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Construction du plan d'action du groupe de communes des Deux-Sèvres

Avec La Traverse, habitants et élus imaginent la transition écologique de leur commune

Publié le 06/12/2024
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Cette association installée à Poitiers aide les communes rurales et périurbaines à renforcer leur résilience face aux chocs, principalement climatiques et environnementaux. Réalisé sous forme de résidences d’un an et demi à deux ans, l’accompagnement doit faire émerger des actions en faveur de la transition écologique portées par les citoyens.

 

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Carte d'identité

Structure pilote

L’association La Traverse
 

Périmètre

France, en particulier le Grand Ouest

 

Budget

40 000 € pour une résidence d’un an et demi à deux ans

 

Maturité du projet  : vert
Reproductibilité : jaune (la méthode est adaptée à des petites communes, rurales et  péri-urbaines, qui ont un enjeu d’existence par rapport à une ville voisine qui concentre l’attractivité)

Le projet

Calendrier

2019 : création de l’association La Traverse

2020 : publication du bilan du Tour de France des initiatives en faveur de la transition écologique

2021 : La Traverse est lauréate de l’AMI Innovation sociale de la Région Nouvelle-Aquitaine, permettant de financer les premières résidences dans la Vienne et les Deux-Sèvres ; elle reçoit également le coup de coeur ESS de Grand Poitiers

2022 : l’association est lauréate du Palmarès des jeunes urbanistes

2023 : l’association est lauréate des Prix de l’ESS Nouvelle-Aquitaine

 

Personne ressource
Lou-Anna Rulquin, chargée de projets de La Traverse
06 95 97 84 08
lou-anna.rulquin@la-traverse.org 

Partenaires principaux

Les communes accompagnées
Grand Poitiers
Ligue de l’enseignement de la Vienne
Université de Poitiers
Région Nouvelle-Aquitaine
L’Union européenne
Sciences Po
Réseau CLER/TEPOS
France Active
ATIS
Ademe
Cerema
La Fabrique des transitions
Cerema
 

“Nous parlons d’implication citoyenne et non de participation citoyenne, car le but de nos résidences est de mettre en réseau les citoyens et de faire émerger des projets qui viennent vraiment d’eux.”
 

Benjamin Rougier chargé de projets de La Traverse

 

Problème/besoin initial

Transition écologique et résilience face aux crises

L’association La Traverse a été créée en 2019 par trois étudiants diplômés de Sciences Po Paris inscrits en master sur la gouvernance territoriale. Leur volonté : accompagner les collectivités rurales et péri-urbaines sur les questions de transition écologique et de résilience face aux chocs. “Les chocs climatiques, mais aussi économiques et sanitaires”, précise Benjamin Rougier, chargé de projets de l’association. L’idée était et est toujours d’aider des territoires qui ont peu ou pas d’ingénierie, à renforcer leur résilience en changeant des choses dans leur mode de fonctionnement, leur gouvernance, leurs aménagements ou leurs projets. L’objectif étant qu’ils réussissent à mieux faire face aux crises lorsqu’elles surviennent.”
 

Solutions apportées

Des résidences d’un an et demi à deux ans
Après un tour de France des initiatives restitué au travers d’un podcast, les membres de l’association ont conçu un accompagnement des collectivités sous la forme de résidences d’une durée d’un an et demi à deux ans. Installés à Poitiers, ils ont expérimenté leur démarche de 2020 à 2022 auprès de trois territoires. Migné-Auxances et Jazeneuil dans la Vienne, et Communes melloises en transition (COMET,) un groupement de cinq communes situées dans le sud des Deux-Sèvres. “L’approche de La Traverse nous a intéressés, car le projet pour lequel nous avons été élus en 2020 avait pour socle la transition écologique et l’implication des habitants”, resitue Florence Jardin, maire de Migné-Auxances et présidente du Grand Poitiers. L’idée était de “faire de la politique autrement”. Sauf que nous n’étions pas structurés pour, et qu’étant une commune de 6000 habitants, nous n’avions pas en interne d’agents en capacité de travailler sur cette question. Il n’était pas non plus possible de recruter quelqu’un.”
 

