet, l’illectronisme est quasi inexistant chez les cadres alors qu'il est de 6% chez les ouvriers et 10% chez les agriculteurs.
D'un point de vue géographique, la Creuse est le département le plus touché par l’illectronisme en Nouvelle-Aquitaine. En effet, 23 % des Creusois de 15 ans ou plus sont dans l’incapacité d’utiliser internet par manque de compétences ou de matériel. Plus largement, l’est de la Nouvelle-Aquitaine est davantage affecté par l’illectronisme. En Dordogne et dans le Lot-et-Garonne, un habitant sur cinq est en situation d’illectronisme. Toutefois, des espaces peu denses et une part importante de personnes âgées caractérisent ces trois départements : Ils n’abritent que 20 % de la population en situation d’illectronisme de la région.
A l'inverse, la Gironde et les Pyrénées-Atlantiques sont les moins affectés par l’illectronisme, avec respectivement 13 % et 16 %. En revanche, ces deux départements représentent à eux seuls un tiers de la population néo-aquitaine en situation d’illectronisme. Gironde et Pyrénées-Atlantiques accueillent de grands pôles économiques et urbains de la région, dans lesquels réside une population jeune, diplômée, active et avec de nombreux cadres (19 % des emplois sont occupés par des cadres et professions intellectuelles supérieures). La part des personnes ayant une maîtrise élevée des outils numériques y est la plus importante de la région (35 % en Gironde, 30 % dans les Pyrénées-Atlantiques).
Au niveau intercommunal : 4 types de territoires se distinguent
Quand on regarde les résultats à l’échelle des EPCI, on peut distinguer 4 grands groupes de territoires.
Des territoires ruraux, âgés et aux revenus faibles, fortement touchés par l’illectronisme
Dans les intercommunalités de ce groupe, un quart de la population est en situation d’illectronisme (160 000 personnes). C’est le cas, par exemple, des communautés de communes Haut-Limousin en Marche ou du Pays de Lauzun. Une population âgée au revenu modeste caractérise ces territoires : un habitant sur quatre est âgé de 70 ans ou plus. D’ailleurs, 65 % des personnes de cette tranche d’âge sont en situation d’illectronisme. Dans ces intercommunalités peu denses, peu d’habitants disposent d’une couverture numérique très haut débit. De plus, 20 % ne peuvent pas accéder à internet (14 % en région). Enfin, moins d’une personne sur cinq possède des compétences numériques élevées.
Des territoires avec un illectronisme dans la moyenne régionale
Ce groupe englobe une partie des villes intermédiaires de la région comme la Communauté d'Agglomération (CA) du Grand Guéret, la CA Tulle Agglo, la CA Grand Châtellerault ou la CC d’Aire-sur-l’Adour. Dans ces territoires, l’illectronisme est à peine plus prononcé que sur l’ensemble de la région : 20 % contre 17 % en Nouvelle-Aquitaine. Ces intercommunalités regroupent néanmoins un tiers des personnes en situation d’illectronisme (271 000 personnes) de la région. Moins d’un habitant sur quatre a des compétences numériques fortes. Cependant, un ménage sur six ne dispose pas d’accès à internet. La part de population âgée de 70 ans ou plus est également moins importante que dans les territoires du 1er groupe.
Peu d’illectronisme dans les territoires urbains, les pôles économiques et universitaires
Proportionnellement à leur population, les grandes agglomérations de Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux métropole, CU du Grand Poitiers, CA de La Rochelle) ont peu de personnes en situation d’illectronisme (14 %). Dans ces territoires urbains, la grande majorité des habitants sont équipés d’un ordinateur et ont accès au très haut débit fixe. Ainsi, une personne de 15 ans ou plus sur trois possède de fortes compétences numériques. Les EPCI de ce groupe accueillent en effet une population jeune et diplômée et concentrent les étudiants de la région. Aussi, ces territoires constituent les grands pôles économiques régionaux dans lesquels vivent une large part de cadres ou d’anciens cadres.
Cependant, ces territoires contiennent des Quartiers Politique de la Ville où la pauvreté urbaine côtoie d’autres fragilités sociales pouvant conduire à l’exclusion numérique d’une partie des habitants.
Les couronnes urbaines où résident des familles très peu touchées par l’illectronisme
Dans les intercommunalités formant les couronnes urbaines, seuls 14 % des 15 ans ou plus sont en situation d’illectronisme. Ces territoires concentrent 11 % des individus en situation d’illectronisme de la région (96 000 personnes). Les villes composant ces intercommunalités sont en majorité des bourgs ruraux ou des communes où l’habitat est dispersé. Malgré une couverture au très haut débit fixe plus faible que dans les grandes agglomérations, 90 % des habitants de ces territoires disposent chez eux d’un ordinateur pour accéder à internet. En outre, un habitant sur trois a de fortes compétences numériques. En effet, ces espaces périurbains accueillent une population vivant en famille. Or les personnes vivant avec des enfants sont moins souvent concernées par l’illectronisme que les personnes vivant seules. De plus, les familles habitant dans ces espaces périurbains sont souvent composées de cadres ou d’anciens cadres. Enfin, dans ces territoires, la part des 70 ans ou plus est plus faible que dans le reste de la région. Le niveau de vie est en outre plus élevé.
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