Cliquez ici pour fermer la fenêtre
Rechercher
Remonter en haut de la page
IN-25

Le diagnostic de territoire au service de l’inclusion numérique : les points clés à retenir de la web-conférence du 19 novembre 2021

Publié le 25/11/2021
Temps de lecture : 10 min
  • Partager
  • Partager sur facebook
  • Partager sur linkedin

Pays et Quartiers de Nouvelle Aquitaine et Hubik ont organisé le 19 novembre 2021 une web-conférence dédiée au diagnostic de territoire au service de l’inclusion numérique. Comment repérer et mobiliser les publics en situation de fragilité numérique ? Quelles méthodes existent pour recenser et coordonner les différents acteurs de l’inclusion numérique sur un territoire ? Comment faire quand on est un territoire qui, a priori, a peu d’acteurs travaillant sur cet enjeu ? 

Ce sont autant de questions que nous avons abordées avec nos témoins du jour, originaires de territoires aux typologies différentes :

  • Gilles Massini est chargé de mission solidarité numérique à Bordeaux Métropole, en Gironde (33). C’est un territoire composé de 28 communes, plus ou moins rurales, qui compte plus de 800 000 habitants. Cela fait environ cinq ans qu’ils ont commencé à travailler sur l’inclusion numérique, avec au départ très peu de moyens.
  • Anne-Claire Dubreuil est directrice de projets transformation digitale au Sicoval. C’est une communauté d’agglomération de Haute-Garonne (31), en région Occitanie. Elle se compose de 36 communes, plutôt rurales, avec environ 80 000 habitants.
  • Benoît Clément est directeur de la transformation digitale au Grand Châtellerault, situé dans le département de la Vienne (86). La communauté d’agglomération se compose de 47 communes, avec un peu plus de 80 000 habitants. Ils ont commencé leur stratégie d’inclusion numérique dès 2020.

 

Voici les points clés à retenir suite à cette table ronde, qui aborde le diagnostic comme une étape essentielle de la démarche d’inclusion numérique. Vous souhaitez visionner le replay ? Cliquez ici.

"Même si on n’a pas les moyens, même si on ne peut pas faire appel à un consultant, même si on n’a pas beaucoup de ressources en interne, même si on est une petite collectivité, on peut mener des diagnostics avec les ressources que l’on a"

Anne-Claire Dubreuil.

Quel(s) public(s) sont principalement concernés par la fragilité numérique ?

On cible particulièrement les publics isolés, précaires, et beaucoup les publics séniors. La crise sanitaire a aussi révélé des publics qu’on n’avait pas ciblés jusque-là : les artisans et les commerçants, qui étaient en grandes difficultés économiques” explique Anne-Claire Dubreuil. D’autre part, au Grand Châtellerault, le repérage des publics s’est fait notamment autour de l’indice de fragilité numérique : les communes rurales et éloignées de la ville-centre étaient plus en difficultés, de même que les quartiers Politique de la ville.

On a traité cela de façon globale. On est aussi allés à la rencontre des communes (élus et population) pour connaître les réels besoins” explique Benoît Clément.

Comment donner envie aux publics de devenir autonomes avec le numérique ?

Il faut qualifier les risques que révèle l’indice de fragilité numérique par une enquête de terrain” conseille Anne-Claire Dubreuil.

Pour ce faire, le Sicoval a par exemple établi un partenariat avec La Poste, pour mener une enquête de proximité autour des usages numériques (communiquer, s’informer, acheter en ligne, etc). Les compétences et les appétences ont été recensées autour de 20 questions. Ensuite, le Sicoval et les mairies sont revenues vers les personnes qui se disaient intéressées pour se former afin de leur proposer un accompagnement et des ateliers proches de chez elles.

D’autre part, du côté du Grand Châtellerault, une communication a été faite auprès de la presse quotidienne locale, notamment au sujet de l’arrivée des conseillers numériques.

Concernant l’offre de formation à destination des publics, les intervenants sont unanimes : il faut miser sur les centres d’intérêts des personnes qui sont en situation de fragilité numérique. Par exemple, mettre en place des bornes d’arcades, des machines à coudre connectées, des imprimantes 3D, des formations vidéos/montage, etc. En effet, l’intérêt est de rendre au numérique son rôle d’outil, et de ne pas le considérer comme un objectif en soi. Cela permet aussi de montrer qu’il peut s’agir d’une source d’opportunités et de divertissement contrairement à l’image renvoyée par les démarches administratives en ligne qui sont souvent la porte d’entrée vers le numérique pour de nombreuses personnes.

Qui sont les acteurs de l’inclusion numérique ? Comment faire quand, a priori, il n’y en a pas sur un territoire ?

 

“Les acteurs publics ou privés qui dématérialisent doivent contribuer à l’action collective sur l’inclusion numérique car c’est un enjeu de marché : plus ils dématérialisent, plus ils ont besoin de personnes qui sachent comment utiliser les outils.

Il y a donc un intérêt commun : tout le monde a intérêt que les français soient plus à l’aise avec le numérique, pour acheter, pour consommer, pour accéder aux démarches en ligne, etc. Profitons de cet intérêt commun pour créer des dynamiques à l’échelle d’un territoire” explique Anne Claire Dubreuil.

 

Au Sicoval, la stratégie a été élaborée avec tous les acteurs, publics et privés, selon cinq étapes : assister, accompagner, prévenir, structurer, expérimenter.