Une mise en récit sonore du territoire
Rythmées chaque mois par plusieurs jours de présence de l’association dans les communes, ces résidences s’organisent en trois temps. Le premier est un diagnostic qui a pour but d’évaluer le niveau d’exposition du territoire aux changements climatiques et sa capacité de résilience. “Une partie de ce diagnostic se fait de manière assez classique en mobilisant des rapports, par exemple ceux du GIEC”, explique Benjamin Rougier. En parallèle, nous allons à la rencontre des habitants et des élus pour repérer des marqueurs culturels communs, et voir s’il n’y a pas des récits qui ne seraient pas connus de tous et qu’il serait intéressant de partager.” Ce travail se fait micro en main afin de produire un ou plusieurs épisodes de podcast qui racontent la mémoire et l’état actuel du territoire. “Cela nous a donné une perception différente de ce que nous, en tant qu’élus, estimons être la réalité du territoire”, apprécie Florence Jardin. Le médium sonore peut aussi être utilisé tout au long de la résidence, à la manière d’un journal de bord, pour rendre compte de l’avancement du travail. 
 

Une carte des graines de résilience
Le diagnostic comprend une “enquête collective” réalisée auprès des habitants afin d’identifier leurs principaux besoins (mobilité, alimentation, énergie, habitat…). “Nous parlons d’enquête collective, car nous nous appuyons sur un groupe d’une dizaine d’élus, d’habitants et d’acteurs locaux qui vont à la rencontre de leurs voisins, collègues et amis pour leur soumettre un questionnaire, souligne le chargé de projets. Les personnes interrogées ont tendance à leur faire plus confiance et à se confier plus facilement qu’à un.e inconnu.e venant de La Traverse.” “Les habitants de ce groupe ont été choisis par tirage au sort, précise Florence Jardin. Nous avons opté pour ce mode de sélection car dans ce genre de démarches, ce sont souvent les mêmes citoyens qui se mobilisent à chaque fois. Nous voulions essayer de toucher des personnes qui spontanément ne se seraient pas autorisées à participer, et nous avons réussi à capter quelques personnes que nous ne connaissions pas. Nous avons aussi intégré le centre socioculturel et une association culturelle.” A Migné-Auxances, cette première étape de la résidence a abouti à la conception d’une “carte des graines de résilience”, c’est-à-dire un repérage des acteurs de la commune - associatifs ou individuels - œuvrant dans ce domaine et celui de la transition écologique. 
 

Un plan d’actions et des groupes projets
La deuxième étape de la résidence porte sur la construction d’un plan d’actions lors d’ateliers organisés avec le groupe d’élus, d’habitants et d’acteurs locaux. S’appuyant sur le diagnostic et la mise en récit sonore, ils réfléchissent ensemble aux besoins du territoire, et non plus seulement à ceux des habitants. “L’enjeu est de déterminer sur quels projets répondant à ces différents besoins, les citoyens et les élus veulent et peuvent s’engager, explique Benjamin Rougier. Ce sont des projets plutôt petits, mais qui répondent à des besoins directs, et que les habitants vont pouvoir réaliser seuls ou avec l’appui de la commune.” La dernière phase, la plus longue, a pour but de mettre en œuvre ces projets en constituant pour chacun d’entre eux un groupe d’élus, d’habitants et d’acteurs locaux chargés de définir et de mener les actions nécessaires à la réalisation, et d’en suivre l’avancement. Ces groupes se réunissent régulièrement, d’abord en présence de La Traverse, puis seuls, au fur et à mesure qu’ils s’autonomisent et apprennent à s’organiser.

 

Faible contribution des communes
Côté budget, la Traverse essaye de faire en sorte que la contribution demandée aux communes soit la plus faible possible. Elle était par exemple de 20 centimes par habitant dans la Vienne et les Deux-Sèvres. Le reste des financements peut provenir d’AMI, de l’Ademe, des EPCI ou encore de fondations privées.

