Cliquez ici pour fermer la fenêtre
Rechercher
Remonter en haut de la page
12

Parole d'acteur #25 - Eliane Darteyron, Vice-Présidente de Mont-de-Marsan Agglomération

Publié le 05/08/2025
Temps de lecture : 7 min
  • Partager
  • Partager sur facebook
  • Partager sur linkedin

Depuis 2008, Eliane Darteyron exerce sur le territoire de Mont-de-Marsan (40) des responsabilités politiques nourries par une fibre sociale et un engagement envers les publics les plus fragiles. En charge de la politique de la ville depuis 2020, elle évoque dans un entretien avec PQN-A les priorités qui sont les siennes pour améliorer la qualité de vie des habitants des quartiers prioritaires. 

Pouvez-vous revenir sur votre parcours et ce qui vous a amenée à prendre en charge la politique de la ville ?

Eliane Darteyron est Vice-Présidente de Mont-de-Marsan Agglomération, déléguée à la politique de la ville, au logement social, à l’habitat et à l’insertion professionnelle, Conseillère municipale à la Ville de Mont-de-Marsan, déléguée à la politique de la ville, aux affaires scolaires et à la vie associative.

 

Je suis élue municipale depuis 2008 à Mont-de-Marsan. Lors de mes deux premiers mandats, j’étais adjointe à l’éducation. Dès cette période, j’ai toujours été très impliquée dans les commissions comme le PRE (Programme de Réussite Éducative), le CLAS (Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité), donc ce n’est pas un sujet que j’ai découvert en 2020 quand je suis devenue Vice-présidente à Mont-de-Marsan Agglomération. La délégation de la politique de la ville est un choix que j’ai fait par conviction et avec l’envie d'œuvrer au service des plus fragiles. 
 

Je suis aujourd’hui retraitée, ce qui me permet d’être totalement investie. J’ai passé 25 ans dans le secteur bancaire, mais j’ai toujours eu une fibre sociale qui me semble naturelle et indispensable dans la société actuelle. Travailler auprès des jeunes, des enfants, des familles me porte. Je trouve que c’est l’une des plus belles délégations qui soit. Qui plus est, il y a une vraie reconnaissance des habitants, une sincérité dans les échanges et les projets.

Quelle est votre vision de la politique de la ville ? Pourquoi cette délégation vous semble-t-elle si importante ?

La politique de la ville a, pour moi, un sens profond : celui d’améliorer concrètement les conditions de vie de personnes en situation de fragilité. Elle agit sur plusieurs leviers, de manière transversale, et surtout, elle s’exerce au plus près des habitants et de leur quotidien. Porter la politique de la ville  au sein d’une collectivité demande de la pédagogie, lorsque l’on discute des sujets avec les autres élus et les partenaires. Le terme même de “politique de la ville” n’est pas toujours compris, notamment dans un territoire comme le mien qui est à dominante rurale.
 

Pourtant, beaucoup de maires de petites communes se reconnaissent dans les actions que nous menons. Mais il faut sans cesse réexpliquer ce que nous faisons et le sens que cela a. Par exemple qu’il ne s’agit pas  “d’animation de quartier”, mais bien d’une action globale d’amélioration de la vie quotidienne à travers le développement du lien social.

Comment décririez-vous votre territoire et ses quartiers prioritaires ?

 Mont-de-Marsan Agglomération compte 18 communes, avec deux villes centres. On y trouve deux quartiers politique de la ville, un à Mont-de-Marsan et un à Saint-Pierre du Mont. Au total, ces deux quartiers regroupent 4 400 habitants depuis le redécoupage de la géographie prioritaire début 2024. 
 

Les deux QPV ont chacun leurs spécificités, mais ils sont tous deux des territoires de forte diversité culturelle. En effet, on y recense plus de 20 nationalités. Le taux de pauvreté varie entre 40 et 50% selon le quartier, ce qui reste préoccupant. Malgré les difficultés, ce sont des quartiers vivants, avec des habitants très attachés à leur cadre de vie. Cela s’est d’ailleurs vu en 2023 lors des émeutes : même si nous avons connu trois nuits de tensions et d’incendies, des familles se sont mobilisés pour protéger les écoles.