“On défend tous un principe de base. Pour nous, l’inclusion numérique, ce n’est pas que l’accès aux démarches : c’est l’accès à une culture numérique

 

“La compétence de l’inclusion numérique n’appartient à personne. En revanche, à Bordeaux Métropole, il y a un slogan que l’on essaie de porter : ‘tous acteurs de l’inclusion numérique‘. Mais pas tous acteurs au même niveau : il y a un gros travail à faire de structuration, sur qui fait quoi et jusqu’où on va” explique Gilles Massini.

C’est pourquoi il faut trouver les acteurs les mieux placés sur un territoire pour être chef de file.

“Par exemple, au Haillan (33), les acteurs se sont retrouvés autour du CCAS” explique Gilles Massini. 

 

Par exemple, ce panorama, réalisé par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), donne à voir la diversité d’acteurs de l’inclusion numérique qu’il est possible de mobiliser :

IN-11 (1)

Finalement, on peut tous être acteurs de l’inclusion numérique. En effet, de l’aidant familial au conseiller numérique, du secteur public au secteur privé : tout le monde est concerné.

L’important est d’identifier :

  • les personnes en situation de fragilité numérique (importance du rôle d’orientation des prescripteurs et de l’action sociale) ;
  • les lieux qu’elles fréquentent principalement pour proposer des actions de médiation numérique dans ces lieux de sociabilité ; 
  • les disponibilités de ces publics afin de proposer des horaires aménagés (en soirée, les week-ends, etc).

Comment coordonner les acteurs sur un territoire ?

L’expérimentation de la Coordination Territoriale pour l’Inclusion Numérique (CTIN)

Le Sicoval expérimente actuellement (avec d’autres territoires, notamment la communauté d’agglomération de La Rochelle en Nouvelle-Aquitaine) un modèle économique et de gouvernance qui a pour objectif d’essayer d’organiser l’inclusion numérique à l’échelle du territoire : la Coordination Territoriale pour l’Inclusion Numérique (CTIN). 

Cette expérimentation s’organise en collèges : 

  • “privé” : La Poste, le Crédit Agricole, AG2R La Mondiale, etc ;
  • “médiation numérique” : Économie Sociale et Solidaire, associations) qui comprend une partie participation citoyenne (pour associer la population à la co-production de l’offre d’inclusion) ;
  • “institutionnel” : Caisse d’Allocations Familiales (CAF), Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM). C’est également le cas de la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail (CARSAT), Pôle Emploi, le département, le Hub, etc.

 

Ils travaillent ensemble à :

  • partager leurs stratégies et les éléments de diagnostic, 
  • construire ensemble les actions qu’ils souhaitent mettre en œuvre pour leur territoire,
  • réfléchir aux financements possibles et notamment à la consolidation des postes de conseillers numériques, prévus initialement pour deux ans.

La coordination territoriale au niveau local

Au Grand Châtellerault, l’étape de coordination des acteurs s’est déroulée par étapes :

  • rencontre des différents dirigeants des structures (associations, médiathèques, etc) ;
  • organisation d’ateliers thématiques pour les médiateurs et conseillers numériques sur des sujets précis ;
  • mise en commun des actualités et problématiques de chacun sur une plateforme unique (La Grande Équipe de Réussite Républicaine, gérée par l’ANCT).

A Bordeaux Métropole, le “groupe numérique inclusif”, créé dès le début réunit les quelques acteurs qui travaillent sur cette question. Petit à petit, ce groupe s’est étoffé en même temps que l’inclusion numérique s’est développée, jusqu’à atteindre 160 membres aujourd’hui. Chaque année, Bordeaux Métropole organise un Numérique en Commun[s] local, AGINUM, le temps fort qui réunit tous les acteurs de l’inclusion numérique sur la métropole bordelaise. 

Comment rendre les acteurs visibles auprès des publics en fragilité numérique ?

A Bordeaux Métropole, un répertoire des “acteurs de l’inclusion numérique” existe, qui recense à la fois les contacts et les services fournis par chaque structure de médiation numérique de la métropole. Ce guide est à destination du secteur de l’action sociale. C’est à dire ceux qui sont chargés d’orienter et d’inciter les bénéficiaires à se former au numérique. Ils ont également élaboré la plateforme Numérique Solidaire qui répertorie les actualités de l’inclusion numérique. 

Benoit Clément précise : “il y a un enjeu à faire connaître les lieux existants, notamment ceux qui sont ouverts et accessibles le week-end (…) mais ce n’est pas toujours facile de franchir la porte d’une médiathèque“.

 

Il existe plusieurs techniques de visibilité :

  • passer par les secrétaires de mairie ;
  • compter sur les agences bancaires pour diffuser les informations ; 
  • être présent lors des fêtes de villages ou places centrales pour des ateliers itinérants ;
  • s’appuyer sur les tiers-lieux, les Maisons de la Jeunesse et de la Culture, les centres sociaux, etc

 

Globalement, il s’agit d’amener dans les lieux de convivialité et de sociabilité du matériel, des ressources et des compétences pour inciter les citoyens à se former au numérique : “le numérique est un outil qu’il faut utiliser ‘au service de’ et non comme un objectif” (Benoît Clément).

 

Pour aller plus loin :

 

Quelques ressources utiles :

 

Les ressources de PQNA x Hubik :

En lien avec

Découvrez nos dernières analyses

Rue de centre ville
Vous souhaitez en savoir plus ?
Contactez-nous
Vous souhaitez contribuer ?
Proposez une ressource