 

Entretien podcast
Recueil des avis des habitant·es
Construction du plan d'action du groupe de communes des Deux-Sèvres (1)

 

Premiers résultats

A Migné-Auxances, les “séquences démocratiques” ont débouché sur la création d’un groupe travaillant aujourd’hui sur l’achat groupé de récupérateurs d’eau. Elle a aussi fait émerger l’idée d’une “ville comestible” où les espaces publics pourraient être plantés et les habitants souhaitant jardiner être accompagnés. Un autre groupe se consacre à la construction d’un four solaire. Chacun travaille sur son propre projet tout en faisant partie d’un collectif baptisé La Fabrique qui se réunit tous les deux mois. “En tant qu'élus, notre rôle consiste pour une grande part à faire de la mise en réseau entre les citoyens et les acteurs, publics ou privés, qui pourraient aider la réalisation de tel ou tel projet”, souligne Florence Jardin. Nous pouvons ensuite être amenés à trancher en conseil municipal parce qu’un projet a besoin d’une subvention, d’un local ou d’un terrain, mais cela n’est pas systématique.”

Dans les autres territoires accompagnés, un café associatif est né à Jazeneuil. Les cinq communes melloises en transition portent quant à elles un projet de reconquête de la Sèvre niortaise au travers d’une programmation culturelle, d’activités sportives et de balades éducatives organisées sur les bords du fleuve. Le groupe souhaite aussi reconstituer la continuité écologique le long de cet espace.

Dans d’autres régions où La Traverse intervient, comme en Normandie, le besoin d’une nouvelle forme de gouvernance est ressorti de la résidence menée à Tessy-Bocage. “C’est une commune nouvelle qui réunit une dizaine de communes et qui n’avait pas d’identité propre, explique Benjamin Rougier. Cela a amené les participants à réfléchir à la possibilité d’impliquer beaucoup plus les citoyens dans les politiques de la commune. Un comité de pilotage a été créé, composé d’habitants tirés au sort dont le rôle est d’être force de proposition auprès du conseil municipal.”
 

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Perspectives

La Traverse aimerait réduire la durée de ses résidences et les rendre plus denses afin de maintenir l’intérêt et l’implication des citoyens.
 

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Enseignements

  • La difficulté principale de cette méthode est la mobilisation des citoyens. 
  • Il n’est pas évident de convaincre l’ensemble des élus de l’intérêt de ce nouveau mode de fonctionnement. “C’est aussi pour cette raison qu’il faut quelques élus assez impliqués pour expliquer et mobiliser leurs collègues, remarque Florence Jardin. Il ne faut pas non plus oublier que c’est une prise de risque de contre-pouvoir. On offre l’occasion à des habitants de s’organiser, de faire des choses ensemble, et peut-être de contester publiquement l’action de la commune.”
  • La durée de la résidence, le temps nécessaire pour réfléchir à des projets et les mettre sur pied peuvent démobiliser certains participants.
  • Les habitants peuvent avoir des réticences, voire des a priori vis-à-vis de La Traverse, notamment craindre que ses membres aient une vision urbaine de ce qu’est, ou de ce que devrait être, la vie en milieu rural.
     

Facteurs de réussite

  • Le soutien logistique de la commune. La Traverse passe plusieurs jours sur place et a besoin du relais de la commune pour communiquer auprès des habitants.
  • Les élus doivent accepter de se mettre en retrait. “Il ne faut pas que les habitants, notamment ceux qui sont le moins réceptifs à ce genre de démarche, aient l’impression que nous sommes là pour leur faire valider ou légitimer un projet qui ne ferait pas l’unanimité, met en garde Benjamin Rougier. Ce n’est pas notre rôle. Le but de la résidence est de mettre en réseau les citoyens et de faire émerger des projets qui viennent d’eux.”
  • L’implication citoyenne. Il est primordial de réussir à constituer un noyau dur d’habitants qui vont aller chercher d’autres participants et ainsi créer une dynamique.
  • Des élus référents convaincus par la méthode.
     

Cette fiche expérience a été réalisée par Fanny Laison, journaliste indépendante, à partir des propos de Benjamin Rougier. Merci à eux !

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