Quels sont vos grands projets et priorités pour ces quartiers ?

Notre feuille de route est claire. En matière d’éducation, nous travaillons sur deux axes : la réussite éducative et la parentalité. Toutes les écoles des QPV sont couvertes par le PRE et le CLAS. On ne se contente pas d’aide aux devoirs : ce sont aussi des activités ludiques, des temps de soutien et de médiation. Le volet parentalité prend de plus en plus d’ampleur et nous mettons en place un comité territorial pour mieux coordonner les actions. Ce sont souvent les mamans qui s’investissent, alors l’enjeu est aussi de renouveler les publics et d’aller chercher ceux qu’on ne voit pas.
 

Sur l’insertion, nous avons un vrai levier avec les clauses sociales dans les marchés publics, très bien pilotées par les services. Nous avons aussi une plateforme collaborative qui réunit deux fois par an tous les acteurs de l’emploi, France Travail, les structures d’insertion, les entreprises. Le Forum de l’Emploi est notre événement phare : 800 participants, des recruteurs sur place, des contrats signés, des parcours de formation lancés, etc.
 

L’objectif pour nous reste d’installer durablement le droit commun dans les quartiers. C’est une exigence. Et également de créer des synergies entre les acteurs du territoire qui sont nombreux et qui sont des partenaires de confiance depuis longtemps. 

Et du côté de la cohésion sociale, quelles sont les dynamiques à l’œuvre ?

La cohésion est essentielle. Nous soutenons de nombreuses activités de proximité : balades urbaines, cafés partagés, fête éco-citoyenne… Nous avons deux juniors associations très investies, et des conseils citoyens qui fonctionnent, avec un petit noyau dur d’habitants très engagés. 
 

Sur notre territoire, le tissu associatif est une force immense. Nous travaillons en étroite coordination avec elles pour mettre en lien les actions, croiser les calendriers, optimiser les moyens. Pour l’instant, les budgets sont préservés, tant du côté de l’État que de l’Agglomération, mais nous restons vigilants.
 

Les adultes-relais sont aussi un maillon précieux. Nous en avons cinq sur l’agglomération, sur des thématiques variées : éducation, sport, santé, insertion. Ce sont des “passeurs”, parfois perçus comme de simples animateurs, mais ils font beaucoup plus que cela, ils créent du lien, détectent des fragilités, favorisent le vivre ensemble. Par exemple, nous avons récemment recruté un adulte-relais issu de la communauté des gens du voyage. Cela a permis de renforcer le lien avec ce public que nous ne parvenions pas à toucher auparavant. 
 

Selon moi, il faut continuer à assurer et même augmenter la présence humaine dans les quartiers, c’est essentiel pour pacifier les quartiers. Aussi, il y aurait un véritable intérêt à développer un axe jeunesse plus structuré sur notre territoire.

Pour conclure, de quoi auriez-vous besoin pour aller plus loin dans vos actions ?

Nos besoins sont multiples : pérenniser les actions, sécuriser les financements, aller encore plus loin dans la mutualisation, renforcer le lien avec le droit commun. Et surtout, garder ce lien fort avec les associations : rien ne serait possible sans elles.
 

Me concernant, j’ai pu bénéficier en début de mandat de certains temps de travail proposés par PQN-A et destinés aux nouveaux élus à la politique de la ville. Cela fut très utile pour moi et j’y ai entendu des témoignages très riches d’autres élus. On se rend compte que nous nous posons souvent les mêmes questions, chacun sur nos territoires. 
 

Le centre de ressources permet à ces espaces d’échanges et de réflexions d’exister. Ainsi, j’ai été ravie d’accueillir fin 2022 à Mont-de-Marsan une rencontre régionale des acteurs de la politique de la ville organisée par PQN-A. Nous, élus, avons intérêt à davantage nous mobiliser sur des temps comme ceux-là qui permettent d’échanger sur nos pratiques et de prendre de la hauteur.

En lien avec :

Découvrez nos contenus :

Rue de centre ville
Vous souhaitez en savoir plus ?
Contactez-nous
Vous souhaitez contribuer ?
Proposez une ressource