1 – Le développement économique avant tout au service d’un territoire
Un participant estime que la représentation du développement économique uniquement sous l’angle des entreprises est parfois trop prégnante. De par leur transversalité, l’agriculture et l’alimentation se situent dans le domaine du développement territorial plus global. Ainsi pour une participante, la “stratégie PAT” c’est avant tout prendre en compte la globalité des impacts économiques de l’agriculture et l’alimentation dans un territoire. La collectivité peut, à travers sa démarche, provoquer ce changement de culture chez les acteurs. Ce dernier permettra ensuite la mise en place de projets transversaux et multi acteurs.
Une participante cite son exemple. Dans un territoire très orienté vers l’élevage extensif, les cultures céréalières gagnent historiquement du terrain. La collectivité fait l’hypothèse qu’un développement accru de la céréaliculture va entraîner plusieurs changements néfastes pour le développement global du territoire :
- un paysage qui va radicalement changer : le territoire va perdre son fort attrait touristique ;
- une diminution de la qualité de l’eau et l’augmentation des conflits autour de son usage ;
- une économie agricole moins diversifiée dans le territoire et donc moins résiliente face aux crises.
Ainsi, une approche stratégique de développement économique serait de positionner la collectivité comme catalyseur d’initiatives. Elle intervient en appui aux projets en faveur d’un développement économique qui répond à plusieurs enjeux du territoire. On y retrouverait bien sûr les enjeux mis en avant lors des diagnostics du PAT :
- préservation de l’eau
- renouvellement des générations agricoles
- résilience de l’économie agricole locale
- diversification et maintien des paysages
- savoir-faire en lien avec l’économie touristique.
2 – Faire système alimentaire local, le but d’un PAT
“Le développement économique c’est la réunion entre des proximités géographiques et des valeurs.”
Comme le souligne une participante, recréer une économie alimentaire locale c’est “refaire des liens entre des acteurs certes présents mais qui ne raisonnent pas encore ensemble”. Souvent, les acteurs économiques coexistent sans pour autant connaître les activités et compétences de leurs voisins. Ici le rôle de la collectivité est de donner des axes de travail et de réflexion. Les ateliers de travail, de prospective et de débat entre acteurs du territoire sont les bases de l’animation du PAT.
La place d’une collectivité auprès des acteurs économiques serait donc à trouver également comme chef d’orchestre d’une dynamique de mise en lien entre les acteurs. Cette mise en lien s’appuie sur une logique de complémentarités et non d’oppositions. Cela afin de tendre vers un véritable système alimentaire territorial. Ces complémentarités ne peuvent être comprises et partagées entre acteurs que si les intérêts individuels sont dépassés. Dès lors, on boucle avec le rôle de la collectivité qui est de créer une culture commune dans le territoire (cf. paragraphe précédent).
3 – La diversification pour privilégier une économie agricole plus solide
Enfin, l’agriculture étant reconnue par tous les PAT comme une activité économique à part entière sur le territoire, la collectivité doit agir en faveur de sa résilience. Très souvent dans les territoires aujourd’hui, l’économie agricole repose en majorité sur une seule filière reposant sur un seul modèle. La réflexion qui s’ouvre alors autour de la souveraineté alimentaire et des circuits courts et de proximité pose des arguments en faveur de la diversification. La collectivité est encore une fois parfaitement légitime pour axer sa stratégie autour du “rééquilibrage” du paysage agricole local. Ainsi, le PAT favorise une offre plus diversifiée dans le territoire, porteuse d’un paysage agricole et alimentaire aux modèles et filières variés pour un territoire plus robuste face aux crises.
Néanmoins, cette diversification ne se décrète pas. La transition coûte beaucoup aux entreprises agricoles mais aussi alimentaires. Elle remet en question de nombreuses habitudes et implique des savoir-faire à reconquérir. Le plus gros frein au changement de pratiques aujourd’hui est financier. Ici encore, le PAT peut avoir un rôle facilitateur en offrant un environnement économique favorable qui permette aux producteurs d’assurer leur transition en limitant les risques au maximum.
On découvre dès lors à la collectivité un rôle d’ensemblier du système alimentaire local. Elle peut intervenir en appui aux acteurs privés pour favoriser un passage à l’action le plus serein et éclairé possible.